Grandeur et décadence de l’Islam

Poursuite de mon dossier consacré à l’Islam, avec un I majuscule c’est à dire le monde ou la civilisation musulmane et non pas seulement la religion qui s’écrit « islam » avec un i minuscule, avec la deuxième partie historique, des origines au courant du XXe siècle.

Pourquoi ce dossier ?

L’islam est une religion pratiquée par un peu moins d’un quart des habitants de la planète. C’est donc une réalité importante. Or elle est mal connue, même par les musulmans. Et cette méconnaissance tourne bien souvent à l’hostilité réciproque du fait de la violence de certains de ses courants.

Les fidèles sont pénétrés de leur foi et le dialogue est difficile, alors que d’autres religions, soit par nature, soit du fait de gouvernements laïques, ont l’habitude d’un examen critique.

Toutes ces raisons font qu’il me semble qu’un « état des lieux » est utile tant pour les musulmans que pour les non-musulmans.

J’ai eu l’occasion de le faire dans une grande école française pour un groupe d’une trentaine d’élèves composée de Maghrébins, de musulmans grandis en France, de chrétiens arabes et de Français non musulmans curieux.

Cet article est le deuxième d’une série, le premier traitant de la controverse sur les origines de l’islam, et le troisième, à paraître bientôt, traitera des problèmes contemporains.

Je commencerai par évoquer des origines de cette religion, notamment parce que les musulmans abordent leur religion par les textes décrivant cette époque, généralement dans l’enseignement public de leur pays.

Il en résulte des convictions profondément ancrées pour une partie importante des croyants. Ils sont donc heurtés par les analyses historiques dubitatives que nous avons vu dans l’article précédent.

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Les débuts de l’islam vus par les musulmans

Selon la tradition, Mahomet a reçu la parole de Dieu et l’a transmise oralement à ses disciples à partir de l’année 610. Il meurt en 632. Le relevé de sa parole, le Coran, n’a été écrit qu’en 647 en rassemblant, à la demande du calife Othman, des témoignages verbaux et parfois écrits.

Les croyants insistent sur le fait que la perfection de cette parole montre bien qu’elle est d’origine divine. Le texte lui-même est souvent construit comme une sorte de poème destiné à être psalmodié. De nombreuses allusions au contexte de l’époque sont obscures aujourd’hui et font l’objet de controverses entre spécialistes.

Au Coran s’ajoutent deux textes, et l’ensemble des trois constitue « la Sunna », que l’on traduit en général par « tradition ». Il s’agit de la Sira et des hadiths. Le premier est le récit de la vie du prophète et le second, des témoignages écrits transmis par une chaîne de témoins, et très difficiles à authentifier. Néanmoins un énorme travail fut accompli dans ce domaine et une petite minorité de ces témoignages furent officialisées.

Contrairement à d’autres leaders religieux tels que Jésus ou Bouddha, Mahomet fut aussi (et peut-être avant tout) un commerçant, un homme politique et un chef de guerre. Il était donc profondément impliqué dans la vie civile, autant que dans la vie religieuse.

Pour certains problèmes concrets, il eut une révélation sur la façon de les régler, qu’il transmit verbalement à ses compagnons.

Une partie du Coran comprend donc des règles à appliquer à la vie économique et politique, par la guerre si nécessaire, instituant une unicité du temporel et du spirituel : la vie civile doit suivre les principes de la religion révélée.

Cette partie du Coran est appelée « les sourates médinoises » qui contrastent avec « les sourates mecquoises » plus axées sur les grands principes religieux et révélées à une époque où Mahomet vivant à la Mecque et marié à une femme riche, n’était pas impliqué dans les problèmes concrets. Remarquons que c’est un classement « intellectuel », ces deux types de sourates étant mélangées dans le texte actuel.

Cette vision traditionaliste et très largement enseignée des débuts de l’islam, n’est aujourd’hui plus la seule, comme je l’exposais dans l’article précité.

L’apparition d’une « civilisation islamique »

Dès la fin du 7e siècle, après la mort de Mahomet, les Arabes prirent le contrôle du sud et de l’est de l’empire byzantin de culture gréco-latine, ainsi que de de la Perse, aujourd’hui l’Iran, pays de très ancienne culture.

Ce dernier pays se distingua rapidement du monde arabe en choisissant une variante de l’islam, le chiisme, dont l’organisation et la théologie ressemblent davantage à celle de l’Eglise catholique. Mais cette branche de l’islam étant très minoritaire (de l’ordre de 3 % des croyants), je n’en parlerai pas davantage.

« Les Arabes » – terme qui désignait à l’époque les peuples d’Arabie, considérés comme des guerriers incultes – encadrèrent donc des populations non arabes ayant les savoirs et pratiques politiques, scientifiques et architecturales de ces civilisations.

Ces populations soumises s’arabisèrent et se convertirent peu à peu, notamment pour des raisons sociales et fiscales, tout en gardant leurs savoirs. Il en résulta ce que certains appellent « la civilisation islamique » à forte teinture grecque et perse, notamment en mathématiques et en médecine.

Il en découla notamment deux positions sur la question de l’unicité du temporel et du spirituel :

la « tradition longue » qui distingue le politique du religieux et permet à de dernier de se séparer (jusqu’à un certain point) du religieux ;
la « tradition courte » qui considère que le religieux, en tant que réceptacle de la parole de Dieu, doit diriger l’Etat. Elle est à l’origine des partis islamistes.

Dans le premier cas, le Palais est prépondérant sur la Mosquée pour ce qui concerne l’organisation de la vie civile ; dans le deuxième cas, la Mosquée a la mainmise sur le Palais.

Je laisse aux exégètes le soin de dire si l’opposition entre ces deux tendances recoupe plus ou moins celle entre les mutazilites, plutôt rationalistes, et les hanbalites dont une partie des partisans ont donné les islamistes d’aujourd’hui.

Cet « Age d’Or de la civilisation islamique » fut caractérisé par une fécondité intellectuelle qui dura jusqu’aux alentours de l’an 1000, et est toujours célébrée aujourd’hui.

Certains musulmans vont même jusqu’à dire que la transmission des œuvres antiques prolongées par des travaux arabes sont à la source du développement de l’Occident. Ce contre quoi s’élèvent d’autres historiens qui privilégient l’apport direct des Byzantins, et les échanges entre monastères chrétiens occidentaux et orientaux.

Mon objet ici n’est pas d’entrer dans cette querelle, que je trouve un peu abstraite.

Je remarque simplement que le tournant musulman dont je vais parler plus bas fit que l’Occident fut ensuite le seul à se développer à partir de la deuxième partie du Moyen Âge.

L’extension du monde musulman pendant le Moyen Âge

Les musulmans allèrent rapidement au-delà de cette partie de l’empire byzantin et de la Perse. Ils conquirent le Maghreb, malgré une longue résistance des Berbères, puis, plus facilement l’Espagne et remontèrent jusqu’à Poitiers où il furent arrêtés par Charles Martel en 732. Son fils Pépin le Bref reprit Narbonne en 759. Cette contre-offensive occidentale culmina avec les croisades au IXe et Xe siècle.

Cet épisode, qui nous paraît maintenant lointain, a durablement marqué l’imaginaire musulman et est encore utilisée aujourd’hui comme argument anti-occidental.

En Orient, les musulmans convertirent des peuples mongols, dont les Turcs, qui prirent finalement Byzance en 1453, et soumirent l’Europe centrale et balkanique jusqu’à Vienne. D’autres Mongols islamisés conquirent l’Asie centrale puis le nord-ouest de l’Inde, ancêtre du Pakistan actuel.

Beaucoup plus loin à l’est, hors de portée des armées arabes ou mongoles, les « commerçants–missionnaires » arabes convertirent l’actuel Bangladesh et le monde malais : Malaisie, Indonésie, une partie des Philippines et une petite minorité de Chinois, soit environ le tiers des musulmans d’aujourd’hui.

Ce fut une avancée pacifique, peu connue en Occident où l’on se souvient plutôt d’invasions.

La « première réaction islamiste »

Je baptise ainsi ce retour aux sources et à une vision radicale de l’islam. Il fut assorti d’autodafés des livres non musulmans, de violences et d’assassinats d’hommes politiques non conformes à la nouvelle position de l’islam, notamment par la secte des ashashins, littéralement « drogués au ashich pour aller au bout de leur mission », d’où est tiré le mot français « assassin ».

On pourrait résumer cette réaction islamiste par : « Les ennemis ne pouvant triompher que si Dieu en décide ainsi, c’est qu’il veut nous punir de nous être écarté du véritable islam. Revenons à la source, à l’époque des “anciens(salafiya, d’où salafiste) » et à  la volonté de Dieu (par opposition au raisonnement) », ce qui revenait souvent à nier toute causalité et donc toute démarche scientifique ou tentative d’innovation, considérées comme hérétiques. Attitude résumée par la formule « bila kayf » (Il n’y a pas de pourquoi).

Ce retour à une vision fondamentaliste explique probablement les déboires économiques et militaires des peuples arabes pendant la seconde moitié du Moyen-Âge face aux Mongols et aux Turcs. Puis ceux de l’ensemble du monde musulman face aux Occidentaux, dans un contexte de stagnation économique et donc démographique.

L’irruption de l’Occident au XIXe siècle

Le XIXe siècle représenta un nouveau tournant pour le monde musulman. Il fut préparé par deux chocs psychologiques importants : la déroute turque après le 2e siège de Vienne en 1683 et surtout l’arrivée de Napoléon Bonaparte en Egypte en 1798.

Ces évènements engendrèrent deux types de réactions : celle des modernistes et celle des futurs islamistes.

Les modernistes imitèrent les institutions occidentales et firent appel aux Européens à titre privé. Ces derniers prirent alors conscience de leur formidable supériorité technique, organisationnelle et (alors) démographique.

Le Japon fit de même, mais à la différence des pays musulmans, les modernistes de gardèrent le pouvoir et rattrapèrent le niveau occidental, par imitation dans un premier temps, par leurs propres forces ensuite. La Chine est lancée dans une évolution analogue, mais beaucoup plus tardive, Le « communisme féodal » de Mao, que l’on pourrait qualifier d’équivalent lointain des islamistes reprenant actuellement du poids.

Finalement, les réformes des musulmans modernistes échouèrent face à ce que j’appelle la deuxième réaction islamiste, notamment en Égypte où elles avaient été lancées à la suite du passage de Napoléon.

Ce non-développement permit aux Européens de s’implanter par le colonialisme direct (Algérie, Indonésie, futur Pakistan…) ou indirect (Égypte, et dans une moindre mesure, le reste du Maghreb et du Moyen-Orient).

Le XXe siècle, l’inversion démographique et la réaction anticoloniale

Il n’y a qu’en Turquie que le kémalisme s’opposa à l’islam dogmatique et réussit à le mettre sous tutelle dans les années 1920, jusqu’à la contre-révolution islamiste conduite aujourd’hui par le président Erdogan.

Cet échec des modernistes musulmans et la colonisation qui en suivit, firent que les contacts avec les Occidentaux eurent lieu dans des situations d’infériorité et souvent d’humiliation pour les populations locales.

Un formidable ressentiment, mâtiné d’impuissance, s’accumula, tant envers les Européens qu’envers les élites occidentalisées, souvent chrétiennes au Moyen-Orient parce que scolarisées à l’occidentale.

C’est dans ce ressentiment que les islamistes puisent leur force.

Les islamistes s’allièrent aux nationalistes pour lancer la lutte anticoloniale, qui se termina par des indépendances, dans l’ensemble pacifiques (Maroc, Liban et bien d’autres), mais parfois à la suite de véritables guerres (Algérie, Indonésie…).

Un exemple emblématique de cette union fut la prise de pouvoir par le président Nasser en Égypte, qui se fit avec l’appui des Frères musulmans, contre lesquels il se retourna dans un deuxième temps. Nasser fut un temps le grand espoir du monde arabe, même si, avec le recul actuel, sa réputation est plus nuancée aujourd’hui.

Le succès de cette lutte anticoloniale découla en grande partie du renversement de la situation démographique par la colonisation.

Cette dernière a largement diminué la mortalité en diffusant le progrès médical, mais aussi en apportant de la nourriture pendant les périodes de famine qui étaient des dévastatrices auparavant. Mais, parallèlement, la fécondité traditionnelle s’est maintenue du fait de la coupure culturelle, elle-même cultivée par le religieux.

Il en est résulté une explosion démographique, avec par exemple le passage de la population égyptienne de 2 à 3 millions sous Napoléon à 103 millions aujourd’hui, ou celle de la population musulmane d’Algérie, de 2 à 3 millions en 1830 à 45 millions aujourd’hui.

Et maintenant, passons au XXIe siècle

Vous connaissez maintenant les principales données : le démographie, les indépendances, la rivalité entre islamistes (au sens large) et modernistes. Dans mon tout prochain article, je vous dirai comment ces éléments se combinent et interfèrent avec reste du monde et notre actualité.

C’est-à-dire que nous passerons de l’histoire à la géopolitique.

Yves Montenay

11 commentaires sur “Grandeur et décadence de l’Islam”

  1. L’humiliation est un ressort puissant dans la mentalité collective musulmanes. Alors, être battu militairement par des Juifs méprisés, et aussi sur les plans scientifique, culturels, comment le supporter ?
    Comment en sortir ?

    1. Sur le plan militaire, les premiers jours de la guerre du Kippour ont vu des défaites israéliennes. Si finalement les armées arabes ont été battues, leurs succès initiaux ont détendu psychologiquement les gouvernements arabes qui ont fait ensuite fait la paix avec Israël. Mais votre remarque reste vraie dans l’ensemble, et il y a une double réaction : l’activisme violent, et l’abandon de l’islam : voir mon article « l’islam est-il vraiment en expansion ? » et le rappel de cette question dans mon article qui va venir dans quelques jours

  2. – « Comment se produit la décadence ? Quels sont les facteurs qui la déclenchent ? Est-elle une fatalité dans la vie des organismes sociaux qui, à l’instar des organismes vivants, connaissent une naissance, une croissance et une fin ? »

    Ce sont les questions que pose Nour-Eddine Boukrouh dès le début de son article du 9 décembre 2022, intitulé « Comment s’est produit la décadence du monde musulman ? » (sur oumma.com). En suivant il écrit : « Le phénomène a intéressé très tôt les philosophes de l’histoire […] Dans le cas de la civilisation islamique, la plupart des historiens conviennent que ses déboires ont commencé trente ans environ après la mort du Prophète [etc.] »

    Nour-Eddine Boukrouh raconte lui aussi une histoire, celle de Mahomet à nos jours, celle de l’Islam (avec un grand I), pour finalement ne nous laisser rien entrevoir de bon. En tous cas je ne vois pas. Maintenant, si, comme en conviennent la plupart des historiens, les déboires de la civilisation islamique ont commencé si tôt… je me demande alors quand ont commencé ceux de la notre. Trente ans après la mort de Jésus, ou bien trente ans après celle de Socrate ?
    Et finalement, le plus important… et les miens ? Pour rire je dirais qu’ils ont commencé le jour de ma naissance. Ce qui est sûr c’est qu’à mon âge je suis sur le déclin. Adieu la croissance et bonjour la décadence. Puisse-elle être prospère et durable, comme on dit, en attendant.
    Oui tout a une fin ! Et alors, est-ce un problème ?
    Bien que j’en mesure un peu les conséquences sur nos vies actuelles (tout et lié), j’avoue que cette décadence du monde musulman me préoccupe bien moins que la décadence de notre monde tout court. « Comment en sortir ? »… demande Jacques.
    Et si… justement… il n’y avait aucun moyen d’en sortir ?

  3. Décadence: pourquoi ce terme péjoratif ?
    Celle de l’Islam me fait penser à celle du bouddhisme telle que l’interprète Van Gurlik dans les enquêtes du juge Ti. Littérature ? L’auteur est un des plus éminents sinologues du XX°. Il rend compte de la lutte contre le taoïsme et sa férocité.
    Les querelles de l’islam sont comparables aux soubresauts qui ont agité le christianisme et ne se sont pas soldés, jusqu’à le perturber de pis en pis.
    L’extraordinaire qualité de la controverse Thomas / Ibn Rushd n’a pas prospéré dans les mentalités et « l’intelligence de la raison » n’a jamais trouvé son public.
    Le christianisme occidental, évangélistes exclus, meurt d’une Curie déconsidérée, de prêtres félons, d’Etats sauvages où la soumission à l’immédiat l’emporte sur la réflexion jusqu’à falsifier les raisonnements, faute de preuve des thèses avancées.
    Moi aussi, je suis à la veille de dîner chez Pluton, mon bagage est prêt et je crois que nous sommes à une période d’évolution que rien n’aurait pu changer, nous sommes dans la nécessité. Notre faculté d’intelligence ne fait qu’iriser la surface de notre monde et même si nous trouvions, dans un avenir imprévisible, le moyen de comprendre notre souche d’évolution, nous n’aurions pas franchi le seuil de l’avenir.
    Il n’y a pas de décadence, il y a le devenir. Demandons aux dinosaures ce qu’ils en ont pensé.
    Cordialement.

    1. Il y a un malentendu. J’ai bien précisé en début d’article que islam » avec un « i » majuscule signifie « le monde musulman » ou « la civilisation musulmane » et non la religion. Or le monde musulman a bien connu des époques de décadence, par exemple face aux Occidentaux, et sa civilisation de même à partir de ce que j’appelle la première réaction islamiste. Pour la religion, n’étant pas théologiens, je ne peut porter de jugement. De toute façon ce serait difficile vu l’immense variété des écoles et des convictions individuelles.

  4. Expansion, décadence ? Ces évolutions d’une population sont depuis la nuit des temps hors de la volonté des individus. Comme les millions de déclics (mauvaises recopies) de l’évolution des premières cellules vivantes à nous. La force de l’Islam? On ne peut réduire en esclavage un musulman…. La force de l’Occident ? La conviction que l’individu n’a pas à se soumettre à des autorités transcendantes. La faiblesse de l’islam, évoquée dans le billet, la soumission sans remise en cause des autorités, rêvant de suspendre le temps et de maintenir les choses comme au 8ème siècle. La faiblesse de l’occident , l’individualisme « ma volonté et mon plaisir d’abord » , notamment pour les femmes qui veulent être des hommes comme les autres. Il y a des solutions …. les rendre majoritaires et appliquées est une autre histoire.

    1. Merci pour cette réflexion. Je voulais simplement signaler, en restant dans mon domaine de compétence, que la croissance démographique des pays musulmans est très variable d’un pays à l’autre et non uniformément galopante comme on le dit souvent. Et que la population de ces pays n’est pas toujours aussi musulmane qu’on le pense.

  5. En cette fin octobre 2023, après le micro génocide perpétré en Israël par le Hamas au nom de l’Islam, on peut se demander où la « décadence » menace si on lit la Tribune d’artistes publiée dans un journal qui porte si mal son nom, l’Humanité. Elle est peut-être là, en Occident, la future « décadence ». Des gens instruits et cultivés qui font comme Jean Marie Le Pen et considèrent que la boucherie barbare de civils sans défense (le 7 octobre dernier) n’est qu’un « Détail » dans la conflit en cours: oubliée la spécificité de cet instant d’horreur par nos belles âmes occidentales. Moins qu’un détail, même, une évacuation (au passage, heureusement que Tsahal ne pratique pas la réaction dite « proportionnée » réclamée par ces dits « artistes », qui ne se rendent même pas compte de ce qu’ils signent). En cette fin 2023, comment caractériser aussi la réaction de la « civilisation musulmane » à l’égard du Hamas (entre autres organisations prétendant agir au nom des Musulmans) ? Grandeur ou Décadence ?

  6. J’aimerais bien que votre scénario (excessivement) optimiste se réalise: il ressemble un peu trop à celui du christianisme (qui a su être barbare, lui aussi).

  7. Je dirais plutôt que l’islamisme est une forme décadente de l’islam (religion). Comme le sont l’intégrisme, le «catholicisme intégral», le fondamentalisme etc. dans d’autres religions. Tous ces courants ont en commun le dogmatisme et la violence, ils apparaissent toujours en réaction à une certaine direction que prend la société, ils ont donc tous une vision politique de la religion. Après tout, ne dit-on pas que tout est politique ?
    Si on peut avoir une idée de la direction d’une société, ou civilisation (prospérité, stabilité, déclin, décadence…) autant il est plus difficile de prédire l’avenir d’une religion. Notamment celui de ces trois dites du Livre, sur lesquelles se sont construites ces deux civilisations, la dite occidentale et la dite musulmane. Depuis un moment déjà ces vieilles religions étaient concurrencées par d’autres (athéisme, progressisme, scientisme, consumérisme etc. etc.) Elles sont maintenant de plus en plus intégrées, dissoutes, dans ces dernières. La direction semble donc être une civilisation mondiale, avec une gouvernance mondiale, visant à constituer l’unité politique du monde etc. C’est d’ailleurs ce que souhaitent les mondialistes. Une civilisation mondiale avec autant d’intégristes religieux qu’il existe de religions. Une civilisation mondiale en pleine décadence.

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