La Chine va-t-elle absorber Hong Kong

La Chine va-t-elle absorber Hong Kong ?

Pourquoi je pense qu’on ne pourra malheureusement pas empêcher l’absorption de Hong Kong par la Chine et quelles en seront les conséquences probables pour la région.

Que se passe-t-il à Hong Kong ?

La Chine vient d’adopter une loi permettant de réprimer à Hong Kong tout ce qui est plus ou moins lié au séparatisme, rédigée de manière suffisamment vague pour que cela s’applique à tout ce qui lui déplairait.

Théoriquement, c’est au parlement de Hong Kong de légiférer. Il y a eu une tentative qui a échoué du fait des manifestations, obligeant Pékin à violer au moins l’esprit du traité « un pays, deux systèmes » conclu avec la Grande-Bretagne en 1997.

Militairement, on ne peut rien faire pour Hong Kong, d’autant que les esprits sont ailleurs pour cause de virus et de récession.

Il faudrait un grand massacre pour que l’opinion internationale s’émeuve, et que l’on fasse « quelque chose ». J’imagine au mieux un bateau suisse évacuant quelques fuyards avec l’accord tacite de Pékin, mais il n’est même pas certain que le régime chinois estime avoir intérêt à faire cela.

Donc, à mon avis, la Chine va essayer, et probablement réussir, à « manger » Hong Kong en faisant le moins de vagues internationales possibles. Mais elle paiera peut-être un prix élevé à moyen terme.

Le Hong Kong de jadis : liberté et développement

Je connais relativement bien Hong Kong pour y être allé plusieurs fois, il y a quelques dizaines d’années.

Au cours des années 70, mon premier voyage à Hong Kong illustrait « le bon côté » de la colonisation : une liberté économique et individuelle (mais pas forcément politique) et une administration, notamment judiciaire, non corrompue, le tout dans une ambiance commerciale mondialisée, elle aussi de tradition britannique.

Le contraste avec la Chine de Mao en pleine famine était parlant. Résultat : un développement économique déjà impressionnant et qui n’a fait que prospérer depuis.

Pardon pour cette atteinte à la mode intellectuelle qui fait de la colonisation l’origine de tous les maux des pays pauvres. Dans nombre d’entre eux, et pas seulement dans les colonies britanniques, une justice indépendante et non corrompue est aujourd’hui inconcevable et il y a là un important facteur du sous-développement qui ne vient vraiment pas de la colonisation…

Une anecdote m’a frappé : étant sur le port et repérant un bâtiment administratif, je demande où je peux trouver des statistiques de démographie et d’usage des langues. Je m’apprêtais à être renvoyé d’une administration à l’autre, mais pas du tout : « Monsieur, nous avons déjà une bonne documentation ici, voyez ».

Effectivement, et je remarque qu’une forte minorité de la population locale parle la langue de Shanghai, ce qui confirme les récits d’exode en 1949 de l’élite de cette ville, alors métropole économique, pour échapper aux communistes. Garder ou attirer les élites est une autre retombée positive de l’administration coloniale, qui contraste avec leurs fuites volontaires ou forcées depuis les indépendances un peu partout dans le monde.

Tout cela ne pouvait qu’agacer Pékin, mais l’état de délabrement de la Chine nécessitait cette porte ouverte vers le reste du monde, que Shanghai n’était pas encore en état de remplacer.

Depuis, Shanghai a progressé, et l’armée chinoise aussi.

L’absorption de Hong Kong pourrait se faire sans éclats…

La géographie est très spéciale avec un grand nombre d’îlots rocheux, et une foule serait plus difficile à massacrer que sur la Place Tian’anmen.

Par contre les progrès de l’informatique militaire navale et aérienne devraient permettre d’isoler le territoire et de couper les flux humains entrants ou sortants en cas de troubles, ce qui n’était pas le cas il y a quelques décennies.

Et puis, traditionnellement, la Chine n’est pas pressée et prend son temps pour arriver à ses fins, en faisant le moins de vagues possibles.

Si le régime chinois n’est pas trop prisonnier de son orgueil, il va donc commencer par ne rien faire.

L’actualité fera oublier Hong Kong, tandis que les services chinois s’implanteront encore plus pour faire face aux protestations, et tenteront d’acheter quelques personnalités ou entreprises internationales, soit au sens propre, soit en leur offrant des compensations économiques dans le reste de la Chine.

La Chine espère que dans un deuxième temps la menace de la loi suffira à restreindre les protestations et que d’éventuels meneurs utiliseront leur énergie à quitter le pays avant qu’il ne soit trop tard.

Londres vient de faire un pas important en élargissant les droits d’une minorité des citoyens de Hong-Kong nés à l’époque britannique de s’installer en Grande-Bretagne.

L’action chinoise pourrait rappeler la « normalisation » tchécoslovaque, où l’armée rouge n’a pas tiré face à la protestation générale du peuple, mais a petit à petit grignoté la résistance jusqu’à la reprise du contrôle politique et le départ de nombreux opposants.

L’alternative d’une répression brutale est néanmoins toujours possible, par exemple en cas de manifestations anti-chinoises, ou en espérant par exemple terroriser Taïwan.

Quel serait le prix économique à payer et l’impact sur la réputation de la Chine ?

… mais avec des conséquences économiques et politiques à moyen terme

L’absence de liberté politique et donc économique à Hong Kong pèserait bien entendu sur son efficacité commerciale et financière.

Cette efficacité serait également diminuée par la réaction américaine annoncée par Donald Trump de la fin des relations économiques privilégiées entre Hong Kong les États-Unis. Et notamment la fin de la parité fixe entre le dollar de Hong Kong et celui des États-Unis.

L’exode des cerveaux pourrait également être dramatique.

Outre environ 2 millions de Hongkongais dont leur passeport permet d’être accueilli en Grande-Bretagne ou au Canada, il y a des centaines de milliers d’Européens.

En principe, tout le monde y perdra. La Chine espère que les grands progrès de Shanghai lui permettront de faire face, mais pour l’instant la monnaie chinoise n’est pas (encore ?) une grande monnaie internationale.

Par ailleurs la valeur des entreprises et de l’immobilier Hong Kong vont vraisemblablement fortement diminuer, au détriment de tous et notamment de personnes haut placées dans le gouvernement de Pékin qui auraient obtenu des permis de construire très rémunérateurs depuis une vingtaine d’années. C’est probablement ce qui explique la patience chinoise face aux manifestations, du moins jusqu’à aujourd’hui.

L’image de la Chine serait de nouveau dégradée, accentuant l’évolution sensible depuis quelques semaines, malgré une contre–offensive bien organisée sur les réseaux sociaux où fleurissent les accusations réelles ou fantasmées contre la Chine, ce qui déclenche immédiatement une riposte à la gloire de la Chine.

Un point intéressant sera l’évolution de l’image de la Chine en Afrique.

Le citoyen africain est en général démocratiquement frustré et aura donc une réaction négative… encore faudrait-il qu’il soit au courant et ait une idée de ce qu’est Hong Kong. Par contre, beaucoup de gouvernants apprécieront une réaction musclée, et, à court terme, c’est leur avis compte.

À moyen terme, c’est difficile à dire.

Que feront les Occidentaux ?

Les Chinois et leurs voisins rêvent ou craignent un engagement des Occidentaux au côté des démocrates hongkongais.

La population de Taïwan se sent directement concernée, le Vietnam et le Japon s’inquiètent discrètement. La diaspora chinoise, dont une partie vient de Hong Kong, notamment au Canada, fera ce qu’elle pourra, c’est-à-dire probablement du soutien individuel et du lobbying politique.

Les Occidentaux ne peuvent pas faire grand-chose, et je ne crois pas aux théories du complot selon lesquelles États-Unis armeraient et financeraient les protestataires hongkongais.

C’est sur le plan de l’influence que se jouera une partie de la bataille, les Occidentaux partant avec le double handicap du désengagement américain et du respect de beaucoup d’États envers la puissance montante de la Chine.

En sens inverse peuvent jouer la variation rapide des idées de Trump et l’inconnue de l’élection américaine.

On ne pourra pas reprocher à l’Europe d’être absente, puisqu’elle n’existe pas.

A long terme les faiblesses de la Chine et la force des idées peuvent tout bouleverser.

En effet, les évolutions sont plus rapides aujourd’hui que pour les idées de la révolution française qui ont mis plus de 50 ans à gagner certains pays européens ou que la chute du communisme soviétique, qui a mis plus de 40 ans à tomber après sa renaissance en 1945 sous le masque de l’antifascisme…

Yves Montenay

 

16 commentaires sur “La Chine va-t-elle absorber Hong Kong ?”

  1. Si le monde ne réagit pas (au moins sur le plan commercial, sinon militaire), je ne crois pas pourvoir dire que la Chine « paiera peut-être un prix élevé à moyen terme ». L’État chinois actuel se moque littéralement de ce que pense le monde, et les Occidentaux en particulier (USA et surtout UE): même une crise économique majeure ne changerait rien dans l’esprit du dirigeant à vie qu’est Xi, que son peuple soit appauvri ou enfermé dans des camps de rééducation. La rationalité économique ne joue plus avec ce type de dirigeant qui ne raisonne pas par empathie avec les populations. Par contre, ce qui est quasiment sûr à mon avis, c’est que SI rien n’est fait de sérieux pour intimider le dictateur Xi (pour cette annexion de Hong Kong), alors c’est nous qui allons payer un prix élevé à moyen terme. Parce qu’une acceptation sans broncher de l’annexion de Hong Kong serait équivalente aux Accords de Munich avec Hitler. Si personne ne bouge, alors l’expansion militaire de la Chine dans l’Océan Pacifique va se poursuivre (et les pays d’Asie du Sud Est seront économiquement et politiquement assujettis aux décisions de Pékin: nos échanges avec cette zone deviendront caduques), mais surtout la Chine sera encouragée à s’étendre vers l’Océan Indien où elle cherche à installer sa marine de guerre. Les fameuses routes de la Soie vont clairement devenir, ALORS, des autoroutes du complexe militaro-industriel chinois fonctionnant comme les triades maffieuses chinoises: des prêts gratuits et des constructions clé en main, contre une protection militaire, avec une maîtrise totale à moyen terme des « protégés ». La France osera t-elle un contentieux diplomatique avec la Chine si cette dernière menace de mettre au chômage tout le personnel des vignobles dont elle est propriétaire dans l’Hexagone (simple exemple) ? Hong Kong risque d’être virus d’un autre gabarit…..

    1. Merci pour ce commentaire. Votre hypothèse est parfaitement plausible. D’autres le sont aussi. Je ne suis qu’un analyste qui expose des données imparfaitement connues et l’histoire est riche d’exemples contradictoires.

    2.  » La France osera t-elle un contentieux diplomatique avec la Chine si cette dernière menace de mettre au chômage tout le personnel des vignobles dont elle est propriétaire dans l’Hexagone (simple exemple) ?  »
      qu »est ce qui peut vous faire penser que macron accordera plus d’importance a de employés des vignobles qu’aux yeux des gilet jaunes ?

      1. @Mohamed En effet, je ne pense pas que la démocratie (qui est un système de gouvernement) soit le modèle que les Chinois recherchent aujourd’hui. De toute façon, ils savent bien qu’ils n’ont pas le choix. Mais la liberté, un nombre croissant de Chinois, dans les sphères cultivées, qui voyagent, ou ont fait leurs études en Occident, savent ce qu’elle veut dire. Liberté d’opinion, liberté de parole, liberté religieuse, et état de droit, ils savent très bien ce que cela veut dire (je ne parle pas ici des Hongkongais, mais des Chinois de Chine). Ils savent très bien faire la différence entre un état totalitaire et un état démocratique car ils ne sont pas idiots. C’est pourquoi on peut dire que la liberté finira par l’emporter, d’une manière ou d’une autre. La question est « quand ». Et là, il n’y a pas de réponse. Dans les années 1970 et au début des années 80, la situation en Europe de l’est paraissait figée. Et il y a eu l’émergence en Pologne de SOLIDARNOSC, première étape de la chute du mur. Il y a lieu en effet de s’interroger sur nos modèles, si tant est qu’ils soient des modèles pour les autres, mais gardons-nous bien d’analyser les situations avec nos clés culturelles, et lorsque nous critiquons non sans raisons notre système démocratique (dont un système de vote très imparfait), regardons honnêtement ce qui se passe ailleurs, et si nous voudrions échanger . Et gardons aussi à l’esprit ce mot de Churchill : la démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres …

  2. Cher Monsieur,

    Un grand merci pour cette synthèse dans laquelle tout est dit : si les médias travaillaient aussi sérieusement…

    Je suppose que, dès l’ouverture des  » négociations  » qui ont formalisé le retour de Hong Kong dans l’empire de Chine en 1997, vous n’avez jamais cru à la pérennité de la  » solution  » dite  » Un pays, deux systèmes  » : aucun régime totalitaire – et surtout pas un régime communiste, lequel, selon l’excellente expression d’Olivier Todd, n’est pas  » biodégradable  » – ne peut admettre l’existence en son sein d’un territoire administré à peu près démocratiquement.

    Personnellement, dès cette époque, j’étais convaincu que la Chine avait planifié la  » digestion  » de Hong Kong, les  » sucs gastriques  » s’appelant notamment manipulation d’idiots utiles dans les pays pouvant contester sa politique, parjure de moins en moins dissimulé, recours à de multiples contraintes, etc. Oui, la  » dissolution  » de Hong Kong dans l’empire chinois est inéluctable et, comme vous le suggérez, le mieux qu’on puisse attendre est une certaine  » contagion  » du  » virus démocratique  » ; mais, sauf forte  » rupture  » (technique, environnementale ou autre) affectant le mode de vie des Chinois  » qui comptent  » (les 20 % ou 30 % les plus riches et instruits), je ne crois pas que quelques dizaines – voire centaines – de milliers de Hongkongais révulsés par cette implacable  » Gleichschaltung  » (mise au pas, comme on disait sous le IIIe Reich, ou  » normalisation  » façon Brejnev) pourront significativement influencer la société chinoise.

    J’imagine que les Taïwanais ne sont pas surpris et qu’ils débattent de plus en plus ouvertement de leur avenir à la lueur de cet implacable processus : aujourd’hui, seul le parapluie nucléaire étasunien les protège sérieusement d’un risque d’Anschluss. Mais, outre qu’il est toujours risqué de dépendre d’une puissance étrangère en ce qui concerne sa survie, la forte montée en puissance des forces armées chinoises, notamment navales, va placer les États-Unis dans une situation de plus en plus délicate : on peut imaginer que la Chine accentuera la fréquence et la puissance de ses pressions sur Taïwan, notamment à coup d’incidents navals et aériens. Et il se pourrait que les États-Unis se désintéressent – temporairement : mais cela suffirait pour entraîner un désastre – du sort de Taïwan, par exemple en raison d’un changement de majorité (on vote tous les 2 ans dans ce pays, ce qui n’est guère compatible avec la constance et la cohérence d’une politique étrangère digne de ce nom), comme le montrent les deux exemples suivants :
    – la guerre de Corée fut facilitée par un discours prononcé 12 janvier 1950 par le nouveau secrétaire d’État, Dean Acheson, dont on pouvait déduire que les États-Unis ne s’engageraient (probablement) pas militairement si la Corée du Sud était attaquée ;
    – on se souvient aussi comment en 1975, suite à la débâcle de leur politique au Vietnam, les États-Unis ont laissé les mains libres à l’URSS en Angola et au Mozambique.

    Pour Taïwan, la seule garantie de sécurité solide et pérenne serait de se doter de l’arme nucléaire ; mais, bien évidemment, il faut des années pour atteindre un niveau suffisant permettant de bénéficier du  » pouvoir égalisateur de l’atome « , selon la toujours pertinente expression du général Gallois : on n’imagine mal Pékin rester passif face à la montée en puissance d’une défense nucléaire taïwanaise ! En clair, cela donnerait une raison – et un prétexte  » vendable  » à maints gogos, notamment en Europe de l’Ouest – à la Chine d’intervenir directement à Taïwan et d’essayer d’en profiter pour l’incorporer de force.

    Je n’aimerais pas être Taïwanais…

    Avec mes respectueuses salutations,

  3. Mais cette épreuve de force-massacre est-elle inévitable, même au risque de se mettre à dos tous les « démocrates » du monde ? Je ne le crois pas et ce, même si c’est un moyen de se faire prendre au sérieux. On ne peut menacer, avec son armée de plus en plus pertinente, ceux que l’on veut intimider, sans de temps en temps, passer à l’action. Bien sur, mais pas vis à vis d’Hong Kong où comme vous le dites, beaucoup de dirigeants chinois ont des intérêts économiques.
    Par contre, étouffer cette enclave, pourquoi pas, tel le boa constricteur. Ils veulent la « démocratie », oui mais pourquoi faire ? Là est bien le problème. Pour commercer et s’enrichir avec le reste du monde ? Le reste du monde n’aurait plus besoin de Hong Kong, s’ils ne pouvaient plus commercer avec la Chine. Et cela la Chine peut le faire et laisser les « démocrates » jouer, mais entre eux seulement. Et cela ne durera pas longtemps. Et sans massacre et sans avoir le mauvais rôle.
    Vraiment dans les deux camps, tout tient à l’économie, la démocratie est une chimère qu’ils devraient encore et pour quelque temps, laisser à l’Afrique, car elle n’a jamais enrichie personne.
    La liberté est une autre affaire !…
    Bien cordialement.

  4. Entièrement d’accord avec Lieger. « Je n’aimerais pas être Taïwanais », tout comme personne n’aimerait être Tibétain, ni Ouïgour. Mais guère plus Philippin, Vietnamien, Malaisien ou Indonésien: rappelons en effet que la Chine n’a pas hésité à attaquer tout récemment (et à bloquer) une plateforme pétrolière appartenant à un pays de l’ASEAN au prétexte que cette exploitation aurait été dans des eaux décrétées chinoises par le seul Etat chinois actuel, mais non par la Convention de Montégo Bay ou le Tribunal de La Haye. La Chine se moque du Droit International: nous sommes donc TOUS en danger.

  5. Monsieur Montenay,
    Vos analyses prospectives et géopolitiques sont passionnantes, parce que toujours claires (malgré la complexité des sujets abordés), bien documentées et appuyées sur l’expérience personnelle. Elles n’empruntent jamais les sentiers battus. Et on le voit, elles suscitent des débats tout aussi intéressants en retour.
    Pour ma part, je retiendrai votre phrase « Et puis, traditionnellement, la Chine n’est pas pressée et prend son temps pour arriver à ses fins, en faisant le moins de vagues possibles ». Tout est dit dans cette phrase.
    L’empire du milieu est un hypppotame qui fait semblant de dormir dans l’eau, et qui est toujours prêt à en sortir brusquement pour montrer sa puissance quand son espace vital lui semble menacé.
    Pourquoi un certain ministre très sérieux avait écrit (il y a très longtemps) : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » ? S’agissait-il déjà d’une réaction paranoïaque de sa part ?

  6. La Chine a brutalement changé de visage quand Xi Jinping fut autorisé à devenir président à vie en 2018. Caché derrière ce qui a longtemps apparu comme une oligarchie, il est de fait ouvertement au niveau d’un Mao ou d’un Deng Xiaoping et a pour intention de marquer l’histoire. Sans doute par l’assimilation complète de Hong Kong, mais aussi par la prise de Taiwan qui est maintenant pour lui un objectif clair et déclaré. Principal responsable du désastre écologique mondial, la Chine devient ainsi aussi une menace militaire pour le monde.
    Pour en finir avec le nouvel empereur, il faut bien comprendre qu’il est un prince rouge promis à régner, que sa famille est largement corrompue et qu’il est un autocrate cynique sans entrailles.

    Comme toujours dans ce genre d’affaires, strictement équivalentes à ce qui se passe entre personnes quand un caïd veut se hausser du col, la menace n’a d’effet que tant que des bornes strictes n’y sont pas mises.
    Il faut maintenant parler clairement aux chinois, lancer la course aux armements, et aller au contact. Leurs moyens sont encore limités et il faut les contenir par le seul langage que la barbarie asiate comprend: la force.

  7. La Chine veut elle absorber AUSSI toute l’Asie du Sud-Est ? Pour info: depuis des années, elle essaie d’imposer au Cambodge la cession (à la marine chinoise) du port en eau profonde de Ream qui fait face au Golfe de Thaïlande: pourquoi ? Elle essaie aussi depuis des années d’obtenir (auprès de l’ONU) le statut d’Archipel, qui lui permettrait de valider internationalement ses récentes conquêtes militaires dans le Pacifique Sud: pourquoi ? Rappelons qu’elle dispose déjà d’un port militaire sur la côte de l’Océan Indien et qu’elle bénéficie d’une base à Djibouti….Derrière les « Routes de la Soie », il y a quoi ?

    1. Ça me rappelle la guerre froide : « ce qui est à nous est à nous, le reste est négociable ». Dans un premier temps probablement pas absorption, car ça crée des problèmes mais vassalisation si possible ou à défaut implantation de bases pour peser régionalement et si possible mondialement un jour. Si cela ne marche pas, on attendra une meilleure occasion. C’était du moins l’ancienne attitude, des difficultés internes ou tout simplement l’orgueil peuvent précipiter les choses

  8. Merci Monsieur Montenay pour cet article clairvoyant et plein de bon sens. En tant qu’ancien expatrié à Hong Kong et m’y étant souvent rendu de 1981 à 2010, j’ose apporter quelques précisions qui vont tout à fait dans le sens de ce que vous dites. (1) Selon les accords Sino-Britanniques, le « destin » de Hong Kong est bien d’être assimilé par la Chine. Ce qui est condamnable, c’est le calendrier et la méthode. Il est clair que cette assimilation ne pouvait s’effectuer en 24 heures, le 1er juillet 2047, et qu’une certaine progressivité était de mise. Le problème est que dès 1988 (oui, 1988) la Chine a commencé à infiltrer plusieurs secteurs de la vie économique, politique et culturelle de la cité, avec parfois une complicité des autorités britanniques. C’est ainsi que, très tôt, les milieux économiques ont été « corrompus » par les promesses (tenues) d’un accès privilégié au marché chinois. Ce sont ces « Tycoon » qui aujourd’hui sont la colonne vertébrale du parti « Pro Establishment » principal soutien –mais pas le seul- du gouvernement de Hong Kong, par conséquent favorable à la loi de sécurité nationale.(2) Lors des négociations préalables au transfert de souveraineté de 1997, les Britanniques (et les Hongkongais qui faisaient partie des négociateurs) ont dû céder sur un point crucial qui est le lieu où serait établi le Conseil constitutionnel » (Court of Final Appeal) appelé à interpréter la mini-constitution de Hong Kong (Basic Law). Cette Cour siège à Pékin, selon le vœu du gouvernement chinois. Ainsi, toute loi promulguée par le gouvernement de Hong Kong, peut être déclarée inconstitutionnelle par Pékin. Le gouvernement de Hong Kong peut être ainsi réduit au rôle de marionnette, comme on peut le voir actuellement. Cette arme permet à Pékin d’utiliser l’état de droit laissé par les Britanniques à son propre profit, en le détournant de manière légale (3) Lorsque Pékin accuse d’ingérence dans ses affaires intérieures tout gouvernement émettant des critiques sur la gestion de la crise actuelle à Hong Kong, la Chine est dans le déni, et elle le sait. En effet, L’accord Sino-Britannique de 1984 a été déposé sur l’autel des Nations Unies, rendant ainsi l’ensemble des pays membres témoin de l’application dudit accord, pour toute la période qui court jusqu’à 2047. Il est donc non seulement légitime, mais c’est le devoir des gouvernements du monde entier, de rappeler la Chine au respect de ses propres engagements en ce qui concerne ce traité gravant dans marbre le principe d’un pays deux systèmes. Il n’y a nulle ingérence à faire savoir qu’en promulguant sans consultation, et sans même que le gouvernement de Hong Kong en ait pris connaissance, cette loi de sécurité nationale, la Chine brise son engagement, et méprise le droit du peuple de Hong Kong à choisir son destin, dans le cadre qui lui a été fixé initialement.(4) L’Histoire nous enseigne que les pouvoirs communistes, ou crypto-communistes, ne cèdent jamais devant une opposition de type démocratique. Si elles reculent momentanément pour des raisons tactiques, elles reviennent au plus tôt à la répression. Quand elles cèdent, c’est qu’elles sont à la veille de l’implosion.

  9. Bonjour.
    Tout d’abord je vais me faire l’avocat du diable : la Chine annexe Hong-Kong, oui et alors ? Après ne s’agit-il pas d’une cité chinoise. Imaginons que la France ait été dépossédée par le passé de la Bretagne et qu’aujourd’hui le pays décide d’intégrer la région bretonne dans la nation française. Ce ne serait que justice dirions-nous.
    Ensuite venons-en à LA question fondamentale me semble-t-il. Tous les observateurs, dont vous, supputent que le peuple chinois finira par venir à bout du régime en place et que la Chine pourrait même rejoindre le camp des nations libres et démocratiques. Or je n’en suis pas si sûr, je ne suis pas certain que la démocratie soit une valeur pour les chinois. Bien entendu vous pouvez me rétorquer que les chinois de Taiwan, de Singapore ou de Malaisie ont su adopter et défendre le principe démocratique. Certes mais on peut également constaté que des peuples qui ont l’occasion d’adopter nos standards démocratiques ne l’ont pas fait. Exemple : la Russie et la Turquie. Ces deux pays n’ont pas un régime aussi autoritaire que la Chine et en Turquie les élections sont libres (Erdogan a ainsi perdu de grandes municipalités dont Istambul), mais ce sont des démocraties autoritaires/illibérales. Une anecdote qui résume mon propos, je faisais remarquer à un ami chinois ingénieur qu’il n’élisait pas le maire de sa ville. Il m’a alors répondu que cela ne le dérange pas tant que le maire en place fait du bon travail.
    Enfin, on comprend que se joue ici la confrontation entre deux modèles : nos modèles démocratiques et libres et le modèle chinois de parti unique. Nos modèles se portent-ils bien ? On peut en douter. La France alterne entre des dirigeants élus face à une candidate populiste, dirigeants qui finissent par décevoir la population avant la fin de leur mandant. Sarko, Hollande et peut-être Macron, aucun n’a réussi à se faire réélire. Une Europe soumise à l’Allemagne qui devient de plus en plus autoritaire et suit ses intérêts économiques. Des États-Unis très clivés entre une Amérique cosmopolite et urbaine qui votera Biden et une Amérique blanche conservatrice et sidérée par la mondialisation et la recomposition ethnique du pays qui votera Trump.
    Il ne s’agit nullement de légitimer l’attitude de Xi mais je m’interroge.

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