McKinsey

McKinsey : désinformation et ignorance économique

Je vais froisser nos amis amateurs de scandales mais je n’en vois aucun dans l’affaire des cabinets de conseil, et en particulier de McKinsey. Je vois au contraire une manœuvre électorale politicienne.

En effet, contrairement à ce qui est proclamé, les dépenses de conseil n’ont pas augmenté en période longue, sont inférieures à celles des autres pays européens, et McKinsey n’en a pris qu’une très faible part.

De plus, le fait qu’il ne paie pas d’impôt sur les sociétés en France vient de son caractère international, et on peut reprocher la même chose aux GAFA. Notre gouvernement bataille d’ailleurs depuis longtemps pour que ces entreprises internationales soient soumises un impôt minimum dans chaque pays.

Donc, non seulement ça me paraît un débat artificiel et politicien au mauvais sens du terme, mais en plus cela donne une idée fausse au grand public en comparant salaire et prix de revient des consultants, alors que cela n’a rien à voir ! 

Je reprends les arguments ci-dessus un par un

Stabilité des dépenses de conseil et comparaison avec nos voisins

Ceux qui parlent de doublement des dépenses se basent sur 2018 qui était « un creux ». Si on compare à 2010 c’est la stabilité.

Et nos voisins dépensent plus que nous.

Selon la Fédération européenne des Associations de Conseils en Organisation (FEACO) à Bruxelles, le gouvernement fédéral allemand a dépensé en 2020 1,2 milliard euros pour les services des seuls « Big Four » (Deloitte, PwC, EY et KPMG), tandis que le gouvernement britannique y consacrait plus de 2,5 milliards de livres.

Les champions sont les Pays-Bas : les ministères ont consacré aux conseils extérieurs près de 2 milliards d’euros en 2020.

McKinsey ne paye pas d’impôts ?

McKinsey paye normalement ses impôts et cotisations.

La remarque vise seulement l’impôt société sur les bénéfices et la vraie question est : pourquoi les entreprises internationales ne payent pas d’impôts sur leurs bénéfices en France alors qu’elles sont particulièrement surveillées par le fisc ?

C’est très simple : les bénéfices français sont effacés par des prestations américaines : pour mener sa mission en France, l’entreprise emploie des moyens américains qu’elle paie.

Y a-t-il eu surfacturation ? Une enquête est en cours et Il faudra une analyse approfondie pour le dire.

Comme c’est extrêmement difficile à prouver, la France fait campagne en Europe et aux États-Unis pour que chaque entreprise de ce type paye un minimum d’impôt dans chaque pays.

Mais il faut l’accord entre les principaux pays de l’Union européenne et certains, dont l’Irlande (*), le refusent … justement pour attirer les multinationales chez eux !

En attendant, ces grandes entreprises appliquent les règles actuelles.

(*) Facebook a ainsi établi sa filiale européenne en Irlande, où les bénéfices « réalisés dans le pays » sont taxés à seulement 12,5% vs 25% en France depuis le 1er janvier 2022… Qui se souvient que l’impôt sur les bénéfices des sociétés en France était de 50% jusqu’en 1985, puis de 33% de 1993 à 2018, avant la baisse progressive du taux jusqu’à 25% aujourd’hui ? 

 

Pourquoi a-t-on besoin de cabinets de conseil ?

Parce qu’on n’a pas les compétences « en interne », particulièrement en informatique. C’est le cas de l’État français qui a subi plusieurs échecs retentissants dans ce domaine.

Parce qu’on pense que certains problèmes sont cachés par le personnel ou la hiérarchie, soit parce qu’il y a une faute, soit par solidarité envers les collègues.

Le cas le plus fréquent est celui des collègues sous-employés. Les mauvaises langues parlent aussi de solidarité entre énarques qui cachent certaines erreurs,

Ou une synthèse de ces deux cas : un cabinet international apporte des comparaisons avec d’autres pays et donc un éclairage qui est parfois cruel, sur ce qui serait resté caché

Donc rien de scandaleux a priori : c’est une décision de gestion normale, et l’État peut se tromper, ou pas, en faisant appel à un cabinet extérieur.

Le fait que McKinsey soit américain a été mal vu, mais il n’a reçu que 1 % des commandes de conseil, très loin derrière les cabinets français.

McKinsey, c’est le diable, un peu comme Rothschild était le diable en 2017, quand on voulait attaquer Macron qui avait été employé par cette banque.

Cela dit les conseils ne font pas de miracles.

Non seulement ils peuvent se tromper, mais surtout parce que l’on applique rarement leurs recommandations pour des raisons politiques, ou « pour ne pas faire de vagues ».

Mais la deuxième erreur me paraît beaucoup plus grave, parce qu’elle révèle une ignorance des coûts de l’économie.

La confusion entre prestation et salaire

L’indignation face au tarif journalier de 3000€ des consultants McKinsey, vient de la comparaison avec les rémunérations plus modestes des fonctionnaires d’Etat, et particulièrement des enseignants, effectivement sous-payés par rapport à leurs collègues européens.

Remarquons que les « 3000 € par jour » cités ont été choisis pour la polémique.

En fait les Français ont payé en moyenne « 1528 € par jour » d’après Les Echos du 7 avril. Un autre point de repère et le taux journalier maximum autorisé aux Pays-Bas, qui est de 1800 €.

Ça reste bien sûr une somme importante par rapport à une journée travail donnant un salaire net de 2 à 300 € pour un poste disons « moyen-supérieur ». Mais cette comparaison n’a aucun sens : c‘est la confusion classique entre un salaire net et la facturation d’un travail qui a demandé beaucoup de formation en amont : autant d’heures qui ne seront pas facturées.

  • Supposons un informaticien touchant un net de 300 € par jour, correspondant à un salaire brut de 450€.
  • Cet informaticien est employé d’un cabinet de conseil, mais comme toutes ses heures ne seront pas vendues, Il faudra multiplier le coût par trois s’il n’y a qu’une heure sur trois de vendue, le reste étant consacré à la formation (l’informatique, ça change très vite) … ou tout simplement à rien faute de clients.
  • Puis il faut rajouter une contribution travail des autres salariés de l’entreprise, de la femme de ménage au directeur financier.
  • Ensuite, il faut également ajouter une contribution à la location des locaux du siège, les assurances etc. et vous arrivez à un prix de l’heure vendue qui n’a plus rien à voir avec une heure de salaire net.
  • Enfin, vous rajoutez un bénéfice, sans lequel au moindre problème l’entreprise menace de disparaitre… mais vous voyez bien que ce n’est pas le facteur de coût le plus important.

Un exemple de détail de prix de revient

D’après ce que je vois autour de moi, le prix de revient le plus bas est celui d’une personne exerçant en micro-entreprise, travaillant de chez elle et n’ayant pas d’employé.

Mais du coup, cet autoentrepreneur passe une partie de son temps à s’informer (veille sectorielle) et trouver des clients (marketing), à l’administration et à la comptabilité (gestion) … autant d’heures qui ne seront pas vendues, sans parler des temps consacrés à se former, par exemple en informatique, à toutes les nouveautés.

En fonction de la structure de l’entreprise, le prix de revient de l’heure vendue se situe alors entre 100 et 300 €, et dès que l’on parle d’une entreprise multinationale un peu complexe, telle que McKinsey, il n’est pas étonnant que cela aille bien plus loin !

Bref, en comparant le montant d’une journée vendue à celui d’une journée de travail, on montre soit son ignorance, soit sa duplicité électorale. Même Le Monde fait cette erreur on comparant le gain journalier d’une infirmière à une journée du cabinet !

C’est un peu comme si on comparait le prix d’une automobile et le salaire horaire de l’ouvrier de Renault pour scandaliser le bon peuple !

Et puis, n’oublions pas les postures idéologiques : c’est une « privatisation de la fonction publique », cela veut dire qu’on « méprise les capacités intellectuelles des fonctionnaires » etc. le tout pour faire appel au diable, un Américain ! Qui, pourtant, ne représente que 1 % des achats de conseil des administrations publiques comme mentionné dans le rapport de la commission sénatoriale…

Les fonctionnaires français seraient-ils tellement plus intelligents que si les allemands, anglais ou néerlandais ?

Yves Montenay


Sur l’administration, vous pouvez
relire L’administration contre le terrain, où je fais l’éloge des gens du terrain (dont les profs) et donne des exemples vécus des problèmes de fonctionnement dans le public comme dans le privé.

 

31 commentaires sur “McKinsey : désinformation et ignorance économique”

  1. Merci pour ces explications, mais il manque néanmoins une information qui serait très intéressante : quel est finalement le salaire net de l’un de ces consultants pour donner des conseils ?
    Et ingénieur ou médecin aussi, ça demande beaucoup de formation en amont.

    1. Attention ! Ne confondez pas vous non plus prix de vente et salaire de l’intervenant. Je ne sais pas combien est payé un salarié d’une boîte de conseil, mais je suppose que c’est en phase avec le marché et se compare à celui d’un ingénieur dans le privé. Ce qui est anormal, ce sont les revenus pilotés par l’État des soignants (fonctionnaire à l’hôpital, ou avec des tarifs « sécurité sociale » en libéral). Ces salaires là sont fixés trop bas, comme l’illustre le droit de facturer des honoraires supplémentaires, plus ou moins remboursés par des mutuelles, par le prix que les hôpitaux doivent payer pour des intérimaires … qui était parfois des fonctionnaires sous-payés la veille !

  2. Je ne confond pas prix de vente et salaire, je gère une entreprise…
    Je me demande seulement quel est le salaire net de l’un de ces consultants.

    1. Voir ma réponse au commentaire précédent. Je suis retraité depuis longtemps, mais mes dernières informations faisaient état de salaires légèrement au-dessus du marché pour les débutants, en contrepartie d’un horaire de travail absolument considérable. Les candidats venaient pour ensuite être embauchés par une des entreprises clientes. Ensuite, quand on monte dans la hiérarchie du cabinet, je pense qu’il y a des salaires de plus en plus élevés, comme dans toute grande entreprise ayant besoin de garder les compétences. Ces salaires peuvent effectivement paraître élevés, mais il faut les comparer non pas à celui d’un prof ou d’une infirmière, mais à celui du directeur financier de Saint-Gobain (que je choisis arbitrairement) ou autre

  3. Quelle serait l’objectivité d’une mission de conseils sur l’État confiée à des fonctionnaires, en effet, mêmes compétents ?
    Quand on sait ce qui se passe déjà dans la Fonction Publique (la compétition entre chefs de services pour l’attribution de subventions ou de postes, les entretiens et notations des fonctionnaires aménagés d’avance par certains chefs pour valoriser leurs services, etc), l’intervention de conseils extérieurs à l’État semble nécessaire.
    De plus, les Conseils ne décident de rien: c’est bien l’Autorité Publique qui donne les suites qu’elle veut aux conseils…
    Quant à la nationalité de ces conseils, on imagine les conseils opérés et donnés par des cabinets russes chinois ou iraniens……
    La polémique se trompe de sujet: si les responsables politiques décidaient sans conseils, on leur reprocherait leur autocratisme (dictature ou autre qualification déplaisant).
    On pourrait bien sûr suggérer aux responsables politiques de demander conseils à…la population : certes, mais c’est quand même un peu ce qui se passe avec les élections, mais peut-être pas assez souvent (du moins, en ce qui concerne l’usage des fonds publics).
    Reste à questionner (positivement) le parallélisme (ou la redondance) entre ces cabinets de conseils et le travail de la Cour des Comptes, celui de CESE, ou celui du Conseil d’Analyse Économique (entre autres exemples).

  4. La seule chose qui me chagrine dans cette histoire c’est que la France a beaucoup plus de fonctionnaires que l’Allemagne et bien d’autres pays de l’Union européenne. Faire appel à des cabinets privés peut parfaitement se concevoir à condition de ne pas entretenir une administration pléthorique, non ?

    1. C’est bien mon avis, mais l’expérience de plusieurs présidents montre que c’est très difficile. Si on a réussi à faire maigrir le ministère des finances, par contre l’opinion publique réclame des policiers, des enseignants, des juges, des soignants etc. Les libéraux pourraient dire que les soignants et les enseignants pourraient être l’affaire du privé. Mais c’est un autre débat !

  5. Cher Yves Montenay

    Deux éléments vont dans votre sens. D’abord le fait que des dirigeants de Mc Kinsey aient travaillé gratuitement pour Emmanuel Macron en 2017 pour sa campagne électorale. Aucune personne de bonne foi ne saurait ignorer cet acte de dévouement militant bien conforme aux usages des cabinets de conseil américains.Ensuite le fait incontestable que le cabinet Mc Kinsey n’ait jamais conseillé Emmanuel Macron quant au choix de ses costumes

  6. Cher Yves,

    Dans cette affaire vous passez me semble-t-il à côté du sujet essentiel qui n’est pas celui des montants globaux payés pour des prestations de qualité inégales, ni même du coût jour / horaire de tel ou tel consultant vs le coût des fonctionnaires qui pourraient ou non faire le même travail.

    Ce qui en fait une affaire d’Etat, ce sont les conflits d’intérêts :

    Ceux-ci sont manifestes et dangereux pour notre démocratie lorsque le cabinet qui conseille, ou même selon certains témoignages pilote, la politique sanitaire et vaccinale de la France a i) également pour client le principal fournisseur de vaccin covid-19, ii) a parmi ses dirigeants français un des fils du Président du Conseil Constitutionnel dont le rôle est de s’assurer de la constitutionnalité de la dite politique sanitaire et vaccinale.

    Une seule de ces deux situations aurait dû suffire à disqualifier McKinsey dans cette mission.

    Plus globalement, c’est une naïveté confondante, en terme d’intelligence économique que de soustraiter des réflexions stratégiques de notre pays à des cabinets de conseils étrangers (cf. à titre d’exemple les rapports incitant la France à sortir du nucléaire).

    Enfin, une derrnière remarque mais pas des moindres, ce pose la question de la responsabilité des décisions prises.
    En démocratie représentative, les décisions doivent être prises par des représentants élus pour ce faire par les citoyens devant qui ils sont responsables (politiquement et le cas échéant pénalement).

    Devant qui sont responsables les cabinets qui suggèrent (ou même imposent dans le cas de la politique sanitaire et vaccinale) des décisions impactant les citoyens jusque parfois dans leurs droits fondamentaux ?

    Amitiés libérales,

    Louis-Marie
    (Consultant, responsable de mission et responsable d’équipe au sein d’un cabinet de conseil en stratégie et marketing pendant 7 ans)

    1. Merci pour votre témoignage. De toute façon c’est un homme politique qui décide ou non d’appliquer la recommandation d’un conseil. L’application n’est pas toujours possible. Prenons l’exemple le plus simple : mathématiquement tout conseil interne ou externe devrait recommander la fin des régimes spéciaux de retraite, notamment de la SNCF. Et aucun gouvernement ne le fera

  7. Cher Yves,

    Dans cette affaire vous passez me semble-t-il à côté du sujet essentiel qui n’est pas celui des montants globaux payés pour des prestations de qualité inégales, ni même du coût jour/horaire de tel ou tel consultant vs le coût des fonctionnaires qui pourraient ou non faire le même travail.

    Ce qui en fait une affaire d’Etat, ce sont les conflits d’intérêts :

    Ceux-ci sont manifestes et dangereux pour notre démocratie lorsque le cabinet qui conseille, ou même selon certains témoignages pilote, la politique sanitaire et vaccinale de la France a i) également pour client le principal fournisseur de vaccin covid-19, ii) a parmi ses dirigeants français un des fils du Président du Conseil Constitutionnel dont le rôle est de s’assurer de la constitutionnalité de la dite politique sanitaire et vaccinale.

    Une seule de ces deux situations aurait dû suffire à disqualifier McKinsey dans cette mission.

    Plus globalement, c’est une naïveté confondante, en terme d’intelligence économique que de soustraiter des réflexions stratégiques de notre pays à des cabinets de conseils étrangers (cf. à titre d’exemple les rapports incitant la France à sortir du nucléaire).

    Enfin, une derrnière remarque mais pas des moindres, ce pose la question de la responsabilité des décisions prises.
    En démocratie représentative, les décisions doivent être prises par des représentants élus par les citoyens devant qui ils sont responsables (politiquement et le cas échéant pénalement).
    Devant qui sont responsables les cabinets de conseil qui suggèrent (ou même imposent dans le cas de la politique sanitaire et vaccinale) des décisions impactant les citoyens jusque parfois dans leurs droits fondamentaux ?

    Bien cordialement,

    Louis-Marie
    (Ancien consultant, responsable de mission et responsable d’équipe au sein d’un cabinet de conseil en stratégie et marketing (pendant 7 ans) ayant travaillé avec les pouvoirs publics depuis les collectivités locales jusqu’aux ministères)

    1. Il semble y avoir eu un cafouillage informatique. Si vous n’avez pas eu de réponse de ma part, ou si elle était incomplète, pouvez-vous faire un nouveau commentaire ?

  8. Merci pour votre éclairage clair et précis comme d’habitude. Néanmoins je m’interroge sur le fait que notre administration pléthorique en nombre de fonctionnaires ne puisse pas, ou ne soit pas compétente ou ne veuille pas prendre de risque sur la gestion et les décisions à prendre pour répondre à de simples interrogations franco-françaises.

  9. Je comprends votre point de vue mais en fait, dans cette affaire, vous êtes un peu dans la situation de juge et partie, même si vous retiré des affaires depuis une certain temps….
    Il n’empêche que
    – ce cabinet (pas seulement lui bien sûr, mais est-ce une raison?) pratique l’optimisation fiscale en évitant de payer ses impôts en France. Cela est légal certes mais de moins en moins tolérable d’autant plus que les simples citoyens, eux, sont les plus corvéables!
    – les autres pays font de même et alors ? Vous ne dîtes pas si les citoyens de ces pays approuvent cette pratique.
    – penser qu’ils apportent un regard extérieur n’est absolument prouvé. Je ne suis pas « dans le milieu », aussi je vais me référer à des articles parus récemment dans le Figaro en ligne. Le Figaro, journal libéral par excellence ! Que disent certains de ces articles? Qu’en réalité, ces regards extérieurs ne sont qu’illusions ! Bien souvent, les recommandations faites, fortement rémunérés pour parfois de simples copié-collé, n’apportent rien de nouveau ou des solutions toutes faites, toujours inspirées de la même pensée néolibérale, et ne sont là que pour renforcer ( rarement contrecarrer ) des décisions déjà prises par le gouvernement. Ces cabinets ne sont en fait bien souvent que des faire-valoir du gouvernement ! On est bien loin du mythe du « précieux regard extérieur  »
    Je comprends qu’il faille réformer en partie l’administration qui a ses propres résistances, comme l’évoque un des commentaires. Mais faire appel à MacKinsey (ou un autre grand groupe ) ne paraît pas judicieux. D’autres solutions sont à trouver, qui impliquerait (?) peut-être un groupe de citoyens mais pas seulement bien sûr. Ne réserver ces affaires qu’à des soi-disants spécialistes, enfermés dans leur doctrine, reste une erreur !

    1. Bien sûr il y a sûrement des cabinets qui trichent, comme tout autre fournisseur. Dans ce cas il ne faudrait pas les payer. Mais si on a payé, c’est qu’on est d’accord sur la valeur du travail. Il est tout à fait vraisemblable que, assez souvent, le « regard extérieur » soit celui du gouvernement, et que le cabinet soit en pratique chargé d’argumenter et éventuellement d’aider à exécuter une idée gouvernementale. Mais cela peut être très utile, car souvent une bonne idée gouvernementale se heurte à l’inertie.

  10. Nous vivons dans des mondes complètement différents, comment peut on payer grassement un cabinet de conseils, pour mettre des gens dans la misère, en baissant des allocations ?

    On dépense sans compter, même l’argent que nous n avons pas.
    Je suis retraité et il me faut compter et j apprends, que le gouvernement a dépensé 1 milliard d euros pour des conseils bidons.
    Et vous trouvez cela normal ?????

    C est édifiant.
    ???

    1. Pourquoi pensez-vous que l’argent des uns a été pris aux autres ? Si les rapports étaient bons et si les conseils ont été suivis, cela a augmenté la prospérité générale comme n’importe quelle autre action économique. Que l’argent soit dépensé en semi-conducteurs ou en semences de blé ou en honoraires de conseil, la question toujours la même : les semi-conducteurs marche-t-il, la semence va-t-elle germer, le conseil sera-t-il efficace ? Si tous les gouvernements du monde font appel à des conseils c’est probablement parce que c’est utile : les Allemands anglais ou hollandais ne sont pas des plaisantins. En tant qu’ancien chef d’entreprise, j’ai rencontré de bons et de mauvais fournisseurs, et parmi eux des bons et des mauvais conseils. À cela s’ajoute le fait que les administrations, que je connais bien comme interlocuteur mais aussi pour avoir dirigé 200 personnes du secteur public, ne sont pas souples et que si quelque chose sort des taches prévues, on a plus vite fait de demander un tiers de de s’en occuper. C’est particulièrement vrai en informatique.

    2. Pourquoi pensez-vous que l’argent des uns a été pris aux autres ? Si les rapports étaient bons et si les conseils ont été suivis, cela a augmenté la prospérité générale comme n’importe quelle autre action économique. Que l’argent soit dépensé en semi-conducteurs ou en semences de blé ou en honoraires de conseil, la question toujours la même : le semi-conducteurs marche-t-il, la semence va-t-elle germer, le conseil sera-t-il efficace ? Si tous les gouvernements du monde font appel à des conseils c’est probablement parce que c’est utile : les Allemands, Anglais ou Hollandais ne sont pas des plaisantins, et dépensent plus que nous en conseils. En tant qu’ancien chef d’entreprise, j’ai rencontré de bons et de mauvais fournisseurs, et parmi eux des bons et des mauvais conseils. À cela s’ajoute le fait que les administrations, que je connais bien comme interlocuteur mais aussi pour avoir dirigé 200 personnes du secteur public, ne sont pas souples et que si quelque chose sort des tâches prévues, on a plus vite fait de demander un tiers de de s’en occuper. C’est particulièrement vrai en informatique.

  11. Permettez moi de vous dire que dans cette affaire McKinsey il y a 3 faces, la premiere celle que vous défendez, celle du système Macron, vicelarde mais légale en apparence, la seconde face celle qui concerne les secrets d’Etat qui ont été divulgués à McKinsey, société de droit américain qui a pour obligation de donner toutes ses informations aux services de l’Etat américains…toutes les informations y compris les plus sensibles, 3ème face la fiscalité : depuis que Macron est aux commandes de Bercy jusqu’à celles de l’Etat, les voyous McKinsey n’ont pas payé le moindre centime d’impôt sur le milliard d’€ empoché alors que leurs conseils sont à la portée de sociétés de conseils éminentes et françaises sauf à croire que nous ne sommes plus bons à rien ! J’ai l’impression que vous vous faites l’avocat du diable et que les intérêts de la France passe au second plan ! Selon moi c’est bien plus grave que vous ne le dites Macron est coupable de favoritisme, de complicité et de haute trahison. Pour cette affaire si Macron n’était pas à nouveau protégé par la fonction présidentielle il devrait être poursuivi par la haute cour de justice, plus communément nommée Cour de Justice de la République !

    1. Soyons concret et comparons avec un plombier Ou un sous-traitant informatique. La facture de ce dernier comporte déjà 20 % de TVA qui vont venir immédiatement Dans la poche du Trésor français
      Ensuite, si vous comparez la facture à un salaire, vous trouverez que le plombier est honteusement favorisé, et qu’il y a peut-être une magouille derrière cela. En général vous avez tort, mais il peut arriver que le plombier (ou le garagiste ) vous facture un travail qui n’a pas été fait. Ce n’est pas bien, mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut jamais faire appel à un plombier.

      Quant à la mondialisation des informations par ces entreprises internationales, ça a été plutôt une bonne chose à mon avis face a la pandémie. Nous avons trouvé le temps long, mais on verra bientôt qu’on est allé très vite pour mettre en place efficacement un vaccin et des dispositions qui ont limité la propagation du virus. Et c’est probablement grâce a la mondialisation de toutes les données.

      Bref il faut rester factuel et concret et ne pas se lancer dans des extrapolations idéologiques alors qu’il y a des questions bien plus graves à traiter, et que nous devons choisir la meilleure équipe pour cela.

  12. Bonjour,

    Je ne suis pas de votre avis. Cette affaire Mc Kinsey n’est pas un non évènement monté en épingle pour des raisons électorales. Elle me fait plutôt penser aux poupées russes….
    Fraude fiscale, conflit d’intérêt, ingérence étrangère dans le fonctionnement d’un état souverain (non je plaisante..), il ne manque plus que la corruption de fonctionnaire…
    Tout cela ne peut pas être écarté d’un revers de main sous prétexte que ça se fait ailleurs et peut-être en pire. Quant à la soit-disant incompétence en informatique qui justifierait l’emploi d’un cabinet de conseil international, comme par hasard américain, c’est non seulement un grave aveu de faiblesse mais aussi une tarte à la crème dans la face des ambitions « digitales » , vous apprécierez l’anglicisme à la mode, que Macron a prétendu faire sortir de son chapeau depuis 5 ans… en prestidigitateur raté.
    Visiblement, nous n’avons pas la même idée de la démocratie et de la souveraineté nationale, deux valeurs de plus en plus piétinées par un VRP de l’euro-atlantisme.

    1. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas de fraude fiscale (voir l’article) mais une inadaptation de la fiscalité des pays occidentaux aux entreprises dont les travaux ont une base internationale. Comme dit, le gouvernement français est actif pour chercher une parade (Taxation du chiffre d’affaires), mais est bloqué par l’Irlande pour les raisons que vous savez
      Pour le reste, avez-vous remarqué que votre plombier vous facture un prix très éloigné du SMIC et qu’il vous facture parfois des travaux qui ne sont pas indispensables (votre garagiste aussi). Je ne dis pas que c’est bien, je dis que c’est la réalité courante etla solution n’est pas d’interdire de faire appel à un plombier. Et puis Le nom de McKinsey excite, mais si j’ai bien compris, 98 à 99 % des facturation sont allés à des cabinets français

      Enfin, et j’ai oublié de lui dire de l’article, 20 % des sommes citees représentent la TVA qui revient immédiatement au trésor français

      Quand ton secret nationaux, tu me félicite plutôt de l’inverse concernant la politique sanitaire pendant la pandémie : C’est grâce a la mondialisation de toutes les informations que l’Occident a bien réagi. Sur l’instant on a trouvé le temps long, mais rétrospectivement La mise au point et la distribution des vaccins, ainsi que les mesures de prudence seront jugés comme une réussite

  13. Dans cette affaire, beaucoup de journalistes, citoyens, politiques ou spécialistes utilisent un filtre de lecture militant pour essayer de comprendre ce qui s’est passé, par exemple l’anti-américanisme primaire, ou le nationalisme viscéral angélique, voire l’idéologie de la démocratie étiquetée « directe ». Ces postures sont assez différentes des questionnements relatifs aux conflits d »intérêts, ou aux aspects fiscaux de cette histoire. Pour ma part, ce sont ces postures militantes qui posent questions: les conseils prodigués par des sociétés étrangères sont-ils à priori dangereux pour la France ( y a t-il des aspects de la vie politique, économique voire militaire de la France qui seraient méconnus des USA, de la Chine ou du Mali ?). Les sociétés de conseils françaises seraient-elles à priori plus compétentes que leurs homologies américaines pour analyser certains fonctionnements de la société française ? Il y a des historiens ou des économistes étrangers qui en savent beaucoup plus sur la France que certaines personnalités politiques françaises….Le prétendu « souverainisme » de certains »patriotes » est parfois purement déclaratif, exemple emblématique de ce nationalisme formel et illusoire: être fier (à juste titre, certes) d’être une puissance nucléaire alors que personne aujourd’hui en France n’ose brandir la menace atomique française face à une puissance étrangère agressive et expansionniste (ça sert à quoi, alors, la dissuasion nucléaire ?) et se cache derrière sa télé en s’inquiétant de la montée du prix du pétrole et du gaz…étrangers! En économie, c’est un peu pareil: si on veut que tout soit fait en France et par les Français (industries, commerces, tourisme,…et conseils !), il va falloir en payer le prix (des produits et des services) et le dire aux Gilets Jaunes et aux électeurs . Quant au prétendu « danger » anti démocratique des conseils, c’est plutôt l’inverse qui m’inquièterait: un pays qui refuserait tout conseil étranger serait un pays fermé, vite dépassé par les évolutions du monde extérieur, et donc fragilisé par les intrusions étrangères dissimulées derrière nos illusions protectionnistes formelles. Quant à dire que les conseils seraient des ordres mis en application servile par l’État, encore faut-il le prouver….Personnellement, j’attends cette preuve. Reste ma question déjà posée, par ailleurs : y a t-il redondance entre les cabinets de conseils et les travaux de la Cour des Comptes, ceux du CESE, ceux du Conseil d’Analyse Économique, ou ceux d’autres institutions publiques ou privées françaises ?

    1. Je suis d’accord. Quant à la redondance, évidemment je n’en sais rien. L’intérêt de s’adresser à des étrangers est d’en limiter le risque

  14. Merci Yves pour tes billets si bien écrits. Je les lis tous, mais celui-là me fait réagir car, même si tu prends bien soin d’expliquer la moindre participation des cabinets dans l’univers français par rapport aux autres nations, cela m’indiffère car comparaison n’est pas raison. De plus par humour tu dédouanes l’Oncle Sam.. Mais un point sur lequel je ne t’ai pas entendu disserter, ce sont les missions elles-mêmes ? On peut effectivement dire que nous sommes mauvais en informatique, merci pour l’ANSSI, mais il existe des secteurs où nous faisons aussi bien, voire mieux qu’eux. Je le sais par expérience où mes cadres expliquaient aux cabinets qui ne savaient pas comment fonctionnaient les administrations, ne connaissaient pas la culture de « l’entreprise », avant d’inclure dans leur rapport ce que nous disions… Je suis donc très dubitatif et je pense que le Sénat a eu raison de mettre un doigt sur cette problématique. Amicalement à toi

    1. Il est certain que les cabinets, comme tout autre fournisseur, font flèche de tout bois pour justifier ou augmenter leurs factures, aux besoins en » pompant « des documents internes. Il y en a même qui se font missionner par un clan pour lui donner des munitions contre un autre. Celui qui a vu un artisan proposer des travaux inutiles comprendra ça très bien. Mais c’est le boulot du client de ne pas se laisser manœuvrer. Il est certain aussi Qu’il y a parfois, et probablement souvent, connivence avec le donneur d’ordre pour casser une résistance interne.

      Par contre, je connais l’inertie des services informatiques des grandes boites ou de l’administration, et je comprends la tentation de les bousculer

      Tout ça, ce sont des questions du style de direction et de circonstances, toutes choses normales dans la vie des affaires. Mais prendre des exemples extrêmes à la veille d’une élection importante me paraît avoir une autre motivation

  15. Brillant, mais…
    Bac+ 16, 38 ans de pédiatrie, 2300 euros net de retraite et interdit d’activité professionnelle sur recommandations de gens du style Mac Kinsey.
    Vous parlez vraiment de justice ?
    Théorie et pratique…

    1. Merci pour ce témoignage.
      J’en profite pour vous dire que je suis très partisan de la liberté totale du cumul emploi retraite, y compris chez l’ancien employeur. Voir : https://www.yvesmontenay.fr/2022/04/05/lage-de-la-retraite-la-bataille-contre-les-prejuges/
      Les retraités sont précieux, et les médecins retraités encore plus. Ça m’intéresse que vous me disiez si vous êtes certain que cette interdiction vienne de McKinsey, car elle n’est vraiment pas logique. De toute façon, l’ordre des médecins a dû être consulté ? Je ne connais pas bien McKinsey et je ne les ai cités que par ce qu’ils servaient tête de Turc, alors qu’ils ne représentent que 1 % de la facturation

      En fait, si vous lisez l’article vous verrez que ses deux points principaux ne visent pas tellement le conseil mais plutôt l’utilisation électorale qui en a était faite et surtout l’ignorance qui mène la majorité des Français à comparer un salaire net et la facturation d’une vente. Dans cette dernière il y a bien d’autres choses que le salaire de l’intervenant (voir l’article), sans parler des 20 % de TVA que j’ai oublié de signaler dans mon texte

      1. j’ai comme l’impression que cette interdiction d’exercice professionnelle est due au refus d’injection d’une thérapie génique !
        mais, je peut me tromper !

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