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Face à la Russie le tournant stratégique allemand

L’Allemagne est une grande puissance économique, mais, jusqu’à présent, n’avait pas voulu être un acteur géopolitique.

La réaction antinazie après 1945 a été institutionnalisée par les alliés, et a touché tous les domaines, y compris l’enseignement. Plus d’armée, plus de politique étrangère, des partis de gauche profondément pacifistes : l’Allemagne s’est concentrée sur les questions économiques et commerciales.

Mais l’invasion de l’Ukraine a bouleversé tout cela et a poussé l’Allemagne à sortir de ses visées purement économiques, et pas seulement dans le domaine militaire.

 

75 ans d’histoire : un « nain politique » centré sur l’économie

Au sortir de la guerre, l’Allemagne est idéologiquement traumatisée et profondément culpabilisée. Elle accepte donc l’interdiction de posséder une armée et de développer des armes atomiques, chimiques et biologiques.

Les choses changent à partir de 1955. Avec le soutien des États-Unis, la Bundeswehr (Armée Fédérale) est créée afin de contrer la menace soviétique. Cette décision provoqua de nombreux débats en Europe, et je me souviens de la virulente campagne du parti communiste français, alors très puissant,  sur ce « réarmement de l’Allemagne », campagne bien entendu lancée sur l’ordre de l’URSS.

Tout au long de la Guerre Froide, la Bundeswehr va voir ses effectifs augmenter, mais après la chute du mur de Berlin, l’Allemagne estime la menace soviétique disparue et prend la décision de réduire ses effectifs pour se placer sous le parapluie nucléaire américain.

C’est donc sur les entreprises que l’Allemagne va s’appuyer, et réciproquement, pour s’imposer comme une grande puissance économique. Pari réussi qui fait de l’Allemagne la première économie européenne et la première contributrice au budget de l’Union avec 30 milliards en 2020. Elle est devenue un acteur économique de premier plan à l’échelle européenne et mondiale.

Mais cette priorité à l’économie s’oppose de plus en plus à la réalité géopolitique. On pourrait résumer la position du patronat et donc des autorités par : « Ne compliquez pas par des considérations politiques nos relations avec la Russie et la Chine qui sont de grands fournisseurs et, pour la Chine, un immense marché ».

Cela a généré des conflits avec ses alliés, notamment avec la France qui a toujours poussé l’Allemagne à prendre une part plus active dans la défense européenne. En particulier, la France souligne qu’elle est la seule à supporter les coûts d’une « véritable » armée et de son dispositif nucléaire. À ce titre elle estime contribuer à la protection de l’Union européenne.

Parallèlement, l’administration Trump a accusé l’Allemagne de profiter de la présence militaire américaine (34 500 soldats en 2020) sans remplir ses engagements envers l’OTAN. D’où la décision en 2020 de retirer 12 000 soldats de son territoire afin de forcer la main au gouvernement allemand.

Tout cela a fortement inquiété les alliés de l’Allemagne au début de l’escalade militaire de la Russie contre l’Ukraine. Mais l’invasion russe a déclenché un tournant fondamental.

Le choc du conflit sur la politique allemande

Dès 2014, avec l’annexion de la Crimée par la Russie l’Allemagne commence à se soucier de sa défense. Elle augmente ses effectifs de 20% entre 2017 et 2024, passant de 166 000 à 198 000 militaires.

Néanmoins, pendant la préparation pourtant évidente de l’invasion de l’Ukraine, l’Allemagne a continué à hésiter à s’opposer à la Russie et a notamment refusé de livrer des armes antichars modernes à l’Ukraine.

La reconnaissance par le Kremlin des régions séparatistes de Lougansk et de Donetsk et l’invasion de l’Ukraine le mardi 22 février 2022 a brusquement déclenché un changement d’état d’esprit de la classe dirigeante allemande.

Ce jour là, l’Allemagne décida d’arrêter le projet North Stream 2, malgré sa forte dépendance au gaz russe du fait de la fermeture progressive de ses centrales nucléaires.

Dans un deuxième temps, en réaction à l’invasion, l’Allemagne décida le samedi 26 février, d’envoyer à l’Ukraine des lance-roquettes, des missiles sol-air et des obusiers, mettant ainsi fin à sa pratique de ne pas livrer d’armes létales à des pays en guerre.

Le jeudi 3 mars, elle décide d’accroitre ses livraisons d’armes à l’Ukraine avec 2700 missiles antiaériens supplémentaires..; des missiles de l’ancienne RDA, des armes russes qui serviront contre des Russes !

À cette occasion l’Allemagne a constaté le délabrement de son armée, qui est passée de 500 000 militaires à la fin des années 80, à 200 000 de nos jours. Ses interventions s’effectuant uniquement sous mandat de l’ONU ou de l’OTAN, la Bundeswehr est très mal équipée et manque cruellement d’expérience sur le terrain.

Le nouveau chancelier, Olaf Scholz, en fonction depuis décembre 2021, a annoncé au Bundestag le 27 février, un changement stratégique de l’Allemagne. Avec notamment l’augmentation des dépenses militaires à plus de 2% du PIB et le déblocage immédiat d’une enveloppe de 100 milliards pour moderniser l’armée.

C’est un virage total du nouveau chancelier socialiste et des partis de gauche, traditionnellement pacifistes. Cette décision a été approuvée à l’unanimité, de l’extrême gauche à la droite nationaliste

Les conséquences au niveau européen

Cette nouvelle politique allemande relance l’idée d’une défense commune européenne.

L’Ukraine ne faisant pas parti de l’OTAN, et les pays européens ne voulant pas déclencher une guerre nucléaire, les Occidentaux ont riposté sur le plan économique. Les sanctions directes envers la Russie et ses oligarques s’ajoutent au soutien financier et en matériel militaire à l’Ukraine.

Les conséquences économiques ne seront probablement pas suffisamment rapides et brutales pour stopper l’offensive russe, mais certains espèrent leurs premiers effets vont faire réagir l’environnement du président russe… et tout le monde se demande si ce dernier ne finira pas par être menacé.

Le choix du réarmement européen permettrait de renforcer le poids diplomatique de l’Union Européenne. Il est beaucoup trop tôt savoir si cela entraînerait une certaine autonomie par rapport à l’OTAN, mais, en attendant, cela ne peut que soulager les Américains qui sont d’abord préoccupés par l’action de la Chine en Indopacifique.

Emmanuel Macron peut se féliciter de voir Olaf Scholz qualifier de « priorité absolue » la construction de la « prochaine générations d’avions et de chars de combat avec nos partenaires européens, et en particulier la France ».

Indirectement, l’Europe a constaté à cette occasion la puissance de l’armée française, avec sa composante nucléaire, son industrie de défense et son expertise dans le domaine de l’armement, puissance concrétisée par sa capacité de projection à l’occasion nombreuses opérations extérieures.

Cela relativement aux autres armées européennes, mais à condition de ne pas oublier que l’armée française est également victime d’un sous financement très ancien qui n’a été en partie comblée que depuis 2018 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron. Et comme il faut un certain temps pour passer de l’augmentation des crédits au déploiement du matériel dans les unités, l’armée française pourrait aujourd’hui manquer de munitions assez rapidement, selon Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères et de la défense au Sénat (Public sénat, 3 mars 2022)

Rappelons que depuis le 1er janvier et jusqu’au 30 juin 2022, Emmanuel Macron préside le Conseil de l’Union Européenne. Ce rôle n’est pas celui d’un « président de l’Europe » comme c’est trop souvent compris, car ce poste n’existe pas.

Ce Conseil réunit les présidents et les chefs de gouvernement des 27 États membres, et a pour objectif de définir les grands axes politiques de l’Union Européenne, « la commission » présidée par Madame von der Leyen étant l’exécutif européen.

Il est probable qu’Emmanuel Macron y rappellera sa volonté de créer une « Europe de la défense », notamment lors du prochain Conseil Européen des 24 et 25 mars 2022.

 

Finalement la Russie a renforcé ses adversaires

En 7 jours de guerre, Vladimir Poutine a réussi à redonner vie à l’OTAN, à unifier l’Europe, à mettre fin à trente ans de pacifisme allemand, à anéantir tout le capital d’image qu’il avait mis vingt ans à développer parmi l’intelligentsia et la classe politique européenne.

Il a poussé la Suède et la Finlande à envisager de rejoindre l’OTAN et, pire que tout, à redonner un sens et une raison d’être à une Europe engluée dans des problèmes secondaires.

Vladimir Poutine a aussi montré les faiblesses de son armée. Il a unifié l’Ukraine derrière un président supposé amateur, un pays dont il niait encore l’identité quelques jours avant l’invasion,

Parallèlement c’est enfin la prise de conscience par les Allemands, écologistes compris, de l’impasse de leur stratégie de sortie du nucléaire. Cette stratégie, imitée par la Belgique et l’Espagne a plongé tout notre continent, dans une dépendance énergétique préoccupante à l’égard de Moscou.

Certes, tout cela ne permettra vraisemblablement pas de changer le cours de la guerre, puisque l’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN.

Mais ce tournant allemand s’ajoutant aux autres déboires de Vladimir Poutine pourrait renverser la situation à moyen terme, et même plus rapidement en cas de remous internes à Moscou.

Yves Montenay

31 commentaires sur “Face à la Russie le tournant stratégique allemand”

  1. Les traités START et cie qui ont dénucléarisé l’Ukraine, nouvellement indépendante, et d’autres républiques anciennement soviétiques, peu après 1991, n’ont-ils plus aucune validité ?
    A-t-on la preuve que plusieurs courants écologistes en Europe ont été financés, ces dernières années, par la Russie de Poutine ? Cela se dit mais j’aimerais en savoir plus…

    1. Je ne suis qu’un analyste artisanal. Je ne connais pas les secrets des dieux. Il serait logique la Chine et la Russie, et peut-être d’autres, financent tout ce qui peut affaiblir un ennemi.

  2. Espérons que cette séquence historique en cours permettra à de nombreux peuples (et leurs à élites) de comprendre que le commerce avec les pays non démocratiques, de surcroît autoritaires sinon fascistes (de fait), est en danger qui menace le monde libre, à plus ou moins long terme. Beaucoup ont cru que le commerce adoucirait les mœurs les dictatures….En vérité, il semble s’être produit plutôt le phénomène inverse: ce sont les dictatures qui, en commerçant avec les pays démocratiques, ont adouci et endormi ces derniers ! Lénine avait bien raison :les capitalistes vendront la corde qui les pendra. A force d’enrichir les Poutine et autre Xi Jin Ping, on leur a donné le goût de la puissance et l’oubli des limites: on leur a vendu, sans y mettre de conditions, les armes ou la technologie susceptibles de nous écraser. Ceux qui commercent en ce moment avec la Chine devraient y réfléchir vite, et très vite, avant quelle les étouffe, s’ils crient trop fort, le jour où elle décidera d’envahir Taïwan, mais aussi…la Russie (par l’Est), et pourquoi pas…l’Afrique ! La mondialisation naïve a enfin montré (tragiquement, malheureusement) ses risques et ses périls…

    1. Bien d’accord. J’y fais d’ailleurs allusion dans de nombreux articles, notamment ceux sur la Chine où je cite l’Allemagne

    2. @Binh : je n’aime pas plus que vous le régime russe et encore moins la glaçante et cynique dictature chinoise.

      Mais s’il faut se limiter aux relations et aux commerce avec les pays  » acceptables  » (au passage, qui déterminera cela et selon quels critères ?), nous n’irons pas loin ! Parce qu’il faut alors cesser toute relation avec notamment :
      – l’Arabie séoudite qui infecte avec son idéologie whahabite arriérée et meurtrière depuis des décennies tous les pays arabo-musulmans, notamment en Afrique, avec les résultats durablement meurtriers que vous savez ;
      – la Chine donc dont les procédés diplomatiques sont pour le moins rudes et le régime glaçant (je ne plaisante pas : il me fait horreur) par sa répression constante, y compris sur internet ;
      – la Russie puisque M. Poutine recourt à la force ; au passage, c’est oublier la politique d’encerclement pratiquée par les États-Unis depuis 1991 ;
      – les États-Unis parce qu’ils ont créé et manipulé les dictatures bananières d’Amérique centrale pendant plus d’un siècle, qu’ils ont fait renverser Mossadegh en Iran, Arbenz au Guatémala, Sihanoukh au Cambodge, Allende au Chili ou encore qu’ils ont envahi l’Irak en 2003 sans base juridique ;
      – l’Inde parce que le parti hindouiste au pouvoir traite mal les non hindous ;
      – le Nigéria dont la majorité musulmane brime, voire opprime, les chrétiens et les animistes ;
      – le Brésil parce que les pratiques politiques et environnementales de M. Bolsonaro sont plus que douteuses ;
      – etc.

      De grâce, un peu de sang-froid et de réalisme élémentaires. Faut-il, entre autres, rappeler que la France s’est régulièrement  » alliée  » au Grand Turc (l’empire ottoman) pour contrer l’étouffant impérialisme des Habsbourg ? Faut-il rappeler le mot [ » Si Hitler avait envahi l’enfer, je me serais débrouillé pour avoir un mot gentil pour le Diable « ] de Churchill, pourtant anticommuniste viscéral, en faveur d’une alliance avec l’URSS dès que celle-ci fut attaquée par l’Allemagne ?

      Bref, sans être naïf ni complaisant, faisons de la diplomatie et non de la  » morale  » en gardant à l’esprit ce mot de Richelieu : « Bien des hommes sauveraient leur âme comme particuliers qui se damnent comme personnes publiques. »

      1. Je réagis à Griesmar François:
        1) « faisons de la diplomatie et non de la morale ». Oui, tout à fait d’accord (ce que vous ne faites pas vous mêmes, puisque vous nous dîtes: « un peu de sang-froid et de réalisme élémentaires »…!). Il me semble que personne n’a dit, dans nos échanges (et dans les relations internationales en cours) qu’il fallait faire la guerre à la Russie. Il me semble, au contraire, que la réaction occidentale actuelle est assez modérée….donc calme et réaliste.
        2) Au sujet du commerce: tous les contre-exemples que vous citez (pour justifier quoi, d’ailleurs, exactement ?) en matière de commerce ne justifie pas qu’il faille commercer les yeux fermés: oui, l’Occident commerce avec des pays peu recommandables, mais lequel de ces pays non démocratiques a envahi un pays européen ?
        3) Vous nous dîtes « s’il faut se limiter aux relations et aux commerce avec les pays acceptables…nous n’irons pas loin ». C’est le Maître-Mot de la mondialisation heureuse…A t-on essayé, au moins, de commercer le plus possible avec les pays démocratiques, d’abord ? Sur le plan strictement économique, on a surtout fait l’inverse. Au point qu’on se rend compte, maintenant, qu’il nous faille revenir un peu à plus de protectionnisme. A la lumière de ce qui se passe avec la Russie, et bientôt avec la Chine (qui, à mon avis, à terme, va envahir Taïwan et toute l’Asie du Sud-Est) recentrons en effet nos activités commerciales et essayons d’être plus autonomes, sinon plus exigeants avec nos partenaires dans nos relations commerciales (c’est d’ailleurs ce qui est un peu en cours, je le signale, mais c’est tout récent. Exemple du récent accord UE-Vietnam, par ex). Les pays qui ne sont pas regardant politiquement (voire moralement) avec leur partenaire commercial risquent de le payer très cher, un jour (par exemple, ceux qui acceptent la manne chinoise sans conditions…): ils vont aller loin ? Et si oui: où ?

        1. @Binh

          Vous avez dit « anti-américanisme primaire » ; d’abord, il vaudrait mieux parler d’ « anti-étasunisme » car les termes « Amérique », « américain », etc. appartiennent à tous les pays de ce continent.

          Sur le fond, quel pays fait plus que les États-Unis pour affaiblir, voire étrangler, notre industrie de la défense et du spatial ? En voici quelques illustrations.
          – Dernier exemple éclatant : les manœuvres de États-Unis aidés par leur petit comparse britannique pour faire annuler l’énorme contrat signé par notre industrie navale avec l’Australie.
          – Mais on peut aussi parler des pressions et corruptions massives pour faire acheter le F-35 plutôt qu’un avion européen, notamment le Rafale, alors que ledit F-35 souffre toujours de nombreux défauts, comme l’ai dit le chef de l’aviation militaire des États-Unis.
          – On peut citer la façon dont les États-Unis ont « tordu le bras » aux Coréens du Sud pour leur faire acheter le F-35 alors que les responsables militaires de ce pays préféraient le Rafale.
          – Exemple plus ancien mais toujours pertinent : lorsque les États-Unis détenaient le monopole des fusées civiles, ils ont accepté en 1973 de lancer le satellite franco-allemand Symphonie à condition que celui-ci soit uniquement expérimental et ne puisse donc remettre en cause le monopole absolu des États-Unis sur les télécommunications spatiales : là, Français et Allemands, associés à divers autres pays européens, membres de l’UE ou non, eurent la bonne réaction de lancer le programme Ariane avec le succès que l’on sait… ce qui n’aurait pas été le cas si ce projet avait été élaboré dans le cadre de l’UE peuplée de vassaux peureux des États-Unis qui auraient bloqué cette initiative stratégique.
          – Oubliez-vous les hurlements haineux des gouvernements étasuniens à chaque fois qu’Airbus remporte un succès commercial ?

          C’est « de bonne guerre » du point de vue des États-Unis dont la politique est logique ; mais que des États européens soient assez aveugles et pleutres pour se soumettre à ces diktats relayés par l’OTAN au nom d’un « danger russe », réel pour ses voisins mais non pour les pays d’Europe de l’Ouest, cela est lamentable et rappelle la servilité des ligueux ultra-catholiques au XVIe siècle vis-à-vis de l’impérialisme habsbourgeois qui brandissait l’argument de la défense de la foi pour seigneuriser l’Europe, comme l’écrivait justement Richelieu.

          Ne pas être dupe de la propagande étasunienne ou défendre notre secteur électronucléaire contre la stupide politique énergétique de l’UE télécommandée par l’Allemagne, c’est faire preuve de réalisme et de patriotisme. Dans de tels cas, parler d’anti-étasunisme ou de germanophobie, primaires ou non, témoigne d’une vision irréaliste des relations internationales.

          Les États n’ont pas d’amis : les États-Unis ont contribué à libérer la France en 1944 – tout comme la Russie [ex . la formidable mais trop méconnue opération Bagration], le Royaume-Uni, le Canada, etc. – non pas par amour de la France (qu’ils voulaient occuper militairement : cf. l’ « AMGOT ») mais parce que la défaite de l’Allemagne nazie servait leurs intérêts ; de même, la France a rendu possible au XVIIIe siècle l’indépendance des États-Unis d’abord pour affaiblir l’Angleterre.

          Une fois pour toutes, pratiquons toutes les vertus possibles à titre personnel mais, en diplomatie, les principes exposés par Machiavel, Richelieu, Palmerston, Bismarck, De Gaulle ou Kissinger restent valables.

          1. Vous êtes manifestement obsédé négativement par les USA (anti-étatsunisme). Beaucoup plus que par l’invasion de l’Ukraine par la Russie……! Mais je colle à votre commentaire. Les Européens, et les Français en particulier, ont les USA qu’ils méritent ! S’ils avaient éliminé Hitler dès 1938 (voire…avant), ils n’auraient pas eu besoin d’appeler les USA (et le reste du monde) à leurs secours ! Il y a un côté complotisme dans votre vision de la 2ème guerre mondiale: les USA ont essayé de profiter de la victoire sur le nazisme, et je trouve cela assez compréhensible: ils ont payé cher cette libération de la France, et en plus ils avaient assez peu confiance dans la stabilité et la solidité démocratique et économique de la France (Collabo, essentiellement). De l’autre côté, à l’Est, c’est pareil: les Soviétiques se sont payés avec l’Europe de l’Est pour leurs efforts militaires, financiers et humains contre le nazisme. Les USA ne sont pas pires que les Soviétiques dans cette séquence du 20ème siècle, et à choisir, je choisis les moins mauvais: les USA, pour leur démocratie et leur efficacité économique ! Pour l’instant, l’Europe c’est… »peanut » en matière militaire (même la France): et ce n’est pas en rejetant les USA que l’Europe grandira (UE ou autre institution européenne): on a donc besoin des USA, et de l’OTAN. Et contrairement à ce que croient certains (et ce que raconte Poutine), l’OTAN ne menace par la Russie: par contre, Poutine se sent menacé par tout le monde, à commencer par…les Russes eux-mêmes ! Oublions un peu les USA pour expliquer les malheurs du monde, et ceux de la France en particulier: Ils n’ont pas « torpillé » les sous-marins français destinés aux Australiens, c’est tout simplement les sous-marins français eux-mêmes que les Australiens (et AUKUS, plus globalement) ont estimé peu adaptés à la menace chinoise, réelle et en cours (invasion de l’Indo-Pacifique). Commençons par regarder nos propres produits (et nos services), dans un environnement précis, avant de crier au loup, ou à l’entourloupe. Dans le Pacifique, la France fait pitié ! Elle veux vendre des sous-marins qu’elle ne fait même pas naviguer dans le Pacifique, qui est chez elle aussi, pourtant (Tahiti, etc), tellement elle a peur de montrer le bout de son nez ( à cause de ses navires ?). Le « Vendémiaire » qui circulait dans des eaux internationales au large de Taîwan a déguerpi comme un voleur quand les autorité chinoises ont demandé à la France , de manière totalement illégale, de quitter les lieux: humiliation terrible de la France ! Quand l’Australie, ou Aukus, voit ça, elle peut se demander légitimement si les navires français sont crédibles, et je ne parle pas non plus de la désertion française dans le Pacifique qui, sans doute, a été un facteur politique négatif dans cette affaire avec Aukus. Je le répète: on a les USA ou les Australiens (ou les Russes) qu’on mérite. Il fut un temps ou les Vietnamiens appréciaient que les bateaux de guerre français fassent escale à Cam Rang, ou Da Nang: maintenant c’est fini ! Le Vietnam sait très bien qu’il ne sera pas protégé par la France contre la Chine. par contre, les escales des Porte-avions US rassurent. Allez savoir pourquoi…. Il n’y a pas de complot des USA ou de l’Australie contre la France, il y a ..la France elle même, toute seule comme une grande, qui se grille elle-même ! Regardez Erdogan: c’est pourtant…l’OTAN ! Il procure des drones militaires offensifs aux Ukrainiens ! Poutine ne dit rien. Erdogan a combattu contre l’Arménie (alliée de Poutine): aucun conflit. Poutine avance si on recule. Mais il recule si on avance. Et il avancera encore plus si on prend peur de s’opposer à lui. L’Europe va t-elle être obligé de demander de l’aide à Erdogan ? Dans cette affaire en cours, La Turquie est 100 fois moins peureuse que les USA (et ne parlons pas de la France…!) Vous êtes obsédé par les USA en leur attribuant des intentions agressives; en vérité, c’est l’inverse qui se passe: vous devriez être content: les USA disparaissent du Moyen Orient, de l’Afrique et bientôt de l’Europe. Face à la Russie, ou à la Chine, la France comme l’UE ne pèseront rien sans les USA (et je ne suis pas sûr que la résistance française à une éventuelle invasion russe serait aussi exemplaire que celles des Ukrainiens: mais j’aimerais me tromper). En 2022, il faut espérer que la France ne sera pas confrontée au même environnement que celui de 1939…avec les mêmes réactions, qui justifieraient alors le retour de l’Histoire, c’est à dite l’intervention d’une grande puissance (les USA ?) pour la sauver….!

  3. Cher Yves Montenay, nous sommes en train, du fait notamment de la volte face Allemande, de plonger encore un peu plus dans le gouffre. Croyez vous vraiment que l’appartenance à l’OTAN permettra à quiconque d’espérer être soutenu par ses partenaires le moment venu ? Ce n’est pas la signature apposée sur u « chiffon de papier » qui garantira quoi que ce soit. Il faudra cinq minutes aux dirigeants des autres puissances signataires pour justifier une non-intervention qui « pourrait être plus dangereuse qu’utile notamment au pays en cause. » Tous les dirigeants occidentaux professent aujourd’hui que l’Ukraine doit vaincre sans pour autant l’y aider réellement. S’il y a une leçon à tirer des évènements actuels, c’est bien que la Défense est Nationale ou qu’il n’y a pas de Défense du tout. Ce qu’on appelle Défense Européenne est une formule élégante pour dire que face aux empires, toute Défense est devenue inutile et qu’il serait préférable de consacrer les fonds à un meilleur pouvoir d’achat et à un meilleur financement des Tribunaux correctionnels notamment ceux qui sont chargés de réprimer les outrages au chef de l’Etat

    1. Merci pour cette analyse. Pour l’instant le tournant allemand est d’abord national : ranimer la Bundeswehr. L’équiper de matériel français est tout aussi national qu’européen. Pour le reste, je ne suis pas prophète …

  4. Il semble évident, avec ce qui se passe, que la problématique « défense européenne » va devenir une urgence. Quelle que soit la forme qu’elle prendra. Les armées se faisant de moins en moins sur conscription, l’UE peut très bien commencer à se doter de forces « européennes » (il me semble que cela s’est fait, ponctuellement, en Afrique). Ce qui n’est pas incompatible avec le renforcement des armées nationales en UE. Ceci dit, il ne faudrait pas croire au mythe de l’armée française totalement autonome comme bouclier aux invasions: si on se retranche encore derrière une nouvelle « Ligne Maginot », même avec la meilleure armée du monde (comme en 1940), la France ne sera pas protégée si tous nos voisins s’effondrent. La France seule et glorieuse, face au monde entier, c’est finie ! Il vaut mieux, dès maintenant, penser à défendre la France loin de chez elle (avec l’aide des Européens), plutôt que d’attendre qu’elle soit entourée de puissances conquérantes et agressives. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que,aujourd’hui même, les français feraient mieux que les Ukrainiens…(surtout quand on sait que certains groupes politiques français ont perturbé des manifestations de soutien aux Ukrainiens !).

  5. Avec l’invasion de l’Ukraine, Poutine a tiré l’OTAN de son sommeil, il a fait réagir l’Allemagne et a renforcé la cohésion de l’Union Européenne. Il a aussi suscité le nationalisme de l’Ukraine. Pas certain que tout cela soit très malin alors qu’on le présente souvent comme un grand stratège.

    1. Merci. Cela se dit de plus en plus. Ce qui se dit aussi de plus en plus, c’est que même il a tort, il va continuer, en pire. D’où des souhaits de changement à Moscou, mais ça dépasse mes compétences.

  6. certains pensent que la France doit être solidaire de « l’Europe » sur le « front de l’Est » dans l’exact mesure ou « l’Europe » est solidaire de la France sur le « front Sud » (Mali, Centrafrique, Sahel en général). Par exemple soyons solidaires des pays qui nous achètent des Rafales. Autre exemple : reconstituons Takuba et en échange nous aidons l’Ukraine. Encore faudrait-il un gouvernement indépendant.

    1. Merci ! C’est logique, et le tournant allemand (mon dernier article) va dans ce sens. Mais pour l’instant, tout le monde regarde à l’est. Je vais suivre avec intérêt l’évolution de l’idée des Africains sur les Russes. Ces derniers partent d’un préjugé favorable, mais la liberté d’information est plus grande en Afrique qu’a Moscou donc la question reste ouverte.

  7. Excellent article. Il est symptomatique de voir que l’ancien vice-chancelier Joschka Fischeri fondateur et dirigeant du parti Vert, ex ministre des Affaires étrangères, se range à l’idée d’une évolution vers plus de défense européenne et de constater que les allemands ne suivent plus le chemin de l’abandon du nucléaire. L’Europe est entrée dans une nouvelle erre.

    1. Une  » défense européenne  » est et restera une illusion nocive car nous embourbant dans le marécage de l’indécision de l’UE : car ce  » sous-machin  » est soit peureux, soit d’un servile suivisme à l’égard de la politique des États-Unis. Dans tous les cas, cette  » concertation  » et ces  » points de vue uniques  » empêchent l’élaboration et le suivi de politiques réalistes servant les intérêts des différents pays d’Europe.

      Au niveau international, une vraie puissance militaire doit être dotée de l’arme nucléaire, laquelle doit pouvoir être mise en oeuvre en quelques dizaines de secondes – donc, en pratique, par une seule personne – car c’est une des conditions de son effet dissuasif. Or, mise à part la Russie, seuls 2 pays européens possèdent cette arme : le Royaume-Uni (mais avec le système dit de la  » double clé  » qui permet aux États-Unis de contrôler l’usage de ces armes) et la France, donc seule puissance nucléaire techniquement et politiquement indépendante.

      Tout homme politique français envisageant de céder notre arsenal nucléaire, chèrement et constamment mis à niveau, à un ramassis de politiciens  » européens  » aux ordres des États-Unis et sans réelle volonté pour le reste, un tel homme politique serait un traître incarnant le récurrent parti de l’étranger. Idem pour ceux qui envisagent de transférer à l’UE le siège de la France au Conseil de sécurité de l’ONU. À force de repentance, de délires gauchisto-escrologistes, de mythes européistes et de souvenirs du désastre de 1940 partiels et mal digérés, les Français perdent leurs  » anticorps diplomatiques  » et, tout simplement, le sens de l’intérêt national.

      Pour exister, une vraie  » défense européenne  » devrait donc reposer sur la détention de l’arme nucléaire. Or c’est impossible déjà pour les raisons de principe suivantes :
      – techniquement (cf. supra), il faut que cette arme puisse être mise en oeuvre par une seule personne : on oublie donc l’idée d’un comité de  » nains de jardin  » produisant au bout de plusieurs jours de réunion des prises de position morales totalement inefficaces en pratique ; et quelle personne aurait la légitimité d’actionner l’arme nucléaire au nom d’un  » peuple européen  » inexistant ? Car il existe DES nations en Europe, lesquelles différent profondément : au passage, cette diversité dans un petit espace facile à parcourir en tous sens, unique dans le Monde, est d’abord une bénédiction car d’une richesse humaine et intellectuelle incomparable ;
      – précisément, il existe, logiquement et légitimement, de profondes différences de vision entre les pays : il est donc par exemple impossible que le Portugal perçoive la Russie de la même façon que la Lettonie ou que l’Irlande ait la même position que Chypre vis-à-vis de la Turquie ; et lorsqu’une position commune se dégage au niveau de l’UE, c’est très souvent la copie pâlichonne d’une orientation diplomatique étasunienne ; à cet égard, les pays européens errent en se faisant les dociles relais de la politique des États-Unis vis-à-vis de la Russie alors que, quel que soient ses dirigeants, celle-ci constitue fondamentalement et structurellement un partenaire naturel parce que souvent très complémentaire pour les pays d’Europe de l’ouest : se plier à de tels  » points de vue communs  » est fréquemment contraire aux intérêts de la France.

      Il est plus réaliste d’essayer de mettre en place, au cas par cas, des coopérations industrielles et économiques, lesquelles ont obtenu parfois des résultats considérables et pérennes, comme pour la production d’hélicoptères militaires. Mais ce n’est pas toujours possible, comme le montre le cas des avions de combat :
      – le Rafale est né de l’échec d’un projet de coopération entre plusieurs pays européens, notamment parce que les partenaires de la France voulaient un avion plus gros, donc pas utilisable sur un porte-avions…
      – et on voit mal comment cette différence d’intérêts ne ressortirait pas dans le cadre du projet actuel de Système de combat aérien du futur (SCAF) : dès maintenant, il est bloqué par des rivalités entre Dassault et Airbus et des doutes sur la participation allemande, menaçant ce programme pourtant présenté comme primordial pour la coopération européenne de défense.

      Un premier progrès consisterait à appliquer une vraie  » préférence européenne « , non limitée aux seuls États membres de l’UE, en ce qui concerne l’achat de matériels militaires  » lourds  » : l’obstination de pays comme la Belgique ou les Pays-Bas, par ailleurs grands donneurs de leçons sur  » l’Europe « , à acheter systématiquement du matériel étasunien, aujourd’hui les F-35 qui ne sont pas au point et sont horriblement coûteux à l’achat comme à l’entretien, plutôt que des Rafale, avion parfaitement rodé, en avançant des prétextes parfois mensongers montre que nous sommes loin du compte.

      1. Tout à fait d’accord sur le risque de dilution ou de suivisme des États-Unis de la part de Bruxelles. Cela n’empêche pas que le virage de l’Allemagne et notamment la remise à niveau de la Bundeswehr et la proclamation d’une meilleure coopération avec la France soit de bonnes choses. Mais sans effet immédiat sur l’affaire ukrainienne…
        Par ailleurs, j’avoue que je n’imagine pas un président français sensé confier le bouton nucléaire à une entité comme Bruxelles

  8. « une nouvelle ère » évidemment ». Il convient de se souvenir qu’en 1938/9 l’URSS voulut s’emparer par la négociation de certaines îles finlandaises dans le golf de Finlande et devant le refus finlandais envahit ce petit pays de 4 millions d’habitants qu’elle soumit au terme d’une résistance acharnée et de très grosses pertes militaires russes. La Russie devrait s’en souvenir, mais qu’y-a-t-il dans la tête de Poutine?

    1. Dans la tête de Poutine, il y a une idée générale que tout le monde a noté : reconstituer l’URSS et repousser l’OTAN le plus possible vers l’ouest, voire, à la limite, finlandiser toute l’Europe. Par contre, sur le plan militaire, il a probablement été victime de courtisans soit ignorants, soit n’osant pas lui décrire la réalité.

      1. Diplomatiquement, ces objectifs sont logiques et défendent les intérêts de la Russie.

        Par contre, l’hypothèse, fort intéressante que vous avancez en ce qui concerne une mauvaise information de M. Poutine en ce qui concerne les capacités militaires de son armée est inquiétante car elle signifierait que la politique russe se fonderait en partie sur des postulats de base inexacts : ce serait le contraire de ce qui s’est passé en Syrie, éclatant succès politico-militaire de la Russie notamment dû au fait que M. Poutine avait été correctement renseigné par ses orientalistes et qu’il les avait écoutés…

  9. Je lis ceci: « il est donc par exemple impossible que le Portugal perçoive la Russie de la même façon que la Lettonie ou que l’Irlande ait la même position que Chypre vis-à-vis de la Turquie » . Oui, pour l’instant, dans l’Europe actuelle, évidemment. Mais, au Moyen Âge, un Breton n’avait pas la même perception de l’Angleterre qu’un Bourguignon ou un Basque ! Et même aujourd’hui encore….! Est-ce que cela empêche l’existence d ‘une politique…française, dans la France actuelle (État Nation « France ») ? L’UE actuelle n’est pas un État Nation: qu’en sera t-il dans un siècle ou deux ? On n’en sait rien ! Il est possible que bientôt, un Portugais puisse se sentir plus proche qu’aujourd’hui d’un Balte ! Pour l’instant, la défense européenne est inconcevable sans défenses nationales (surtout, en effet, avec la possession de l’arme nucléaire). Mais rien n’empêche de constituer une défense européenne compatible avec les indépendances nationales actuelles, compte tenu des lourdeurs actuelle de l’UE et de son inexistence en tant que Nation ou État. La « préférence européenne » en matière de matériels militaires est une bonne technique commerciale: preuve qu’il ne faut pas commercer sans un minimum de conditions politiques…voire morales ! Et cette « préférence européenne » peut aussi aller jusqu’à certaines solidarités diplomatiques ou territoriales automatiques . Quant à l’anti-américanisme primaire il est contreproductif pour l’indépendance de la France comme celle de l’Europe. Pour l’instant, soyons réalistes et calmes: les Européens ont plus à craindre de la Russie (ou de la Chine) que des USA. Ce qui bien sûr, ne doit pas nous éloigner des immenses et admirables cultures chinoises ou russes…

  10. Les Intérêts des Russes et ceux de Poutine ne sont peut-être pas si communs…que ce que nous affirme la Nomenklatura au pouvoir.
    Quant à la Syrie, Obama a un peu planté tout les opposants à Bachar (et Hollande au passage…) et offert lui même un boulevard à Poutine. On saura peut-être un jour s’il n’y a pas eu un accord secret (ou tacite) entre les USA et la Russie sur la gestion du conflit syrien et, surtout, sur la gestion et l’élimination du danger islamiste….

    1. Pour nos lecteurs, qui ne sont pas forcément au courant, je précise que l’opposition démocratique a Bachar El-Assad a été peu à peu remplacée par une opposition islamiste financée notamment par l’Arabie. Dans les pays arabes (et d’autres) la troupe change facilement de camp pour des questions d’argent. En l’occurrence l’Arabie a financé plus largement que l’Occident.

  11. Avec cette affaire, l’Allemagne arrêtera peut-être d’intriguer au niveau des institutions européennes pour torpiller le programme nucléaire français, et de faire pression sur d’autres pays qui cherchent à développer leur parc nucléaire. Et on n’entend plus guère ces temps-ci les adversaires de l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie européenne, ils devenus inaudibles.

    1. J’espère que vous aurez raison. L’Allemagne a pris une responsabilité très lourde depuis quelques années, et a entraîné la la Belgique et l’Espagne. Et même la France pour Fessenheim. Mais je viens de lire qu’elle a maintenu la décision de fermer ses trois dernières centrales à la fin de cette année

      1. Je suis prêt à parier que :

        1 – L’Allemagne n’ira pas au-delà de gestes symboliques en faveur de l’électricité nucléaire, tant chez elle qu’au sein de l’UE : la désinformation hystérique pratiquée depuis près de 50 ans par leurs escrologistes, autrement puissants que les nôtres, empêchera la prise des mesures radicales assorties de  » révisions déchirantes  » qui s’imposent pourtant.

        2 – En matière de réarmement, là encore du fait de la puissance du poison escrologiste dans les esprits des Allemands, on n’ira pas jusqu’à  » reconstituer  » sérieusement la Bundeswehr. Il faudrait d’ailleurs commencer par savoir pour quoi faire :

        – serait-ce pour être en mesure de s’opposer militairement à l’armée russe… en supposant qu’un Gouvernement de ce pays envisage d’envahir un jour l’Europe centrale ou de l’ouest, excellent thème de propagande utilisé par les États-Unis pour maintenir leurs vassaux européens dans une servilité frileuse mais hypothèse peu réaliste ; car ce n’est pas parce qu’il a envahi l’Ukraine que M. Poutine (ou ses successeurs) vont se lancer dans une agression frontale de l’OTAN, tout simplement parce que la Russie n’en a absolument pas les moyens (et que chatouiller le compteur à gaz des pays d’Europe de l’ouest est bien plus facile et efficace) ; au passage, il en est de même pour les États-Unis : ce n’est pas parce qu’ils ont envahi l’Irak sous de faux prétextes qu’ils vont attaquer militairement d’autres pays plus  » coriaces « , même si les dictatures d’Iran et de Corée du Nord redoutent ce risque au point de vouloir se doter de l’arme nucléaire ;

        – serait-ce pour être en mesure de contrer la lèpre islamiste, menace grave, constante et durable, comme la France tente de le faire au Sahel, avec un réel savoir-faire mais des moyens très insuffisants ? Mais il faudrait une révolution dans les esprits en Allemagne et encore plus de temps pour apprendre à mener ce type de guerre : les épopées de von Lettow-Vorbeck au Tanganyka (1914-18) ou de l’Afrika Korps de 1941 à 1943 ont montré que les Allemands sont capables de s’adapter remarquablement à des formes inhabituelles de guerre… mais, actuellement, ils partiraient quasiment de zéro.

        3 – Il n’est pas certain que le choc psychologique créé par l’invasion de l’Ukraine par la Russie reste toujours aussi intense dans les esprits, surtout si un compromis pérenne est signé entre ces 2 pays.

        Or, la montée en puissance de la Bundeswehr va demander des années, notamment pour reconstituer une partie importante du corps des officiers et sous-officiers : la volonté de réarmement, qui devra donc être concrétisée par des efforts coûteux et continus, sera-t-elle aussi forte dans 2 ou 3 ans ? Ou verra-t-on plutôt les programmes actuellement en cours d’élaboration, être sournoisement, voire ouvertement, rognés pour des raisons d’équilibre budgétaire et de réaffirmation des idées et comportements pacifistes et escrologistes, si puissants dans la société allemande depuis des décennies ? Mal sehen…

        4 – Le plus probable est que, en tout cas dans l’immédiat, il y aura des  » gestes  » destinés à montrer la détermination de l’Allemagne : cela se traduira notamment par des achats accrus de matériel étasunien (et surtout pas d’avions de combat européens, par exemple : Vade retro, Rafale !) mâtinés de leçons donnés avec arrogance sur ce que doit être la  » solidarité européenne « . Nein danke, meine Herren !

        À suivre…

  12. En fait, c’est plutôt l’exploitant qui freine maintenant. Le gouvernement a demandé à RWE s’il était possible de prolonger les réacteurs en service, alors que la fermeture était planifiée cette année, mais cela nécessiterait des opérations de maintenance coûteuses. Je pense que RWE ne veut pas payer sans garanties que le gouvernement ne va pas faire volte-face l’année prochaine.

    1. Merci. J’ai suivi cette discussion et je pense comme vous que si il n’y avait pas eu cette pression puis cette décision en faveur de la fermeture, l’exploitant aurait fait ce qu’il fallait en temps utile

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