Le 15 janvier 2016, le pétrole est tombé en dessous des 30 dollars. Cette baisse a donné lieu à une série d’articles très alarmistes des médias internationaux économiques et financiers, alors que la grande presse se félicitait du gain pour le consommateur français. Ces articles alarmistes ont semé la panique et les marchés ont fortement baissé.
Les alarmistes soulignent à juste titre que de nombreux pays producteurs seront déstabilisés : l’Algérie, l’Iran, l’Irak, le Venezuela, l’Angola, le Nigéria, la Russie, etc. Leur message est que la déstabilisation d’autant de pays importants ne peut-être que bouleverser l’économie mondiale.
Cette déstabilisation devait de toute façon arriver
Il y a du vrai, mais il faut remarquer que la plupart de ces pays ont une gouvernance calamiteuse depuis longtemps, qui les avait déjà profondément déstabilisés. Les populations y ont accumulé une profonde exaspération pouvant de toute façon mener à une issue violente. Il vaut peut-être mieux que des changements y aient lieu le plus tôt possible. Or des prix élevés ne font que retarder l’échéance et les enfoncer davantage, tout en ponctionnant les revenus non seulement des Occidentaux, mais surtout, on l’oublie, ceux des plus pauvres, indiens par exemple.
Remarquons que cette déstabilisation a son exacte contrepartie positive dans les économies du reste du monde, puisque la somme qui manque aux uns bénéficie aux autres. Cela devrait nous consoler et éventuellement permettre quelques secours aux populations concernées, quoiqu’en ce domaine il faille soigneusement veiller à ce que l’argent ne soit pas détourné.
Et est-ce vraiment mauvais pour la planète ?
Une autre raison avancée pour regretter la baisse des prix du pétrole est que cela en facilitera la consommation et retardera son remplacement par des sources d’énergie « décarbonées ». C’est vrai, mais il y a d’une part une solution, celle d’une « taxe carbone », directe ou indirecte via un marché mieux organisé que celui qui est en train de s’effondrer en Europe. D’autre part, au-delà de cette solution technique, il y a la nécessité d’une certaine indépendance vis-à-vis des pays producteurs, ne serait-ce que pour éviter une certaine mendicité (les Marocains comprendront, qui subissent cette dépendance). Et on peut espérer que cette nécessité jouera en faveur des « vraies » solutions écologiques.
Remarquons notamment que les premières réactions des pays producteurs ont été de limiter (enfin !) le gaspillage de leur propre production en augmentant le prix dérisoire que payaient leurs citoyens. Et des pays consommateurs ont fait de même, profitant de ce que la baisse des cours compensait plus ou moins celle des subventions. Dans le premier groupe, il y a l’Arabie, dans le second, le Maroc et l’Indonésie.
Parmi ces « vraies » solutions écologiques, il y a le solaire qui a fait de grands progrès en prix de revient, le nucléaire (pas de CO2, pas de revenus allant vers le terrorisme), l’hydraulique en Afrique et autres pays du Sud (mêmes raisons, et plus, c’est du « renouvelable »). Cela sans parler de ce qu’on invente tous les jours, notamment en économie et stockage d’énergie, dont la mise en œuvre sera l’équivalent d’immenses gisements de pétrole.
Parmi les « fausses » énergies alternatives, il y a les « pièges à subventions » que semblent être les éoliennes, et que sont certainement les biocarburants de première génération, qui détruisent des aliments et dépensent davantage d’énergie qu’ils n’en produisent.
C’est également bon à terme pour la sécurité de tous
Par ailleurs, il n’est pas mauvais que diminuent des recettes pétrolières qui ont financé et financent encore souvent le terrorisme, via l’Arabie, la Syrie, l’Irak et peut-être demain la Libye ! Quant aux autres dépenses de ces États, ce ne sont pas les meilleurs investissements pour la planète (j’y ai travaillé, et peux témoigner que les robinets en or ne sont pas une image) sans parler des « gros salaires pour ne rien faire » des nationaux, de la corruption et des « fuites financières » qui pourrissent le monde entier.
Finalement, je ne vois pas pourquoi on se lamente de cette baisse des prix du pétrole, le raisonnement économique et politique étant appuyé par le sécuritaire et surtout par la morale !
Yves Montenay
Egalement publié sur Le Cercle Les Echos