L’éducation nationale se trompe d’objectif en favorisant la mixité sociale et la réduction des inégalités plutôt que le niveau de connaissances. En effet, la dégradation du niveau général est nuisible à tout le monde et réduit donc les chances de promotion sociale.
Depuis la publication en avril 2023 de mon article « L’éducation nationale se trompe d’objectif » , sont arrivés les résultats de la dernière enquête PISA (*), qui confirme la catastrophe, et le plan Attal qui tente d’y pallier.
L’échec du système actuel est donc patent mais cela n’empêche pas les tenants de la mixité sociale de continuer à en faire leur objectif, alors que l’impact sur le niveau des élèves est très discutable.
Et comme la mixité sociale est moindre dans l’école privée, des voix s’élèvent maintenant pour la contraindre elle aussi à plus de mixité.
Bref, il s’agit de prendre le contrôle du privé. C’est la reprise de la guerre scolaire !
L’échec du système actuel
Cet échec est mesuré par la chute régulière de la France dans le classement PISA (Programme international pour le Suivi des Acquis des élèves) qui est bien connu et dont on peut retrouver le contenu et les caractéristiques en version française sur le site officiel de l’OCDE.
Le classement Pisa diffusé en 2023, basé sur des enquêtes 2022, montre une dégradation accélérée de la situation française, notamment en mathématiques et en compréhension de l’écrit.
La France termine à la 23e place, sur les 80 pays de l’OCDE et chute lourdement en mathématiques. Ces résultats sont pires que ceux des autres pays, qui chutent également, probablement du fait de la pandémie de Covid19.
Seuls trois pays asiatiques parviennent à faire mieux qu’en 2019 : Singapour, le Japon, la Corée du Sud. Tous les autres affichent de plus mauvais résultats.
En mathématiques, la forte baisse observée en France entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première étude PISA en 2000, alors que la France se trouvait au-dessus de la moyenne en 2003.
D’autres études confirment la chute de ce niveau de mathématiques en France, dont « L’État de l’école » publiée en 2022 par le service statistique du ministère de l’Éducation, qui déclare : « depuis trente ans, une baisse très sensible du niveau moyen et une augmentation des inégalités« . Et « le niveau à l’écrit des 10% d’élèves des familles les plus riches équivaut à une avance de 3 années scolaires environ par rapport aux 10% d’élèves les plus pauvres« .
Mais cette constatation de l’inégalité sociale ne dit pas que c’est elle qui est à l’origine de la baisse de niveau. Le rassemblement d’élèves hétérogènes, par exemple dans le « collège unique », peut, au contraire, mener à s’interroger sur le rôle de cette hétérogénéité dans la baisse du niveau.
La hiérarchie de l’administration de l’éducation nationale en est bien consciente puisqu’elle remonte les notes des copies des examens, comme le premier ministre, Gabriel Attal, vient de l’officialiser. Il n’est donc pas étonnant que les titulaires des diplômes du secondaire n’aient pas le niveau de leurs camarades plus anciens.
Pour une fois, on peut aujourd’hui dire : « c’était mieux avant » et on peut même ajouter « c’est mieux ailleurs ».
Qu’est-ce qui a changé ? Le collège est devenu « unique » et les programmes, qui s’inspirent sinon de Pierre Bourdieu, du moins d’une sorte de « Vulgate » mise au point par ses admirateurs.
Je fais ici allusion à ma participation à un groupe d’enseignants de sciences économiques et sociales et à l’étude dont j’ai été chargé sur une éventuelle informatisation de leur programme.
Les participants avaient une vue marxisante de l’économie, ne parlant des entreprises que par allusions négatives, ce qui me paraissait curieux car la majorité des élèves allait plus tard y travailler.
À la mort de Bourdieu le groupe s’est répandu en louanges tellement hyperboliques que j’ai déclaré y voir un véritable culte. Et j’ai été immédiatement exclu.
J’en ai retenu la négation de toute donnée culturelle traditionnelle assimilée à « un code social destiné à empêcher l’accès au savoir des classes défavorisées ». De même pour toute difficulté pouvant décourager les élèves.
Les simplifications drastiques des programmes, notamment en culture littéraire, me semblent découler de cet état d’esprit, qui a donc gagné certaines hautes sphères du ministère.
A mon avis, ce sont des pistes sérieuses pour expliquer la baisse du niveau, d’autres pistes étant le niveau des enseignants, et le « pas de vagues » de la part de l’administration, de phénomènes largement débattus aujourd’hui.
La priorité à la mixité de sociale
Mais, curieusement, ce n’est pas la baisse de niveau qui remarquée, mais le fait que « les jeunesses ne se croisent plus » (Le Monde du 21 mars 2024), c’est-à-dire que la mixité sociale aurait diminué.
Tout un courant de pensée, portée notamment par Le Monde et le magazine Alternatives Economiques, semble estimer que l’objectif de l’école est la mixité sociale et non le retour à un meilleur niveau.
Dans Alternatives Economiques, la question de la mixité sociale revient avec notamment le commentaire du rapport parlementaire sur le financement public de l’enseignement privé, commentaire virulent qui accuse le privé de pousser à la ségrégation scolaire. C’est confondre l’effet et la cause, qui est la fuite de l’enseignement public.
Cette fuite serait encore plus importante si le privé n’était pas contingenté à 20% des enseignants. Cette limitation totalement arbitraire est un compromis politique vieux de 40 ans, lorsque le programme de François Mitterrand de « nationalisation » de l’enseignement se sont heurtés à la manifestation géante du 24 juin 1984 à Paris.
A mon avis, la détérioration de l’enseignement public devrait amener d’urgence à revoir ce chiffre. Peut-être les proclamations actuelles contre l’école libre sont-elles des contre-feux pour éviter d’en arriver là.
Le commentaire virulent d’ Alternatives Economiques contre l’enseignement libre est appuyé par une citation de l’économiste Youssef Souidi, qui a lancé le 10 avril un ouvrage intitulé Vers la sécession scolaire ? Mécaniques de la ségrégation au collège et sa conclusion : on n’arrivera pas à faire progresser la mixité sociale si l’on ne revoit pas les privilèges octroyés au secteur privé en matière de recrutement et de sélection des élèves.
Partant de ce constat, il suggère « un contrat d’objectifs et de moyens contraignants en matière de mixité sociale’, autrement dit, d’étendre au privé ce qui se fait dans le secteur public, qui croûle pourtant sous les problèmes.
Alternatives économiques attaque par ailleurs la mise en place de groupes de niveau, les accusant d’organiser la ségrégation scolaire et de détruire « 50 ans de travail d’unité »
Le 20 mars 2024, Le Monde mettait en avant « le poids du déterminisme social et la concentration des difficultés dans les établissements les plus défavorisés » dans le secteur public (comprendre : « dont la population est la plus socialement défavorisée » ce qui ne paraît pas très étonnant) : la réussite du brevet est de 99 % dans les établissements privés et de 81 % dans ceux « d’éducation prioritaire renforcée. »
Imposer la mixité sociale dans le privé ?
Le Monde du 28 février relance le débat sur la gestion « singulière » des établissements privés sous contrat, qui accueillaient 17,6 % des élèves à la rentrée 2022, et expose qu’il doive être davantage régulés.
Le 2 avril, Le Monde poursuivait ses attaques contre l’enseignement privé, pour insuffisance de mixité sociale. Or le privé coûte 30 % de moins au budget de l’État que l’enseignement public, en grande partie du fait du moindre coût des enseignants et de leurs retraites : davantage contractuels, moins d’agrégés… ( source iFRAP).
Au passage, notons qu’un recrutement différent de celui du secteur public, moins qualifié mais mieux choisi, semble plus adapté, puisqu’il a la préférence des parents malgré son coût
La mixité sociale est-elle le bon remède ?
Ces articles posent comme évident que la mixité sociale serait un moyen de réduire la chute du niveau. J’avoue ne pas voir de lien logique entre les deux.
D’abord ce choix de la mixité, encore insuffisante d’après les adversaires de l’école libre, est parallèle à la chute de niveau.
Ensuite il y a éventuellement des conséquences négatives pour les meilleurs élèves, et c’est d’ailleurs ce que craignent les parents et explique leur fuite vers le privé..
Enfin il n’est pas évident qu’il faille les mêmes enseignants dans des milieux sociaux différents. Il est tout à fait possible qu’il soit plus difficile de faire progresser les élèves d’une classe hétérogène que ceux de classes homogènes, qu’elles soient en dessus ou en dessous de « la normale ».
En tout cas une décentralisation par établissement permettrait les ajustements nécessaires.
Et de toute façon, selon moi, l’enjeu n’est pas réduire la mixité sociale, mais d’augmenter le niveau.
Refonte de la formation des profs
Le plan de reforme Attal a été complété par le projet de refonte des études des enseignants exposé par Emmanuel Macron le 5 avril 2024 : « des enseignants bien formés seront mieux armés pour répondre pour répondre aux attaques contre l’école et notamment aux des atteintes à la laïcité… il s’agit de mettre en place «les écoles normales du XXIe siècle. » »
C’est un rappel de l’époque où la formation des maîtres ne se faisait pas à l’université. Cette dernière est soupçonnée de faire sortir les candidats des savoirs fondamentaux, c’est-à-dire du français et de l’histoire-géographie.
On vise désormais le niveau bac+3 au lieu de bac+5, avant de passer à des Master « très professionnalisés » qui seront rémunérés et qui comprendront au moins 50 % de stages, pour enrayer la baisse d’attractivité du métier.
Cette réforme devrait être mise en œuvre dès la rentrée 2024 pour les professeurs des écoles et ultérieurement pour les enseignants du secondaire
L’impact de l’orientation Affelnet
Le logiciel Affelnet (Affectation des Elèves par le net) gère l’affectation dans les lycées de l’ensemble des collégiens de 3e. Il prend en compte plusieurs critères pour affecter chaque élève dans un établissement.
Parmi les principaux critères utilisés par les académies figurent le lieu d’habitation de l’élève, les résultats scolaires (demande d’affectation en voie professionnelle et dans certains enseignements à capacité contrainte) et le statut de boursier. Viennent ensuite un rapprochement avec sa fratrie (déjà dans l’établissement), un lycée en limite de zone géographique, etc.
Ce système semble conçu pour développer la mixité sociale, les meilleurs élèves n’étant pas dirigés vers les meilleurs lycées.
Outre ce que nous avons dit plus haut à savoir l’absence de lien évident entre la mixité sociale et l’amélioration du niveau, c’est mettre en place un mécanisme qui décide à la place des principaux intéressés, à savoir les parents d’élèves et les directeurs de lycée.
Outre l’atteinte à une liberté fondamentale, on peut craindre les inconvénients de tout système administratif : fonctionner au détriment des réalités humaines ou concrètes.
Enfin ce système suppose de chiffrer toutes les données et de les combiner. Or les données ne sont pas forcément fiables car les enseignants ne notent pas tous la même façon et, en particulier, ils ont tendance à noter par rapport à la moyenne de leur classe.
Les autres données sont largement arbitraires ! Notamment le niveau socio-intellectuel des parents et la pondération entre différentes disciplines : pourquoi donner un poids plus important au sport et aux disciplines artistiques ?
Au sujet des aberrations d’Affelnet, je vous conseille la lecture instructive – quoiqu’un peu décourageante si vous êtes parent d’un élève scolarisé dans un « bon » collège public – du rapport intitulé : « La réforme Affelnet à Paris : un voyage au pays où 15=20 » de Marion Oury, Maître de conférences en Économie à l’Université Paris-Dauphine, pour la Fondation pour l’Innovation Politique.
Cela me rappelle le mécanisme de promotion à l’ancienneté, dans l’éducation nationale et ailleurs, qui ne permet pas de mettre là où il faudrait les enseignants les plus adaptés à la variété des différentes classes, alors que le directeur local tiendrait compte de cette variété. Mais les syndicats, reflétant vraisemblablement l’avis de leurs membres, préfèrent un mécanisme automatique « neutre » à « l’arbitraire » de la décision d’un patron.
On s’étonnera ensuite de la réussite du privé, tant dans l’enseignement que dans les entreprises en général, c’est à dire là où les employés sont choisis par des patrons.
Les dirigeants de l’enseignement privé peuvent certes se tromper, mais gardent la liberté de renvoyer et recruter de nouveau, ce qui n’est pas le cas dans le public, qui doit garder en poste des profs parfois inadaptés durant des années, malgré l’intervention du rectorat saisi dans les cas les plus graves.
Relance de la guerre scolaire
Le rapport parlementaire relatif au financement public de l’enseignement privé sous contrat des députés Paul Vannier (LFI-NUPES) et Christopher Weissberg (Renaissance) du 2 avril 2024 a été très critique envers l’enseignement privé accusé d’être un système opaque et mal contrôlé pour son usage public.
Après ce rapport, Vannier, député LFI, a fait des commentaires plus raides que son collègue macroniste. Il a notamment demandé à ce que les fonds publics aillent en priorité à l’école publique et cessent de financer le secteur privé.
Ce rallumage de la guerre scolaire par La France Insoumise est destiné, à mon avis, à masquer les vrais problèmes de l’enseignement public.
Tout cela a bien entendu a suscité de vives réactions de Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, principal acteur de l’enseignement privé sous contrat (voir communiqué APEL)
Le rapport a été nuancé dans un deuxième temps par un « rétro pédalage » de Christophe Wahlberg, le signataire macroniste : « Nous ne remettons pas en cause les existants de l’enseignement privé ni son financement. Il est apprécié par les familles, apporte des projets éducatifs et pédagogiques spécifiques. Laissons les parents faire le choix ».
En conclusion
Les entreprises voient arriver des jeunes s’exprimant mal, ne pouvant pas poser clairement un problème ni proposer des solutions claires. L’enseignement du français est donc mauvais et beaucoup d’entreprises font passer des cours de rattrapage à leurs employés.
Le cas des carrières scientifiques est bien pire, car quelques cours à l’entrée dans les entreprises ne peuvent pas rattraper une formation scientifique, notamment mathématique, insuffisante pendant la douzaine d’années antérieures (primaire, collège, lycée).
Or la plupart des sciences et techniques d’aujourd’hui supposent une bonne formation mathématique et déterminent le niveau de vie de tous.
Sacrifier le français et les mathématiques – et, par contrecoup, bien d’autres disciplines autres que le sport ou les arts, favorisés dans les cotations – au nom de la mixité sociale me paraît donc être une aberration.
Il y a sûrement d’autres moyens que de sacrifier le niveau général de la nation.
Yves Montenay
(*) Références
- OCDE : Etude PISA 2022
- Catherine Piraud-Rouet dans l’Etudiant : Comment la baisse du niveau en français des collégiens et lycéens est devenue structurelle
- Réseau Canopé : Note d’alerte CESE Septembre 2023
- Projet de Loi de Finances 2024 : budget total de la mission « enseignement scolaire » 64,2 Md€ hors contributions aux pensions de l’État et 86,8 Md€ pensions comprises.
- Les Clionautes : PISA 2022 : un fiasco pour la France
- Public Sénat : École : le Sénat adopte une expérimentation de l’autonomie des établissements
- Editorial Le Monde : L’école ou le triomphe du corporatisme
- Patrick Aulnas dans Contrepoints : L’école de la République : de l’égalité à l’égalitarisme
- Plan Attal : Choc des savoirs : une mobilisation générale pour élever le niveau de notre École
- Reportage Les Echos : Les écoles de production, cheville ouvrière de réindustrialisation
- France Info : Education : Comment réussir en dépit de son milieu social d’origine
Détruire l’enseignement est un moyen très efficace de détruire la nation et de favoriser la mondialisation dont rêvent les Soros, Schwab, Gates (et Macron). Ce qu’ils veulent, avec le génocide en plus, c’est un monde peuplé de 500 millions de crétins faciles à manipuler.
Je pense que ça vient plutôt de la gauche, et notamment des bourdieusiens que j’ai bien connus, comme dit dans cet article
Les macronistes ou équivalent ne sont pas suffisamment bien placés dans les syndicats d’enseignants ou dans la hiérarchie du ministère
Certes. Mais ce n’est pas la première fois que ce genre de gauchistes se font les complices objectifs du capitalisme le plus brutal. Pour résumer par un exemple, on pourrait dire que ces gauchistes ne veulent pas défendre ni promouvoir la langue française au nom de soi-disant idées autoflagellatrices leur faisant rejeter notre langue (et toute notre civilisation) tandis que maintes multinationales voudraient ne plus être obligées de mettre plusieurs langues sur les emballages de leurs produits et rêvent de se limiter à l’étasunien. Pour employer une autre expression née à gauche, ces gens-là sont les idiots utiles du capitalisme apatride destructeur de tout ce qui n’est pas marchand.
NB : pour éviter tout malentendu, je suis partisan de l’économie de marché hors de laquelle il n’y a que des impasses … mais pas au point de mettre à la poubelle tout ce qui pourrait » contrarier les affaires « , comme la diversité des langues et des civilisations.
On domine mieux un ignorant qu’un érudit.
Car, quel pourrait être le but de l’affadissement de la culture générale ? L’appétit du pouvoir est suffisant, sachant que ceux qui veulent progresser en trouveront toujours le moyen. En revanche, les gardes prétoriennes des gradés d’instituts prestigieux ou politiquement formatés, assurent le recrutement des
autorités. Jusqu’où ? C’est une autre histoire, mais il n’y a pas de complot, seulement une volonté de mise en sujétion du nombre. D’ailleurs, cette question du trop plein de population n’est jamais soulevée. Elle a pourtant une archéologie fournie.
Je n’ai pas compris votre commentaire, pouvez-vous le rédiger autrement SVP
Les atouts dont bénéficient les enfants de parents plus formés que la moyenne sont effectivement considérables. Mais tous les enfants favorisés ne font pas des études égales ou supérieures à celles de leurs parents. Par contre, ces enfants favorisés finissent par faire des études plus longues et plus diplômées que la population moyenne ou défavorisée. Les idéologues du ministère (a-t-on des statistiques comparatives sur le ratio enseignant/non enseignant selon les pays ?) poursuivent leurs solutions, dont une partie des conséquences est la baisse moyenne de niveau des ados et l’augmentation des différences. A-t-on des études de pays ou régions ou systèmes où le niveau moyen monte plus pour les classes défavorisées qui font baisser la moyenne, par les notes de leurs enfants et par les solutions imposées à tout le monde ?
Sait-on quelque part mieux compenser les désavantages des populations défavorisées et venant de l’immigration ? (en France, c’est interdit de mesurer, mais des chercheurs discrets y arrivent peut-être ?).
L’objet principal de mon article est la nécessité de donner priorité au relèvement du niveau sur toute autre considération, même sympathique. Et notamment sur la mixité sociale dont le lien avec le niveau n’est pas évident.
Si on s’intéresse aux défavorisés, ce qui n’est pas l’objet de l’article, je n’ai pas de réponse à vos questions. Mon idée est qu’il s’agit de problèmes individuels (familles monoparentales, mais bien sûr pas toutes, origines très variées : une frange de l’immigration, mais aussi nombre de Français « de souche ». Les problèmes individuels doivent être traités individuellement : scolarité à la finlandaise, internats … et non en baissant le niveau général !
Je pense comme Jacques Peter et thiers, ceux qui gouvernent la planète rêvent d’un monde peuplé majoritairement de crétins, manipulables et corvéables à merci. Et qui se tirent la bourre comme des bourrins, compétition et compétitivité obligent.
Pourquoi vouloir relever le niveau, alors que les facultés sont surpeuplées ? Que les grandes écoles n’ont aucun mal à faire le plein, que les métiers de la recherche sont très précaires, à condition que le jeune diplômé puisse y avoir un poste. De ce côté là on ne peut quand même pas dire qu’on manque de potentiel, de bonnes volontés, de têtes bien faites etc.
Alors on nous dit : « Les entreprises voient arriver des jeunes s’exprimant mal, ne pouvant pas poser clairement un problème ni proposer des solutions claires. » Mais quelles entreprises ? McDo et Pizza Hut peut-être. Mais avec les nouvelles technologies ça ne pose même pas un problème, il suffit de savoir cliquer sur un clavier, ce que tous les jeunes savent faire.
Bon d’accord, savoir lire, écrire, et compter aussi un peu c’est important. Surtout savoir compter.
Et si on parlait un peu du niveau de nos «élites», pas qu’en maths et en français bien sûr. Oui d’accord, ce n’est pas le sujet. Parlons alors de la mixité sociale, mère de la cohésion, sociale, du vivre-ensemble etc. Si même l’école doit s’en foutre… mais qui donc va s’en occuper ?
C’est une drôle d’idée de penser que la société actuelle puisse fonctionner sans personnes qualifiées. Je parle de toutes la gamme de qualification, de l’ouvrier du bâtiment au polytechnicien ou au CNRS. Et de toute façon le responsable de la baisse de niveau n’est pas le gouvernement actuel, mais la façon dont fonctionne l’éducation nationale, surtout en comparaison avec les écoles privées françaises et les écoles publiques étrangères !
Bref, je suis désolé de voir que mon article est si difficile à comprendre
Non, votre article n’est pas difficile : il démontre clairement que la baisse générale du niveau ne bénéficie à personne.
Une des nombreuses et graves erreurs des fruits secs et idéologues du ministère (qui devrait être nommé de l’Instruction publique et non de l’Éducation nationale, histoire d’affirmer que sa tâche est de former et non d’élever les enfants qui sont confiés à ses établissements) qui ont parfois cessé d’exercer le métier d’enseignant dans les écoles, collèges ou lycées, est de n’avoir comme référence que la formation » classique » (Bac, université, …) au lieu de promouvoir en parallèle plusieurs filières différenciées avec le même souci d’exigence : je pense notamment à l’apprentissage professionnel auquel on ne donne pas – et de loin – la même importance en France qu’en Allemagne ou en Suisse : ce dernier pays étant partiellement francophone, il est pourtant facile de s’informer sur sa pratique et d’en tirer les leçons qui s’imposent.
Autre énorme responsabilité des idées de gauche qui devinrent à la suite des événements de mai 1968 parfois des dogmes encore incontestés aujourd’hui : le refus absolu, pour ne pas dire fanatique, de la sélection ( » Non à la sélection ! » hurlaient les manifestants de mai 68). Idée d’une dévastatrice stupidité car la sélection finit toujours par se faire, notamment lors du recrutement par les entreprises.
Le principe qui devrait régir études et formations devrait être » Sélection exigeante ET droit à une deuxième, troisième, etc. chance tout au long de la vie active « , cela, encore une fois, en proposant des filières d’excellence diversifiées comme les personnalités et aptitudes des personnes. Au lieu de donner le Baccalauréat à tout le monde, il faudrait que ce diplôme cesse d’être exigé pour entrer dans le supérieur et soit remplacé par des CONCOURS d’entrée.
Le pire chez un certain nombre de promoteurs de la soi-disant mixité sociale, en réalité du nivellement par le bas – car c’est à cela qu’aboutit la destruction des enseignements de qualité comme ce qui se pratique dans les écoles privées – est qu’ils mettent leur progéniture à l’abri des effets négatifs de leurs principes : par exemple, qui niera que les enfants d’enseignants sont favorisés parce qu’ils bénéficient en quelque sorte de » l’école à la maison » ?
À tous ces idéologues qui ne supportent pas la réussite des établissements n’appliquant pas leurs idées, il faut rappeler que casser le thermomètre ne fait pas baisser la fièvre. La déchéance du niveau de l’enseignement en France nécessite une vraie réflexion intellectuellement honnête sur ses causes et beaucoup de lucidité et de courage pour prendre dès que possible les mesures correctrices qui s’imposent. Pour paraphraser Clémenceau, on pourrait dire que l’enseignement est une chose trop grave pour être confié aux enseignants : plus sérieusement, il ne faut plus qu’ils soient quasiment les seuls à définir le contenu et les méthodes de l’enseignement.
Sur un réseau social, j’ai eu une discussion avec une personne qui semblait être un étudiant en sociologie, qui affirmait de but en blanc que l’ascenseur social serait en panne.
J’ai un peu de mal à voir l’intérêt d’une telle affirmation lancée sans justification, mais soit, j’ai présenté mon cas en disant que non, il est possible de monter. On m’a expliqué que des cas individuels ne remettaient pas en cause l’affirmation (je dois être un peu trop imprégné de maths pour considérer que quand on dit : « il n’existe pas », il suffit de donner un exemple pour faire tomber l’affirmation…), et que de toute façon, tel ou telle sociologue fameux avaient montré que ce n’est pas possible, que j’étais toujours dans ma classe d’origine, que je pouvais lire leur livre mais de toute façon je ne comprendrais pas leur ouvrage, etc.
J’ai l’impression que malheureusement, des gens de cette idéologie mortifère agissent actuellement dans les ministères, des gens pour qui la théorie est tout, cette théorie qui dit qu’il faut le mélange, qu’il faut des activités artistiques, que les maths ne comptent pas, qu’il n’y a pas de quoi être fier de l’Histoire raciste et colonialiste de la France, et j’en passe. Des gens qui, si on leur fournit des faits qui mettent à mal leur idéologie, vont simplement dire que ces faits non conformes se trompent, parce-que leur idée est parfaite.
Et le pire ? Ces gens-là, ils ne changent pas quand le ministre change, ils ne changent pas quand il y a un nouveau gouvernement, ils ne changent pas quand un nouveau président est élu. Ils sont là, à demeure, jusqu’à ce qu’ils aient, eux, envie de changer. Est-il besoin d’invoquer un « complot mondial de la médiocrité » ? Si seulement… ça serait tellement simple de régler le problème… non, il n’y a pas de malveillance ici, juste de la bêtise et de l’aveuglement idéologique… J’aimerais que cet article, qui me semble comme toujours limpide, soit lu et compris par les administrations du Ministère de l’Éducation Nationale. J’ai bien peur qu’il ne s’agisse que d’un vœu pieux, et que les choses continueront sur leur lancée, jusqu’à une rupture qui paraît de plus en plus inévitable…
« juste de la bêtise et de l’aveuglement idéologique… » Oui !
De tout ce que je racontais précédemment, j’espère qu’on aura compris qu’il ne faut pas tout prendre au premier degré. Par exemple, quand je dis (comme Jacques Peter et thiers) que le niveau actuel convient très bien aux «maîtres du monde», ça ne veut pas dire que la société peut fonctionner, au mieux… sans personnes qualifiées.
Seulement voilà, ça veut dire quoi « au mieux » ?
Autre question : Pour quelle drôle de raison, seule la gauche serait frappée par la bêtise et l’aveuglement idéologique ?
Droite et gauche, et surtout les extrêmes, sont également frappés par la bêtise et l’aveuglement idéologique.Voir mes articles qui me valent des critiques des deux côtés
En effet, il semble que nous nous dirigeons vers une sorte de système de castes, où les enfants sont séquestrés dans leur scolarité en fonction de leur milieu social. Il faudrait penser aux garçons (moins bons que les filles pour les études), aux étudiants ordinaires, sans tomber dans les dérives confucianistes des japonais ou coréens qui mettent les jeunes dans des surpressions inhumaines. L’idéal humaniste de développer les connaissances, créer des esprits libres a quelque peu disparu me semble-t-il, et donner de l’employabilité n’est pas vraiment le but affiché à l’EN.
Je trouve que le système de bourse dont ma mère a bénéficié dans les années 40 et 50 était efficace : concours d’attribution, limites assez larges quant aux ressources familiales, puis, si mauvaises notes plusieurs mois de suite ou échec examen, la bourse disparaissait. C’était une autre époque, et la méritocratie était actives. Maintenant, les choses ont changé : cf. la tentative de bourse au mérite de 1998, bien caractéristique de la tendance politique française à faire du symbole, de l’affichage, dans la polémique, pour aboutir à un petit « pschit » dans la réalité.
Merci !
Pour l’enseignement, on peut dire en effet « c’était mieux avant » !