La Chine contre les démocraties la nouvelle guerre froide

La Chine contre les démocraties : la nouvelle guerre froide

La nouvelle guerre froide a été relancée par la Chine pour faire oublier sa gestion calamiteuse du début de la pandémie mais elle a suscité une contre offensive. Je pense que la lutte entre autoritarisme et démocratie va s’accentuer, intellectuellement et économiquement au moins, militairement au pire !

Me voici revenu dans mon jeune temps ! Tel le village de Don Camillio, ma ville natale était coupée en 2, catholiques et communistes s’injuriaient réciproquement. Certes on ne s’entretuait qu’en paroles dans cette petite ville paisible, mais c’était « pour de bon » en Corée, au Vietnam et ailleurs.

Eh bien maintenant, c’est reparti : si vous êtes en Chine « les États-Unis sont une société décadente et pourrie, jalouse de notre émergence ».

Et si vous êtes aux États-Unis « les Chinois empoisonnent le monde avec leur virus » si vous êtes républicain, « avec leurs pollutions et leurs déchets » si vous êtes démocrate et, pour tous, « parce que leur régime est dictatorial et qu’ils veulent l’étendre au monde entier ».

Et les tièdes, l’Union européenne par exemple, sont snobés par les 2 parties : début mai 2020, la Commission européenne cherchant à rassembler 8 milliards de dollars pour trouver un vaccin contre le Covid-19 n’a pas trouvé un sou, ni chez les Américains ni chez les Chinois.

Un déluge de propagande chinoise

Il y a quelques semaines, une propagande pro-chinoise déferlait sur le monde, et les réseaux sociaux étaient pleins d’admiration pour ce magnifique pays qui avait si fermement tordu le cou à ce sale virus, alors que les démocraties s’en révélaient incapables.

Je me demandais si la vague d’admiration de Mao des années 1965 allait renaître au bénéfice du président Xi, spontanément, par souci de suivre une mode ou tout simplement sous l’action de services de propagande intelligents.

Effectivement de « faux comptes » Twitter d’inspiration chinoise se multiplient, suivant l’exemple russe : dénonciation de la formule trumpiste du « virus chinois », félicitations à l’Italie qui « a baissé les drapeaux de l’Union européenne » ou encore décrédibilisant le rôle des donateurs européens en Afrique.

Pour l’Italie, c’était une infox à partir d’un exemple privé, pour miner la solidarité européenne… déjà bien malade.

Mais c’était trop ! Et voilà les médias repartis en sens inverse.

Et cela notamment grâce à Taiwan.

Une contre-offensive menée par Taïwan

Je rappelle aux jeunes d’aujourd’hui que cette grande île, province chinoise, a servi de refuge au gouvernement nationaliste chassé du continent par les communistes en 1949. Devenue prospère et démocrate, Taïwan est indépendante de fait, malgré la pression chinoise qui a réussi à l’éliminer de tous les organismes internationaux, et notamment de l’Organisation Mondiale de la Santé. Petit détail qui a coûté cher à toute l’humanité !

Conflit entre ethnicité et démocratie

Moi qui ai 150 ans de souvenirs politiques, car dans mon jeune temps les programmes scolaires étaient encore pleins de la guerre de 1870 et des soupirs sur le sort de l’Alsace-Lorraine, je suis frappé par ce conflit entre ethnicité et démocratie.

Je m’explique : les Allemands disaient aux Alsaciens–Lorrains « votre dialecte est germanique, votre architecture et vos noms de famille aussi, donc vous êtes Allemands. Vous avez beau voter contre l’annexion, vous ne pouvez pas nier votre appartenance au peuple allemand, et notre annexion est légitime ». Il a fallu la boucherie de la guerre de 14-18 pour trancher le problème !

Aujourd’hui Pékin répète aux Taiwanais « vous parlez mandarin, vos noms de famille sont chinois, vous avez beau voter contre le rattachement à la Chine, vous ne pouvez pas nier votre appartenance au peuple chinois et le rattachement à votre mère-patrie est légitime et il aura lieu par la force s’il le faut ».

D’ailleurs la Chine multiplie sa présence navale entre l’île et le continent, pourtant théoriquement une mer internationale.

La réaction de Taïwan

Taïwan a réagi. Elle a commencé par tirer profit de la guerre commerciale sino-américaine, comme le Vietnam. Or, ces 2 pays ont également très bien géré l’arrivée du virus à leur frontière.

Ils ont en commun de se méfier très fortement de la Chine, le Vietnam ayant été longtemps colonie chinoise et voyant ses iles (les Paracels et Spratleys) occupées par la Chine. Un bateau de pêche vietnamien vient d’ailleurs de s’y faire éperonner par un navire chinois.

Les démocraties de la région, Taïwan, le Japon et la Corée du Sud, insistent sur leur maîtrise de la pandémie, ruinant l’argument de la supériorité sanitaire d’un régime autoritaire mis en avant par la Chine.

La performance Taïwan a été particulièrement remarquée, ce pays ayant 800 000 cadres travaillant en Chine et faisant des aller-retours au pays. C’est l’occasion de rappeler la contribution importante des Taïwanais au développement chinois, particulièrement agaçante pour la Chine. Les fameux « investisseurs étrangers » qui ont permis l’émergence de de ce pays n’étaient pas seulement occidentaux…

Rappelons que Taïwan n’était plus membre permanent de l’OMS depuis son remplacement par la Chine, mais en est resté membre observateur jusqu’en 2016, date à laquelle la Chine a obtenu son expulsion.

Taïwan a néanmoins alerté l’OMS dès le 16 janvier 2020, mais ses messages ont été classés sans suite par une direction visiblement « aux ordres » de la Chine.

presidents OMS et Chine
Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), serre la main du président chinois Xi Jinping à Pékin le 28 janvier 2020. Naohiko Hatta/AFP

Taïwan a immédiatement ouvert au monde entier le détail de ses propres mesures sanitaires et de ses statistiques, à grand renfort d’usages des réseaux sociaux (dont #TaiwanCanHelp) ce qui contraste avec l’opacité de Pékin. Signalons également l’exportation massive de masques dont elle est le 2e producteur mondial.

Taiwan en a été récompensé, notamment par le Taipei Act américain du 26 mars 2020 la soutenant.

Ces démocraties asiatiques, non seulement Taïwan, mais aussi la Corée du Sud et le Japon, commencent à entraîner les autres voisins de la Chine, dont la Thaïlande et l’Indonésie. Même les Philippines que l’on disait sensible aux « arguments » chinois et qui avaient laissé la Chine occuper l’une des îles lui revenant, déplore l’affaiblissement « d’une véritable relation de confiance » entre Pékin et le reste de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est)

La Chine a donc l’impression de se faire voler sa victoire médiatique d’il y a quelques semaines.

La réaction à l’agressivité chinoise gagne le monde entier

La Chine a fait preuve « d’une agressivité qui lui porte préjudice » déclare avec beaucoup d’autres Nicolas Baverez dans Le Point du 21 avril 2020. La Chine a notamment exigé – et réussi – à faire retoucher un rapport interne à l’Union européenne qui signalait les fausses nouvelles sanitaires qu’elle diffusait (cf la dépêche Reuters).

La multiplication des commentaires désobligeants de la diplomatie chinoise visant les démocraties occidentales a notamment amené une réaction vive de notre ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ainsi que du gouvernement australien, qui demande une enquête indépendantes sur l’origine de la pandémie.

La Chine a bien sûr également attaqué Taïwan en suscitant des messages indignés sur les réseaux sociaux, accusant ce pays de racisme envers le directeur de l’OMS… Mais les auteurs de certains de ces messages se sont trahis en oubliant de les taper en caractères taïwanais (caractères traditionnels, par opposition aux caractères simplifiés utilisés par Pékin).

Par ailleurs, « la diplomatie des masques » menée par Pékin, avec 28 milliards d’envois dans 130 pays, est assombrie par les défauts des objets livrés. Plusieurs nouveaux renvois par des pays européens le 15 mai 2020 ont mené l’Union européenne à demander à tous ses membres de les contrôler soigneusement.

Comme pour bien d’autres produits, les entreprises chinoises sont loin d’être toujours fiables. Les riches chinois consomment d’ailleurs de la nourriture étrangère du fait des problèmes d’hygiène dans leur pays.

En Afrique, le tabassage raciste des Africains de Canton n’a rien arrangé. Et sur les réseaux sociaux de nombreux spécialistes occidentaux de la Chine, fascinés par ce pays et sa culture et ayant appris le mandarin; sont devenus aujourd’hui de féroces critiques.

Plus généralement, les diplomates chinois ont été avisés que, dans l’intérêt de leur carrière, ils devraient se montrer plus agressifs… ce qui pour l’instant nuit à l’image de la Chine.

La presse mondiale s’est fait l’écho d’un rapport destiné à Xi Jinping exposant que le sentiment anti chinois dans le monde n’a jamais été aussi élevé depuis le massacre de Tiananmen.

D’autant qu’avec le recul, le succès sanitaire semble cher payé

Une économie étranglée en Chine ?

L’opinion mondiale a maintenant compris que le succès du contrôle de l’épidémie est dû à un encadrement policier et informatique très serré de la population. Ce succès a probablement été exagéré en sous-estimant par exemple le nombre de morts, mais il semble globalement vérifié.

Mais cet encadrement paralyse maintenant la reprise économique, malgré les encouragements au retour au travail. La population a eu très peur et exige de la prudence, ce qui se traduit notamment par la mise à l’écart de quelques centaines de millions de migrants intérieurs.

Pour l’instant le gouvernement propose le même remède que depuis la crise de 2008 : construire encore plus de TGV et d’autoroutes… mais dans des régions de moins en moins justifiées, ce qui les laisse de plus en plus vides, diminuant la productivité nationale globale.

On est loin d’un certain état d’esprit américain, assez bien représenté par Trump, et que l’on peut résumer par « il faut faire fonctionner l’Amérique avec le virus. Il y aura certes des morts, comme il y a des accidents de la route, des overdoses, des cancers et des crises cardiaques ».

Revenons en Chine. L’absence des cadres étrangers, asiatiques comme occidentaux, est un autre obstacle à la reprise et illustre les dangers de se couper du monde. Les exceptions à la fermeture des frontières se multiplient donc discrètement au bénéfice de ceux qui cherchent à revenir.

De toute façon, si l’économie redémarre trop lentement on multipliera la propagande nationaliste et les attaques de l’étranger. Mais les provocations xénophobes n’encourageront pas les industriels étrangers à continuer à investir en Chine.

On finit par se demander pourquoi la Chine privilégie l’accentuation de la divergence idéologique sur la coopération. Y a-t-il une crise d’orgueil au sommet ? Est-elle partagée par la population ?

La fracture idéologique

La Chine de Xi s’éloigne de celle de Deng qui répétait « Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, s’il attrape la souris, c’est un bon chat » et « la Chine est un pays pauvre et modeste qui souhaite s’insérer dans le système mondial et non le bouleverser ». Pour Xi, la Chine, puis le monde doivent être « rouges ».

Deux visions du droit et donc du monde sont face-à-face.

Officiellement il s’agit des droits des États contre ceux des citoyens. En 1945 des Occidentaux ont rédigé la charte de l’Organisation des Nations Unies, qui est fondée sur les droits imprescriptibles de l’individu.

Or de nombreux pays émergents, à commencer par la Chine, proclament que le bien commun, c’est l’intérêt national. Ils poussent donc à un droit international garantissant la souveraineté imprescriptible des États. Les démocrates répondent qu’il ne faut pas confondre l’intérêt des États avec ceux des dirigeants et la souveraineté des États avec le droit à la répression.

Un climat de guerre froide, voire de guerre tout court

Bill Gates l’idéaliste semble avoir tort. « Le plus grand risque de catastrophes mondiales ressemble à ça », disait-il en montrant un dessin de virus qui ressemblait beaucoup à l’actuel. Aujourd’hui il en appelle à une solution mondiale, faisant coopérer « les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Chine et d’autres » pour lancer des usines de médicaments et vaccins un peu partout dans le monde. Mais nous venons de voir que l’atmosphère n’est plus à la coopération.

À mon avis, la pandémie semble laisser affaiblis tous les pays :

  • La Chine a perdu de la crédibilité et du potentiel de croissance.
  • L’Amérique semble durement secouée, mais nous savons que son système conserve des ressorts puissants.
  • La Russie est doublement secouée par la flambée de la pandémie et la baisse du pétrole qui a mis à nu la très grande faiblesse du reste de son économie.
  • La Turquie souffre de la répression contre les élites et de la gestion économique du clan Erdogan.
  • L’Union européenne n’existe pas politiquement et cafouille économiquement.
  • L’Amérique Latine était déjà en piteux état et la pandémie l’a davantage enfoncée.
  • Les pays musulmans « blancs » et du Sahel étaient déjà ravagés par les guerres civiles.
  • Le reste de l’Afrique, s’il semble pour l’instant relativement épargné, ne pèse pas lourd.

Au lieu de favoriser la solidarité entre pays affaiblis face à l’épidémie, on constate l’émergence d’une nouvelle guerre froide entre 2 camps, les régimes autoritaires et les démocraties.

Espérons que les premiers n’essaieront pas de surmonter leurs problèmes en recherchant une aventure nationaliste et militaire. On en sent les tentations à Pékin et à Moscou.

« La guerre froide » est une expression européenne, mais pour une grande partie du monde, elle a fait des victimes par dizaines de millions, bien plus que ce que l’on craint de la pandémie actuelle…

Yves Montenay

12 commentaires sur “La Chine contre les démocraties : la nouvelle guerre froide”

  1. La notion de « guerre froide » est peut-être trop gentille (ou en dessous de la réalité) pour identifier la politique de l’État chinois actuel. Est-ce que l’État soviétique avait une politique d’expansion territoriale militaire aussi invasive que celle de l’actuel État chinois ? Quant à l’idéologie étiquetée « communiste » de Xi, j’ai bien l’impression qu’elle soit secondaire (voire marginale) au projet nationaliste des dirigeants chinois, et secondaire aussi dans la soif de pouvoir du « Président à Vie » qu’est devenu Xi. Comme d’ailleurs dans la plupart des pays dits »communistes »: qu’est devenu le projet humaniste de l’égalité, de la démocratie et du développement social de ces pays ? Quand les relations internationales ne sont même plus animées par des projets politiques ou idéologiques rationnels (un minimum) mais seulement mues par des soifs personnelles de pouvoir incontrôlées par les citoyens, on ne peut qu’être inquiet. On a bien vu le processus en marche avec le « socialiste » Hitler qui ne parlait que du bonheur du peuple allemand mais qui avait (en réalité) d’autres motivations personnelles que peu contemporains ont eu le courage de regarder en face (déni de la réalité): se souvenir de la triste et tragique séquence des Accords de Munich (qui avait été précédée par la passivité occidentale face à la réoccupation de la Ruhr par Hitler, ou par les accords de Locarno). Bref: si le monde se comporte comme la « Marine Nationale » française (représentante indirecte de l’UE…quand même !) qui a déguerpi récemment des eaux territoriales internationales du Pacifique au seul motif que cette présence gênait les autorités chinoises, on se doit d’être inquiet : qui va avoir le courage de résister aux caprices dangereux de Xi….. ?

    1. Nous sommes d’accord. Mais je suis encore plus sceptique que vous. Je pense que l’idéologie est souvent secondaire par rapport à la prise de pouvoir, que ce soit chez Lénine ou chez Boumediene. La plupart du temps c’est un outil sans plus.

  2. Je suis en effet d’accord avec vous :  » l’idéologie est souvent secondaire par rapport à la prise de pouvoir…La plupart du temps c’est un outil sans plus ».

  3. « La Chine est un pays pauvre et modeste qui souhaite s’insérer dans le système mondial et non le bouleverser Pour Xi, la Chine, puis le monde doivent être « rouges « . Ce que vous énoncez est faux! Le seul but de la Chine est de protéger jalousement son pays Zhongguo, étymologiquement « pays du milieu » vieux de VIII siècles avant notre ère. La Chine veut traiter d’égal à égal avec tous les pays du monde, elle n’est pas hégémonique comme les États-Unis qui veulent gouverner le monde (NOM). La Chine ne cherche pas à imposer sa culture, son système économique et social aux autres pays. Avec son milliard et demi d’habitants, elle se suffit à elle-même. Elle sort progressivement de la pauvreté en mettant de l’avant les nouvelles technologies. Par contre, je n’aimerais pas vivre en Chine.

    1. Ce que vous dites est probablement l’avis de nombreux Chinois. Mais est-ce celui de l’équipe au pouvoir ? Ce ne serai pas la première fois que les dirigeants d’un pays accumulant des succès fassent une crise d’orgueil. C’est arrivé au Japon en 1930-40 pour prendre une situation ayant beaucoup de points communs, avec un décalage dans le temps. Souhaitons que le président Xi revienne à « votre » idée, spontanément ou sous la pression de modérés.

  4. Cher Yves Montenay

    Il n’y aura pas de « guerre froide »( expression aimable pour une guerre tout à fait chaude entre pays affiliés à l’une ou l’autre puissance) entre la Chine et le reste du monde pour la suffisante raison que la Chine est trop forte. Notons au passage qu’alors que nous avons tous appris dans nos Universités que le libéralisme politique était une très bonne chose et le dirigisme économique une nécessité, les Chinois sont devenus la première puissance du monde en pratiquant l’exact contraire .
    La Chine est capable de se battre par des moyens classiques, les moyens nucléaires signifiant la mort générale immédiate, nous n’en sommes absolument plus, nous les occidentaux capables. Si nous en voulions une preuve, il suffirait de constater la terreur que nous inspire une épidémie relativement banale.
    Des lors, de deux choses l’une. Ou nous allons vers une sorte de Munich mondial qui fera que les peuples de la terre seront gouvernés par des  » Gauleiters Chinois » ou le peuple Chinois aujourd’hui sous le joug se réveillera et voudra à son tour bénéficier des plaisirs de la vie. Il y a à peine trente ans, personne ne pensait qu’une telle mutation interviendrait au coeur même de l’empire soviétique, et c’est tout de même ce qui s’est passé.
    Les peuple Chinois est notre seul espoir. Tout ce qui nous reste comme arme est de chercher les moyens de l’encourager dans cette perspective. Ce n’est pas simple mais c’est la seule voie de salut.

    Etienne Tarride

    1. C’est tout à fait logique et l’un de mes articles sur la Chine se termine par une phrase du genre « sauf réaction intérieure ». Mais comme l’avenir est imprévisible, les évolutions logiques n’ont pas forcément lieu.

  5. Il y a des gens qui croient naïvement que l’État (à ne pas confondre avec la culture, ou la population) chinois actuel (et non celui des anciens temps, le fameux « Empire du Milieu » se suffisant à lui même…!), n’a aucune visée hégémonique aujourd’hui: qu’ils aillent donc demander aux Tibétains ce qu’ils en pensent, et faire la même demande aux populations voisines actuelles (philippines, vietnamiennes, malaisiennes ou indonésiennes) qui ne peuvent plus aller pêcher dans leurs zones légales d’activité, reconnues par le Droit International Public ( Convention de Montégo Bay + Tribunal de La Haye), depuis que l’Etat chinois à décidé d’envahir militairement le Pacifique Sud et d’y poldériser les îles conquises (pour y installer des missiles …!). On peut admirer la culture chinoise sans être pour autant angélique. On peut aussi être anti-impérialiste tous azimuts (et pas seulement contre les USA). Nous ne sommes pas en « Guerre Froide », mais en « Guerre Chaude », non pas avec les Chinois, mais avec ses dirigeants expansionnistes. Les Européens, et les Français en particulier, sont d’une naïveté historique récurrente quand un danger se présente devant eux: ils préfèrent fermer les yeux et s’abreuver de discours humanistes et généreux pour regarder ailleurs et continuer à se croire en paix (exemple type de cet atavisme français: les Accords de Munich). Il faut arrêter de rêver sur la Chine, comme d ‘autres le faisaient sur l’URSS (ou sur les USA, la France, l’Europe, etc….). Pour les gens qui croient que l’Etat chinois actuel n’a pas de visée expansionniste et impérialiste, je rappelle qu’il a demandé dans les années 90 que l’ ONU lui attribue le statut d’Archipel: pourquoi ?

    1. Nous sommes d’accord. Juste une précision de vocabulaire : la guerre chaude, c’est à coup de missiles et d’obus. Pour l’instant nous n’en sommes pas là avec la Chine. Mais cela peut arriver à tout moment dans les mers qui l’entourent.

  6. L’impérialisme américain, une vielle rengaine non exempte de contradictions : on leur reproche tantôt leur isolationnisme, tantôt leur mercantilisme expansionniste ; soit on s’alarme quand ils retirent leurs troupes et bases militaires du Moyen-Orient ou de l’Asie centrale, soit on les appelle au secours pendant les guerres mondiales, ou à jouer le rôle de gendarme du monde quand les régimes autoritaires se font menaçants ; on accepte leur plan Marshall, puis quand la croissance est revenue on rejette leurs symboles culturels (Coca-Cola, jazz, films d’action, liberté des moeurs et liberté d’expression, tolérance religieuse, etc.), et ainsi de suite.
    L’impérialisme chinois est plus subtile : quel est le but de la « Route de la soie », et de celui des investissements économiques et politiques en Afrique et en Europe (Italie, Grèce…) ? Pourquoi viser la suprématie numérique dans le monde ? Le monde est inondé de produits fabriqués en Chine, n’est-ce pas déjà une forme d’envahissement avant l’asservissement.
    La Chine est gouvernée par un régime communiste qui, par nature et destination, tendra toujours à imposer d’une façon ou d’une autre son idéologie marxiste et collectiviste. Son capitaliste d’Etat est un leurre.
    Heureusement, une Chine autoritaire et communiste de 1,5 milliard d’humains enfermée dans son protectionnisme est moins dangereuse qu’une Chine démocratique et libérale prospère et puissante au « milieu du monde ».

    1. Je suis assez d’accord sur l’analyse, y compris sur le fait qu’une Chine « idéale » serait plus puissante (reste à préciser ce que l’on entend par là), mais je n’ai pas compris en quoi elle serait dangereuse

      Vous pouvez continuer la discussion sur ymontenay@gmail.com

      1. Elle serait « dangereuse » parce que sa puissance la conduirait naturellement à imposer son hégémonie au reste du monde (c’est-à-dire sa prépondérance politique et militaire). Par exemple, elle chercherait à installer la suprématie de sa monnaie à la place du dollars (elle a déjà envisagé avec la Russie de créer une monnaie étalon rivale au dollars), à étendre unilatéralement ses zones de pêche et d’influence navale, à implanter des bases militaires sur tous les continets, à diffuser sa philosophie matérialiste hostile aux minorités dissidentes,etc.
        Mais je concède que l’expression « dangereuse » manque de clarté au regard de l’hypothèse retenue, dans la mesure où on peut croire que la démocratie et le libéralisme sont un rempart contre les tentations de guerre froide.

Répondre à Yves Montenay Annuler la réponse.