Pourquoi Mélenchon cartonne en Outre-Mer

La percée de Jean-Luc Mélenchon dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) lors du premier tour de la présidentielle a été très remarquée.

En jouant sur les tendances à la fois victimaires et autonomistes de ces départements, Mélenchon ignore totalement ce dont ils ont véritablement besoin : un développement local plus que des subventions de la Métropole !

Le vote Mélenchon à l’élection présidentielle

Pour l’ensemble des territoires français, Jean-Luc Mélenchon a réussi à rallier une partie de l’électorat des diverses gauches françaises, pour obtenir 22 % des voix et manquer de peu le deuxième tour. Il avait obtenu 20 % en 2017 et 11 % en 2012.

C’est le résultat de nombreuses percées locales dont 50% des voix dans le 14e arrondissement de Marseille et de très bons résultats dans l’ancienne ceinture rouge de Paris et dans l’est de la capitale… et surtout dans les départements et territoires d’outre-mer, où il a dépassé la majorité des votes exprimés.

Or il y a des points communs entre les électorats de ces différentes régions.

Des scores impressionnants en outre-mer

Le candidat obtient 53 % en Martinique, 56 % en Guadeloupe, 51 % en Guyane, 40% à La Réunion 40 %. Mais « seulement » 24 % à Mayotte, 14 % en Nouvelle-Calédonie et 13 % en Polynésie française, le tout dans un contexte de très forte abstention.

Cette abstention peut être aussi interprétée comme une autre forme de protestation contre la métropole… ou comme le fait de se sentir « non concerné », par exemple pour la population canaque de Nouvelle-Calédonie, ou la population polynésienne.

Nous allons laisser de côté, du fait de leur très faible population, les communautés de Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy et Saint Martin, qui ont elles aussi enregistré un fort vote mélenchoniste, .

Ce vote de 2022 amplifie les bons résultats de 2017 qui étaient de 24 à 27 % en Martinique, Guadeloupe, Guyane et la Réunion, alors qu’il n’y avait pas eu de percées particulières en 2012.

Ainsi, en 10 ans, Jean-Luc Mélenchon à multiplié par 10 environ ses résultats en Martinique/Guadeloupe/Guyane, et a connu une très forte progression dans les autres DROM.

Mon intérêt pour l’outre-mer, familial et universitaire

J’ai fait plusieurs voyages en Martinique, pays de mon arrière-grand-mère, que j’ai bien connue jusqu’à 102 ans. Elle était issue d’une famille « béké » (blanche) modeste et proche de ses cousins métis.

J’ai réalisé en Martinique de nombreuses interviews et participé à plusieurs colloques universitaires imprégnés de « post-colonialisme », mouvement universitaire qui attribue les problèmes de nombreux pays à leur passé colonial. J’ai ainsi vu comment une même réalité pouvait être présentée de manières totalement différentes.

J’ai également voyagé à l’occasion de colloques ou de réunions politiques dans les différentes îles plus ou moins francophones de l’Océan Indien occidental : la Réunion, l’île Maurice, Mayotte et Madagascar, et j’ai suivi de près depuis les années 1960 l’évolution des autres territoires : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et le Vanuatu.

Ces territoires sont divisés en deux sous-ensembles différents n’ayant la même vision de l’histoire, différence qui se retrouve dans les scores de Jean-Luc Mélenchon.

Deux histoires différentes, deux votes différents 

Le premier ensemble de territoires, de Mayotte à la Polynésie, comprend des descendants de peuples indigènes, dont les Canaques et les Polynésiens et le vote mélenchoniste y est voisin ou inférieur à celui de la métropole et ne n’en distingue pas.

Au contraire, dans l’ensemble des territoires qui ont massivement voté Mélenchon, on trouve la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion, qui ont en commun un peuplement de descendants d’esclaves. 

L’esclavage a beau avoir été aboli il y a 175 ans, donc depuis sept à neuf générations, son souvenir est sans cesse recyclé par l’école et les élus locaux, entretenant à mon avis une mentalité victimaire qui va pour certains jusqu’à des demandes de réparation financière.

Ainsi, la librairie rattachée à l’un des colloques auquel je participais ne comprenait pratiquement que des livres sur ce sujet, et plusieurs d’entre eux évoquaient comme un « traître » le président Senghor du Sénégal, qui avait pourtant commencé sa carrière par ses écrits sur la négritude, mais qui avait le défaut de s’être « occidentalisé ».

Cette référence permanente à l’esclavage est associé à l’usage du créole. Ce créole est une juxtaposition des parlers français de l’époque, et n’a pas de parenté avec des langues africaines, contrairement à ce que l’on proclame souvent pour des raisons politiques.

Toutefois c’est un marqueur puissant de ces populations et il est souvent invoqué par ceux qui militent pour une différenciation avec la métropole.

Départementalisation, autonomie ou indépendance ?

Un siècle après l’abolition de l’esclavage a eu lieu le deuxième événement important : la départementalisation de 1946. Auparavant ces territoires étaient des colonies.

La départementalisation s’oppose à l’autonomie ou à l’indépendance, et signifie que toutes les lois et notamment les dispositions sociales de la métropole, par exemple relatives aux allocations de chômage ou au RMI, s’appliquent à tous et partout.

L’autonomie, et a fortiori l’indépendance, supposerait que ces dispositions individuelles automatiques soient remplacées par une dotation ou une aide au développement de la métropole, que le pouvoir local devrait redistribuer. Et qui serait bien sûr fonction des rapports politiques avec Paris.

Ses partisans estiment que cette autonomie est nécessaire au respect de l’identité locale… les spécialistes verront quelques points communs avec la question corse.

Outre cet aspect financier, la départementalisation est aussi l’affirmation juridique de l’égalité, par opposition à la fragmentation raciale, qui était prédominante et qui reste encore informellement très largement présente, non seulement entre noirs et blancs, mais entre une infinité de nuances de métissage.

Le vrai problème de l’outre-mer : son retard de développement 

Rajoutons que, en 2009, apparaît aux Caraïbes le vaste mouvement social « Liyannaj Kont Pwofitasyon« , abrégé en LKP, ou « Collectif contre l’exploitation outrancière » en français.

Au passage, remarquez que si le créole est oralement proche du français, il ne l’est pas du tout par écrit, car ses « normalisateurs » ont voulu creuser une différence artificielle par rapport au français, par exemple en multipliant les « K » et les « W ». Ce choix idéologique complique considérablement la scolarisation dans les deux langues au détriment du développement !

Cette série de manifestations, barrages, émeutes a été déclenchée au départ par l’augmentation des tarifs des carburants. C’est une illustration de l’opposition à la communauté béké souvent considérée comme accaparant la richesse locale en tant qu’importateurs des produits de la vie courante que les Caraïbes ne produisent pas.

À mon avis, le vrai problème est celui de cette « non production » locale.

En outre-mer, il n’y a pas grand-chose à part la banane, quelques autres produits agricoles, et le tourisme, qui, de plus, ne sont pas compétitifs du fait des salaires et charges sociales bien plus élevés que ceux des îles voisines. Bref les départements souffriraient du coût des mesures sociales métropolitaines.

Et l’on y est resté, à mon avis par inertie, dans le même type de production que les voisins, alors que le niveau de formation de la population aurait pu générer d’autres activités, comme le montre l’exemple de l’île Maurice.

Si l’histoire française de cette île est analogue à celle des Antilles ou de La Réunion, elle a profondément divergé après sa conquête anglaise.

Non seulement l’Angleterre a aboli l’esclavage plus tôt que la France, mais cette réforme a fait que la population est devenue majoritairement indienne, car descendant des salariés agricoles (donc pas esclaves) apportés par les Anglais.

Faisons une brève parenthèse linguistique pour rappeler que ces Indiens parlant des langues très différentes les unes des autres ont fini par adopter le créole français, puis le français lui-même, bien que l’anglais soit langue officielle … mais avec une grande tolérance envers l’usage des autres langues notamment dans l’enseignement.

Je fais cette précision car l’ignorance fait que certains s’obstinent à parler anglais aux Mauriciens, et surtout pour montrer que le créole n’a pas par nature de rôle identitaire.

Ce petit pays isolé et ne recevant aucune aide de l’Angleterre s’est développé rapidement.

Comment ? Tout simplement en suivant les étapes normales bien connues, notamment en Asie : en s’ouvrant aux investisseurs étrangers et en donnant de bonnes bases scolaires à la population.

Les Mauriciens, dans un premier temps, ont travaillé dans des métiers industriels simples (le textile, le montage de tores pour les ordinateurs de l’époque), puis la production est montée peu à peu en gamme et actuellement s’y développent des métiers de finance internationale sophistiqués.

Développer au lieu de subventionner

Encore une fois cet exemple de développement ne concerne pas que les Mauriciens mais s’applique à tous les pays sérieux, à l’opposé du modèle économique du subventionnement et de la victimisation permettant d’accuser un ancien colonisateur ou « le capitalisme international ».

L’obsession anticoloniale retarde le développement africain

On retrouve le problème classique des « pays rentiers » où la richesse du pays ne vient pas du travail de la population, mais par exemple du pétrole, qui occupe peu de monde dont beaucoup d’étrangers.

On peut penser à l’Algérie où le groupe au pouvoir s’enrichit par un prélèvement sur les importations et où l’économie est principalement celle de la distribution des biens importés.

 

Arrive Jean-Luc Mélenchon

En bon animal politique, il a préféré jeter du sel sur les plaies vives plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes du développement de l’outre-mer.

Selon plusieurs analyses, l’une de ces plaies serait l’affaire du chlordécone (1) mais ce scandale sanitaire s’est terminé en 1993 sans se traduire par un vote mélenchoniste en 2012 ou avant et donc il ne saurait l’expliquer aujourd’hui.

Une autre plaie, cette fois d’actualité, fut le rejet du vaccin anti-covid, à mon avis instrumentalisé par des défenseurs des « traditions ». Le vigoureux mouvement antivax a été alimenté par des infox (fausses nouvelles) diffusées dans la population locale ainsi que des habitudes de médecines « coutumières » magico-religieuses tenaces (2).

La catastrophe sanitaire que cela a entraîné a nécessité des transferts aériens vers les hôpitaux métropolitains.

Mais il est tentant d’expliquer aux électeurs que c’est « de la faute des autres ».

Une pauvreté subventionnée

Tout cela illustre un débat très ancien.

Vous avez d’un côté « les îliens » qui se plaignent d’un niveau de vie inférieur à celui de la métropole, de l’ordre de 20.000 € de revenu annuel contre 33.000€ en métropole, ce qui dans leur esprit trahit l’égalité juridique que leur donne le statut de département.

En face, certains rappellent officieusement que ces 20.000 € sont déjà un cadeau important puisqu’ils résultent largement de transferts sociaux payés par la métropole.

Les seuls transferts sociaux en faveur des ménages vont ainsi de 7.300 € par an à La Réunion à 9.100€ en Guadeloupe contre une moyenne nationale de 3.800€.

C’est à mon avis le reflet de l’insuffisance des productions locales, donc de l’importance des importations signalée plus haut.

Mais, du coup, le niveau de vie des « îliens » français est très supérieur à celui des Antilles voisines ayant également un passé français (Haïti, la Dominique, Ste Lucie…), mais devant se débrouiller seules.

Les PIB par habitant y sont respectivement de 2900, 6500 et 9300 $ par tête contre 21.500€ pour la moyenne de la Caraïbe française + La Réunion. Ce qui enlève du charme aux idées d’indépendance…

S’agissant de ces subventions, les Français des Antilles rétorquent qu’on ne fait pas la même critique à certains départements français qui sont eux aussi probablement « dans le rouge » comme la Creuse.

C’est ainsi que l’argument de « la différence » et celui de « l’égalité » peuvent donner lieu à des développements infinis et justifier les points de vue les plus contradictoires.

Jean-Luc Mélenchon profite de ce contexte

Il est donc facile pour un candidat de faire des propositions « intéressantes » pour les populations locales, telles que, par exemple :

  • le retrait des politiques vaccinales et l’abandon des poursuites contre le personnel médical non-vacciné,
  • l’adoption d’un système d’autonomie locale sans toucher à l’aspect financier de la départementalisation (transferts sociaux).
  • le blocage des prix sur les produits de première nécessité, dont le carburant,
  • un tarif réglementé sur les transports aériens…

De plus, répondant à la critique du manque d’eau permanent dans les îles en raison de l’âge des canalisations et de la vétusté du réseau de distribution, Jean-Luc Mélenchon préconise un plan ORSEC-Eau, comme le souhaitent de nombreux îliens.

« Un montant de 3 milliards sur le mandat sera consacré à la dépollution » concernant le chlordécone et ses conséquences est aussi annoncé sur le programme du candidat.

Enfin le candidat annonce un plan d’investissement global pour les collectivités d’outre-mer, d’un montant de 13 milliards, contre 2,1 milliards d’euros apportés par l’État pour l’ensemble des outre-mer pour la période 2019-2022.

Cette énorme différence donne à l’électeur local le sentiment qu’on lui offre enfin la concrétisation de l’égalité avec le reste du territoire français… tout en caressant l’idée d’une plus grande autonomie vis-à-vis de Paris.

Mais distribution d’argent ne signifie pas développement pérenne, comme nous l’avons vu pour l’île Maurice.

Bien entendu le candidat ne précise pas d’où viendra le financement de toutes ces mesures.

Enfin il a recours au mot « créolisation », très abstrait dans le vocabulaire mélenchoniste, mais qui adresse à l’électeur de base un coup de chapeau à sa langue locale. En fait, nouveau clin d’œil, Jean-Luc Mélenchon reprend les termes de l’auteur martiniquais Édouard Glissant (3).

On peut alors gager que l’usage répété de ce terme a très probablement attiré la sympathie, et donc le vote, des électeurs locaux.

En conclusion

Toutes ces proclamations de Jean-Luc Mélenchon ont séduit localement, comme nous l’avons vu en introduction, non seulement outre-mer, mais aussi en métropole, là où la population se sentait, à tort ou à raison, victimisée.

S’il avait été présent au deuxième tour, il y aurait certainement eu des débats féroces sur tous ces sujets et il aurait peut-être reperdu dans certains milieux ce qu’il a gagné dans les populations ciblées… quitte à aggraver un fossé déjà préoccupant.

À mon avis, le véritable problème de l’Outre-mer, c’est le développement. Gonfler encore l’assistanat et la victimisation pour récolter des voix est irresponsable.

Yves Montenay

 

(1) Rapport Santé Publique « Caractérisation des groupes de population à risque d’exposition élevée vis-à-vis de la chlordécone via l’alimentation »  Claude Flamand, Philippe Quénel, Alain Blateau

(2) « Le magico-religieux créole comme expression du métissage thérapeutique et culturel aux Antilles françaises« , Philippe Chanson, Histoire et missions chrétiennes 2009/4 – qui s’opposent à la diffusion des analyses rationalistes de la maladie.

(3) « La créolisation, c’est un métissage d’arts, ou de langages qui produit de l’inattendu. C’est une façon de se transformer de façon continue sans se perdre. C’est un espace où la dispersion permet de se rassembler, où les chocs de culture, la disharmonie, le désordre, l’interférence deviennent créateurs. C’est la création d’une culture ouverte et inextricable, qui bouscule l’uniformisation par les grandes centrales médiatiques et artistiques. Elle se fait dans tous les domaines, musiques, arts plastiques, littérature, cinéma, cuisine, à une allure vertigineuse… » publié par Le Monde en 2005.

4 commentaires sur “Pourquoi Mélenchon cartonne en Outre-Mer”

  1. Excellent article, comme toujours sur ce blogue qui constitue pour moi une précieuse source d’informations fiables.

    La démagogie irresponsable de M. Mélanchon est connue : il perpétue une vieille tradition inaugurée dans la Rome antique par certains tribuns de la plèbe prêts à dire n’importe quoi pour flatter la foule et ne condamnant pas certaines brutalités de celle-ci … comme les violences perpétrées en mai 2017 par des membres de La France insoumise le soir de l’élection de M. Macron en 2017 : Dieu sait si je n’aime pas M. Macron mais ce mépris par le biais de la violence est inadmissible car antidémocratique. Et le soutien de M. Mélanchon à des dictatures comme celle de M. Maduro qui a ruiné de fond en comble le Vénézuéla confirme la nature antidémocratique de ce mouvement.

    Mais le principal intérêt de cet article est effectivement de synthétiser, lucidement mais sans polémique aucune, la situation des territoires français d’outre-mer, quel que soit leur statut ; elle se caractérise par une arriération économique découlant notamment de la mentalité d’une partie de la population qui adopte une position victimaire : en gros, tout est la faute de l’esclavage (aboli en 1848 sans parler des affranchissements pratiqués dès le XVIe siècle), de même que les dirigeants de l’Algérie et de certains pays sub-sahariens et les tenants de la repentance dans notre pays mettent tous leurs échecs sur le compte de la colonisation (en ignorant, voire en falsifiant, des pans entiers d’Histoire). Or, ces façons de penser et de se comporter sont des impasses – car, lorsqu’on pense et dit que ses malheurs sont dus au passé (esclavage, colonisation), on affirme implicitement que l’on ne peut rien pour améliorer son sort et que la (seule) solution est l’assistanat (appelé réparations) – alors que la mauvaise situation – passée ou présente – de ces territoires ou pays n’est surtout pas une fatalité :
    – ainsi, par exemple, contrairement à celle de la Réunion, la population de l’Île Maurice n’a pas une mentalité d’assisté parce que, justement, personne n’aide ces gens et ils ne comptent donc que sur eux-mêmes depuis l’indépendance en 1968 : comme le rappelle justement cet article, les résultats sont impressionnants ;
    – ainsi encore, s’agissant de nos ex-colonies, on peut considérer l’Histoire comme les Vietnamiens : sans oublier ce que furent nos erreurs du temps de la colonisation mais en reconnaissant aussi les bons côtés de notre présence, ils ne ressassent pas le passé dans une optique victimaire, étant focalisés sur le développement de leur pays … et les progrès sont spectaculaires depuis plus de trente ans ; parallèlement, les relations entre le Vietnam et la France sont fondamentalement saines, notamment parce que les Vietnamiens n’ont à juste titre aucun complexe d’infériorité puisque, depuis plus de mille ans, ils ont su résister victorieusement à toutes les invasions (Chinois, Mongols, Français, Étasuniens), quitte à devoir mener de durs combats, parfois pendant des décennies. Quand on a vaincu à Dien Bien Phu (à un prix terrible, d’ailleurs) ou qu’on a acculé la première puissance mondiale à un pitoyable débandade en 1975, on peut regarder n’importe qui en face.
    On peut penser aussi à un pays qui ne fut pas une colonie française mais japonaise, à savoir la Corée du Sud : même si elles amorcèrent la modernisation, les 50 ans de colonisation japonaise furent douloureuses, voire horribles (ex : des centaines de milliers de Coréens furent astreints pendant des décennies à de véritables travaux forcés, d’innombrables Coréennes (les  » femmes de réconfort « ) furent enfermées dans des bordels militaires dans des conditions particulièrement sordides, etc.). Et que dire de l’état de la Corée du Sud en juillet 1953 au terme de 3 ans d’une guerre qui détruisit presque tout : comme  » dotation de départ « , ce pays ravagé et ruiné, dans lequel aucune centrale électrique ne fonctionnait,  » reçut  » 2 ou 3 millions de réfugiés démunis de tout ; ajoutons qu’il n’y a aucune ressource naturelle (les minerais sont au Nord). Il y avait de quoi désespérer et de se contenter de proclamer – d’ailleurs à juste titre – que tous les malheurs du pays étaient dus aux agissements de l’étranger (Japon, URSS, Corée du Nord, Chine, voire États-Unis). Or, sans oublier le passé, les Coréens du Sud se lancèrent avec un courage, une énergie et une ténacité hallucinantes dans la reconstruction de leur pays : on connaît le résultat.
    La comparaison avec le Vietnam ou la Corée du Sud est accablante avec un pays comme l’Algérie qui disposait pourtant d’un certain nombre d’atouts, dont des infrastructures modernes et de pétrole lors de son indépendance en 1962.

    Pour revenir à nos ultramarins, la lecture de ce texte n’incite guère à l’optimisme et me rappelle le surnom cruel mais juste donné par certains Étasuniens – notamment ceux qui ont connu des expériences cuisantes lors de séjours touristiques – à nos territoires antillais :  » Strike Islands  » (îles des grèves) …

  2. « îles plus ou moins francophones de l’Océan Indien occidental : la Réunion, l’île Maurice, Mayotte et Madagascar »,, écrivez vous….Comment osez vous dire que la Réunion est une plus ou moins francophone, quand il s’agit d’un Département Français et d’une ile qui s’est reconnue dans la Révolution de 1789, d’où son nom de Réunion….SVP quad vous parlez de nos départements Français d’Outre-Mer soyez plus précis et ne les associez pas à des approximations vexatoires ! La Réunion, la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe ne sont pas des îles plus ou moins francophones. Merci pour nos compatriotes Français de nos « Département d’outre-mer » .

    1. C’est un malentendu, car comme dit dans l’article, je connais bien ces outre-mer de l’Atlantique et de l’ouest de l’océan indien et ai de la sympathie pour eux. Ce n’est pas les critiquer que d’évoquer les langues autre que le français : les deux langues locales de Mayotte, le créole un peu partout et surtout le malgache ! Je pense que le créole est artificiellement valorisé pour des raisons politiques, mais le fait est que beaucoup y sont très attachés

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