L’obsession anticoloniale retarde le développement africain

L’obsession anticoloniale retarde le développement africain

La plupart des gouvernements rejettent leurs échecs sur le pouvoir précédent. En Afrique, on accuse la colonisation. Une soixantaine d’années ont passé, et cette accusation perdure et même redouble. Elle s’appuie sur une mythification de l’histoire précoloniale, coloniale et postcoloniale. Étant français et blanc, donc a priori suspect dès que je n’adhère pas à cet anticolonialisme primaire, je vais passer la parole à des Africains. Et notamment à l’un d’entre eux, Kakou Ernest Tigori (*), que je nommerai KET dans ce qui suit, Ivoirien ayant reçu le prix Mandela de littérature 2017.

Nous parlerons principalement ici des anciennes colonies françaises.

Une histoire très arrangée

Faute d’écriture en Afrique, la plupart des témoignages historiques écrits viennent des Européens. Les Africains reprochent à l’histoire qui en découle de donner une image dégradante de leur continent (ce qui n’est pas toujours vrai) et réagissent en « l’arrangeant » à leur façon.

Une mythification de l’histoire précoloniale

Une approche assez fantaisiste, du moins pour l’Afrique ex française, est d’idéaliser le passé précolonial, d’exagérer les rares combats qui ont eu lieu à l’occasion de la colonisation et de les présenter comme une résistance de la population.

En fait les enclaves côtières européennes étaient plutôt des pôles d’attraction (selon KET et les indications recueillies sur le terrain) et une interface entre les organisations politiques de l’intérieur et le reste du monde. La côte leur fournissait les produits demandés, notamment des armes, en échange de l’or produit localement et des esclaves. Ces organisations politiques de l’intérieur n’étaient pas vraiment des États au sens occidental du terme, mais sont aujourd’hui idéalisés dans l’enseignement national.

Il y avait des organisations plus puissantes dans d’autres parties de l’Afrique, avec, par exemple les Zoulous au sud et les sultanats musulmans, notamment au nord de l’actuel Nigeria.

La diabolisation de la période coloniale

Carte : l’Afrique en 1914
Carte : l’Afrique en 1914. En 1918 les colonies allemandes ont été attribués à la Grande-Bretagne, sauf la plus grande partie du Cameroun et une partie du futur Togo qui ont été attribués à la France

Cette période coloniale, toujours dans les ex colonies françaises et contrairement au Congo belge, est loin de représenter l’oppression quotidienne souvent évoquée, surtout quand on la compare aux relations tribales précédentes. J’ai recueilli les témoignages de Français et d’Africains en charge dans les années 1940 et 1950, qui étaient surpris et choqués par la façon dont, 20 à 30 ans plus tard, on niait leur action de paix civile et de développement.

Les anticolonialistes « sérieux » font d’ailleurs prudemment référence à une époque coloniale plus ancienne, mais plus on remonte dans le temps et moins est pertinente l’idée que la situation actuelle de l’Afrique découle de cette période. Souvenons-nous que la Prusse vaincue et quasi démembrée par Napoléon était devenue 70 ans plus tard un empire puissant, le 2e Reich, qui avait vaincu la France et faisait de l’ombre à l’empire britannique.

Voici deux de ces témoignages de cadres coloniaux.

Dans un district de Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso), Marcel Dolmaire était l’un des trois seuls Européens pour vingt-huit mille habitants, appuyé par dix-neuf gardes armés sans cartouches, et était complètement absorbé par l’action sanitaire, la gestion des conflits inter tribaux ou personnels et le développement. Si les populations avaient vraiment considéré que les Français étaient des ennemis ou des exploiteurs, il n’aurait pas survécu longtemps.

On pourrait multiplier les témoignages de ce genre pour les Européens isolés loin des villes, du bled du Sahel aux montagnes du Vietnam.

Allez lire également le témoignage de Maurice Guillaume, agronome voyageant seul dans les montagnes vietnamiennes pour former les paysans à l’usage des meilleures semences : Le cycle colonial à travers une famille

Une première « infox » due à la guerre froide

Affiche anti-coloniale soviétique - "Les Africains réprimeront les colonisateurs!" (1950-1960s)
Affiche anti-coloniale soviétique – « Les Africains réprimeront les colonisateurs! » (1950-1960s)

Pendant la guerre froide dont j’ai été le témoin attentif à partir de la guerre de Corée, j’ai observé l’instrumentalisation des élites occidentales et africaines par l’URSS.

La stratégie lancée par Lénine qui était persuadé que le capitalisme ne survivait que par l’exploitation coloniale, était de priver les capitalistes de leur sud. Il y avait une distribution massive de bourses par les universités soviétiques et des actions opérationnelles directes, notamment militaires.

L’élite africaine a ainsi été communiste, avant que certains ne se détachent du parti (Césaire, Senghor …), mais leurs œuvres de l’époque ont été et sont toujours diffusées.

KET rajoute que « Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah ou Thomas Sankara ne doivent leur notoriété actuelle qu’au fait qu’ils étaient au service de la propagande soviétique », dont j’ai pu constater l’efficacité en voyant des personnalités communistes secondaires, comme la sud-africaine du Dulcie September, bénéficier de manifestations dans le monde entier !

Une décolonisation calme découlant de la géopolitique

La décolonisation a eu des raisons multiples, « l’esprit du temps » certes, mais qui lui-même est la conséquence de multiples circonstances dont voici quelques-unes.

La plus souvent évoquée est la résistance des populations. Mais l’examen pays par pays montre qu’il s’agit en général d’un mythe. En effet la situation était calme au sud du Sahara, avec de rares exceptions comme celle de l’ethnie Bamiléké au Cameroun.

Le cas général a été une évolution continue avec l’étape de « l’Union Française » et la carrière à la fois parisienne et locale des premiers présidents, dont ceux du Sénégal et de la Côte d’Ivoire et de nombreux hommes politiques subsahariens.

Une autre raison a souvent été avancée par des intellectuels africains : « vous nous avez enseigné la démocratie et les droits de l’homme, et nous avons tout simplement suivi vos idées ». Mais pourquoi à cette époque ? À mon avis, c’était du fait de l’affaiblissement de l’Europe par les deux guerres mondiales et de l’action de l’URSS auréolée de son succès sur l’Allemagne nazie, qui avait fait oublier les violences staliniennes et le pacte germano soviétique.

On parle rarement d’une troisième raison : la démographie.

La colonisation a considérablement réduit la mortalité, en premier lieu grâce au retour à l’ordre public, à la fin des guerres tribales et de l’esclavagisme, notamment arabe, qui s’était traduit par des déportations massives. Des transports moins imparfaits ont réduit les famines, tandis que les progrès de la médecine commençaient à se diffuser.

Mais la fécondité est restée élevée, notamment du fait de la faible urbanisation. Elle a même augmenté suite à la moindre mortalité des femmes d’âge fécond. L’augmentation rapide de la population a rendu plus difficile l’administration coloniale et notamment la scolarisation, difficultés qui ont continué après l’indépendance et qui perdurent encore aujourd’hui (voir une argumentation détaillée dans le cas de l’Algérie).

Cette évolution démographique est probablement à rapprocher de l’idée s’est répandue en France à l’époque, à savoir que les colonies coûtaient bien plus qu’elle ne rapportaient, et que ça allait s’aggraver s’il fallait financer la scolarisation et les services publics pour une population galopante.

Les indépendances et la prime médiatique aux démagogues

La décolonisation a conduit à la sacralisation des « dénonciateurs » : Sekou Touré, N’Krumah, Sankara. C’est patent dans le cas de la Guinée « De Sekou Touré à Alpha Condé, la logique du pouvoir est restée inchangée : dominer et ruiner », d’après Amadou Sadjo Barry dans Le Monde à la suite des manifestations du 14 octobre 2019

Ces dictateurs ont ruiné leur pays, mais ils se sont construits une image de héros en s’opposant à la France et leurs discours fracassants ont laissé une image positive, éclipsant les biens meilleurs dirigeants qu’ont été par exemple Senghor, Houphouët-Boigny ou, au Ghana, Rawlings qui a sorti son pays du chaos et en a fait l’un des mieux tenus d’Afrique.

Rappelons qu’au moment des indépendances, l’Afrique comptait 9 % de la population mondiale pour 9 % du commerce international.

Cette part est tombée à 2 % alors qu’elle rassemble 17 % de la population mondiale.

Il vaudrait donc mieux s’interroger sur ce qui s’est passé après la colonisation que de remonter 70 ou 150 ans en arrière

Le retour aux vieilles lunes

C’est pourtant ce que fait la mode universitaire actuelle

La mode universitaire du « post colonialisme »

Le regain actuel de l’anticolonialisme s’appuie sur un courant d’idées international, « le post colonialisme ».

En voici deux illustrations :

  • Lors d’un récent colloque francophone international en Martinique rassemblant principalement des littéraires et des linguistes, nous avions à notre disposition la traditionnelle « librairie du colloque » montée par libraire local et rassemblant ce qui pouvait intéresser les participants. Ce n’était qu’ouvrages de témoignages et de lamentations sur l’esclavage (aboli depuis 150 ans PAR la colonisation), qu’œuvres des grands écrivains anti-coloniaux et la dénonciation comme traître du poète de la négritude puis président du Sénégal Léopold Cedar Senghor. Bref la plupart des textes traitaient de situations vieilles de 70 à 150 ans et, à mon avis, avec un éclairage très partiel.

 

  • En octobre 2019 à Paris, le professeur Fauvelle lançait dans sa leçon originale au collège de France : « Cette histoire de l’Afrique, l’Occident l’a longtemps délibérément évitée pour mieux la piller, l’exploiter et réduire en esclavage ses habitants ». Mon propos ici n’est pas de discuter de cette affirmation qui est pour le moins très partielle, mais d’illustrer à quel point cette focalisation sur une colonisation diabolisée est appuyée par les plus hautes autorités intellectuelles françaises.

Pourquoi ?  Dans le meilleur des cas parce que « l’on considère que le Noir aurait tellement souffert qu’il faut être indulgent envers lui » (KET), dans le pire par la prévalence de l’analyse soviétique, qui est toujours en usage dans plusieurs secteurs de la politique et de l’économie.

On objectera que les universitaires ont peu d’influence, contrairement aux politiques ou aux milieux d’affaires. C’est oublier ce qu’ils influencent les médias, comme le montre cet exemple de série sur «Les routes de l’esclavage»,  où il manque deux points clés : la traite arabe qui a ravagé une partie de l’Afrique jusqu’à ce qu’elle soit abolie par l’instauration de la colonisation dans la deuxième moitié du XIXe siècle, en même temps que l’esclavage interne.

 

Les universitaires influencent également les programmes scolaires et sont du pain béni pour les dictateurs en imputant leurs échecs à la colonisation.

L’intoxication par les programmes scolaires et la politique intérieure

Commençons par les « pharaons noirs », théorie de Cheikh Anta Diop pour illustrer l’importance des noirs dans la civilisation mondiale via l’Égypte antique. C’est une vérité officielle au Sénégal, mais qui fait lever les sourcils aux historiens.

Plus grave, les programmes scolaires utilisent des textes anti coloniaux sans rapport avec des problèmes contemporains. Notamment ceux des grands auteurs antillais (Césaire, Glissant, Zobel …) décrivant la vie difficile des campagnes dans les années 1930 et 40. Donc des textes totalement dépassés.

En effet les misérables ouvriers agricoles décrits dans leurs livres vivent aujourd’hui en ville, ou en sont à quelques minutes avec leur voiture personnelle. Ils sont devenus citoyens français avec notamment les mêmes prestations sociales, un niveau de vie considérablement augmenté, une démocratie respectée et une scolarisation totale, qui leur permet d’ailleurs de réussir massivement les concours nationaux. Ces profondes transformations du genre de vie sont illustrées par une fécondité maintenant aussi basse qu’en métropole.

Outre cette littérature dans laquelle est formée la jeunesse, d’autres acteurs ont contribué à ce regain actuel de l’anticolonialisme primaire.

La Chine, la Russie…

Il y a bien sûr d’abord l’action de ceux qui sont intéressés à la rupture des liens avec l’ancienne métropole.

Le cas le plus fréquent flagrant est celui de la Chine qui se présentait il y a encore quelques années comme un pays pauvre victime des Occidentaux. C’est un argument qui perd de sa pertinence et les sentiments africains envers la Chine commencent à être plus mitigés. Mais son discours et la distribution de bourses par les universités chinoises entretiennent ce sentiment anticolonial.

La Russie tente aujourd’hui de concurrencer la Chinafrique, avec le sommet d’octobre 2019 entre Poutine et trente chefs d’États africains. Il s’agit de retisser relations anciennes entre l’URSS et le continent, qui a laissé un nombre important de russophones chez les cadres africains.

Pour s’assurer la bonne grâce des dirigeants, la Russie, comme la Chine, se garde bien de faire des remarques sur leur gouvernance, contrairement aux Européens. Mais l’état de l’économie russe ne peut pas faire grand-chose de plus que de vendre des armes et envoyer quelques gros bras de sociétés de protection privées, particulièrement remarquées en République Centrafricaine. Notons que Facebook s’est attaqué le 1er novembre 2019 à des infox russes dénigrant la France en Afrique.

Or ce regain de l’anticolonialisme primaire est catastrophique pour l’Afrique.

 

Des résultats catastrophiques

Il est en effet difficile de conduire efficacement des pays si on se focalise sur le rétroviseur et si ce dernier est mal réglé.

Un frein au développement africain

Ces débats détournent l’attention des peuples des graves problèmes immédiats à résoudre :

  • l’état de l’agriculture, encore aggravé par le dérèglement climatique,
  • l’urbanisation très rapide, facteur favorable à long terme, mais générateur d’immenses pollutions dans l’immédiat,
  • et surtout une scolarisation restant partielle et calamiteuse.

Mais ces problèmes n’intéressent pas la plupart des gouvernants.

Un exemple de la catastrophe générée par cet anticolonialisme primaire est celui du Zimbabwe.

Ce pays était prospère à l’époque coloniale, puis après une indépendance négociée laissant une période transitoire pour les fermiers blancs, très efficaces mais ouvertement racistes. Cette période passée, le président Mugabe, auréolé par ses discours anti-impérialistes a multiplié les répressions et lancé une guerre civile (le racisme tribal et anti-blanc remplaçant le précédent). Il a déclenché l’effondrement économique en nationalisant les terres « blanches » et par la mainmise de son clan incompétent sur le pays. À la fin de ses 37 années de règne il était néanmoins toujours respecté du fait de ses discours anti occidentaux.

Les exemples de rhétorique anticoloniale masquant les problèmes d’aujourd’hui sont nombreux.

On peut citer la revendication par Madagascar au nom de la liquidation du colonialisme, des « îles éparses », îlots inhabités restés français alors que le vrai problème est la ruine de pays par les gouvernements successifs. Avec une mention particulière pour le président « socialiste » Didier Ratsiraka , qui, comme au Zimbabwe, a poussé au départ les producteurs français et les cadres malgaches, ce dont le pays ne s’est jamais remis.

De même pour les Comores et leur revendication sur Mayotte rappelée chaque année à l’ONU, alors que la gouvernance des Comores est un échec et que le retour de Riyad des boursiers wahhabites est un péril immédiat.

Beaucoup plus grave est la réticence du Burkina envers l’aide militaire française. Le gouvernement sait qu’elle est vitale, mais une réunion « des syndicats de la société civile » (Le Monde du 4 octobre 2019) a demandé de départ pur et simple des militaires français. Cela en héritage intellectuel de Thomas Sankara au pouvoir de 1983 à 87 dont on cite toujours avec admiration les diatribes « anti-impérialistes ».

Pourtant une grande partie du pays est dans un chaos sanglant et nombreuses sont, comme au Mali, les écoles publiques fermées et les filles renvoyées à la maison et les garçons à l’école coranique. Les soldats français de Barkhane n’ont été appelés qu’exceptionnellement et en désespoir de cause pour sauver cent cinquante soldats burkinabés.

Au Mali, donc, dont la décomposition d’une partie du territoire est encore plus avancée, et l’action militaire française demandée par le gouvernement et l’ONU, on répand la rumeur selon laquelle la véritable raison de la présence française serait « de prendre notre or » (une production notable à l’échelle locale, mais tout à fait géopolitiquement négligeable). Alors que l’exploitation est faite de manière « sauvage » par des particuliers probablement rackettés et quelques entreprises internationales dont une française, une ou plusieurs chinoises et une canadienne.

Plus généralement le comportement politique et économique catastrophique de nombreuses élites africaines a été occulté par des Français se voulant bienveillants : « il ne faut pas le dire, pour ne pas donner d’arguments aux racistes » (KET confirmant de nombreuses observations personnelles).

Enfin cela évite de parler de la brutalité et de la corruption apportées par les entreprises chinoises, indiennes, russes, turques… qui, dans les conversations privées, font regretter les entreprises françaises.

Bref tout cela est catastrophique. Pour l’Afrique d’abord et accessoirement pour la France déjà largement économiquement évincée.

Que reste-t-il des liens avec la France ?

Le lien le plus important est celui de la langue. Le français progresse rapidement dans ces pays tant comme langue maternelle que comme langue seconde. Il est indispensable à l’ouverture sur le monde et à l’accès à la documentation professionnelle, donc au développement.

Du coup le français est dans le collimateur de tout ceux qu’il gêne et notamment de nos nouveaux « anticolonialistes ». On lui oppose les langues locales ou l’arabe (proclamé non colonial et identitaire, au mépris de toute l’histoire africaine) qui n’ont pas en pratique les mêmes possibilités. On lui oppose aussi l’anglais, le chinois ou le russe, ce qui supposerait de « mettre à la poubelle » la formation de trois générations, alors que le petit nombre de personnes qui en ont besoin aujourd’hui peuvent parfaitement les étudier en plus du français.

Du fait de cette langue commune, les liens avec la France sont entretenus par une coopération discrète, de moins en moins exclusive, mais continue. Elle concerne les domaines universitaire, municipal et militaire et une partie des O.N.G. présentes sur le terrain. Autant d’exemples que le Français n’est pas « un colonialiste avide » mais un partenaire bienveillant. Encore faut-il que ce dernier ne se répande pas en « repentance » pour une colonisation qu’il ne connaît pas mieux que les Africains.

Il y a également la diaspora établie en France. De façon analogue, elle transmet une vue « normale » des Français, avec la même réserve quant à leur ignorance et à leurs idées reçues sur la période coloniale.

Plus importante est la réaction des Africains eux-mêmes que nous illustrons ici par l’œuvre de KET, bien résumée dans l’article « Il est temps de décoloniser les cerveaux » dans le numéro 344 de « ECO AUSTA », page 60 (journal de Maurice et autres territoires « francophones » de l’océan Indien dont Madagascar).

Jeune Afrique a consacré deux pages à cet écrivain ivoirien sous le titre « l’Afrique à désintoxiquer ». « Nous devons aider les nôtres, et surtout les jeunes à être moins ignorants de l’histoire… à arrêter de perdre leur temps en se moquant de l’Occident… et être plus exigeant envers nous-mêmes en ce qui concerne notre propre gouvernance ». Ou encore (je résume) : le couple Afrique–Europe a été miné pendant plus quatre-vingts ans par une manipulation mensongère, menée notamment par les élites africaines qui ont imposé un « politiquement correct » sans fondement historique

Mes propres souvenirs de la guerre froide et ceux transmis par la fréquentation de la génération travaillant dans « l’outre-mer » dans les 30 dernières années de l’époque coloniale, recoupent largement ceux de KET.

Sortir l’Afrique de l’obsession coloniale

L’époque coloniale, c’est l’histoire. C’est important, mais il faut la confier à de vrais historiens. Gouvernants et intellectuels africains doivent conduire leur pays en regardant devant eux et pas seulement dans un rétroviseur déformant.

S’il fallait résumer un peu abusivement ce qui précède, je dirais, comme KET, que l’époque coloniale c’est d’abord la sortie de l’esclavage et l’ouverture sur des mondes différents.

Ouverture forcée ? Certes, comme celle des Gaulois sur la civilisation romaine, qui a brutalisé la vieille civilisation celte, mais imaginerait-on de faire porter à Rome la responsabilité du Moyen Âge ?

Yves Montenay

 

 

(*) Kakou Ernest Tigori (KET) est né en 1961 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Détenteur d’un diplôme d’ingénieur à l’Inset de Yamoussoukro, il travaille dans les transports publics à Abidjan jusqu’en 2008 où il est, dit-il, « licencié sans droits, condamné et persécuté pour avoir dénoncé publiquement les détournements massifs des deniers publics organisés par les dirigeants de la Sotra (Société des transports abidjanais) ». « Dans le collimateur des faucons du régime », il obtient son « salut » grâce à un visa « Compétences et Talents » lui permettant de gagner la France en 2009. Engagé dans le débat public ivoirien depuis le début des années 1990, il fonde en 2003 l’Union pour la nouvelle nation (UNN) pour une part plus active des citoyens dans la gouvernance du pays. Installé en France depuis dix ans, il se « considère en exil, dans l’attente d’opportunités pour un retour en toute sécurité en Côte d’Ivoire ».

Bibliographie

• « Pour la Côte d’ivoire », essai, 1999.
• « Pauvre Afrique », essai, 2005.
• « Le Souverain noir », roman, 2013 (Prix Mandela de littérature 2017).
• « L’Afrique à désintoxiquer », essai, 2018. (*) Éditions Dualpha, Collection « Vérités pour l’Histoire », janvier 2019

 

 

32 commentaires sur “L’obsession anticoloniale retarde le développement africain”

  1. Excellent article. Juste quelques mots pour compléter l’exposé. L’obsession anticoloniale (ou prétendue telle par ses militants…) dénoncée ici a quelque chose de contradictoire et de contre productive: elle infantilise les populations des ex-colonies (en entretenant chez elles un désir de prise en charge par l’ancienne puissance dominante, attitude qui confine à la néo-dépendance), elle détoure les populations des responsabilités en cours de leurs propres dirigeants, et elle est surtout anachronique sur le plan scientifique (il n’y a plus de colonisation occidentale à contester, et le concept vaseux de néo-colonisation est un artifice mentale de nature idéologique pour les temps modernes) . En plus, il faut souligner que cette obsession anticoloniale anachronique est majoritairement portée par des militants (tel l’historien Pascal Blanchard et sa caricature de l’histoire coloniale dans son film sur les « Zoos Humains ») focalisés sur l’Afrique: ce post-colonialisme militant n’est pas du tout en vogue dans les anciennes colonies asiatiques (par exemple le Vietnam) qui ont totalement rompu leur lien de dépendance avec la France et qui traite avec elle sur un pied d’égalité, après l’avoir combattu (guerre d’Indochine) violemment en y sacrifiant un nombre de victimes que le continent africain colonisé n’a pas sacrifié pour sa propre indépendance (ceci expliquant peut-être cela…). On n’entend pas au Vietnam de discours anti-France ressassant l’ancienne histoire conflictuelle pour l’utiliser sur des enjeux contemporains, internes ou externes: c’est même plutôt le contraire ! Les demandes de rapprochement avec la France ou l’Europe (et avec les USA aussi) sont affirmées fièrement et sans aucune fantasmagorie sur de supposées intentions cachées de l’Occident de revenir coloniser l’Asie. Sans doute par ce qu’un pays comme le Vietnam sait mieux que n’importe quel militant occidental prétendu anticolonialiste ou post-colonialiste que le vrai danger, aujourd’hui, c’est …la colonisation chinoise ! Et les Vietnamiens en savent quelque chose. Et, (bizarrement ?) aucun théoricien occidental prétendu « anti-colonialiste’ ne s’est penché sur le colonialisme historique et actuel de la Chine, tant aimée il y a peu par une bonne partie du militantisme prétendu « De Gauche » (qui s’émeut, chez nos actuels Post-colonialistes, de la situation actuelle des Tibétains, ou des Ouïghours ?)

    1. Bien d’accord. Et je connais bien le Vietnam pour des raisons familiales et de multiples voyages. Je n’ai jamais compris les réactions de Blanchard ou d’un Lecour Grandmaison. À moins qu’elle ne soient
      uniquement « de carrière ». Cette époque devrait être le domaine des historiens, pas des polémistes

    2. Très juste mais, pour reprendre l’exemple du Vietnam, on peut témoigner d’un phénomène presque inverse. La nouvelle génération est tournée vers l’avenir et la période coloniale n’est absolument plus dans les esprits mais cela va plus loin. La politique du « lève toi de là que je m’y mette ! » pratiquée jadis par les Etatsuniens au Vietnam a été également oubliée avec son cortège de destructions sans commune mesure avec celles causées par les Français jusqu’en 1954. Les Etatsuniens ont largué sur ce pays plus de 7 millions de tonnes de bombes entre 1965 et 1973, soit deux fois plus que durant toute la seconde guerre mondiale avec à la clé un nombre de morts du côté vietnamien qui va de 1,5 à 3M de personnes suivant les estimations. Le pays s’est bien sûr reconstruit mais cette guerre a laissé la trace infamante des victimes de l’agent orange qui se comptent encore aujourd’hui par millions. Cependant, les Vietnamiens semblent adorer et aduler tout ce qui est étatsunien et les jeunes et les étudiants rêvent d’aller aux Etats-Unis. A l’intérieur du Vietnam, les agences de presse locales font la loi mais, pour tout ce qui concerne le monde extérieur, les médias reprennent avec avidité les dépêches des grandes agences de presse telles que AP ou UPI ou encore Reuters sans aucune distanciation critique. C’est ainsi que l’opinion des jeunes vietnamiens sur des pays tels que l’Irak, la Corée du nord, la Libye, la Syrie ou l’Iran est exactement la même que les occidentaux qui sont soumis à la même propagande. Les Vietnamiens voient leur pays comme des Vietnamiens tandis qu’ils voient le reste du monde à travers les verres déformants de la propagande occidentale et personne ne semble se plaindre de cet état de fait. C’est extrêmement surprenant et, actuellement, il existe au Vietnam le même sentiment de servilité vis-à-vis des anglo-saxons, et plus particulièrement des Etatsuniens, que celui qu’on rencontre au Japon alors que le Vietnam fut, lui, victorieux dans le conflit qui l’opposa aux Etats-Unis ! L’observateur extérieur a du mal à comprendre !

      1. « […] le Vietnam fut, lui, victorieux dans le conflit qui l’opposa aux Etats-Unis »
        Les USA n’étaient pas en guerre contre le Vietnam. Les USA apportaient une aide militaire au Sud-Vietnam en lutte contre le Nord-Vietnam communiste. Ce n’est pas du tout la même chose.

  2. Explications possibles: le pouvoir de l’idéologie et de sa propension aux réflexions les plus abstraites et les moins conjoncturelles (tel ce militant indépendantiste basque qui déclarait aux journalistes, au début des années 2000, qu’il se battait contre le franquisme…). Ou bien encore:la « Haine de soi » bien développée par Pascal Bruckner. Sans oublier d’autres motivations plus politiques directement liées à la vie des États occidentaux.

  3. Terrible constat et l’absence de l’Afrique des échanges mondiaux en renforce la gravité. De fait cette gravité, avec les demandes répétées du départ des français (et oui il y a des manifestations pour cela au Mali !) , de la sortie du Franc CFA etc, est extrême et mérite ce qu’il se doit et qui sera sans doute la seule solution pour l’Afrique: son isolement et abandon complet et surtout surtout, l’arrêt immédiat de toute aide à un développement qui ne fera pas comme ça. Qui plus est il est clairement contre productif comme indiqué.
    Un autre élément est très important: l’aide au développement encourage plus que tout la volonté de fuite, et on les comprends.

  4. Une des causes du faible développement des ex-colonies françaises africaines est à mon avis qu’elles ont presque toutes adopté le socialisme. Alors je pose la question: le goût pour le socialisme est-il un héritage laissé par la puissance coloniale, ou au contraire est-il une réaction au « capitalisme » du colonisateur?

    1. Socialisme est un mot trop flou en l’occurrence. Beaucoup de pays africains sont certes malades de l’intervention de l’État, mais cette intervention prend plutôt la forme d’un capitalisme de connivence ou tout simplement d’organisation de la prédation. C’est donc plutôt le côté non-démocratique et autoritaire des régimes qui est en cause. Cela dit l’Afrique comprend des dizaines de pays qui sont dans les situations extrêmement différentes les uns des autres : rien de commun entre le Niger ou la Somalie d’un côté et le Kenya ou la Côte d’Ivoire d’un autre où l’économie numérique se développe rapidement et est en avance sur l’Europe dans certains domaines.

  5. J’ai vécu de 1977 à 1990 basée à Yaoundé au Cameroun. J’ai donc assisté à l’intérêt de plus en plus marqué de la Chine pour ce pays et d’autres alentours. J’y ai vu les représentants de la CIA et ceux du KGB sur place se regarder en chiens de faïence ce qui faisait rire tout le monde.
    J’ai parlé avec des membres de grandes familles camerounaises qui se souvenaient avoir eu des esclaves dans leur enfance.
    J’ai constaté beaucoup de faits mais quand j’en parlais en France, à des Français bon teint, c’est tout juste si je n’étais pas traitée de raciste !!!!!
    L’Afrique a un beau potentiel.
    J’ai du mal à accepter le discours de certains Africains établis en France qui nous disent comment penser et nous comporter au lieu d’aller porter la bonne parole, à leurs risques et périls, dans leurs pays africains respectifs.

  6. Attention: l’obsession anticoloniale peut cacher des réflexes militants inconscients bourrés d’apriori mentaux qui frisent la posture…colonialiste ! Rien de surprenant pour moi dans cette contradiction plutôt…banale (exemple, parmi tant d’autres:c’est au nom du socialisme, belle cause, qu’on a appauvri des travailleurs et qu’on les a mis dans des camps de rééducation pour simple divergence d’opinion avec le Parti ou l’Etat prétendus..socialistes !). Je réagis à un commentaire choquant: si beaucoup de vietnamiens aujourd’hui ont de la sympathie pour la culture ou la politique des pays occidentaux anglo-saxons, ce n’est pas parce qu’ils sont serviles (je trouve un peu condescendante et un tantinet méprisante la qualification suivante attribués aux Vietnamiens: « servilité vis-à-vis des anglo-saxons, et plus particulièrement des Etatsuniens »). S’il y a bien un peuple qui n’est pas servile, c’est justement le peuple vietnamien (je prends le mot « peuple » avec des pincettes, évidement). Quand je lis cette qualification (citée), je pense au discours de la militance dite « communiste » mondiale d’une époque aujourd’hui révolue (même au niveau des autorités vietnamiennes actuelles.!) qui voyait dans tout opposant au stalinisme un agent de la CIA, et en tout admirateur de la culture occidentale un esclave de la propagande bourgeoise ( Marx ou Lénine ont détesté l’Occident…?). Les Vietnamiens, et surtout les prolétaires, ont bien raison d’admirer les USA ou les Pays anglo-saxons, sans pour autant qu’ils soient dupes (voire stupides) sur les contradictions de ces sociétés-là: mais ils savent que ces pays là sont des pays riches et démocratiques, et ils en rêvent. En effet, ils rêvent de leur richesse (le Vietnam communiste était le pays le plus plus pauvre du monde à la fin des années 70) comme ils rêvent aussi de leur démocratie syndicale ou de leurs élections libres. Les Vietnamiens sont donc des humains normaux: normaux comme la plupart des militants anticolonialistes ou communistes qui ne sont jamais allés vivre sous les régimes politiques qu’ils adulaient (ou adulent encore). Et ils ont bien eu raison….pas folles les guêpes. Et si des Vietnamiens aujourd’hui pensent la même chose que les USA ou les Pays Anglo-saxons sur l’Irak, la Libye, la Corée du Nord ou la Syrie, ce n’est pas parce qu’ils sont manipulés ou infantiles, mais tout simplement parce qu’ils pensent pareil, comme des adultes intelligents, informés (et oui, c’est possible à l’heure d ‘internet et des voyages) et non comme un peuple sous-développé (digne d’être rééduqué, voire…conquis ?). Si un Américain dit que la terre est ronde, un Vietnamien a t-il le droit de le penser aussi ?

    1. Merci. Pour rester dans le sujet de l’article, je dirais que les Vietnamiens n’accusent pas la France ou les États-Unis de leur sous-développement, contrairement au mouvement « anticolonial » que je dénonce dans mon article

      1. Grosse différence avec l’Afrique en effet. Les Vietnamiens sont fiers de leur passé fait d’une histoire millénaire. Les griefs des guerres coloniales et surtout de la terrible destruction du pays par les bombes américaines ont peu à peu laissé place à un optimisme quant à l’avenir qui associe les Français et surtout les Américains, à la différence des Chinois qui suscitent toujours la méfiance. Du moment que le Parti n’est pas critiqué, tout est possible, business, religions (y compris le christianisme). Pas étonnant que le modèle US suscite de la sympathie chez les jeunes générations.

    2. Je ne sais pas où vous vivez mais Soljénitsyne, lui, lorsqu’il vivait aux Etats-Unis, avait parfaitement compris vers quoi évoluait la prétendue démocratie occidentale. Depuis une bonne trentaine d’années, l’occident se transforme en une dictature qui ne dit pas son nom et où la libre expression n’existe aujourd’hui quasiment plus dès qu’elle énonce certaines vérités. Nous vivons à une époque où le droit international a disparu et où la propagande fait rage. Vis-à-vis de ces phénomènes, les Vietnamiens font preuve d’une naïveté étonnante par rapport à ceux qui ont le plus gros porte-voix de la propagande, c’est-à-dire les anglo-saxons. C’est ce manque de discernement et cette naïveté imbécile que je constate. Au début des années 90, à la disparition de l’Union soviétique, il ne fallut pas attendre longtemps pour que l’enseignement obligatoire du russe soit remplacé illico par celui de l’anglais et que les Russes ne soient plus bons à jeter aux chiens presque du jour au lendemain, en dépit de l’aide massive qu’ils apportèrent jadis au Vietnam. Les Vietnamiens auraient dû favoriser une ouverture sur le monde mais on constate au contraire que cette ouverture se fait uniquement vers leurs ennemis les plus récents et qu’ils gobent leur propagande goulûment. Pourtant, le centre de gravité des pays qui dessinent désormais l’avenir s’est clairement déplacé vers l’Est. En dépit de cela, quelques sombres crétins vietnamiens crèvent dans un camion frigorifique en Angleterre pour avoir tenté de rejoindre un eldorado qui n’existe plus depuis longtemps et qui, d’ailleurs, pour eux, n’exista jamais !. Pourtant, avec 36000 euros que leur avait coûté ce voyage, ils auraient pu vivre plus que correctement dans leur Vietnam natal !

  7. El article et deux réflexions.
    1 la “libération” de l’Afrique a été une des batailles de la guerre froide. De Ben Bella au saint Mendela, les meneurs sont tous passés à l’école de Moscou. Les russes ont eu raison. Qu’aurais-je été un vrai co-développement entre l’Europe et l’Afrique. Sans doute génial. De Gaulle à boudé les américains pendant que les russes nous attaquaient.
    2 je pense, en toute ignorance précise, que certains pays africains trouveraient profit à se mettre en parrainage avec un grand frère européen en se fixant des objectifs et des règles de conduite respectueux, positifs, efficaces.
    Rêvons…

    1. Bien d’accord pour dire que le sous-développement de l’Afrique est en partie une conséquence de la guerre froide qui a accéléré les ruptures avec quelque chose qui fonctionnait et formé une partie des cadres dirigeants à de mauvaises méthodes économiques.
      Quant au parrainage, cela se fait partiellement et discrètement, notamment via « la coopération décentralisée » (une municipalité française aidant une municipalité du Sud). Mais ce mouvement « anticolonial » empêche de lui donner l’ampleur nécessaire.

      1. Et pourquoi ne pas dire que l’aide au développement fut précisément la cause de l’absence de développement ? Sans rupture véritable avec la colonisation, qui ne faut pas plus un développement d’ailleurs (elle ne rapporta rien et couta beaucoup), elle ne construisit finalement rien. Mal partie, l’Afrique n’arrive à rien, voilà la réalité. Il ne pourra y avoir d’évolution favorable que dans l’indépendance stricte des processus africains.

        Hélas, ce discours ne vaut évidemment rien face à la Chine, qui semble en passe de prendre le relais de l’inefficace dialogue du monde avec une Afrique têtue.
        Inutile de dire que le cynisme et la corruption qui y est associé sont encore pire. Au fait, il semble que dans certaines parties de l’Afrique, on s’en rend compte, au point d’en être mécontent. Est ce vrai ?

        1. Il est exact que l’aide au développement a été très souvent détournée. Mais je ne pense pas que ce soit le facteur principal du sous-développement. C’est plutôt une des conséquences d’une gouvernance négligente voir prédatrice qui est, elle, ce facteur principal. Les pires conséquences en sont le mauvais état du système scolaire et le non-respect de l’ordre public ou juridique. Mais ne généralisons pas, il y a des Etats beaucoup mieux gérés que d’autres.

          Et puis il y a aide et aide : autant l’argent donné à des gouvernements a été la plupart du temps perdu (voir le cas extrême de Mobutu !) autant une coopération humaine entre une municipalité du Nord et celle du sud me paraît utile.

  8. Si votre analyse est une blague, rassurez-vous qu’elle est réussie. Il fallait bien une telle posture révisionniste, se couvrant d, oripeaux universitaires pour se légitimer. À mon sens, soit elle résulte de la mauvaise foi, soit elle est victime de la superficialité de la méthode d’analyse utilisée. De toute façon et à ce rythme, il y a de quoi réhabiliter la colonisation… Utiliser un certain KET pour discréditer des travaux continus et constants sur la trajectoire d’émancipation et d’insertion internationale de l’Afrique, c’est vraiment AUDACIEUX et surtout REGRETTABLE….

  9. Si je peux me permettre, l’Afrique a un sérieux problème qui n’a jamais été évoqué ici ni par l’auteur de l’article ni dans les commentaires. Je vais faire un détour pour l’expliquer. On se demande pourquoi la Chine réussit là où l’Afrique échoue. La Chine a un différentiel de +5 points de QI avec l’occident ce qui, rapporté à la population, lui donne statistiquement 300.000 personnes avec un QI de 160 au lieu de seulement 30.000 en occident. Les gens intelligents doivent aussi agir dans le sens des intérêts du pays. Ils ne sont rien s’ils ne sont pas aux postes clé mais, en Chine, la société les y a mis ! L’avancement ne se fait qu’au mérite et est décidé sur les réussites. En occident, ceux qui ont échoué dans leurs missions sont recyclés et les beaux parleurs sont au pouvoir mais, finalement, nous n’avons finalement que le système que nous méritons. Comparez seulement les données ci-dessus avec les données africaines et déduisez en vos propres conclusions !

    1. Je laisse mes lecteurs apprécier ce genre de commentaire dont je me demande sur quoi il est fondé, et que je ne trouve ni constructif, ni en rapport avec l’article

  10. Une chaire permanente consacrée à l’histoire ancienne du continent africain Intitulée Histoire et archéologie des mondes africains a été inaugurée le jeudi 3 octobre par l’historien et archéologue François-Xavier Fauvelle en présence de Mr Macron.
    Il est instructif d’écouter son texte inaugural bâti autours de la fameuse phrase de Zarkosy « l’Afrique n’est pas encore entrée dans l’histoire ». En l’écoutant on croirait que l’histoire de l’Afrique n’a commencé qu’au XVI° siècle et qu’il nous appartient de pleurer sur le triste sort que nous lui avons fait. Il est certain qu’avec la France-Afrique, le maintien du Fr CFA et autres conséquences coloniales l’Afrique a du mal a se hisser au rang des nations modernes. Mais il y a aussi bien d’autres raisons à cette stagnation. Le climat, le sol, la végétation, les animaux, la nourriture, les mœurs et les millénaires écoulés dans un environnement difficile sont des éléments qui comptent. Je ne voudrais pas conclure sans préciser que le Sapiens africain est avant tout un Sapiens, qui en possède toutes les qualités et défauts, capable de se hisser au niveau des meilleurs dans de très nombreux domaines.

    1. Je suis tout à fait d’accord avec votre dernière phrase.

      Mais pas avec le reste. Par exemple le CFA a été très utile pour Les pays africains utilisateurs, comme en témoigne le fait que les responsables y sont restés attachés jusqu’à présent, malgré l’attitude irresponsable de leurs opinions publiques. La France n’a plus de souveraineté monétaire monétaire (terme qui n’a pas de sens précis) et ne s’en porte pas plus mal ! Voir https://www.yvesmontenay.fr/2010/09/09/la-souverainete-monetaire-et-le-franc-cfa/

      1. Si le fr CFA a été très utile sur le plan économique il a maintenu par son appellation et son mode de fixation du cours ses liens d’origine et a contribué inconsciemment à cette culture anticolonialiste entretenue chez nous par les tenants du mea culpa mémoriel.

        1. C’est vrai, c’est totalement irrationnel. Je rappelle que l’appellation est « Communauté Financière Africaine », mais l’ancien nom « Colonies françaises d’Afrique » demeure probablement dans les esprits.
          Quant à la fixation des cours, le chef est maintenant un morceau d’euro mais il n’est pas certain que l’Africain de base s’intéresse à cet aspect technique

          Bref, nos concurrents profitent de cette ignorance pour dénoncer une situation pourtant favorable aux pays concernés

  11. Votre article est très intéressant et très vrai pour tout ce que je connais de l’Afrique : 6 ans au Cameroun, Bénin, Gabon et incursions à Sao Tome, en RDC, Angola, Zimbabwe, Afrique du Sud entre 1980 et 1989. Peut-être auriez-vous pu citer Jacques Marseille qui montre que l’Afrique a cessé d’être rentable pour la France en 1929 (rien à voir avec la crise du jeudi noir).
    Il m’intéresserait d’en savoir plus sur la réalité du travail forcé : j’ai vu des photos sur ce travail forcé dans les colonies portugaises (Sao Tomé), mais rien pour les colonies françaises. Un ami sociologue camerounais me disait qu’il n’en connaissait rien sur son pays. Qu’en est-il ?
    Durant mes séjours je n’ai jamais entendu de rancœur contre la France, juste quelques discours simplistes sur l’exploitation de l’Afrique (la « détérioration des termes de l’échange » disait-on à gauche dans les années 1985).
    Merci pour vos analyses très justes !

    1. Merci pour votre témoignage important. Pour le travail forcé, je n’ai pas d’informations particulières. En tant qu’économiste je le comprends comme un impôt en nature dans une société pauvre et non monétarisée. Cela peut se concevoir pour des infrastructures d’intérêt commun (une route par exemple), car la métropole ne pouvait pas tout payer (nous voilà revenus à Jacques Marseille). Sur le plan humain, il a pu y avoir beaucoup d’abus, mais je n’ai pas en tête de témoignages précis.
      Pour la dégradation des termes de l’échange, ça ne résiste pas à l’examen : les termes de l’échange sont très différent d’un produit à l’autre et varient dans le temps. Dans mon livre « Le mythe du fossé Nord-Sud » je montre que cette théorie prise à la lettre montrerait que la France a exploité le Japon, pourtant en croissance rapide à l’époque…

  12. Encore un article « au top » d’Yves Montenay. Mais, peu rassurant. Tout n’aurait donc servi à rien… !

  13. Cinq étoiles ! Comme d’hab ! Même s’il ne faut pas sacraliser et figer une situation humaine plus qu’ambiguë. J’en profite pour souligner que je crois que c’est cette situation qui engendre le chaos et la haine actuels Le pauvre africain de base aurait le droit d’être vexé… Ouille, ouille… Attention, les blessures d’amour-propre sont souvent les plus dures à cicatriser.

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