Mon Giscard du ministre de De Gaulle au président impopulaire

Mon Giscard : du ministre de De Gaulle au président impopulaire

Dans cet article, je vais vous parler de « mon » Giscard, en évoquant mes souvenirs et réactions personnelles de l’époque. Je ne vais pas vous raconter sa vie, pour laquelle vous trouverez d’excellentes biographies dans tous les journaux du 3 décembre 2020, date de son décès (petite sélection en bas de page).

Dans un premier temps, Valery Giscard d’Estaing m’a beaucoup agacé, car j’étais un vieux gaulliste.

Ministre du général De Gaulle puis de Pompidou, il se voulait différent. Il faisait partie de la majorité tout en étant très réservé et résumant son avis par « Oui, mais… », ce qui lui attira une réplique du général :  « On ne gouverne pas avec des « mais »« .

Plus tard il aggravera son cas en participant à la campagne du « non » au référendum de 1969 qui se conclut par le départ du général… pardon du président De Gaulle.

Mais d’un autre côté, c’était un homme sérieux, ce qui est rare à mon avis chez les hommes politiques. Polytechnicien, c’était aussi un « matheux », alors que Chirac, censé poursuivre l’action du général, était plus démagogue.

L’alliance avec Chirac et la présidentielle de 1974

Au début de la campagne présidentielle de 1974 Chirac et Giscard sont alliés.

Au premier tour Chirac apporte à Giscard une partie des voix gaullistes, ce qui lui permet d’éliminer Chaban-Delmas, grand résistant, qui se voulait héritier du Général de Gaulle.

C’est l’occasion de rappeler que Chaban-Delmas traînait la soi-disant “casserole de l’avoir fiscal », une mesure d’allègement d’impôt dont la logique était d’éviter de superposer l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu de leurs actionnaires. Mais c’était bien compliqué pour le Français moyen, et le Canard Enchaîné joua sur l’ignorance générale en dénonçant « un scandale« .

C’est un des nombreux cas où ce journal fut profondément injuste pour le plaisir de d’offrir des « révélations » à ses lecteurs, une mode qui s’est aujourd’hui répandue dans beaucoup de médias…

Chaban-Delmas éliminé, voici donc mon Giscard au second tour de l’élection présidentielle de 1974, face au candidat de l’union de la gauche, François Mitterrand.

Je vous partage une vidéo de l’INA qui faisait ainsi le portrait du candidat Giscard après le premier tour :

Pour le second tour, je n’ai eu alors aucune hésitation entre les 2 candidats, Mitterrand disant n’importe quoi en économie pour s’attirer les voix communistes. Il était dans mon esprit à l’opposé du sérieux Giscard.

Je me souviens d’un temps fort de l’entre deux tours de la présidentielle de 1974. Mitterrand ayant évoqué « la gauche généreuse », se vit répondre par Giscard « vous n’avez pas le monopole du cœur ». Cela lui apporta les quelques voix lui permirent d’être élu d’extrême justesse…

En récompense de son soutien, Chirac fut nommé premier ministre.

La France de 1974 et les réformes

C’était l’époque de l’exode rural, les provinciaux venaient s’entasser dans des appartements modernes très appréciés, les HLM, qui n’avaient pas alors leur mauvaise réputation d’aujourd’hui.

Habitués à l’habitat en maison individuelle, les ex-provinciaux, après quelques années d’épargne, achetaient un pavillon en banlieue et les HLM se remplirent peu à peu d’une population différente.

Le septennat démarra le chapeau de roues avec les grandes lois que la presse nous rappelle en hommage au défunt président : la majorité à 18 ans (je persiste à penser que ce n’était pas une bonne idée, l’esprit adolescent se prolongeant à mon avis au delà), le droit à l’avortement, le divorce par consentement mutuel.

Pour l’avortement, Simone Veil dû lutter durement et faire face aux députés qui la couvrirent d’injures qui nous semblent étonnantes aujourd’hui.

C’était bien avant l’ère du « me too » et les deux têtes de l’État étaient de grands séducteurs, ce qui était ressenti alors comme un titre de gloire. Mitterrand n’était d’ailleurs pas en reste.

A l’étranger, l’habitude séculaire était que les grands hommes soient “bien reçus”. C’était même souvent un honneur de leur tenir compagnie. De Gaulle avait coupé court à cette tradition, mais des rumeurs disaient qu’elle était revenue.

Le pétrole et le chômage

En 1973-74, le monde subit le premier choc pétrolier. Le prix de l’essence et du chauffage s’envole, la démagogie l’emporte chez Chirac, qui convainc Giscard d’indexer les salaires sur les prix.

L’idée était de garantir le pouvoir d’achat. Mais comment faire quand une partie de ce pouvoir d’achat est confisqué par les producteurs de pétrole? Les Japonais décidèrent de travailler gratuitement le samedi matin jusqu’à ce que la hausse de leur productivité compense ce prélèvement, le président Nixon demanda aux Américains de mettre un pull-over et de baisser leur chauffage. Soucieux de son électorat, Chirac indexa les salaires sur les prix, mais comme l’argent ainsi distribué n’avait aucune contrepartie côté production, cela ne fit que déclencher l’inflation.

Et le chômage ! Qui se souvient que, jusqu’alors, une secrétaire pouvait se permettre d’envoyer promener son patron et trouver instantanément un nouvel emploi avec un salaire supérieur en traversant la rue.

Raymond Barre à Matignon

Finalement Giscard se brouilla avec Chirac et appela Raymond Barre, « le meilleur économiste de France » selon lui, pour lutter contre l’inflation.

Étant alors maître de conférences en économie à Sciences-po, je ne pus que remarquer le progrès par rapport à la politique démagogique de Chirac : Raymond Barre a stoppé l’inflation en arrêtant l’indexation automatique des salaires;

En revanche, ayant à l’époque à gérer une trésorerie internationale, j’ai déploré l’ignorance de Raymond Barre en matière monétaire. Il n’a notamment pas compris ce qu’était un « eurodollar ». Les questions de dette et de créationet monétaire sont d’ailleurs toujours mal comprises de nos jours , même chez les banquiers centraux.

Par contre il faut mettre au crédit de Raymond Barre, et donc de Giscard, la libération des prix.

Ce mécanisme essentiel de l‘économie de marché était totalement ignoré des Français. Dans les professions que je connaissais, les prix étaient négociés régulièrement avec l’administration.

Je me souviens de l’affolement des cadres de notre entreprise la veille de la libération des prix, ignorants des mécanismes du marché : « Comment va-t-on faire demain pour fixer nos prix ? ». Je leur répondais : « Ne vous cassez pas la tête, la fixation des prix se fera spontanément sans l’administration, elle se fait déjà ainsi à l’étranger.». Et, effectivement, c’est ce qui s’est passé.

Raymond Barre fit à mon avis bien mieux que Chirac face au deuxième choc pétrolier en 1978.

C’est pour échapper à la dictature pétrolière que fut rapidement réalisé le grand programme de centrales nucléaires qui sont encore une des bases de notre économie d’aujourd’hui, même si des raisons bassement politiques nous ont amené à fermer Fessenheim, qui sauvait pourtant le climat sans faire de mal à personne.

Que voilà une politique gaullienne ai-je alors pensé ! Et de même pour le TGV que nous lui devons également.

Entretemps, voilà mon Chirac profondément vexé par la perte de son poste de premier ministre. Il se présente à la mairie de Paris et bat le candidat giscardien que lui oppose l’Élysée. Ce bâton dans les roues coûtera cher à Giscard lors de l’élection présidentielle de 1981, qu’il perdit face à Mitterrand.

L’immigration

L’immigration africaine commençait à attirer l’attention.

Il y avait à l’époque un système de noria, illustré par les éboueurs maliens : on vient en célibataire en France, on a un métier souvent pénible, et on revient au pays avec de l’argent, souvent une certaine compétence professionnelle ou du moins quelques habitudes d’une société industrielle et une bonne connaissance du français.

Bref tout ce qu’il faut pour gagner en respectabilité, par exemple s’acheter une deuxième femme et faire carrière. Et un frère ou un cousin vous succède.

Par sensibilité personnelle plus que par raisonnement économique, Giscard décida d’interdire l’immigration, à l’exception de celle des Algériens, qui en tant qu’anciens citoyens français avaient des droits d’immigration particuliers.

Résultat imprévu, la noria s’arrêta : puisque mon cousin ne pourra pas me relayer, il faut que je reste en France. Et comme par ailleurs la France a signé des traités internationaux imposant le regroupement des familles, je vais faire venir la mienne ici, ou vais me marier pendant les vacances et revenir à deux (et parfois plus).

Bel exemple d’une conséquence totalement contraire à l’intention !

En 1975, Valéry Giscard d’Estaing a été le premier président français à effectuer une visite officielle en Algérie depuis son indépendance en 1962 (compte-rendu dans Le Monde, 12 avril 1975).

Lors de cette visite officielle à Alger, il fut très chaleureusement accueilli (comme, beaucoup plus tard, Chirac), ce qui m’avait alors beaucoup frappé.

Hélas le courant ne passa pas avec le président algérien Houari Boumediene qui trouva le président Giscard très hautain (c’est une traduction diplomatique) et, malheureusement, il n’y eut pas d’accord commercial ni de coopération avec la France suite à ce voyage.

Valéry Giscard d'Estaing et Houari Boumédiène, en avril 1975, à Alger. © Archives Jeune Afrique
Valéry Giscard d’Estaing et Houari Boumédiène, en avril 1975, à Alger. © Archives Jeune Afrique

Giscard victime de son milieu ?

On retrouve là un certain style qui lui a coûté cher.

Le Canard enchaîné soulignait à toute occasion qu’il était né avec une cuillère d’argent dans la bouche et qu’il avait gardé les diamants, d’après lui quelques cailloux sans valeur, donnés par Bokassa, le dictateur grand-guignolesque de la Centrafrique.

Dans les caricatures, Giscard ne disait pas « Mesdames », mais « mes diams ». Fondée ou pas, la rumeur fut dévastatrice.

Des amis lui répétaient : « tu as un problème avec le peuple, on te trouve dédaigneux ». Il réagit en se faisant inviter par de simples citoyens et partager leur dîner, mais dû arrêter devant les sarcasmes de ceux qui jugeaient ce comportement artificiel.

Pour moi, ces défauts ne pesaient rien comparés à son sérieux qui le mettait bien au-dessus de Chirac et plus encore de Mitterrand, comme on allait le constater bientôt. Mais la démagogie est une arme puissante qui balaye tout en politique.

Son orgueil le perdit au moment décisif : après le premier tour de la présidentielle de 1981, il était mathématiquement évident qu’il aurait besoin d’un renfort actif de Chirac, chef du RPR, premier parti de la majorité. Ses amis lui conseillèrent de se dépêcher de l’appeler pour obtenir son soutien, mais il refusa de « s’abaisser » ainsi.

Après sa défaite, des humoristes africains demandèrent qu’on lui offre la présidence de leur pays : « quels que soient ses défauts, il est très supérieur à nos propres dirigeants ».

En conclusion, sa posture et son refus de la démagogie ont occulté un bilan bien meilleur que celui que l’Histoire a retenu.

Yves Montenay

 

Revue de presse : petite sélection d’articles parus au décès de VGE

39 commentaires sur “Mon Giscard : du ministre de De Gaulle au président impopulaire”

    1. Merci ! Indépendamment de l’économie donc je me souviens bien parce qu’elle interférait avec mon activité d’alors, l’épisode algérien m’avait frappé (bien regarder la vidéo). J’ai eu notamment un témoignage que je ne peux pas écrire : ce serait contre-productif pour les relations franco-algériennes

  1. Cher Yves, il me semble que tu aurais pu faire allusion à l’affaire des avions renifleurs. Il me semble aussi qu’un polytechnicien devait tout de suite voir la supercherie et y mettre le holà.
    Amitiés

  2. Précision sur l’avoir fiscal qui a détruit Chaban. L’impôt sur les distributions de dividendes était prélevé par les sociétés et reporté en avoir sur la déclaration d’impôts sur le revenu. Et, suivant cette belle mécanique fiscale il s’est trouvé pour Chaban que le total de son IRPP étant égal à ce qui avait déjà été payé, son impôt complémentaire définitif était égal à zero. Pour un candidat à la Présidentielle ça a fait désordre;
    Pour le reste nous rencontrons toujours les mêmes particularités françaises du pouvoir:
    1)Celui qui l’a se sent supérieur aux autres et ne veut pas le partager.
    2) S’il pense avoir une meilleure chance que ses copains il n’hésitera jamais à les trahir.
    Chirac avait trop d’ambition et de pouvoir avec son parti, il fut remplacé par Barre, le père « La rigueur ».
    Giscard voulait libérer l’ORTF, ce que les syndicats ne voulaient pas, mais ils l’ont accepté par Mitterand qui en contrepartie créa Canal + sous les conseils d’un discret maître en stratégie qui logeait Av Foch. Il possédait un coupé quatroporte Maserati
    immatriculé 1 UN 75. Fallait le faire. L’ancien grand maître de la rue Cadet raconte que Mittérand était venu le voir pour lui dire « j’ai des troupes, je cherche des idées » et l’on a eu les 110 propositions, l’appui de toute une France revancharde et l’aide de Chirac; Un paquet enveloppé de 14 années d’un malade du cancer qui disait qu’il n’avait rien et son médecin qui l’a raconté après sa mort fut exclu par ses collègues. On ne plaisante pas avec un homme de gauche.

    1. Oui pour Chaban. Mais en quoi est-ce répréhensible, même moralement : son actif a bien été déprécié du montant de l’IS, donc il avait payé l’impôt.
      Ou le Canard était incompétent ou il a sciemment calomnié pour le plaisir de « se payer » un homme politique de droite
      Je suis assez d’accord sur le reste

      1. Calomniez, calomniez il en restera toujours quelque chose. En janvier 1972, Le Canard titre « Chaban n’a pas payé d’impôts de 1966 à 1969 » C’était évidemment faux comme présentation, . Même Françoise Giroud publie dans L’Express «Ce qui ressort de cette affaire est plus grave et moins piquant que ne le serait une étourderie de M. Chaban-Delmas, c’est l’iniquité fondamentale d’un système fiscal qui privilégie la fortune.» C’était tout aussi faux, mais Chaban ne s’en est jamais remis

  3. 2 observations :

    1) Sur l’affaire de la feuille d’impôts de M. Chaban-Delmas

    Il n’a pas commis de fraude mais a optimisé ou fait optimiser la gestion de son patrimoine. Techniquement irréprochable, cela fut catastrophique politiquement pour un homme qui était candidat déclaré à la Présidence de la République. Il aurait fallu  » modérer  » cette optimisation en arrivant à payer (nettement) moins d’impôts mais pas zéro franc, ce qui fit scandale pour maints Français dont l’envie et la jalousie sont, hélas, des  » valeurs essentielles  » : cf. la mentalité du  » salaud de riche  » et la passion frénétique et stupide pour un égalitarisme forcené en ce qui concerne fortunes et revenus alors que ce qui compte c’est l’égalité des chances et la possibilité, tout au long de la vie, d’améliorer son sort en travaillant et en se formant.

    Le  » scandale  » éclata lors de la publication de la feuille d’impôts de M. Chaban-Delmas dans le Canard Enchaîné le 19 janvier 1972 ; il faut rappeler que, à l’époque (précisément du 20 juin 1969 au 27 mai 1974), le Ministre de l’Économie et des Finances était un certain Valéry Giscard d’Estaing : cette  » heureuse coïncidence  » n’a pas dû handicaper l’étonnante  » migration  » de la copie de cette feuille d’impôts depuis l’administration fiscale jusqu’au Canard…

    2) Kolwezi

    J’ai été frappé – mais non surpris – que quasiment tous les différents articles nécrologiques publiés à l’occasion de la mort de M. Giscard d’Estaing ne rappellent pas cette affaire qui consista à larguer dans l’urgence le 19 mai 1978 le 2e REP [Régiment Étranger de Parachutistes – Légion Étrangère] sur Kolwezi, capitale de la province du Shaba. Cette ville était tombée le 11 mai 1978 aux mains des rebelles katangais du Front national de libération du Congo (FNLC) encadrés par des Cubains, toute l’opération étant pilotée par l’URSS. Très vite, échappant à tout contrôle des Cubains, les rebelles se mirent à piller, tuer, etc.. les victimes étant notamment les milliers d’européens résidant dans ce centre minier et économique de première importance et, dès le 15 mai 1978, les rebelles commençaient à quitter Kolwezi avec des otages. Bref, la situation était catastrophique (quelque 700 civils africains et 170 européens trouvèrent la mort dans cette affaire) et empirait d’heure en heure.

    Préparée notamment par notre mission militaire au Congo-Kinshasa en très peu de temps mais avec une très grande compétence, l’opération Bonite consistant à envoyer le 2e REP prendre le contrôle de Kolwezi fut décidée et autorisée en quelques jours (l’urgence était extrême) par M. Giscard d’Estaing qui assuma les risques sérieux (militaires, diplomatiques et politiques) liés à cette opération. Dans cette affaire complexe et risquée, qui fut un plein succès et qui est une page des plus glorieuses de notre histoire militaire, il se conduisit en chef d’État au meilleur sens du terme. Je l’écris avec d’autant plus de conviction que, notamment en raison de son européisme, je n’aimais pas M. Giscard d’Estaing.

    Mais, dans le climat actuel créé par les  » bonnes âmes  » et autres irresponsables donneurs de leçons qui dominent notamment dans les médias et les universités, personne ne se hasarde à rappeler ce succès de taille qui découla d’une décision politique intelligente et courageuse.

    Cela est de la même veine que le quasi-silence lors de la mort de Jacques Chirac au sujet de la décision probablement la plus courageuse de ses 2 mandatures en tant que Président de la République que fut la reprise des essais nucléaires en 1995. Cela était indispensable pour maintenir à niveau notre force de dissuasion tant que la France – dont la politique d’essais était gelée depuis 3 ans, ce qui est énorme – ne maîtrisait pas la simulation électronique qui a remplacé de tels essais : notre pays réussit le passage à ce stade en 1996 ce qui permit d’arrêter les essais nucléaires  » classiques « . De même encore, quasiment personne n’ose flétrir la mémoire de M. Mitterrand qui gela les essais le 08 avril 1992 pour tenter de se donner une  » stature historique  » au risque de détruire à terme notre force de frappe par obsolescence : mais cela ne posait aucun problème à ce vieil atlantiste, cynique et démagogue.

    Au passage, voilà le résultat de la haine de soi instillée dans notre peuple depuis des décennies par tant d’intellectuels irresponsables, notamment gauchistes et/ou escrologistes…

    1. Pour Chaban, je maintiens que le Canard est le principal coupable. car l’impôt a bien été payé, par l’entreprise, diminuant d’autant la valeur de sa participation

      Pour Kolwwezi vous avez tout à fait raison

      1. Dans l’affaire de la feuille d’impôt de M. Chaban-Delmas, le Canard fut astucieusement utilisé – on peut écrire instrumentalisé – par M. Giscard d’Estaing qui joua du rôle de  » Bouche de la Vérité  » rempli par cet abrasif hebdomadaire [Les  » bocca della verita  » littéralement les  » Bouches de la Vérité « , sortes de boîtes aux lettres dans lesquelles on pouvait glisser des dénonciations anonymes, étaient utilisées à Venise pour dénoncer – à tort ou à raison – des personnes ne respectant pas les lois : quand on sait que couper un arbre était passible de la peine de mort dans la Sérénissime République, autant dire que personne n’avait envie de voir son nom figurer dans ces boîtes.] De surcroît, la  » culture de gauche  » dudit Volatile ne le poussa pas à ménager M. Chaban-Delmas dans cette ténébreuse affaire…

        Ensuite, entre le chasseur et le fusil, le sous-marin et la torpille, quelle est la cause principale ? Dans un souci de précision et d’équilibre, j’ai tenu à rappeler le rôle plus que probable de M. Giscard d’Estaing dans ce  » scandale « , celui du Canard étant par définition connu de tous.

        1. Merci ! Est-ce une rumeur (logique, vu les fonctions de Giscard) ou une certitude ? C’est difficile à savoir aujourd’hui.

  4. Je suis de votre avis, votre texte est bien le reflet de la réalité, excellent (je suis de la même tranche d’âge que vous)
    Giscard a aussi institué des allocations chômage basées sur le salaire brut ! (c’est Chirac en 67 qui avait créé l’ANPE)
    Il ne s’est pas beaucoup inquiété des PME/PMI (ignorées?), seuls les grands groupes l’intéressaient.
    il a augmenté les impôts pour palier en particulier aux effets délétères des 2 chocs pétroliers

  5. Cher Yves Montenay

    Je souffre pour ma part, depuis 1974, de constater que je ne peux, lors des élections présidentielles, choisir qu’un candidat favorable à l’intégration Européenne. Jacques Chirac l’a bien dit, « on ne peut être élu dans ce pays que si l’on est pour l’Europe ». Il a pratiqué la chose en dépit de  » l’ Appel de Cochin » qui m’a rendu, un temps Chiraquien, mais qui lui a valu un échec cuisant qui l’a amené à changer de position sinon d’avis.
    Depuis VGE, donc, tous les hommes politiques qui entendent pratiquer la Souveraineté Nationale sans pour autant sombrer dans un Nationalisme dangereux sont impitoyablement éliminés du jeu. Chaban, Chevènement, Seguin,Fillon et même Mendes France.
    Quand pourrons nous enfin trancher cette question essentielle et soutenir un homme, une femme ou un parti qui dénonce l’ « inspirateur » Jean Monnet dont la personne ou l’ombre se trouve derrière ceux qui nous gouvernent depuis 1974 ?
    Ce n’est qu’un des problèmes qui se posent me direz vous. Non. L’intégration Européenne, marche pied de la mondialisation est LE problème.

    Etienne Tarride

    1. Merci pour votre avis.
      De mon côté je suis perplexe et notamment je ne comprends pas pourquoi on continue à travailler en anglais à Bruxelles. Avec ma casquette « Avenir de la langue française » j’ai signé un appel à Emmanuel Macron pour que soit respecté le règlement linguistique de l’Union Européenne

      1. C’est d’autant plus troublant que le seul pays anglophone quitte l’Europe, il n’y a donc plus aucune raison de conserver cette langue tout au moins à titre officiel voire plus si affinités . . . .

        1. Juridiquement, ce n’est pas tout à fait vrai. Je crois me souvenir que l’Irlande a déposé deux langues officielles, le gaélique et l’anglais.
          Il y a d’autres raisons qui ne sont pas juridiques. D’abord tous les organismes périphériques dont les groupes de pressions ont du personnel anglais ou anglophone. Ensuite les fonctionnaires des pays de l’Est, dont la génération précédente était francophone, ont souvent été formés aux États-Unis

          Mais toutes ces raisons me paraissent secondaires, et avec ma casquette de vice président d’Avenir de la langue française, je me suis joint aux signataires D’une lettre au président de la république demandant l’application du règlement linguistique qui met à égalité l’anglais, le français et l’allemand

      2. Ce déséquilibre linguistique se retrouve dans tous les organes de l’UE. Juriste en propriété intellectuelle, je le constate notamment dans mon domaine :
        – jusqu’en mars 2016, l’office des marques et des modèles de l’UE s’appelait l’OHMI [Office de l’Harmonisation du marché Intérieur, nom d’ailleurs grotesque, ruisselant de propagande européiste] et cet acronyme existait dans toutes les langues officielles de l’UE (HABM en allemand, OHIM en anglais, etc.) ;
        – depuis mars 2016, le nom de cet office est devenu  » European Union Intellectual Property Office  » (EUIPO) et seule la version et l’acronyme anglophones sont utilisés ; bien évidemment, j’utilise toujours le nom et l’acronyme francophones [Office de la propriété intellectuelle de l’Union européenne (OPIUE) et non la minable traduction proposée par l’UE, sans acronyme correspondant : Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle] lorsque j’écris en français… mais je suis une exception tant l’esprit de soumission à l’anglophonie est archi-dominant (auto colonisation) ;
        – la très utile lettre d’information qui contient des articles et nouvelles juridiques de l’OPIUE n’est publiée qu’en anglo-étasunien ( » Alicante News « ) ;
        – il en va de même de nombreux outils juridiques proposés par l’OPIUE alors que cet office est financièrement prospère et qu’il aurait donc les moyens d’assurer une totale égalité entre les 5 langues officielles utilisées par l’office pour communiquer (allemand, anglais, espagnol, français et italien).

        Mutatis mutandis, la situation est la même à l’OMPI (Office Mondial de la Propriété Intellectuelle) dont le siège est à Genève alors que les langues de travail du Secrétariat (c’est-à-dire les langues utilisées à une ou plusieurs des fins suivantes : interprétation, documents, publications ou correspondance) sont à l’heure actuelle le français, l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le portugais et le russe. De facto, l’unilinguisme anglophone progresse constamment…

        M. Giscard d’Estaing fut toujours indifférent en ce qui concerne la défense de la francophonie alors que c’est non seulement une question de dignité mais encore un enjeu économique et stratégique majeur relevant notamment du pouvoir d’influence ( » soft power  » en anglo-étasunien).

        1. Tout à fait d’accord et merci

          Je garde votre témoignage pour mon activité depour mon activité de militant francophone et le transmet aux associations concernées

          1. Je n’en sais rien. Pouvez-vous avoir la gentillesse de faire la recherche et de me communiquer le résultat ?

  6. VGE a eu, quand même, quelques belles envolées démagogiques (mais, pour nous consoler, il n’est pas le seul…):
    – le coup des oeufs brouillés pris chez l’habitant (sans doute pour faire « peuple »…)
    – le coup de la Marseillaise jouée à un rythme lent (sans doute pour en dormir l’auditoire….).
    Je sais bien que ce sont des détails, mais parfois ces petites choses en disent long sur un personnage et ses relations au public. On imagine mal de Gaulle ayant besoin de ce genre….d’artifices !

  7. Avec un Président qui se croit obligé de parler anglais comme toutes nos élites françaises (même entre francophones, même avec un public désireux de parler français comme c’est le cas des étudiants étrangers intégrant un établissement d’enseignement supérieur francophone, même avec des touristes étrangers parlant français, etc…), il va être difficile de défendre le français avec cette sociologie là. Et avec l’écriture prétendue « inclusive » (Ecriture Pointée à projet Inclusif, ou EPI), qui en fait va exclure les français ayant déjà du mal avec le français, et qui va exclure surtout tous les apprenants (du français) horrifiés par cette nouvelle difficulté, autant dire que la langue française a du souci à se faire avec la concurrence de l’anglais (plus facile, il faut le dire. Du moins, pour parler globish).

      1. Votre article est plaisant a lire. Vous avez raison, sauf pour la majorite a 18 ans : apres mai 68, comment ne pas repondre aux attentes de la jeunesse. Giscard avait tout compris.
        Chaban-Delmas a probablement paye le fait d’avoir annonce sa candidature aux elections presidentielles des le deces du president Pompidou, sans respecter le delai de decence. Il etait deja la bete noire des gaullistes conservateurs, notamnent Marie-France Garaud et Pierre Juillet, en raison de son projet de « nouvelle societe ». D’ailleurs Malraux a soutenu Chaban-Delmas en depit de l’appel des 40 de Chirac. En verite, des le debut, Chirac (fidele a son mentor Pompidou) et Pasqua avaient prevu de se retourner contre Giscard une fois Chaban elimine de la course a l’echalotte. A mon avis, comme souvent, la presse (aujourd’hui on dirait les medias), a ete vraisemblablement manipulee (voire pilotee) par des officines parapolitiques. Le Canard Enchaine est un journal plus serieux qu’il n’y parait : il se fonde toujours sur des sources exterieures.

        1. Vous avez raison pour l’ambiance politique. Mais, sur le fond, quand je vois les 18 ans et leurs réactions d’adolescents je ne suis toujours pas convaincu

          1. VGE etait ausi un demagogue. Sa ligne politique consistait a satisfaire les envies du peuple, dans le but de rallier a son panache les 2/3 la population : les francaises veulent maitriser leur fecondite, il repond par la legalisation de l’IVG et la liberalisation de « la pilule » ; les couples ne veulent plus s’engager pour la vie, il instaure le divorce par consentement mutuel ; les francais souhaite avoir un president normal, il sort diner dans les chaumieres, joue de l’accordeon et prend la posture du seducteur du beau sexe ; secoues par le choc petrolier, les francais deviennent jaloux des riches, a cela ne tienne il surtaxe les haurts revenus ; les jeunes veulent s’emanciper de leurs parents pour vivre leur vie sexuelle, il leur accorde la majorite a 18 ans ; et ainsi de suite…En revanche, la majorite du peuple est pour le maintien de la peine de mort, il refuse de l’abolire et rejette les demandes en grace sans etat d’ame. S’il avait aboli la peine de mort, il aurait alors acquis une tout autre dimension en tant que Chef d’Etat. Chirac s’etait prononce pour son abolition, comme quoi sa demagogie supposee avait des limites. En realite,VGE se revait en monarque republicain, d’ou sa posture hautaine et froide, ce qui avait le don d’exasperer Elisabeth 2, et beaucoup de francais. Cela a ete la cause de sa chute.

    1. @Binh : entièrement d’accord.

      Votre observation nous ramène à M. Giscard d’Estaing qui se fit régulièrement le promoteur de l’anglo-étasunien : un des épisodes les plus lamentables eut lieu assez peu de temps après son élection lorsqu’il s’adressa aux Louisianais, dont une partie, les fameux Cajuns, entre autres, descend d’Acadiens déportés au XVIIIe siècle par les génocideurs anglais incarnés par le colonel Monckton, sans utiliser un seul mot de français. Ce comportement infâme était cohérent avec sa critique en 1967 du  » Vive le Québec libre !  » du Général. Bref, M. Giscard d’Estaing représenta à merveille les  » élites mondialisées « , l’ouverture au monde ne pouvant se faire qu’en anglo-étasunien pour ces gens-là : sur ce point, à tout le moins, Freluquet 1er est son  » digne  » successeur, comme vous le décrivez fort justement. C’est  » le parti de l’étranger  » que dénonçait Michel Debré avec une véhémence justifiée.

  8. En gros, je n’ai rien à redire à votre vision rétrospective fort bien venue mais il y a quand même un manque Giscard était un libéral politique, sociétal, mais aucunement dans le domaine économique. Je ne vous ai pas trouvé très disert sur ce thème. Même avec l’arrivée de Monory, que de timidité. Aucune privatisation, bien sûr, que du dirigisme plus ou moins réussi (ce que vous évoquez d’ailleurs), sans compter l’effarante augmentation des prélèvements obligatoires ! Avec l’inconvénient de s’être fait reprocher un libéralisme économique qu’il n’a jamais mis en oeuvre… La France n’aurait-elle pas beaucoup mieux résisté aux chocs pétroliers avec davantage de libertés économiques, comme vous le suggérez pour le second choc pétrolier ? On imagine ce qu’aurait été un Reagan ou un Thatcher avec 5 ans d’avance. Il faudra attendre Balladur pour qu’on commence à s’y mettre. Même s’il n’est jamais trop tard, c’était quand même bien tard. Bref, pour reprendre votre formule, si le bilan a été bien meilleur que celui que l’Histoire a retenu (mais pas le traitement médiatique post mortem, globalement très favorable), il aurait pu l’être bien davantage.

    Ce n’est pas une critique car je sais bien que vous êtes probablement d’accord mais j’ai été étonné que vous n’abordiez pas davantage cet aspect. A l’heure où nous sommes en pleine crise de dirigisme aigüe, et de retour à un keynésianisme hydraulique, il y a peut-être une autre leçon, moins flatteuse à tirer du septennat giscardien – même si, bien sûr, l’élection d’un gaulliste ou d’un socialiste n’aurait pu être que pire dans ce domaine. C’est le vrai point commun avec Macron, il n’y avait pas le choix.

    1. Merci pour ce commentaire. Effectivement…
      Cela dit il s’agit de mes souvenirs et non d’une analyse exhaustive du septennat. C’est l’occasion de rappeler qu’à l’époque le libéralisme économique était encore quelque chose d’étrange en France. Au niveau des idées, l’amorce du tournant en dehors des cercles militants ou spécialisés commence en 1979 avec la parution et le succès des livres de Henri Lepage « Demain le libéralisme » et « Demain le capitalisme » et dans un domaine pas totalement différent « Les sanglots de l’homme blanc » de Pascal Bruckner. À ce point de vue le mitterrandisme est arrivé à contretemps et a d’ailleurs dû s’arrêter après les quelques folies

  9. J’admire Giscard d’Estaing d’avoir été le seul Président clairvoyant et volontaire en matière économique (de Gaulle qui avouait une certaine incompétence en la matière a eu l’intelligence de bien choisir ses collaborateurs et de les laisser agir). Mais je le voue aux enfers pour ne pas avoir eu la clairvoyance d’interdire le remboursement de l’IVG et de ne pas avoir organisé le remboursement de la contraception. Résultat : aujourd’hui, l’IVG étant remboursé à 100%, mais pas la contraception, l’IVG est devenu un mode de contraception. Or, la dépénalisation n’avait été conçue que pour pallier à des situations dramatiques et non pour généraliser le meurtre de centaines de milliers d’enfants à naître chaque année. Autre résultat : cela a ouvert la porte à l’eugénisme, à l’euthanasie, à la marchandisation des ambrions et des enfants, et à toutes les manipulations génétiques possibles et imaginables, jusqu’à prévoir l’euthanasie des enfants viables au 9ème mois de la grossesse à la veille de naître, comme cela est en discussion actuellement à l’Assemblée nationale. Pourtant, depuis l’antiquité grecque, les gouvernants devraient savoir qu’il y a des boîtes de Pandore qu’il est mortel d’ouvrir. Idem pour la majorité à 18 ans…

  10. Anne Sylvestre a fait une belle chanson sur le droit à l’avortement dans laquelle elle répète que l’avortement est « une défaite. Et je crois bien que ce sont les mêmes mots que Simone Veil a utilisés pour défendre son texte pour le droit à l’IVG: autant dire que ceux qui glorifient aujourd’hui l’avortement, en lui même, n’ont rien compris.
    Autre chose; je ne savais pas que l’Assemblée Nationale devait débattre d’une IVG autorisée à 9 mois ..! Sûr ?

    1. Je suis de votre avis et c’est probablement celui d’une large majorité. Mais pas de tout le monde puisque j’ai entendu des réflexions qui semblent le considérer comme un moyen de contraception parmi d’autres. .
      Quant au neuf mois, je n’en ai pas entendu parler et ça ne me paraît pas vraisemblable

    2. C’est une proposition de loi formulée par divers députés de LREM. Je ne sais pas si l’instance compétente l’a inscrite à l’ordre du jour. Mais diverses organisations s’en sont émues, dont l’Eglise Catholique au niveau de la Conférences des Evêques de France et du Vatican.

  11. Je pense que s’il existe des députés proposant de « prévoir l’euthanasie des enfants viables au 9ème mois de la grossesse », il y aura un tollé citoyen pour s’offusquer de l’initiative, y compris parmi des défenseurs de l’IVG, y compris chez les non religieux. Il est même inquiétant qu’il puisse exister de telles idées chez des députés….: qui sont ces « monstres » ?

    1. Oui, et beaucoup d’autres choses encore. Mais il y a eu beaucoup de longues biographies dans la presse, et je me suis donc limité à mes souvenirs les plus marquants, qui sont évidemment sélectifs et influencés par mon activité d’alors : directeur financier ayant à gérer une trésorerie internationale (d’où ma remarque sur Raymond Barre), et, le soir, la « conférence d’économie niveau 2 » à Sciences-po face à une vingtaine d’étudiants intéressants car travaillant dans la journée ou polytechniciens en année de spécialité

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