Hong Kong la poule aux oeufs d'or de la Chine

Hong Kong : l’orgueil chinois réveille le souvenir des guerres mondiales

Hong Kong est la « poule aux œufs d’or » de la Chine. Est-ce cela qui fait hésiter le président Xi à commettre un nouveau Tienanmen ?

L’orgueil et le réalisme sont en concurrence en Chine. Cet orgueil d’une puissance montante rappelle de mauvais souvenirs historiques, dont ceux de l’Allemagne et du Japon qui ont déclenché des catastrophes mondiales.

Pourquoi évoquer tout cela au moment où la Chine menace Hong Kong d’un nouveau Tienanmen ? « C’est une « affaire intérieure » qui ne regarde pas les étrangers » disent les Chinois.

Ce n’est pas si simple.

Hong Kong, zone d’exceptions et poule aux œufs d’or pour la Chine

Rappelons que Hong Kong ce n’est pas simplement quelques rochers couverts de gratte-ciels. Des gratte-ciels il y en a beaucoup d’autres en Chine continentale. Ce qui importe, ce sont les hommes qui y sont.

« Vous êtes chinois » leur répètent les continentaux. Juridiquement, oui : le traité qui définit le statut actuel de Hong Kong en fait « une région administrative spéciale de la république populaire de Chine » ce qui est illustré par la notion « un pays, 2 systèmes », comme le rappelle le sinologue Jean-Philippe Béja dans une tribune publiée dans Le Monde.

Mais en pratique, non. Les 2 langues officielles sont le cantonais et l’anglais, pas le mandarin. Les grands-parents parlent même le dialecte de Shanghai, car ils faisaient partie de l’élite économique chinoise qui a fui en 1949 à l’arrivée des communistes. Bien sûr, on parle le mandarin quand il le faut mais c’est une langue étrangère. Par ailleurs on est souvent chrétien, ce qui n’est pas très bien vu sur le continent.

Et puis, on est resté un peu britannique et pas seulement par la forme et la couleur des cabines téléphoniques et des autobus. On est financier, ouvert sur le grand large, traitant avec le monde entier. On bénéficie d’une police et d’une justice restées britanniques, car indépendantes et non corrompues, ce qui est exceptionnel dans cette région du monde.

L’autonomie promise jusqu’en 2047 donne à Hong Kong un système juridique très particulier, toujours très britannique, sa propre monnaie (le dollar de Hong Kong) et bien d’autres particularités.

Hong Kong est l’économie la plus libérale au monde depuis 1995 d’après la fondation américaine Heritage Foundation.

Et cette ouverture sur le reste de la planète n’est pas seulement financière et commerciale mais aussi éducationnelle et intellectuelle. Les médias traitent sans censure du monde entier contrairement à ce qui se passe sur le continent coupé du reste du monde par « la Grande muraille d’Internet ».

Un habitué me disait : « Dans une usine, à 20 m de distance, je peux distinguer le Chinois du continent de celui de la diaspora (Hong Kong, Taïwan, Singapour et les minorités présents dans les autres pays). »

Le résultat n’étonnera pas les Occidentaux démocrates et libéraux : les 7 millions d’habitants ont un niveau de vie de 47 000 $ (contre 39 000 en France par exemple).

Hong Kong est le 3e centre financier et le 5e port mondial et assure une forte part du commerce extérieur chinois.

C’est une base indispensable pour les investisseurs étrangers sur le continent. Bref non seulement une ville riche et très développée, mais aussi une poule aux œufs d’or pour la Chine !

Que deviendront les Chinois de Hong Kong en cas de conflit ?

Et pour certains Chinois… souvenez-vous de la scène de la mort du « seigneur de la guerre » décrite par Lucien Bodard dans son livre « Monsieur le consul » après un massacre d’étudiants : le mourant tue ses concubines, appelle le consul de France et lui demande de transmettre à ses enfants étudiant à l’étranger le numéro de son compte à la banque de l’Indochine à Hong Kong. Il y a de cela un siècle, mais massacres et comptes à l’étranger sont toujours d’actualité !

Sans parler de la participation massive de l’élite politique chinoise dans l’immobilier de Hong Kong qui s’effondrerait en cas de départ de la partie la plus riche de la population.

En effet, dans l’immobilier comme dans la finance, le commerce international et bien d’autres domaines, rien ne peut se faire sans les hommes.

Les financiers d’Hong Kong ont sûrement déjà pris leurs précautions, et beaucoup ont des doubles passeports. Ils partiront en cas de coup dur.

Certes la majorité des simples citoyens peut être bloquée par la police et empêchée de sortir. Certains y arriveront quand même, et, pour les autres, que deviendra leur travail s’ils perdent leur motivation et surtout leur liberté d’action, donc de pensée, et leurs contacts ?

 

Et pourtant, on craint aujourd’hui, en cette fin d’août 2019, que l’orgueil chinois l’emporte sur le réalisme.

Les précédents en Allemagne et au Japon inquiètent

L’orgueil chinois rappelle de mauvais souvenirs : l’Allemagne puis le Japon ont fait leur crise d’orgueil, qui s’est dramatiquement terminée non seulement pour eux, mais aussi pour le monde.

La première crise d’orgueil de l’Allemagne date de 1871. Orgueil d’être passé de la Prusse à l’empire allemand, « le 2e Reich », d’avoir battu la France et d’avoir pris les terres « germaniques » d’Alsace et de Lorraine, de battre les commerçants anglais jusqu’au fond de l’Asie, d’être des cadres omniprésents en Europe centrale et orientale jusqu’au fond de la Russie, sans parler des puissantes minorités d’Amérique latine et de quelques colonies.

Cet orgueil est une des causes de la catastrophe européenne de 1914–18. Et cet orgueil va rebondir quand Hitler proclamera que l’Allemagne n’a pas été vaincue en 14-18 mais seulement « vendue par des Juifs ». Son orgueil lui fait attaquer la terre entière. L’Allemagne sera détruite, amputée d’une bonne part de ses territoires, divisée en deux États tandis que les minorités allemandes sont expulsées. 1000 ans d’expansion allemande disparaissent. Mais à quel prix pour la France et l’Europe !

Le Japon fermé depuis des siècles découvre brusquement l’Occident dans les années 1860. Le rattrapage est rapide et rappelle celui de la Chine d’aujourd’hui. En 1905 il écrase les Russes, des Occidentaux certes, mais alors au début de leur développement. Il participe au semi-dépeçage de la Chine aux côtés des Européens. Il annexe Taïwan et la Corée. Neutre pendant la première guerre mondiale, il en profite économiquement. En 1941, allié de l’Allemagne, occupant une partie de la Chine, son orgueil le lance à l’assaut des États-Unis. Là aussi c’est la défaite, mais à quel prix pour lui-même et tous ses voisins !

Il tentera de prendre sa revanche sur le plan économique. Ce sera mieux réussi et vers 1980 on parle du Japon future première puissance économique mondiale.

Mais construire la route du futur n’est pas aussi facile que de rattraper ceux qui l’avaient défrichée, et le Japon stagne maintenant depuis 30 ans. C’est une des raisons qui m’amènent à croire que le « miracle » chinois ne durera pas, une autre raison étant sa crise démographique.

L’orgueil chinois en pleine escalade… jusqu’à la guerre ?

Les dirigeants chinois ayant précédé le président Xi étaient très prudents : « certes, nous progressons, mais nous sommes toujours un pays pauvre, nous ne voulons bousculer personne et cherchons à avoir les meilleures relations avec le reste du monde… ».

Le ton a ensuite beaucoup changé avec les menaces sur Hong Kong et Taïwan, les revendications puis l’annexion de facto de la mer de Chine du Sud, la répression des Tibétains et des musulmans, notamment au Sinkiang, une rhétorique nationaliste sur le plan militaire mais aussi économique.

Le reste du monde, longtemps fasciné par l’importance du marché chinois et rassuré par le retard de développement, commence à changer d’attitude.

Le président Trump a brutalement mis les pieds dans le plat.

La coopération avec l’Afrique (cf « Chinafrique, mythes et réalités ») et le projet des « routes de la soie » lancés comme des relations non coloniales et « gagnant-gagnant » sont maintenant regardées avec suspicion.

Les entreprises étrangères rechignent à continuer à investir dans un pays où leur propriété intellectuelle est pillée et où les cellules du parti leur donnent des « conseils » très directifs. Certains Chinois doivent regretter « in petto » le réalisme des dirigeants précédents.

Mais l’orgueil est un sentiment puissant, souvent irrésistible comme nous l’ont rappelé les exemples historiques ci-dessus. Il peut même pousser à tuer la poule aux œufs d’or. Puis à attaquer Taïwan, une vraie guerre cette fois, surtout si les États-Unis tiennent parole de soutenir ce pays. Bref on retrouverait l’engrenage dans lequel sont tombés l’Allemagne et le Japon.

Yves Montenay

21 commentaires sur “Hong Kong : l’orgueil chinois réveille le souvenir des guerres mondiales”

  1. Entièrement d’accord avec cette analyse. Ce dictateur n’a aucune gêne ni aucun scrupule a déclarer qu’il détient près d’un million de Ouïghours dans des camps de concentration qu’il dénomme (lui…) « camps de rééducation » ! Et cela ne gêne pas nos démocraties soucieuses, AVANT TOUT, de décrocher des contrats commerciaux juteux avec la Chine. On fait aujourd’hui pire qu’à l’époque du nazisme, puisqu’on ajoute maintenant la veulerie financière à la lâcheté politique. Et, bien sûr, personne n’a bronché sur l’invasion des îles du Pacifique Sud-Est asiatique appartenant aux Philippines, au Vietnam, à l’Indonésie, ou à la Malaisie…! Normal, puisque personne n’a bougé lors de l’invasion du Tibet: DONC, ça va continuer. Et ça va se rapprocher, puisque la Chine détient une base militaire à Djibouti.. ! Et les routes de la soie vont faciliter ce rapprochement des troupes et autres vaisseaux de guerre chinois…

  2. simple petit ajout à mon précédent commentaire: l’actuel dictateur chinois (prétendu « communiste », bien sûr, comme tous les dirigeants des pays dits « communistes) pourra reprendre (grosso modo) la célèbre formule de Lénine sur les capitalistes occidentaux: « ils accrocheront la corde qui les pendra »

  3. On peut aussi considérer HK comme ce que le libéralisme « façon Soros » a de pire. HK n’est-il pas le « pire lieu » des sociétés off-shore en tous genres et de la spéculation immobilière la plus effrénée ? je ne crois pas à un Tien Anmen bis, Xi est trop malin pour cela. Je souscris plutôt à l’idée qu’il attend le « pourrissement » de cette nouvelle révolution de couleur, à l’évidence « assistée » par les USA, pour repérer les meneurs et « faire ce qu’il faut » par la suite. Si l’argument financier tient la route, il n’en est pas de même pour l’argument économique. Shanghai est là et les ports Chinois de sa zone dépassent de très loin HK.
    Enfin, je ne pense pas que l’on puisse comparer la situation actuelle à celle de l’Allemagne et du Japon. N’oubliez pas la Russie et les accords militaires Sino-Russes.

    1. Pour ce qui concerne ce que vous appelez « le pire lieu », on peut le présenter ainsi mais le résultat est d’avoir créé un pays riche par des implantations étrangères et un savoir-faire financier et commercial (marchés, financements…) et à l’abri d’une justice non corrompue, à ne pas confondre avec les simples services de domiciliation des paradis fiscaux.
      Surtout les autres aspects de la liberté sont probablement plus importants que ses conséquences économiques pour le citoyen d’Hong Kong : la liberté intellectuelle et politique, tant d’information et d’expression que d’enseignement (voir dans mon article ce qui distingue un Chinois de l’extérieur d’un Chinois continental).

      Pour revenir à l’aspect purement économique, et dit autrement, l’absence de liberté à Shanghai ne permettra pas de remplacer complètement Hong Kong

      Enfin ce qui rapproche –malheureusement– la Chine de l’Allemagne et du Japon de jadis, c’est la crise d’orgueil. Mais peut-être le pragmatisme chinois empêchera l’orgueil national d’aller aussi loin…

  4. Oui, l’orgueil est un sentiment puissant et dangereux. Et comme la Chine est maintenant dirigée par un seul homme, il s’agit de l’orgueil d’un homme.

  5. L’interdépendance est la plus grande garantie de l’absence de conflit majeur, tout comme la dissuasion nucléaire. Imaginez un instant que l’Australie décide de suspendre ses livraisons de minerai de fer et de charbon à la Chine :Tout se casse la gueule. Peut-être a-t-on trop écouté Adam Smith, mais il me semble évident, au delà de toutes les gesticulations, que le monde est devenu tellement, si j’ose dire, « mondial » qu’un état ne prendra jamais le risque de commettre le pire, même un fou comme le dictateur de Corée du Nord. Arrêtons de se faire peur..

    1. Vous avez raison si tout le monde est rationnel. Mais il arrive qu’il y ait des dirigeants irrationnels, et l’orgueil est un des chemins qui mènent à l’irrationalité. Hitler, Napoléon à partir de 1811, dans une certaine mesure le gouvernement français en 1870, le gouvernement austro-hongrois en 1914, les Japonais à Pearl Harbour …

  6. Il y a pire que le libéralisme de HK, et pire que les cages à poules dans lesquelles s’entassent certains habitants pauvres de l’île: il y a tout simplement la société totalitaire prétendue « communiste » que la Nomenklatura chinoise vend encore à ce qui reste d’Angéliques en Occident et dans le monde à l’égard des États autrefois présentés comme porte-drapeaux des peuples du « Tiers-Monde ». Et les Habitants de HK, même les déshérités, n’ont pas besoin d’être « assistés par les USA » pour descendre dans la rue et manifester leur peur d’être dissous dans le stalinisme chinois et gonfler les « camps de rééducation » dont le régime chinois actuel est si fier. On connait bien ces analyses expliquant un phénomène social comme le produit d’un complot d’une puissance étrangère, par exemple la Droite française analysant les grèves de salariés comme le produit de « Œil de Moscou »…: elles sont méprisantes à l’égard des populations. A HK aujourd’hui (comme à Berlin-Est hier) les citoyens sont assez conscients de ce qu’ils font et n’agissent pas comme des enfants capricieux manipulés ou assistés par les USA. Ce réflexe pavlovien qui voit les USA partout comme fauteurs de troubles permet surtout d’éviter de regarder ce que font les autres États, ici l’État chinois. Et c’est bien là le problème, abordé par M. Montenay: on ferme les yeux, volontairement, en dénonçant autre chose, pour ne surtout pas critiquer l’État stalino-capitaliste chinois et le stopper clairement et nettement avant qu’il soit trop tard. C’est cet aveuglement volontaire qui justifie cette analogie avec le comportement de l’Occident face au nazisme. Et cette analogie là est TOTALEMENT justifiée sur ce point (aveuglement volontaire comme base de justification de l’inaction et du silence) , et (SURTOUT) elle est prouvée par les faits: INACTION après le Tibet, INACTION après les internements politiques et autres gros ou petits Tien An Men (ici et là), INACTION après l’occupation des îles du Pacifique Sud-Est asiatique (poldérisées et bourrées maintenant de missiles balistiques). A qui le tour ? HK tombera, doucement ou pas: personne ne bougera. Puis Taïwan: idem. Puis tous les États riverains de la Chine (ASEAN par exemple) qui, de suzerains, deviendront des provinces (occupés militairement d’abord pour mettre fin aux manifestations – » assistées par les USA » ?- par exemple contre les barrages chinois sur le Mékong qui assoifferont le Cambodge et le Vietnam ). Puis la Mongolie (dite, pour l’instant, extérieure). Quand on se réveillera, il sera trop tard: nous aurons simplement à gérer les flot de réfugiés asiatiques fuyant leur Asie devenu uniquement et totalitairement chinoise. Et à gérer la présence militaire chinoise aux bords de la Méditerranée. Vive le départ des USA ? Chiche ! C’est bizarre, pourtant: même l’ancien et vaillant petit pays vainqueur de l’impérialisme Yankee (Le Vietnam) ne voit pas les choses comme ça…! Pourquoi ? De fait, si les USA disparaissent de la région, les populations asiatiques pourront à coup sûr comparer les deux impérialismes: l’ancien (le Yankee) et le nouveau (le Chinois). Et elles pourront toujours essayer (elles et les Angéliques d’Occident) de donner libre-cours à leur anti-impérialisme en dirigeant leurs critiques sur le tout dernier…Bon courage !

  7. Analyse intéressante mais j’aurai mis l’accent sur la prise de pouvoir des entreprises chinoises sur les ressources des pays émergents ou on constate partout et notamment en Amérique du Sud ou je vis de nombreuses prises de participation dans les économies ; jusqu’à quand les américains vont-ils accepter de se faire tailler des croupières dans leur arrière-cour ?

  8. Bonjour, Votre analyse est un peu surprenante avec des rapprochements improbables : que la Prusse de la fin du XIXème ou le Japon de 1980 ont-ils de commun avec la Chine de ce début de XXI ème siècle ? La crise actuelle est certes politique, mais une lecture historique et culturelle apporte un éclairage plus exact.

    Les Chinois de HK ont pendant 150 ans connu une histoire coloniale différente de celle des Chinois du continent, mais ils restent culturellement Chinois, même s’ils parlent mal pékinois (ou mandarin, la langue nationale). En prévision de leur réintégration politique au territoire chinois, il apprennent d’ailleurs de plus en plus le chinois national, ce bilinguisme se faisant d’ailleurs et c’est dommage au détriment du niveau d’anglais qui a considérablement baissé en 40 ans, les enfants se consacrant plus à l’apprentissage du chinois standard qu’à l’anglais. Il leur reste à mieux connaître l’histoire moderne de la Chine pour mieux comprendre leurs compatriotes.

    Au-delà de toute position officielle, il faut savoir que de très nombreux Chinois du continent sont sincèrement outrés par les quelques Hongkongais qui, sur la base d’une identité locale réelle, prétendent avoir droit à un sort différent de celui des continentaux. Avant d’opposer démocratie et dictature, que les Français s’interrogent donc sur ce que serait leur réaction si certains Corses ou Basques revendiquaient leur indépendance de la France (voire de l’Europe, si l’on pense à la taille du territoire chinois) sous le prétexte bien fallacieux d’une petite différence locale. Et ne sommes-nous pas nous-mêmes souvent jaloux de la fiscalité avantageuse s’appliquant à ceux qui ont réussi à être Monégasques grâce à d’habiles montages financiers… mais n’oublieront pas de se faire soigner aux frais de la sécurité sociale en France, à y étudier à moindre coût qu’aux USA ou à se faire verser leur retraite ?

    Quoi qu’en disent les ignorants, la Chine de 2019 n’a rien à voir avec celle de 1980 et les Chinois s’y sentent bien (sauf quelques intellectuels), malgré les contrôles et la surveillance renforcée qui, très souvent, les rassurent quand ils constatent les attentats répétés chez nous commis par quelques musulmans. Et que les Ouighours soient contrôlés et le port du voile interdit sont des mesures plébiscitées par l’immense majorité des Chinois consternés qu’en France, la liberté individuelle serve en fait d’alibi à des terroristes religieux ultras et à la non-application très fréquente de l’interdiction en France du port du voile en public. Il y a fort à parier que la majorité chez nous serait en phase avec plus de surveillance et moins de laxisme ici.

    La preuve, 150 millions de touristes Chinois se sont rendus à l’étranger en 2018… et sont rentrés dans leur pays. Pour eux, quelques limites à la liberté individuelle sont un bien petit sacrifice pour que la collectivité vive sereinement. Bref, liberté relative, oui, laisser faire généralisé, non merci.

    Au global, les manifestations massives des Hongkongais sont le signe d’une inquiétude sourde mais les habitants de l’ex-colonie comprendront peu à peu qu’ils ont tout à gagner à mieux s’arrimer au sort du reste de leurs compatriotes car la Chine continuera, certes plus lentement que depuis 40 ans, à progresser et à s’ouvrir au monde, en fonction de son propre agenda et non pas en fonction des décisions des autres. C’est tout simplement le destin de tous les Chinois.

    1. Ce que le deuxième Reich, le Japon de la première moitié du XXe siècle (donc pas exactement ce que vous dites) ont en commun avec la Chine aujourd’hui c’est de l’orgueil d’une très réelle réussite. Je pense que comme les Chinois d’aujourd’hui, les Allemands d’avant-hier et les Japonais d’hier se sentaient bien dans leur pays, d’autant plus qu’il leur apportait une fierté nationale. Mais cela s’est révélé une donnée aggravante !

  9. Je ne suis pas d’accord avec votre analyse et je crains que vous ne connaissiez mal le sujet. A ce propos, je pense que vos lecteurs auront intérêt à visionner la présentation de Bruno Guigue qui fut enregistrée avant les événements de Hong Kong. Voir :
    https://www.egaliteetreconciliation.fr/Bruno-Guigue-Le-socialisme-chinois-et-la-fable-du-liberalisme-56039.html
    Concernant la fable du « massacre de Tiananmen, la lecture du document suivant remettra les pendules à l’heure :
    https://www.mondialisation.ca/le-massacre-de-la-place-tiananmen-en-1989-est-un-mythe-la-black-information-operation-britannique/5634235
    Sur Hong Kong plus spécifiquement, vous trouverez sur ce même site plusieurs articles de divers auteurs dont Bruno Guigue également.
    Je lis en général vos articles et ce n’est pas la première fois que je note des distorsions et des erreurs sur des sujets que je connais particulièrement bien. En général, je me garde de disserter sur des sujets que je ne connais que trop partiellement pour me prétendre être une autorité.
    Cordialement.

    1. Je vous laisse, ainsi qu’à Bruno Guigue, l’entière responsabilité de vos affirmations que je note néanmoins.

  10. Anglais, langue officielle ? J’ai passé une semaine à Hong Kong en 1991 bien avant avant la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Il était estimé à l’époque qu’il y avait 2% d’anglophones véritables… Certes, tous ceux qui étaient censés avoir une interface avec des touristes se débrouillaient en anglais mais je me souviens que, lorsque nous rentrions dans à peu près n’importe quel magasin, à la vue d’occidentaux, la personne à l’accueil des clients appelait immanquablement à la rescousse quelqu’un de l’arrière boutique avec laquelle nous pouvions communiquer dans un mauvais anglais… Cela en dit assez long sur ce que doit être le niveau dans cette langue depuis. D’ailleurs, si les Hongkongais connaissaient vraiment les anglo-saxons, il serait peu probable de voir des drapeaux étasuniens dans les manifestations !

    1. Une langue officielle est utilisée (pas forcément seule) dans l’enseignement et dans les discours officiels (pas toujours seule non plus). Cela ne préjuge pas qu’elle soit parlée par la population. Au Maghreb où la langue officielle était l’arabe seul jusqu’il y a quelques années (maintenant les langues berbères sont officielles aussi, mais c’est à peine appliqué), personne ne le parlait. La population parle en général darija (voir mes articles sur ce sujet sur yvesmontenay.fr), souvent une langue berbère ou le français

      Pour revenir à Hong Kong, je pense que la connaissance de l’anglais s’est considérablement améliorée, mais, encore une fois, c’est une constatation distincte du fait d’être langue officielle. À ma connaissance la langue principale est le cantonais, qui est une grande langue et non un dialecte.

      1. De toute maniere, Hong Kong finira par être intégrée dans la Chine continentale en vertu des accords passés. Il sera donc difficile de réagir pour empêcher son annexion. Il s’ attendre à de nouveaux boats people.
        L’ Occident a pris conscience de l’ expansionnisme sournois de la Chine de Xi, et ne reste pas passif comme il l’a été face à la montée du nazisme. La politique de Trump constitue une première réponse. Mais dans un monde globalisé, tous les États sont trop interconnectés pour que l’ un d’ eux puisse seul garder la main sur un jeu géopolitique de plus en plus complexe.
        Déjà, les USA se rendent compte que la « guerre commerciale » peut entraîner une récession mondiale qui leur serait préjudiciable. Il est à parier que la stratégie américaine va s’ assouplir.
        L’ avenir, ce n’ est plus les États-nations, mais les État-continents. L’Amérique a deux façades maritimes. Pour pouvoir réagir côté Pacifique, elle doit avoir les mains libres côté Atlantique. Il faut donc une Union européenne renforcée alliée des États-Unis. A l’ Union européenne de jeter ensuite les ponts avec la Russie, afin que cette dernière ne soit plus inquiétée sur son flanc occidental. C’ est en arrimant la Russie a l’ Occident que celle-ci pourra faire face a la Chine totalitaire et protoimpérialiste. Sinon, la Russie liera son sort à celui de la Chine.
        Reste les continents sud- américains, africains et sud asiatiques. A mon avis, seul un axe USA -UE-Russie pourra contrecarrer la Route de la soie, qui a déjà établi une base à Djibouti, soit en Afrique, et d’ autres en mer de Chine méridionale.
        L’ équilibre géopolitique et la paix mondiale dépendront de ce paramètre intercontinental.

  11. Je ne crois pas que l’article de M. Montenay était consacré au problème de l’indépendance de HK, contrairement à ce qu’affirme un « Spécialiste » qui n’a pas peur de traiter d’ « IGNORANTS » ceux qui osent critiquer l’Etat chinois actuel …! Les IGNORANTS étant aussi les Ouighours (Le « spécialiste » reconnait qu’ils sont contrôlés..quand même!), au nombre de 1 million environ, à croupir dans les camps de rééducation stalinien de cette douce Chine à laquelle croient encore les Angéliques d’Occident. Et parmi ces IGNORANTS, il y a les Tibétains, bien sûr, qu’on ignore de citer, car il faut toujours IGNORER les IGNORANTS. Autres IGNORANTS ignorés : tous ces Asiatiques qui n’ont toujours pas compris que la Chine envahissait et occupait leurs îles du Pacifique pour leur Bonheur…! Voilà revenu le discours type des Maoïstes ou Staliniens des années ante-Pérestroïka qui nous font encore et encore le coup des « Imbéciles qui ne comprennent rien au bonheur du communisme » (« communisme » auto-proclamé comme tel par des dirigeants qui n’ont jamais été élus par la population, qui n’ont peut-être jamais été communistes sincères, et qui n’ont jamais connu la vie dans une entreprise même étatisée), exactement comme faisaient les dirigeants dits « communistes » du Vietnam réunifié en 1975 qui qualifiaient d’ Ignorants ou de « Manipulés par les USA » tous ces Boat People qui ne voulaient pas être rééduqués pour COMPRENDRE l’immense bonheur que souhaitaient leur imposer des spécialistes en Bonheur totalement incompétents en économie. Les IGNORANTS ont toujours raison de fuir les EXPERTS en bonheur. BREF. Monsieur Montenay ne parlait pas de ça, en fait. Il faisait une analogie entre les risques de guerre des années 30 avec un État allemand totalitaire et surarmé. Et je suis d’accord avec son analyse, car l’État chinois actuel (je ne parle pas des citoyens chinois, ni de l’immense et magnifique culture chinoise, bien sûr) est un État totalitaire, surarmé (doté d’une technologie et de moyens militaires sans doute supérieurs aux capacités des USA dans ce domaine), et SURTOUT tout aussi expansionniste que l’Allemagne de Hitler. On peut aimer la culture chinoise et (justement) constater qu’une clique de dirigeants autoproclamés bienveillants au pouvoir actuellement est en train de la mener dans le gouffre avec le monde entier: IGNORER la réalité ne permet à personne de qualifier d’ Ignorants les individus qui préfèrent regarder le monde EN FACE (Les vrais Ignorants étant plutôt ceux qui préfèrent se satisfaire de répéter des discours de propagande, idéologiques ou religieux, qui reposent leur âme ou leur conscience) . Et comme les faits nous le démontrent scientifiquement, on a toujours vu des réfugiés fuir les pays dits « communistes », mais on n’a jamais vu l’inverse (sauf dans le film « Good Bue Lenin »). C’est bizarre, non ?

  12. L’argument démagogique consistant à dire que la majorité des Chinois soutient son dictateur actuel (Xi) n’a aucun intérêt ni aucune valeur pour commenter le texte de Monsieur Fontenay. Il n’a surtout aucun fondement: comment prouver cette affirmation ? Le texte en question évoque les dangers de Guerre que fait courir au monde l’expansionnisme chinois actuel corrélé à son autoritarisme dit « communiste »: en quoi le fait qu’une majorité de citoyens suivrait son dictateur invaliderait les craintes de M. Fontenay ? En quoi un dictateur populaire serait-il acceptable pour la communauté internationale, face à l’expansionnisme et aux agressions de ce dictateur populaire ? HITLER était populaire (clairement, lui) puisqu’il avait été ELU (ce qui n’est pas le cas de XI…!): et alors ? Cette élection, cette popularité réelle de Hitler, devait-elle valider sa politique militaire et sa politique d’annexions ? Aujourd’hui il faudrait réhabiliter la politique guerrière de Hitler en raison de son élection démocratique, ou de sa popularité (voire de sa politique économique de création d’autoroutes, de voitures et de lutte réussie contre le chômage) ? Un chef d’État élu aurait le droit d’agresser le monde extérieur et d’accaparer de nouveaux territoires ? Personnellement je dis NON. A à fortiori quand il s’agit d’un chef d’État non élu …!!!

  13. Je vis a Hong Kong. La politique y est libérale et l’efficacité économique y est telle que beaucoup de Français y élisent domicile. Cela déteint un peu sur les administrations locale ou tout fonctionne bien, et même sur le consulat français: il ouvre distribue les passeports avant 8 heures, et l’accueil décroche le téléphone immédiatement et accepte de décaler leur horaire de déjeuner quand vous devez y arriver a midi. J’étais très surpris en France de devoir attendre au téléphone.

    La population locale parle en grande partie anglais et mandarin en plus du cantonais et le langage ne gêne personne pour faire ses affaires. Les libéraux se plaindront de trop de capitalisme de connivence entre élites et gouvernement. D’un point de vue économique, le poids du PIB de Hong Kong est passe de 27% a 3% depuis 1993,

    Les Chinois se sont engages a faire durer la SAR 50 ans jusque 2047 après quoi rien n’est décidé. Les chinois continentaux se sont montre très opportunistes et les Hong-Kongais feraient bien de négocier la prolongation du système spécial Hong-Kongais, les chinois le prolongeront si c’est la ligne de moindre effort et que cela leur donne un site de test de politique libérale. Encore faut-il que la stabilité politique y soit satisfaisante.

    Je vois que cet article évoque un risque géostratégique énorme mais fort heureusement peu probable (c’est a nous de faire qu’il reste ainsi). La Chine continentale a tant gagne par le commerce que les chinois n’ont plus du tout envie de faire une guerre. Ils préfèreraient de loin un monde dans lequel chacun peut faire son beurre sans se faire embêter par l’arbitraire américain.

    La communauté européenne a besoin de s’unir pour dialoguer avec les US et la Chine sans quoi nous ne faisons pas le poids et nous allons nous faire dépecer par ces deux puissances. Vu le comportement des Etats-Unis, il y a une vraie responsabilité pour notre continent pour s’assurer qu’il y a toujours au moins deux adultes a la table de négociations.

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