A l’occasion de la visite du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz en France, Yves Montenay intervient sur la question des futures relations franco-allemandes pour la chaîne RT France. Il en profite pour rappeler que, depuis le Brexit, l’anglais reste la langue de travail de Bruxelles, au mépris des traités signés selon lesquels le français et l’allemand devraient être également utilisés.
Avis à mes lecteurs : Bien que la chaîne RT France soit financée par la Russie, j’ai pour habitude de répondre positivement à toutes les invitations, si on me donne la parole pour exprimer mon point de vue sans filtre. C’est une occasion de porter le débat dans des milieux de convictions différentes à une époque où les réseaux sociaux enferment chacun dans sa bulle, ce qui aggrave les oppositions et mène de plus en plus souvent à la violence.
Olaf Scholz en France : «Une proximité intellectuelle forte» avec Macron, selon Yves Montenay
Retranscription de la vidéo pour mes amis lecteurs
RT France : Bonjour, merci d’être avec nous en direct, alors on le sait, une première visite en France, car c’est une tradition. Mais ce n’est pas pour autant que cette visite doit être considérée comme un simple voyage protocolaire.
Yves Montenay : Non, effectivement, je pense que les deux responsables sont plus proches que ne l’était Emmanuel Macron et Angela Merkel.
Ça n’empêche pas qu’il y ait des désaccords sur le fond, mais ils sont tellement nets que ça ne sert à rien d’en parler.
Il y a le désaccord sur le nucléaire. Je ne sais pas ce que pense ce monsieur Scholz au fond de lui même, mais il est lié aux écologistes et il est dans une situation difficile du fait de ce refus du nucléaire qui a augmenté l’empreinte carbone de l’Allemagne, alors que la France est beaucoup plus prudente dans ce domaine.
La deuxième iquestion, c’est celle des finances, puisque c’est un gouvernement de coalition et que le ministre des Finances est un libéral. Et pour une orthodoxie budgétaire, alors que la France ne l’est pas vraiment dans ce domaine.
Mais jusque là, je pense que tout le monde le sait et que le sentiment pro-européen des deux côtés va pousser quand même à une bonne entente globale.
Et maintenant, je souhaite parler de ce qui m’intéresse plus directement.
C’est une question d’actualité, mais qui n’est pas présente dans la grande presse, c’est la question des langues à Bruxelles.
Il se trouve que les langues de travail, d’après les traités signés et pas respectés, sont l’anglais, le français et l’allemand. Depuis que les Anglais sont partis de Bruxelles, il y a beaucoup moins de raisons d’utiliser l’anglais.
Quand je dis utiliser c’est vis à vis des peuples concernés. En interne, Bruxelles parle la langue qu’elle veut. Mais quand il s’agit de s’adresser à des Français, ça doit être en français. Quand il s’agit de s’adresser à des Allemands, ça devrait être en allemand. C’est dans les traités.
J’espère qu’ils vont progresser sur ce point.
RT France : Donc, selon vous, vous nous disiez à l’instant qu’Emmanuel Macron était plus proche en tout cas d’Olf Scholz qu’il n’était d’Angela Merkel, ça veut dire qu’on a un nouveau chapitre, peut-être qui s’ouvre dans cette amitié franco allemande ?
Yves Montenay : Logiquement, oui, pour plusieurs raisons. D’abord, la France est en meilleure position. Avant, elle était souvent en position faible, censée s’occuper moins efficacement du virus, censée être en situation économique plus faible.
Aujourd’hui, la France va mieux et l’Allemagne va moins bien. Donc, je dirais que les poids respectifs se sont un peu rapprochés.
Deuxièmement, cette coalition est un peu moins soumise que celle de Merkel aux pressions des industriels. Or les industriels allemands qui sont des gens remarquables, efficaces, etc. ont tendance à oublier les problèmes politiques et à ne parler que des questions d’affaires, puisque c’est leur boulot.
Donc, cette coalition devrait être un petit peu moins proche des milieux d’affaires tout en en restant assez proches, et ça devrait aussi simplifier beaucoup de choses.
RT France : On sait que la France va prendre la présidence de l’Union européenne dans un peu plus de 20 jours ou 21 jours. Emmanuel Macron a dit qu’il il a des grands projets et veut repenser le cadre budgétaire de l’Europe. Mais il ne pourra le faire que si l’Allemagne est d’accord.
Yves Montenay : Bien sûr, je crois que la bonne volonté existe des deux côtés. Il y a une proximité intellectuelle est un peu plus forte, mais ça ne va pas suffire à tout résoudre.
Je parlais tout à l’heure du nucléaire , les divergences sont profondes.
RT France : Monsieur Montenay, merci d’avoir été avec nous et d’avoir répondu à nos questions, je rappelle que vous êtes enseignant en géopolitique et écrivain. Merci.