Démographie chinoise histoire d'un déclin annoncé

Démographie chinoise : histoire d’un déclin annoncé

À l’inverse du courant dominant des admirateurs du miracle chinois, je vous écris depuis plus de 10 ans que l’évolution de ce pays est certes méritoire, mais n’a rien de miraculeux et qu’elle va même être entravée par des faiblesses profondes qui révéleront petit à petit. Parmi celles-là il y a la démographie.

Au début, mon analyse tombait dans le vide, mais petit à petit elle est sortie du cercle étroit des démographes et l’actualité lui a donné brusquement toute son importance.

Mais commençons par un rappel historique.

L’histoire chinoise sous le signe du (grand) nombre

La Chine a toujours eu la réputation d’être surpeuplée. Les empereurs sérieux construisaient ainsi des digues pour gagner ou protéger des terres arables pour nourrir la multitude.

Les Européens arrivent au XIXe siècle sans avoir la moindre idée de l’importance de la population chinoise mais le grouillement dans les villes et dans les campagnes donnent aux Européens l’impression d’un réservoir inépuisable. On parlait alors du « péril jaune ».

Il faut dire que nous étions avant la révolution démographique de la deuxième partie du XXe siècle, qui a vu la multiplication de l’humanité grâce à l’hygiène et aux vaccins. L’Égypte avait peut-être 3 millions d’habitants, l’Afrique était vide. Donc la Chine et l’Inde symbolisaient le trop-plein pour le reste du monde.

Mao au pouvoir lança un recensement qui révéla que la population était passée de 415 millions d’habitants en 1900 à 500 millions en 1953. Ce chiffre effraya la terre entière et Mao lui-même. Bien sûr nous sommes loin des 1,4 milliards d’aujourd’hui, mais entre-temps nous nous sommes habitués à voir par exemple une centaine de millions d’habitants en Égypte comme au Vietnam ou au Maghreb.

C’est dans ce contexte que fut lancée la campagne pour le contrôle des naissances en 1956-1957 et l’administration fut chargée d’imposer un enfant unique à tous les Chinois pour endiguer cette marée.

Ces fonctionnaires avaient de grands pouvoirs et surveillaient par exemple les règles des femmes employées (il n’y avait que des entreprises d’État à l’époque). Les femmes illégalement enceintes étaient punies financièrement et devaient avorter. La seule issue était la corruption ou la clandestinité, qui expliquent que le nombre d’enfants par femme n’est jamais tombé à un.

Mais les foyers qui n’avaient qu’une fille risquaient de mourir de faim dans leur vieillesse, tandis que leur enfant nourrirait la famille de leur mari. Il n’y avait bien sûr pas de retraite.

Résultat : l’avortement dès qu’une fille était annoncée, et il fallut interdire aux médecins d’indiquer le sexe de l’enfant avant la naissance. Du coup se multiplièrent les infanticides et la population d’aujourd’hui manque de femmes surtout en bas de l’échelle sociale. Une inégalité de plus entre les riches et les pauvres dans ce pays théoriquement communiste.

La multiplication de la population fut stoppée, tout en nous offrant une belle illustration de l’inertie démographique : des parents nombreux nés avant la limitation des naissances donnèrent naissance à une foule d’enfants uniques, ce qui nous mena aux 1,4 milliards actuels.

Il y a quelques années, on se rendit compte de l’absurdité de la situation et de l’inévitable écroulement démographique futur.

Mais cette administration de contrôle se révéla extrêmement puissante et il fallut des années pour autoriser les parents à avoir un deuxième enfant si le premier était une fille, puis à tout le monde d’avoir deux enfants, puis, depuis le mois de mai 2021, à en avoir trois.

Vous avez bien lu : le nombre d’enfants demeure défini par la réglementation !

Pas question que le parti lâche ce levier permettant d’intervenir dans la vie privée.

La population chinoise : une actualité devenue brusquement brûlante

Or, en mai 2021, le retard de la publication, des résultats du recensement chinois de 2020 prévus pour avril 2021 a brusquement attiré l’attention du monde. Pourquoi ce retard apparemment suite à une consigne de Pékin ? Probablement parce que les résultats étaient embarrassants.

Je vais commencer par rappeler les résultats officiels, que certains sceptiques disent « arrangés », ce qui, à mon avis, est possible mais pas si simple, parce qu’il faut veiller que à ce que tous les résultats partiels soient cohérents. Cela alors que la hiérarchie des responsables, un maire par exemple, doit connaître les chiffres réels.

Je vais donc dans ce qui suit supposer que ces chiffres officiels sont justes et vous tiendrai au courant d’éventuelles rectifications.

Voici les principaux :

  • La population totale est passée de 1,339 milliard en 2010 à 1,412 milliard en 2020, tandis que l’Inde n’aurait que 1,366 milliards d’habitants.
  • Le nombre de naissances est tombé à 12 millions contre 14,65 en 2019.
  • Les démographes ont l’habitude de parler du nombre d’enfants par femme, ce qui permet les comparaisons internationales. Je n’ai pas trouvé ce chiffre, mais si on applique la baisse des naissances au taux généralement signalé auparavant, soit 1,5, on arrive à 1,2.

Ayant quelques doutes sur la base de 1,5, je pense que le chiffre réel est nettement inférieur à 1,2. Deux pays à population largement chinoise, Taiwan et Singapour en sont respectivement à 1,13 et 1,25, ce qui donne une meilleure idée de la base réelle.

Quand le recensement 2020 signe une humiliation nationale

Le petit monde des démographes s’attendait à ce que la population chinoise baisse légèrement en dessous des 1,4 milliards, et abandonne bientôt la première place mondiale au bénéfice de l’Inde.

Finalement, l’honneur est sauf avec un peu plus de 1,4 milliards et une augmentation par rapport au recensement de 2010 … repère probablement plus favorable que 2019 qui aurait probablement fait apparaître une baisse, du fait de la structure de la pyramide des âges (diminution du nombre de parents) et de la pandémie.

On a donc évité l’humiliation nationale, mais tout le monde est bien conscient qu’elle n’est que retardée.

Par contre l’avenir est inquiétant avec une fécondité tombée en dessous de 1,2 enfants par femme venant du chiffre de 1,5 souvent cité sans source précise et qui servait de base aux pyramides des âges, y compris dans mes précédents articles.

Il est vrai que 2020 était l’année de la pandémie, mais le pays était justement très fier de l’avoir officiellement jugulée rapidement.

Ce qui a frappé d’abord les observateurs, dont probablement le président Xi, c’est la baisse du nombre de naissances.

C’est une catastrophe nationale, mais dont les effets ne seront pas immédiats puisqu’il faudra 25 à 65 ans pour que les conséquences s’en fassent progressivement sentir dans la population active.

Et surtout il y a un autre facteur qui, lui, n’est pas psychologique et a un impact immédiat.

Déjà moins des jeunes actifs, et ça va s’aggraver

Voici comment se présente la pyramide des âges chinoise en 2019 :

Pyramide des âges en Chine 2019

Malgré la fin de la politique de l’enfant unique, on voit que la chute de la natalité se poursuit et même s’accélère.

Pyramide des âges chine

A mon habitude, je vais prendre des chiffres simples et arrondis pour illustrer mon raisonnement, et non les chiffres officiels détaillés légèrement différents, mais d’une exactitude discutable.

La population des 30 – 34 ans est d’environ 64 millions pour les hommes. Celle des 15-19 ans de 43 millions. La différence est de 21 millions : c’est environ le tiers de la population active masculine qui est potentiellement en voie de disparition !

Ce chiffre appliqué aux 20 – 30 ans (approximation grossière, mais simple) donne un déficit de 42 millions

Et cela ne fait que s’aggraver : tous les 5 ans, vous enlevez 21 millions d’actifs de plus.

Cela signifie que la Chine va de plus en plus manquer de bras.

Moins de jeunes actifs, puis moins d’actifs tout court

On objectera que la productivité monte rapidement. Effectivement.

Supposons à titre très indicatif que l’impact négatif est proportionnel au nombre d’actifs manquants, on voit qu’il va falloir chaque année compenser une diminution de 4 millions, soit environ 1 % (toujours de la population masculine active, en chiffres très arrondis).

Si l’augmentation nationale de la productivité était de 5 à 6 % par an, vous me direz qu’une baisse de 1 % laisse un niveau de progrès impressionnant.

Mais il y a plus grave : ce phénomène va se cumuler avec un autre : une grande partie de l’augmentation de la productivité chinoise venait du fait que de nombreux jeunes quittaient l’exploitation agricole ou artisanale pour travailler dans une entreprise moderne en ville, ce qui remplaçait une productivité individuelle faible par une beaucoup plus importante.

Or ce nombre de jeunes transplantés dans secteurs beaucoup plus productifs va diminuer non seulement du fait de la baisse de la fécondité, mais aussi et surtout du fait de la baisse du réservoir des campagnes. Il n’y aurait pratiquement plus de paysans « en trop », car ceux qui restent sont indispensables pour nourrir (incomplètement) la population, ou sont des grands-parents qui n’iront pas en ville, comme expliqué ci-après.

Cela sans parler du fait qu’il y aura moins d’usines ou de services à très haute productivité, et davantage, par exemple, de soins à la personne, à moindre productivité, du fait du vieillissement de la population.

En effet, les investisseurs étrangers, voire parfois chinois, vont par prudence mettre une partie de leur nouvelles implantations hors de Chine.

Sans parler du problème des entreprises publiques moins productives mais toujours largement protégées.

Bref la productivité nationale va probablement fortement baisser, ce qui sera bien sûr camouflé au maximum.

Cela peut donner en quelques années des différences considérables, par exemple sur la date à laquelle le poids global de l’économie chinoise dépasserait celui des États-Unis.

Des femmes actives ou des mères au foyer ?

Nous n’avons jusqu’à présent parlé que des hommes. Si le parcours professionnel des femmes était identique à celui des hommes, ça ne changerait rien au raisonnement ci-dessus : il suffirait de multiplier tous les chiffres par 2 et on trouverait le même poids sur la productivité.

Mais hommes et femmes ne sont pas interchangeables pour tout.

Et le pouvoir fait face à un dilemme : le virage actuel vers une politique nataliste suppose (du moins pour le président Xi) des mères de famille à la maison, notamment du fait de l’objectif de 3 enfants par femme.

Mais en parallèle le creux de la pyramide des âges pousse les partisans du développement économique à employer le maximum de femmes. D’autant que le nombre de femmes instruites se multiplie, ainsi que leur désir d’être actives.

Au vu du péril démographique, le président XI a arbitré, en décidant le retour à Confucius, c’est-à-dire à des mères de famille dociles consacrées à leurs enfants. Et plus généralement au respect de la hiérarchie par tous : obéissance du chef de famille à l’empereur, de la femme au mari, des enfants aux parents. Et s’il n’en va pas de même en Occident, c’est pour lui une preuve de sa décadence. L’enseignement de Confucius est devenu un impératif scolaire.

Rappelons que rares sont les pays qui, comme la France, sont organisés pour que les mères de famille travaillent, souvent d’ailleurs en le payant par un emploi du temps surchargé.

Mais un autre problème social va probablement s’ajouter aux données démographiques.

Les « houkous » se laisseront-ils encore exploiter ?

Le phénomène sera encore aggravé par la situation des « Houkous ».

Le « houkou » est le passeport intérieur, et par extension, son titulaire. Ce dernier est rattaché par ce document à son village d’origine.

Ainsi des centaines de millions de personnes travaillant en ville restent néanmoins étrangers à cette dernière, et donc n’ont pas les mêmes droits que ceux des citoyens de cette même ville. Cela par exemple pour les prestations sociales, scolaires comprises.

Les enfants des Houkous doivent être scolarisés dans leur village d’origine, et peuvent suivre leurs parents en ville. Ils restent donc élevés par leurs grands-parents, en général paysans, ce qui est terriblement frustrant pour leurs parents.

Cela deviendra de plus en plus intenable et il en est résultera soit des réaménagements, soit des tensions intérieures s’ajoutant à toutes les autres, et qui peuvent mener à des changements à la tête du régime.

Par ailleurs, ces éventuels réaménagements devraient permettre l’extension des services à la personne aux Houkous, services qui n’ont en général pas la productivité d’une usine moderne.

Les observateurs ont déjà noté à quel point les citadins, surtout des très grandes villes, étaient favorisés pour l’accès à l’enseignement supérieur. Cela pérennise les fractures sociales déjà considérables et mal supportées, d’autant qu’elles sont souvent attribuées à la corruption.

L’immigration pour compenser la faible fécondité ?

Mathématiquement, comme dans tous les pays du Nord, la solution à la baisse de la fécondité est l’immigration. Le choc culturel qui en résulte semble insupportable à une partie des populations locales, qui oublient les données fondamentales et s’en tiennent au rejet.

Rappelons que l’Allemagne, la France, l’Angleterre, le Canada et les États-Unis sont des pays d’assez forte immigration, malgré les réticences d’une partie de leur électorat, et que par contre l’Italie, le Japon, les pays d’Europe orientale et bien d’autres préfèrent se fermer à toute immigration, quitte à mourir démographiquement en quelques dizaines d’années.

Vieillissement, retraites et immigration : les leçons du Japon

Cela dit, les besoins théoriques en immigrants d’une démographie chinoise de 1,4 milliards d’habitants sont gigantesques, et il n’y a que deux régions qui pourraient « fournir » : l’Inde et l’Afrique.

Or les Chinois sont hostiles à l’immigration, surtout si elle est physiquement différente. C’est donc une question qui ne sera pas abordée avant un certain temps.

Il y a néanmoins une petite exception : le manque de femmes génère un trafic de femmes asiatiques, vietnamiennes ou birmanes paraît-il, vers les célibataires chinois. Mais comme ces derniers ne sont pas les plus socialement favorisés, les élues ou leur parents finissent par savoir que ces mariages lointains ne seront pas forcément le paradis vanté par les passeurs.

Signalons une petite immigration interne : celle des « beau-fils ». Dans les familles n’ayant qu’une fille, on adopte un garçon « méritant », c’est-à-dire pauvre mais ayant de bons résultats scolaires, qui aura vocation à se marier à la fille et à maintenir la cellule familiale au bénéfice des parents.

Le recul de l’âge de la retraite ?

À moyen terme, et toujours mathématiquement, une alternative à l’immigration est un fort recul de l’âge de la retraite, actuellement de 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes. À comparer à l’objectif européen de 67 ans, donc dans une région également vieillissante et réticente à l’immigration … âge qui est très loin d’être validé en France.

Ce recul devrait donc être la prochaine étape de la question démographique.

Pékin a techniquement le pouvoir de l’imposer. Mais politiquement, cela pourrait être considéré comme un accroc au contrat implicite : « nous renonçons à la liberté en contrepartie du succès économique ». Argument puissant pour les générations ayant connu la pauvreté, mais peut-être moins fort aujourd’hui dans les zones urbaines favorisées.

Mais attention, le report de l’âge de la retraite, s’il a un impact financier important, ne résout pas le problème démographique, c’est-à-dire la diminution de plus en plus rapide de la population, au fur et à mesure que les générations de parents sont remplacées par des générations moins nombreuses.

Voici un essai très grossier de quantification : retarder de 5 ans l’âge de la retraite augmente la population active masculine d’environ 55 millions (voir la pyramide des âges). C’est-à-dire compense environ 15 ans de baisse de la fécondité sur la base du calcul ci-dessus… du moins tant que des générations de seniors sont nombreuses, car ensuite (dans 25 ans environ) la diminution des générations aura atteint les sexagénaires.

Les financiers nous diront que retarder l’âge de la retraite de 5 ans amène un gain de 10 ans pour les caisses (5 ans de cotisations en plus + 5 ans de pensions en moins). Mais le disciple de Sauvy et de Fourastié que je suis répond que c’est la production nationale « physique » à se partager qui compte et non les flux financiers, et là, le calcul se complique.

Et, encore une fois, améliorer le financement des retraites ne supprime pas les autres conséquences de la baisse de la population.

Reprise : ne refaisons pas les erreurs du Front populaire !

De toute façon cela va au-delà de l’espérance de vie politique des dirigeants tant chinois qu’européens, et c’est donc dans cette voie qu’ils iront plutôt que de s’opposer à leurs peuples et d’affronter les effets de l’immigration.

Nous faisons tous la même erreur que les Chinois

Comme ailleurs dans le monde, la Chine fait face à un problème très classique, facilement chiffrable et prévisible, mais qu’on se refuse à voir en face.

Comme il est lent à produire ses effets, ce sera toujours l’an prochain qu’on l’examinera. Jusqu’au jour où c’est trop tard et c’est le cas de la Chine aujourd’hui.

Ne jetons pas la pierre aux Chinois pour leur imprévoyance : le monde entier fait de même, à commencer par les populations des pays du Nord.

Quand on ne veut pas d’enfants ni adopter les enfants des autres (ce qui objectivement est toujours difficile) on est condamné à disparaître, probablement dans la disette et l’oppression par ceux qui finiront par venir, et que l’on aurait pu « adopter », c’est-à-dire encadrer et assimiler quelques décennies plus tôt.

Yves Montenay,
Docteur en démographie politique.

Contact Presse 

18 commentaires sur “Démographie chinoise : histoire d’un déclin annoncé”

  1. Même une Chine à 800 millions d’habitants serait toujours une grande puissance, surtout si le niveau de vie des pauvres actuels continue à augmenter et se rapproche des normes occidentales.
    L’erreur des chinois est peut-être un freinage démographique volontaire trop brutal, mais faut-il vraiment craindre des stabilisations et baisses de population ?
    Ne serait-il pas plutôt très souhaitable, pour soulager les tensions sur les ressources naturelles et l’environnement, que la population mondiale redescende tranquillement à 4 ou 5 milliards, voire moins, dans le courant du 22ème siècle ?
    Je ne pense pas que se soit particulièrement malthusien, ce serait encore un monde bien peuplé.

    1. Le problème, c’est que le nombre est lié à la composition par âges. Un pays qui passe de 1,4 milliards à huit cents millions est un pays de vieillards, alors qu’un pays qui passe de 500 à huit cents millions est un pays jeunes. Le nombre À lui seul correspond à deux réalités très différentes

  2. « L’immigration pour compenser la faible fécondité ? »: les Chinois mâles, en mal d’épouses, et avec la complicité des autorités publiques, pratiquent une forme spéciale d ‘immigration: le rapt de femmes (asiatiques, pour être précis). Ces enlèvements sont fréquents au Vietnam ou aux Philippines. Dans le « meilleur » des cas, les femmes sont achetées… Les voies mensongères d’accès au « Socialisme » sont vraiment vertigineuses…

    1. Oui, je l’ai signalé dans mon article. Cela reste néanmoins secondaire en nombre par rapport à la baisse des naissances et à ses conséquences.

  3. Article intéressatn, comme toujours! Il serait intéressant de voir les courbes de population de la Chine pour les 50 prochaines années en fonction des taux de fécondité de 1 enfant par femme, 1,1 enfants par femme, et 1,2 enfants par femme pour se donner une meilleure idée de la rapidité de la décroissance de la population chinoise dans le futur.

    1. Malheureusement je n’ai pas ça sous la main, et encore moins le temps de faire les calculs. Mais je ne doute pas que notre ruche vibrante de l’INED (je suis peut-être injuste, mais la dernière fois que je suis passé, j’ai eu l’impression de les réveiller) ou d’autres Instituts mondialement connus ne s’y mettent bientôt.

      De toute façon le rythme du temps sera toujours le même : 20 ans pour la première répercussion sur la population active, 60, 65 ou 70 ans pour la répercussion complète, suivant la date de départ qui sera retenue d’ici là.

      Quant à la décrue de la population totale, c’est certes une évolution symboliquement importante, mais sans grande signification concrète. Si la population restaitconstante, ce serait dans un vieillissement accéléré qui serait une grande source de difficultés

      1. Je crois que la question sous-jacente qui est posée par l’article est celle du malthusianisme économique. Pour corriger le déséquilibre population/production de biens de consommation, On sait qu’il y a seulement deux solutions possibles : soit on baisse la valeur population, soit on augmente la valeur physique de la production de biens et de services consommables. L’ équation est maintenant biaisée par le problème de l’épuisement des ressources et la pollution engendree par l’augmentation de la production. L’homme devra donc trouver le moyen de produire plus tout en économisant et en protégeant
        les ressources énergétiques. Sinon, ce sera la stagflation démographique. Comme toujours, ce sera le progrès technologique (variable oubliée par le marxisme) qui pourra ou non résoudre le problème.

        1. Population, croissance, production et besoins en énergie ne sont pas aussi liés que l’on imagine. Voir la réponse au commentaire précédent

  4. Merci bien pour vos commentaires. Je comprends que pour l’économie, il vaut mieux avoir plus de jeunes que de retraités, mais si on ne peut pas avoir une économie saine sans augmentation de la population, comment la planète pourra-t-elle soutenir une population toujours plus nombreuse?
    Si la Chine n’avait rien fait en matière de contrôle drastique de sa démographie, elle serait à plus de 2 milliards aujourd’hui… On parle beaucoup de la régulation anturelle du taux de fécondité, mais en Chine, la majorité des naissances se faisaient à la campagne, et s’il avait fallu atteindre 2 milliards de Chinois avant que la nattaalité baisse, ne serions-nous pas devant une autre situation de crise?

    1. C’est une idée très répandue, mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres : la production du CO2 par des États-Unis diminue alors que la population augmente, car le progrès technique et celui des comportements annule et au-delà augmentation de la population. De plus on imagine souvent que la croissance consomme de l’énergie, ce qui n’est pas toujours vrai, notamment dans certains services. Et en tout cas la consommation d’énergie de ces services est infiniment plus faible que pour la même production dans l’industrie.

  5. Le sujet est évidemment très complexe. Fourastié aimait raconter l’histoire de ce pays dont le Prince prélevait 50% sous forme d’impôts et que ses sujets liquidèrent pour doubler leur revenu et dont les conséquences ne furent pas celles qu’ils attendaient mais le doublement des prix. Il en est ainsi de beaucoup de choses et l’humain a des réactions souvent imprévisibles. La question des retraites est importante, mais que vaut, en valeur de consommation, la vie courante d’un retraité qui se loge, se nourrit, s’habille, prend du plaisir avec ce qu’il peut économiser, voire nourrit la construction foncière d’Etat, et, bien souvent, aide ses petits-enfants. On a pris l’habitude de gérer les retraites sur les salaires de ceux qui travaillent, mais d’autres d’idées existent et notemment celle de prélever sur les revenus du pays. Un prix Nobel d’économie, Maurice Allais, dans son livre sur l’impôt sur le capital écrit page 113 que l’ISF a du bon car il oblige à vendre ce qui ne rapporte pas assez et que d’autres exploiteront mieux. On sait ce qu’il en est. Mais toute société humaine est fragile et, quelquefois, la guerre est une nécessité pour reprendre en main la masse de sa population, et, sur ce point, la Chine inquiète beaucoup. Certains disent qu’elle n’est pas la seule, mais je n’ai pas tendance à les suivre dans cette direction.

    1. La guerre n’est a mon avis jamais une solution, parce qu’au lieu de rétablir les equilibres , elle les provoque. Après 14-18 et 39-45, la population active a fortement diminué, nécessitant le recours à l’immigration massive et à l’emploi des femmes, ce qui n’a fait qu’accroître les problèmes de natalité. Il s’en est aussi suivi une immigration interne vers les villes, entraînant le congestionnement des cités et les pollutions diverses. Sans compter les révolutions opportunistes.
      A mon sens , seul le progrès technique peut rétablir les equilibres. Exemple : la municipalité ecolo-socialiste de la ville de Paris, croit qu’il faut supprimer les automobiles et emprunter la voie de la décroissance pour résoudre les problèmes. En bons marxistes, ils n’intègrent pas dans leur théorie le facteur « progrès technique ». Résultat : on bétonne davantage les rues (création des balises béton des pistes cyclables, installations de plots en béton sur la voirie, aménagements de faux espaces verts (petits carrés pour petites plantes filiformes entourées de bordures en béton). Le pire exemple : l’horreur du bétonnage des espaces libres autour du Panthéon ! Et plus il y a de béton, plus la chaleur augmente ! Est-ce avec des vélos que l’on pourra assurer les livraisons et les travaux d’artisanat (tout en soutenant paradoxalement la multiplication des pollutions CO2 et sonores des motos) ? La solution , on l’a connaît depuis longtemps : ce sont les voitures et les deux-roues électriques.

  6. Ce qui me fascine et m’effraie au plus haut point … Quel est la bonne démographie de la FRANCE ? Solution A : sans apport d’immigrés ? Solution B : avec ?

    1. Il y a sûrement des études savantes sur le sujet, mais en attendant les trouver voici mon avis.

      S’il n’y avait pas eu d’immigration depuis 1945, la situation démographique aurait été très difficile malgré, puis à cause, du baby-boom. Pour commencer le baby-boom n’a apporté de producteurs que très progressivement de 1965 à 2005, et depuis cette date il pèse sur la pyramide des âges et notamment sur les retraites. Donc les 20 premières années des 30 glorieuses ont été soutenues par l’immigration, et depuis 2005, de nouveau.
      Bien sûr pour dire cela il faut penser que les immigrés sont des gens qui travaillent, et non pas des « bacs -4 » qu’on entretient à ne rien faire, ce qui me paraît évident pour la grande majorité. Disons qu’en gros dans un premier temps l’immigré type était un ouvrier, et que maintenant, à côté des ouvriers, il y a surtout des prestataires de services (dont beaucoup de femmes, car l’immigration s’est beaucoup féminisée) : soignants, employés de bureau et de commerce, voir commerçants tout court.

      Avec l’immigration, on retombe sur les chiffres que vous connaissez. Il faut rappeler que la fécondité des immigrés se divise entre une majorité (arabes, asiatiques…) dont la fécondité est analogue à celle du reste de la population, ou légèrement supérieure. Et une minorité (disons 10 %, mais cela dépend largement des définitions) à très forte fécondité, celle de la première génération subsaharienne. Il semble que ces différences disparaissent à partir de la deuxième.

      Une question classique à laquelle il n’y a pas de réponse vraiment solide est le « sur-chômage » des jeunes adultes de la deuxième génération. Personnellement je ne pense pas que ce soit vraiment volontaire, la pression sociale poussant à travailler, ce qui n’est pas toujours facile du fait de la situation géographique (grands ensembles construits dans des terrains mal reliés aux bassins de travail), du fait de la réglementation qui interdit à certaines catégories de travailler tant qu’ils ne sont pas régularisés, ce qui me semble diriger bêtement les intéressés vers le trafic et le chapardage. Il y a aussi la discrimination qui, même si elle n’est pas massive, est très décourageante psychologiquement et surtout la non qualification, mais là, on retombe sur les défauts de notre système scolaire

      1. intéressant mais :
        l’immigration de l’après guerre était elle composé de famille ou d’hommes venant des colonies et repartant dans leurs pays une fois qu’il avaient accumulés un petit pécule pour pouvoir s’installer et se marier dans leur pays ?
        après 1973 l’immigration a commencé a devenir contrôlé et il leurs fallait venir illégalement en passant par l’intermédiaire des mafia . par contre une fois sur place il pouvaient faire venir femmes et enfants !
        le capitalisme avait changé et il était passé d’un capitalisme reposant sur la production de bien a un capitalisme reposant sur la consommation .
        une famille ça achète des frigo, machine a laver, gazinière . . . !

        1. Attention, vous parlez de la France alors que l’article est sur la Chine.

          Ce que vous dîtes sur la nature de l’immigration est exact, et certains regrettent que les migrations familiales aient remplacé l’immigration en noria. Ce que vous dîtes que le capitalisme me paraît être une conséquence et non une cause : la cause a été la pression internationale humanitaire, à savoir « ne pas séparer les familles ». Nous avons donc signé un traité sur ce sujet et il est difficile d’y revenir.
          Le résultat est un sentiment anti immigration qui déclenche une attitude restrictive dans les domaines où on peut dire non. On empêche ainsi des gens tout à fait valables d’entrer si en France, à la grande joie de l’Angleterre et des États-Unis, alors qu’il y aurait une certaine triche sur les liens familiaux, et que cela pousse aussi les familles à imposer à leurs enfants un mariage avec un cousin ou une cousine « du bled ». Ce qui complique l’intégration.

  7. Avant de discuter démographie, il faut insister sur le fait que la terre est surpeuplée, non pas, comme le craignait Malthus, au regard de ses capacités de production, mais au regard de ses capacités de rejets dans l’environnement : déchets, polluants gazeux et gaz à effet de serre, malgré les progrès permanents sur ces points. On voit bien que nous ne pouvons pas diminuer de beaucoup nos émissions (en tout cas pas assez pour atteindre la neutralité carbone) et que la décroissance économique ou la sobriété ne pourront être imposées à tous. Reste la décroissance démographique, qui paraît très efficace. Une Chine de 700 millions d’habitants comme la chantait Dutronc en 1966 n’aurait pas besoin de produire autant qu’aujourd’hui : routes et logements, voies ferrées et métros, beaucoup de biens sont déjà produits, les houkous pourraient enfin être logés en ville dans les logements laissés libre par la mortalité, tout comme le 2e et le 3e enfant des familles aujourd’hui à enfant unique (ce qui permettrait le redémarrage de la démographie), la terre serait suffisante pour nourrir le pays, etc. Importer des femmes indonésiennes pour le mariage permet une intégration rapide de celles-ci et diminue en même temps la natalité en Indonésie… mais ce sera forcément marginal. Par contre je comprends le refus de l’immigration de travail en masse, beaucoup de retraités comme moi, au Japon, en Chine ou en France, préfèrant se serrer la ceinture, voire abréger leur vie de vieillard, que de voir un grand remplacement de leur population. Au fond, la sobriété imposée par les circonstances, et non par un État autoritaire, ne sera sans doute pas difficile à supporter, surtout si cela se passe dans une société apaisée, sans trop de migrants turbulents, mais avec de vastes espaces ruraux ou naturels. Imaginons la Chine ou la France du Moyen âge, avec des paysages bucoliques soignés, mais les moyens modernes de communication et la liberté non entravée par les religions ! Au fond, un monde de vieux ne me fait pas peur. A 72 ans, mon entourage du même âge me convient, y compris pour des aventures amoureuses ! Sans refuser la diversité et le pittoresque d’une immigration modérée, je doute de la nécessité de l’immigration et espère sans en être sûr qu’une population en forte décroissance a toujours la possibilité de redresser sa démographie avant disparition totale. Bref, pour la planète, la baisse démographique chinoise, japonaise ou coréenne me paraît être un bienfait immense (et Deng Xiao Ping le plus grand homme politique du XXe siècle, si c’est bien lui qui a promu la politique de l’enfant unique). Et je suis plutôt optimiste sur la capacité des populations à gérer leur décroissance démographique.

    1. Le problème est : « qui va nourrir un monde de vieux ? » Ils vont tous mourir de faim ! Les cynique diront « tant pis pour la Chine ». La question démographique s’est inversée par rapport à ce que vous dites, sauf en Afrique subsaharienne. À l’échelle planétaire les vieux chinois ne pourront survivre qu’avec du travail africain. Ça va être très intéressant !

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