Billet de voyage de Bulgarie

Venant de Roumanie, le Bulgare c’est l’ennemi héréditaire, bien que partageant largement la même religion orthodoxe et les mauvais souvenirs de la domination turque, dont ils se sont débarrassés en 1878. Commerce oblige, ce dernier point a tendance à s’estomper. Par contre, il y a deux amis des Bulgares qui ne sont pas du goût des Roumains : la Russie et l’Allemagne.

Le grand frère russe a longtemps été le protecteur de la Bulgarie dont la langue est très voisine, et de nombreux Russes ont aidé les Bulgares dans leur lutte contre les Turcs. L’imposition du communisme par l’URSS a néanmoins apporté un bémol. Quant aux Allemands, ils avaient le soutien des Bulgares pendant la Première Guerre mondiale et la Roumanie, alliée de la France, a vu son territoire largement occupée par les Bulgares et les Austro-hongrois.

Tout ce passé belliqueux, qui remonte aux invasions de l’Empire romain puis byzantin, semble s’éloigner, les jeunesses roumaines et bulgares cherchant plutôt à s’européaniser, voir s’américaniser. La Bulgarie se satisfait d’être « un beau petit pays tranquille ».

La capitale, Sofia, aux pieds des montagnes, donne l’impression d’une grande ville de province calme et propre, avec un centre bien restauré et de grandes avenues piétonnes animées, bourrées de commerces (ouverts le dimanche …) très souvent d’un excellent design moderne et largement occupées par les terrasses de cafés et de restaurants. Dès que l’on s’éloigne du centre, se multiplient les immeubles d’un gris sinistre. Mais ils reprennent vie et belle allure dès qu’on les repeint en jaune et rouge.

Les églises sont bien fréquentées, mais plus par les touristes que par des pratiquants. Sans doute faudrait-il s’éloigner du centre. Car l’orthodoxie, c’est sérieux, c’est même elle qui sauvera l’Europe de son matérialisme libéral, m’explique-t-on. Il n’est pas certain que ce soit le combat de la jeunesse.

Quant aux historiens, ils ont tendance à penser que l’orthodoxe, avec sa piété presque idolâtre, sa hiérarchie et un certain fatalisme (tout cela rappelant vaguement l’Église catholique de la fin du Moyen-Âge) est pour quelque chose dans le retard du développement par rapport aux pays protestants. On pourrait rajouter que « nos » catholiques ont été « protestantisés », puis ont rejoint « les chrétiens réformés » dans cet indiscutable matérialisme libéral souvent athée. L’orthodoxie est là pour nous ramener à la sérénité.

Yves Montenay

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