Les États-Unis vus de la rue

J’aime bien l’Amérique où je suis allé bien des fois depuis 60 ans, ses centre-villes soignés (cela n’a pas toujours été le cas et ne l’est pas encore partout) ses « grands espaces » peu peuplés et ses habitants bien plus accueillants que les Parisiens.

Les Grands espaces américains

Les Grands Lacs
Les Grands Lacs

Ces « Grands espaces » américains ne sont pas forcément exotiques dans ce nord-ouest à la flore européenne, mais tout y est plus grand : les arbres, les rivières, les lacs, les baies et l’océan, pas vraiment Pacifique, et prêt au tsunami, ainsi que le rappellent les panneaux pour les touristes.

Du haut de l’avion de Paris, on a un avant gout des grands espaces en survolant la banquise, puis le « bouclier canadien » strié de lacs innombrables, parallèles et gelés (fin mai), puis des super-Alpes enneigées, les Rocheuses.

Mais cette fois-ci, je vais plutôt parler des petits à-côtés de cette Amérique.

D’abord les « grands espaces » ne sont vraiment accessibles que dans les parcs, nationaux, de chaque État ou municipaux.

Ils sont certes assez nombreux, mais un Français habitué aux « chemins de halage » et aux « quatre pas du roi » est souvent frustré par la privatisation du bord de l’eau, surtout celui des centre-villes que l’on pensait accessible à pied ou en bus.

Attention, ne m’accusez pas de racisme pour ce qui suit : je parle comme mes collègues asiatiques orientaux et subsahariens qui voient le monde en noir, jaune et blanc, ce qui me parait plus simple que le vocabulaire tarabiscoté du « politiquement correct ».

Petite géographie urbaine des États-Unis

Dés que l’on s’évade du milieu professionnel – dans mon cas les enseignants bilingues français-anglais du monde entier – les Américains que l’on croise sont des piétons (race inférieure), du personnel de service ou des touristes.

Si le recensement donne une majorité de « blancs » dans ce nord-ouest, l’observateur de la rue se croit dans une Asie pimentée de « Latinos », car « les blancs » sont invisibles, se trouvant dans leur voiture, les bureaux et les maisons cachées dans les grands arbres et les fleurs. Je ne sais pas si ces deux mondes se croisent souvent.

J’oubliais une autre « race » , les obèses, plutôt blancs ou latinos et visiblement en bas de l’échelle sociale. Je dis bien les obèses et non « les gros » tellement le contraste est frappant avec la rue française. C’est terrifiant.*

Dans ces semi-banlieues, la race inférieure des piétons doit traverser de vastes parkings avant de toucher au but recherché. Mais une fois dans le vrai monde, il peut rejoindre les blancs descendus de leur voiture et bénéficier d’une « vraie rue » où il trouvera petits commerces et restaurants.

Les « vraies banlieues » sont plus loin, avec leurs vastes villas bien classées par revenus : rue des cadres moyens, rue des cadres supérieurs. Je suppose que l’on pense à la carte de visite où l’adresse sera révélatrice de votre importance. Mais pas de commerces, à part une cabane de dépannage : on prend sa voiture et on va dans de gigantesques centres commerciaux dans lesquels on peut passer – à pied- de boutique en boutique.

Caricature ? Oui et non.

Non, car vous avez noté l’analogie avec certains paysages périurbains français.

Oui parce que ça évolue : il y a un certain retour au centre-ville « historique », comprenez dessiné il y a un siècle ou un peu plus, avec quelques bâtiments d’époque, de hauteur respectable (il y avait déjà des ascenseurs, ne pas confondre avec les « vieilles villes » européennes).

Les gratte-ciels en verre et acier les encadrent, mais respectent les trottoirs. On peut aller à pied du travail au restaurant, chic ou non, voire à son domicile. Bref les bons contribuables reviennent et la municipalité se soucie de leur environnement. Et les grands centres commerciaux des banlieues périclitent.

 

D’ailleurs, loin de ce Nord-Ouest américain, parlons des métamorphoses de Harlem, à New York.

Harlem d’hier et d’aujourd’hui

Harlem, un village à Manhattan
Harlem, un village à Manhattan

Jadis quartier très bourgeois aux belles demeures patriciennes, il était devenu un quartier noir délabré, qui mordait peu à peu sur son sud, grâce aux « blockbusters ». Pas les jeux vidéos d’aujourd’hui qui « cassent la baraque » mais des Noirs d’allure respectables qui achetaient un appartement puis faisaient venir des amis. Les voisins fuyaient, bradaient leur appartement et la population changeait de couleur.

C’est bien fini ! Les bons contribuables ont « réalisé » que tout cela se passait au bord de Central Park, à une petite marche des bureaux d’employeurs prestigieux et de commerces de luxe. Le belles villas de Harlem ont été restaurées. Vous pouvez maintenant vous y promener.

Il y a quelques décennies, j’étais allé explorer Harlem, en navrant « les gens sérieux » qui me disaient que je n’en sortirai pas vivant.
Le décor était bien celui des films misérabilistes et reflétaient leurs descriptions alarmistes.

Par contre les habitants croisés ont été tout fait normaux à mon égard. Pitié pour un étranger paumé ?

J’ai une théorie sur laquelle je m’appuie dans les quartiers dits « chauds » d’Afrique ou du Brésil : « les gens sérieux » ont raison : si on a une chance sur 100 de se faire violenter et qu’on y passe tous les jours, ça finit par arriver, d’autant qu’on s’est fait repérer.

Si par contre on n’y passe qu’une fois, une chance sur 100, ce n’est pas bien dangereux. Surtout si on prend l’air calme et détendu de celui qui va voir un copain.

Yves Montenay

 

(*) Aux États Unis, 2 adultes sur 5 sont obèses. selon l’étude parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA)

 

 

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