Pétrole, gaz et blé dans la tourmente ukrainienne

Pétrole gaz et blé dans la tourmente ukrainienne

La guerre en Ukraine a accéléré l’inflation mondiale, de crainte d’une pénurie de blé, gaz et pétrole. Ces craintes sont-elles justifiées ? Cela dépend des pays, des produits et surtout des délais de la réorganisation matérielle des flux.

Allons-nous mourir de froid et de faim ?

L’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions qui en ont découlé ont montré l’importance des matières premières russes et ukrainienne dans le commerce mondial.

Les conséquences financières ont été largement commentées dans la presse : la hausse des cours des matières premières, l’inflation rapide chez les consommateurs, l’impact sur les finances publiques de la Russie et des pays importateurs.

On parle beaucoup moins de la question essentielle de la disponibilité de ces matières premières.
L’analyse amène à distinguer trois questions :

  • En 2022, qui va manquer de gaz, de pétrole, de charbon ou de blé ?
  • Quels sont les changements possibles de circuits d’approvisionnement pour contourner l’indisponibilité des ressources ukrainiennes et russes ?
  • Quels seront les délais de réorganisation ? Il faut de plusieurs mois à 5 ans pour réparer les infrastructures actuelles ou en construire de nouvelles.

Une partie des pénuries provient de la guerre elle-même, et l’autre partie subit le contrecoup des sanctions contre la Russie.

L’idée générale des sanctions est de « cesser de financer la guerre de Poutine » et éventuellement de susciter des réactions des oligarques, voire du peuple russe contre le dictateur.

Mais l’Europe hésite à prendre certaines sanctions du fait de sa dépendance énergétique envers la Russie.

La dépendance énergétique européenne

En attendant, les exportations de gaz et de pétrole russe en direction de l’Europe se poursuivent.

Rien que pour le gaz, c’est jusqu’à 800 millions de dollars par jour que l’Europe paye à la Russie (d’après Joseph Dellatte de l’Institut Montaigne).

Bien sûr, si ces importations européennes continuent, c’est du fait de la dépendance des pays de l’Union Européenne vis à vis de la Russie non seulement pour le gaz, mais aussi pour pétrole et le charbon.

Le gaz russe représente entre 40 % et 50% des importations de gaz de l’Union européenne, le pétrole russe entre 20 % et 25 % et le charbon russe 40 %.

Par ailleurs l’ensemble de la planète dépend du blé russe et ukrainien.

Voyons maintenant l’origine de cette situation, puis les solutions possibles et surtout le facteur temps nécessaire à leur mise en place alors que les besoins sont à court terme.

L’énergie : des choix politiques imprudents

C’est en Allemagne que la politique de l’énergie a été la plus discutable.

Ce pays a fait le choix il y a 10 ans de sortir du nucléaire. Il a également proclamé remplacer le charbon par des énergies renouvelables, principalement les éoliennes, l’énergie solaire y étant moins forte qu’au Sahara et l’hydraulique déjà complètement installée.

Mais l’éolien et le solaire sont des énergies intermittentes, et nécessitent des centrales d’appoint. Le résultat, toujours en Allemagne, a été d’augmenter la production des centrales à charbon, ce qui est totalement contraire à l’objectif écologique. D’où l’appel à des centrales à gaz, censé être une énergie de transition certes carbonée, mais moins que le charbon… mais aussi bien davantage que le nucléaire !

C’est ainsi qu’aujourd’hui l’Allemagne importe de Russie 55 % de son gaz, 42 % de son pétrole et 50 % de son charbon, ce qui explique sa réticence à l’embargo. Contrairement par exemple à la Pologne, qui se sent directement menacée et qui a moins de scrupules à utiliser son charbon.

importations de gaz russe en Europe
Importations de gaz russe en Europe (source New York Times)

La France, de son côté, importe de Russie « seulement » 17 % de son gaz, 9 % de son pétrole et 30 % de son charbon, ce qui représente à peine 10 % de l’énergie finale consommée. Bien entendu cette situation relativement favorable vient de notre production nucléaire.

Cette dépendance européenne « est le résultat d’un travail orchestré par Vladimir Poutine », souligne Phuc-Vinh Nguyen, chercheur à l’Institut Jacques Delors. Le projet de gazoduc Nord Stream 2, dont les travaux ont débuté en 2018 avec pour vocation de contourner l’Ukraine, en est aujourd’hui le symbole.

L’Europe cherche l’alternative au gaz russe

La Commission européenne a récemment lancé RePowerEU, une opération d’urgence qui prévoit de diminuer la dépendance européenne au gaz russe de 100 milliards de m3 en 12 mois.

Matériellement, l’Agence internationale de l’énergie estime qu’il est possible de réduire notre dépendance à la Russie de deux tiers.

Cela passerait notamment par l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) pouvant arriver par bateau des États-Unis ou du Qatar. Mais cela suppose de construire des terminaux le retransformant en produits gazeux pour le distribuer aux consommateurs.

C’est en cours, l’Allemagne à signé un contrat de long terme avec le Qatar et a décidé la construction de deux unités de regazéification. C’est une nouvelle illustration du tournant qu’est en train de prendre l’Allemagne.

Le plus simple serait d’alimenter cette électrification par le nucléaire : un drame pour les écologistes allemands. Mais l’erreur est faite et la rectifier prendra du temps…

Politiques énergétiques : la grande inertie

Dans l’énergie, la production se décide souvent une dizaine d’années à l’avance, voire davantage, qu’il s’agisse de construire des centrales nucléaires, ou d’explorer puis d’équiper un champ pétrolier et les infrastructures nécessaires au transport jusqu’au client.

Cela explique que certaines entreprises occidentales, dont Total, ne se soient pas retirées suite aux sanctions.

Total s’est certes engagée à ne plus financer de nouveaux projets en Russie, voire, ce 22 mars, à ne plus importer de pétrole russe… à partir de fin décembre.

Mais Total refuse pour l’instant d’abandonner leurs lourds investissements déjà engagés, par exemple, dans l’Arctique sibérien ou l’Extrême-Orient russe, craignant de se voir remplacé par des concurrents chinois ou indiens, ce qui ne changerait rien au problème ukrainien ! Cela alors que ces investissements ne se traduiront pas avant longtemps par des paiement d’hydrocarbures à la Russie. Il me semble que l’émotion très justifiée en faveur de l’Ukraine est utilisée pour d’autres fins.

Par ailleurs, la plupart des contrats d’achat de gaz sont le plus souvent signés sur 10-15 ans.

Shell a par exemple promis de ne plus s’approvisionner en gaz et en pétrole russes mais l’entreprise ne dit pas, si ce « ne plus », vaut aussi pour les commandes passées.

De même, en septembre dernier, le groupe hongrois MVM a signé un contrat avec Gazprom jusqu’en… 2036.

C’est dire l’inertie des décisions prises dans le domaine énergétique !

La Russie et l’Ukraine, terres nourricières de la planète

En envahissant l’Ukraine, Vladimir Poutine a mis la main sur une partie du « grenier à blé » mondial avec des terres agricoles qui représentent presque deux fois la surface cultivable de la France et l’un des meilleurs sols au monde, le tchernoziom, un de mes souvenirs marquants de la géographie apprise à l’école primaire.

L’Ukraine est aujourd’hui le quatrième exportateur mondial de céréales.

De son côté, entre 2001 et 2020, la Russie est passée d’une production de 36 millions de tonnes de blé à plus de 80 millions de tonnes, dont 35 millions vendues à l’exportation dont il est aujourd’hui le premier exportateur mondial.

Pour y parvenir, la Russie a favorisé la constitution de grandes exploitations agricoles modernes par des investisseurs russes et étrangers.

L’Union Européenne produit presque tout son blé et n’importe qu’un peu plus de 7 % des céréales qu’elle consomme.

Mais cela ne l’empêchera pas de subir la hausse généralisée des prix sur les marchés mondiaux en raison du blocage des ports ukrainiens de la Mer noire, combiné à la hausse du coût du fret maritime et des assurances dans cette zone.

Par contre, si l’Europe n’est pas menacée, cela annonce de très graves problèmes dans les pays du Sud, et particulièrement pour l’Égypte, le Liban ou le Maroc.

En 2021 l’Égypte, premier importateur de blé au monde avec ses 102 millions d’habitants, a importé près de 13 millions de tonnes de blé et 85% de ses importations venaient d’Ukraine ou de Russie. Il en est de même pour la dizaine de millions de tonnes d’importation de blé de l’Algérie ou pour la moitié du blé sénégalais.

les 5 plus gros importateurs de blé en Afrique
Les 5 plus gros importateurs de blé en Afrique

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, estime même que la guerre russe en Ukraine porte les germes d’un « ouragan de famines » dans de nombreux pays. Et la presse rappelle que c’est la hausse du prix du pain qui a déclenché les émeutes des printemps arabes en 2011.

Vers une pénurie de blé en 2022 ?

Comme le rappelle François Loiseau, représentant des céréaliers français : « il n’y a aucun risque de pénurie en France puisque le pays est exportateur de céréales. Nous disposons d’un stock de 3,5 millions de tonnes de blé ». Et nous pouvons accroître notre production… dans quelques mois.

Mais la pénurie menace le reste du monde, d’où l’appel du ministre français de l’agriculture, Julien Denormandie sur France Inter le 15 mars dernier. Lui aussi constate l’existence d’une stratégie : « menée par la Russie depuis plus de vingt ans pour peser sur le Liban, l’Égypte … Il faut que l’Europe assume sa mission nourricière et accroisse sa production de blé ».

L’Afrique réagit en accentuant un retour vers le manioc, la céréale traditionnelle locale, dont la farine complète de plus en plus souvent la farine de blé pour la fabrication du pain. Cela à concurrence de 10 %, pourcentage en train de passer à 30 % (au-delà, l’absence de gluten changerait le goût du pain) ou en promouvant d’autres usages du manioc.

 

L’intensité du problème du blé va dépendre des réponses à trois questions en suspens :

  • le blé aujourd’hui stocké en Ukraine pourra-t-il sortir du pays ? Ce n’est plus possible via les ports de la mer Noire, aujourd’hui bloqués ou détruits, mais éventuellement via le train, en cas de cessez-le-feu que l’on ne voit pas venir aujourd’hui. Et, s’il sort d’Ukraine, est-ce que le blé ira vers l’Europe ou vers la Russie ?
  • les paysans ukrainiens pourront-ils assurer la récolte 2022 ? Leur président leur a dit de ne pas rejoindre les combattants,
  • comment cette éventuelle récolte 2022 sera-t-elle transportée vers les pays importateurs ?

Les cours du blé resteront élevés tant que ça ne sera pas connu.

Quels stocks de blé disponibles à court terme ?

Il reste aujourd’hui 6 millions de tonnes de blé et plus de 12 millions de tonnes de maïs à vendre en Ukraine et près de 12 millions de tonnes de blé en Russie. A court terme, leur distribution sera fonction de l’issue du conflit actuel, comme expliqué plus haut.

Un des gros consommateurs mondiaux, l’Egypte dispose encore de 9 mois de réserves. Mais elle se soucie de la suite et cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment en Roumanie.

De même, selon sa Fédération nationale de la minoterie, le Maroc dispose de stocks de blé pour couvrir 5 mois de consommation après avoir reçu la plupart de ses commandes de l’Ukraine avant le début du conflit. Et à l’avenir, les céréales pourraient être « facilement importées de l’Union européenne ou de n’importe quelle autre région ».

La production de blé à long terme

Sur un plus long terme, les analystes estiment que d’ici 2050, en partie « grâce » au réchauffement climatique, qui va permettre à Moscou de transformer des terres sibériennes gelées en terres arables, la Russie deviendra le premier producteur mondial de blé.

Cela devrait rassurer, mais également faire craindre le maintien de la dépendance.

D’où les pressions des céréaliers sur l’Union européenne pour augmenter la production, ce qui va à l’inverse de la stratégie officielle de l’Union de « Farm to Fork » pour « un système alimentaire équitable, sain et respectueux de l’environnement« .

Cette stratégie lancée pour des raisons d’environnement prévoyait la diminution de la consommation d’engrais et de pesticides… et donc de la production.

On retrouve ici les mêmes conflits internes à l’Union que pour le nucléaire.

 

La Chine sera-t-elle une alternative à l’Europe pour la Russie ?

Face aux sanctions internationales, dont on ne sait pas encore aujourd’hui si elles seront totales ou partielles, la Russie cherche à sécuriser ses futures exportations de pétrole, gaz et blé.

En février, Vladimir Poutine et Xi Jinping ont ainsi annoncé un « partenariat de 30 ans« .

La Russie espère faire passer les exportations de gaz russe en Chine de 16,5 milliards de m3 actuellement à 48 milliards de m3 … une fois construites les infrastructures nécessaires, gazoduc et/ou terminaux de liquéfaction dans les ports de l’Artique.

Or ces infrastructures dépendent de technologies occidentales – notamment des machines d’exploitation gazière allemandes – dont l’exportation est désormais interdite.

Cette opération ferait de la Russie le premier fournisseur de gaz de la Chine… mais sous quel délai ?

De toute façon, cela ne compenserait pas les 175 milliards de m3 de gaz exportés chaque année vers l’Europe. Donc pour les hydrocarbures, la Chine ne semble pas être un débouché suffisant pour la Russie.

Remarquons qu’aujourd’hui la Chine n’est que peu dépendante de la Russie sur le plan énergétique. Donc ce que la Chine importerait de la Russie, elle ne l’importerait plus d’ailleurs, d’Iran par exemple. L’Europe pourrait en profiter pour s’y approvisionner, surtout si les sanctions envers l’Iran sont levées, ce qui semble en bonne voie.

Par contre, pour le blé, la Chine dépend largement de l’Ukraine. Elle devrait donc chercher à en importer davantage de Russie. Ce qui permettrait à cette dernière d’éviter d’éventuelles sanctions.

Pour permettre la livraison du blé à la Chine, la Russie construit le terminal ferroviaire céréalier et pour oléagineux de Zabaïkalsk (carte ci-dessous) qui pourrait être mise en service au troisième trimestre 2022 et traiter 8 millions de tonnes par an ».

Exportations blé russe
Exportations de blé russe vers la Chine

 

Remettre en question les choix énergétiques de l’Europe ?

Le divorce s’accroît entre les écologistes antinucléaires et les impératifs nationaux d’indépendance énergétique qui poussent au redémarrage du nucléaire.

En Belgique, les deux dernières centrales échappent à la fermeture prévue pour la fin de cette année.

En Allemagne, il est probable que le même débat sur les dernières centrales fait rage à l’intérieur du parti écologiste qui participe au gouvernement.

En France, le gouvernement Macron vient de virer en faveur du nucléaire avec le projet de 14 surgénérateurs et de multiples petits réacteurs nucléaires.

Va-t-on aller jusqu’à arrêter de démontage de Fessenheim ?

Va-t-on lever l’interdiction d’exploiter le gaz de schiste européen et notamment français dont les réserves semblent abondantes, et qui a mis les États-Unis à l’écart de la crise actuelle ?

Le gaz de schiste ne serait pas écologique ? Mais qui nous dit que le gaz russe l’est davantage et est exploité proprement ?

Voir les énergies renouvelables comme la seule alternative viable pour la planète aux énergies fossiles prendra du temps… et n’est pas forcément écologique si on prend en compte la fabrication et le montage des éoliennes.

L’urgence actuelle semble donc contraire aux attitudes conseillées pour « sauver la planète ». Mais l’urgence impose de trouver des solutions d’ici quelques jours à environ trois ans, c’est-à-dire qu’elle passe, à tort ou à raison, avant les engagements de la COP 26 qui ont comme échéance 2030, 2050 voire encore plus tard.

Et même en restant dans le cadre « anti réchauffement » prévu, la place des énergies fossiles reste beaucoup plus importante que le grand public ne le pense, puisque l’augmentation de la consommation d’énergie depuis 2010 n’a été couvert que pour un quart par des énergies renouvelables.

Par ailleurs, un des arguments écologistes, un peu oublié aujourd’hui, est « en utilisant des énergies non renouvelables, on va vers la pénurie » or cette « pénurie » paraît aujourd’hui être renvoyée à un horizon très lointain.

En effet, les ressources en charbon et uranium sont notamment presque infinies, et « le nouveau nucléaire » en consommera peu.

Quant au pétrole, s’il arrêtait de produire du méthane lors de son extraction, il diminuerait beaucoup plus vite l’effet de serre qu’en étant moins consommé. Et il est techniquement plus facile d’agir sur quelques centaines de puits pétroliers que sur le comportement de 7 milliards de personnes, dont une partie cherche à se développer, fut-ce au détriment de la planète.

Pas de pénurie… si les contraintes écologiques sont levés

En conclusion, il n’y a pas de problème alimentaire ou énergétique à moyen et long terme si les blocages écologiques se lèvent et que nous revenions au nucléaire, voire à l’exploitation de notre gaz de schiste.

À court terme, l’alimentation mondiale dépend du niveau de destruction de l’Ukraine.

Par contre l’importation de pétrole et de gaz est un choix politique à lourdes conséquences économiques.

La situation actuelle est acrobatique, car d’un côté nous finançons les Russes en leur achetant leurs matières premières, tandis que nous donnons (nettement moins) d’argent aux Ukrainiens pour les armes que nous leurs fournissons.

Un cessez-le-feu, à n’importe quelles conditions, soulagerait égoïstement tout le monde en limitant les destructions d’infrastructures et les difficultés de la récolte de blé de cette année en Ukraine et en supprimant la honte de financer le budget russe.

Mais l’économie n’est pas prioritaire, tant pour les Russes que pour les Ukrainiens !

Yves Montenay

15 commentaires sur “Pétrole gaz et blé dans la tourmente ukrainienne”

  1. Il faut espérer que cette séquence historique tragique, qui n’est d’ailleurs pas terminée, débouchera sur un questionnement des prétendues lois économiques sur la nécessité de la mondialisation aveugle: la spécialisation à outrance des territoires et donc l’abandon de certains territoires et de leurs productions locales , la non intégration des valeurs non comptables dans les stratégies dites « économiques » (pollution, morale,travail des enfants, militarisation, paix, indépendance, bruit, etc) et qu’elle débouchera aussi (voire…surtout) sur la prise en compte des méfaits du nationalisme et, en particulier de l’absurdité des thèmes idéologiques (quasi religieux) obsédés par ….les identités culturelles ! Cette guerre en est bien une illustration diabolique (comme celles déclenchée par Hitler)

    1. Tout à fait d’accord. Une précision cependant : les entreprises occidentales sont celles qui tiennent le plus compte des « valeurs non comptables », d’une part parce qu’elles seraient condamnables par la justice de leur pays d’origine, d’autre part parce que leurs clients, leur personnel et souvent leurs dirigeants et leurs actionnaires sont sensibles à ces questions. Je ne dis pas qu’elles sont parfaites, je dis que les autres le sont beaucoup moins… et, résultat, emportent les marchés du Sud au détriment des entreprises occidentales !

      1. Bien d’accord aussi,avec Binh et votre remarque à propos des entreprise du monde occidental sur leurs meilleures (moins mauvaises plutôt et encore pas toutes!) performances en terme « d’empreinte écologique », mais jeter la spécialisation (à outrance ?) aux orties ne me semble pas réaliste. Sans le grenier à céréales que sont la Russie et l’Ukraine comme vous l’expliquez très bien dans votre billet que feront les pays africains ou du proche et moyen-orient ? La spécialisation n’est pas forcement un simple choix de marché mais aussi une contrainte économique. Sans spécialisation notre planète serait-elle aussi peuplée sans connaitre depuis 2 ou 3 décennies de famines majeures? Et le nationalisme se nourrit aussi des émeutes de la faim.
        Encore merci pour l’ensemble des articles de votre blogs. En vous lisant on a l’agréable impression d’être plus intelligents !

    1. Très connu de vous, bravo ! Mais je vous garantis qu’autour de moi ce n’est pas le cas ! Je n’ai pas la prétention de faire des articles pour spécialistes, mais de la vulgarisation, ou plus exactement pour des gens de bon niveau non spécialistes de la question. Quant aux prévisions d’avenir, elles dépendent comme dit de la durée de la guerre. Si elle s’arrêtait demain il n’y aurait que quelques mois de perturbation. Mais si vous êtes prophète, je vous laisse la parole…

      1. j apprécie toujours vos articles très complets,cher yves montenay;et je ne suis pas un spécialiste,loin de la
        le ministre de l énergie emirati a exposé ce qu il pensait de cette crise,et conseillé nos dirigeants « enfantins »
        dans le journal la tribune.il arrive aux mèmes conclusions que vous; nos dirigeants devraient vous lire,plutot que d écouter les idioties américaines et européennes!

  2. On découvre à l’occasion de cette guerre la production de l’Ukraine.
    Par exemple, j’ai découvert la semaine dernière que la moitié du néon mondial, utilisé en particulier dans la fabrication des semi-conducteurs, provenait de deux producteurs en Ukraine, qui viennent d’arrêter leur production.
    La ressource est disponible partout et inépuisable, mais il faut quand même un peu de temps, et probablement des investissements, pour que d’autres producteurs compensent une telle perte si la production ne reprend pas assez vite.

  3. «  »Telle était l’extrémité où nous avaient réduits des fautes qui n’étaient pas les nôtres , que nous n’avions à choisir qu’entre des périls » … vieille citation romaine … qui ne s’applique pas au collectif européen qui fait des fautes par obsessions multiples d’opinions qui ne s’informent pas ou négligent les alertes d’experts, se font manipuler par les lobbies et les médias et ont des dirigeants qui suivent leurs électeurs pour rester au pouvoir au lieu de les aider à prendre de bonnes décisions. L’Europe et ses opinions sont nulles depuis longtemps.

    1. Si par « Europe » vous entendez la Commission Européenne, c’est une bureaucratie qui cède souvent à des lobbys parfois surprenants (la publicité en faveur des femmes voilées !). En tout cas ce n’est pas la représentante d’un Etat, même confédéral, ou d’une patrie.

  4. Qu’il est bon de lire la description des réalités et l’évocation des solutions raisonnables et réalisables, une fois évacués les fantasmes et les billevesées habituellement répandus dans la presse! Merci, Yves.

  5. En Russie la station thermale de Sotchi, sur la côte Est de la Mer Noire, douce en été et surplombée par des montagnes enneigée en hiver, est désignée pour abriter les Jeux olympiques d’hiver de 2014. C’est à ce moment que débute la crise russo-ukrainienne avec l’invasion russe de la Crimée et les accords de Minsk qui ne seront jamais appliqué par une Ukraine à laquelle les USA s’intéresse de trop près pour l’enrôler dans le camp occidental, voire l’intégrer dans l’OTAN au grand dam d’une Russie qui en 2022 s’y opposera par la force de son armée, détruisant et ruinant ce pays, mais subissant des pertes énorme et l’opprobre de presque toutes les nations, avec des sanctions au retentissement mondial dangereux. La situation créée par cette guerre devient un conflit économique mondial qui va faire souffrir certains beaucoup plus que d’autres. Vous l’avez très bien décrit. Les dernières déclarations russes montrent des avancées considérables vers une paix à déterminer. Mais le virage à contre-courant européen a été pris et la condamnation du nucléaire a fait long feu, d’autant que les techniques modernes ont évolué et les déclarations de Mélanchon évoquant son « coup au but » pour déclarer que le nucléaire civil est avant tout un risque militaire ne sont plus prises au sérieux. Le monde, grâce au sacrifice de millions d’ukrainien qu’il nous faut aider, ne se laisse plus berner par ces propos irresponsables.

  6. bonjour , est on sur que la France est exportatrice de céréales ? de blé en particulier ?
    j ai entendu l inverse…

    1. Moi aussi. D’où la demande de nos céréaliers d’accroître la production en allégeant les contraintes demandées par Bruxelles par la directive « farm to fork »

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