Cette semaine, je passe la parole à mon ami Ilyes Zouari, expert en matière de francophonie et développement des pays africains francophones. Dans ses interventions, relayées dans plusieurs médias africains, il relève notamment que beaucoup de Français et Africains francophones pensent que les pays d’Afrique francophone réussissent moins bien que les anglophones, alors que c’est le contraire… Mais le mieux est lui laisser la parole !
Ilyes Zouari est le président fondateur du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF). Sur son site, il publie des analyses objectives et indépendantes sur le monde francophone et son évolution, en se basant sur des données fiables et à jour, pouvant parfois contredire un certain nombre d’idées reçues, si nombreuses au sujet de l’espace francophone.
Pourquoi l’Algérie va détruire (une nouvelle fois) son avenir si elle remplace le Français par l’Anglais » (…comme le Liban et la Syrie).
« Sans Tabous avec Abdou » est une émission politique totalement indépendante, neutre et orientée vers le débat constructif et les analyses approfondies des évènements très complexes de l’actualité algérienne.
Animée par Abdou Semmar, directeur de publication d’Algérie Part, ce nouveau concept médiatique vise à l’analyse et le décryptage, des informations de premières mains et des commentaires de haut niveau pour éclairer l’opinion publique sur les véritables dessous de l’actualité algérienne, tous ses enjeux des différents dossiers politiques, économiques ou géopolitiques et sociétaux ainsi que leur impact direct sur le quotidien de la population algérienne.
Dans cet épisode, le plateau dirigé par Abdou Semmar accueille Ilyes Zouari, le président du CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone), pour évoquer une délicate et très sensible problématique : l’utilisation de la langue française en Algérie et sa relation avec les questions ou difficultés du développement du pays. Les dirigeants algériens tentent ces dernières années de remplacer la langue française par la langue anglaise dans le système éducatif et le travail quotidien de l’administration algérienne. Une erreur stratégique selon Ilyes Zouari qui va coûter cher à l’avenir de l’Algérie et il nous expose tous ses arguments.
L’Algérie ferait mieux de s’inspirer de la sagesse, de l’intelligence et de la clairvoyance de ses voisins francophones du Maghreb. En passant à l’anglais, l’Algérie commettrait la deuxième plus lourde erreur de son histoire, après celle de 1962 lorsqu’elle s’était jetée dans les bras de l’URSS.
Si le régime algérien fait passer le pays à l’anglais :
1. L’Algérie basculera dans la zone linguistique la moins dynamique économiquement du continent et du monde arabe.
2. Le pays se coupera de l’océan et du marché francophones qui l’entourent (et notamment de l’Afrique francophone, qui vient de dépasser les 500 millions d’habitants, cette année).
3. L’Algérie se rapprochera culturellement, lentement mais sûrement, des pays arabes du Moyen-Orient, sur lesquels elle finira par s’aligner. D’où une explosion, à moyen terme, de l’extrémisme religieux, et du port du niqab. L’Algérie se « démaghrebisera ».
4. Le pays verra se réduire ses débouchés migratoires (étudiants, travailleurs…), vu l’hostilité historique des pays anglo-saxons à l’égard des peuples arabes.
5. … enfin, le pays n’améliorera même pas son niveau en anglais, toutes les études démontrant que les pays arabes francophones dépassent déjà largement les pays arabo-anglophones, anciennes colonies anglaises, et même largement le Japon et la Chine. A terme, tout semble donc indiquer que le niveau en anglais des Algériens finirait par baisser….
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J’ai vue la video en integralité
Il a de bon arguments
Mais 1
L’algerie n’a pas vocation à exporter sa population
Plus les Algeriens resteront en Algerie
Plus ils se feront respecter par leur dirigeants, car ils demanderont plus deroits et moins de corruption
2
Le Liban ne s’est pas saboté quand il a adopté l’anglais
C’est pas à cause de l’anglais que ce pays est un des pires en matières de corruption
3
L’anglais que vous le voulez ou pas est plus utile que le français
4
Moins les Algeriens quitteront l’algerie, mieux ça sera pour eux et pour l’europe
5
Adopter l’anglais leur donnera plus de débauchés à l’international
Les chinois parlent certes mal l’anglais, mais ils parlent presque jamais français
6
Pourquoi vous avez pas l’honneté de dire que vous cherchez avant tout le soft power de la France??
Je ne pense pas que le français soit le « soft power » (l’influence) de la France. En tant que Français, je me félicite de ses progrès en Afrique, parce qu’ils augmenteront ses chances de survie à l’échelle mondiale. Mais le français, comme l’anglais, comme l’espagnol, comme le portugais ne favorise pas la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne ou le Portugal. Le français est la langue de la Côte d’Ivoire, du Gabon, l’espagnol est la langue du Chili, le portugais est la langue Brésil
Faut arrêter de mentir par contre
La Syrie n’a pas remplacé le français par l’anglais à l’université
C’est d’ailleurs le seul pays arabe qui enseigne la medecine en arabe
Il a juste fait de l’anglais la 1er langue étrangère
Si faire de la langue international la 1er langue étrangère du pays (comme la russie ou la chine) est une erreur
C’est que j’ai un gros problème
Le problème n’est pas là, dans la plupart des pays l’anglais est la première langue étrangère. Le problème c’est d’avoir décrété que le français est une langue étrangère, alors qu’elle est parlée par une partie de la population, et particulièrement dans l’élite. On enlève donc une part de la culture et du potentiel de l’Algérie.
Le prétexte est que le français est « la langue coloniale », mais historiquement l’arabe l’est également. Et puis presque toutes les langues du monde sont coloniales…
l’anglais est parlé par une partie de la population iranienne, libanaise
ce n’est pas pour autant que l’anglais fait partie du Liban ou de l’Iran
l’Algérie ne va rien perdre, car le français ne sert à rien
la bourgeoisie qui parle français va changer pour l’anglais, car aujourd’hui toutes les matières scientifiques sont en anglais en Algérie
Les conseils d’administration des boîtes privées vont se faire en anglais
et l’État va continuer à limiter le français
De plus, les classes populaires préfèrent l’anglais, plus utile et SURTOUT PLUS SIMPLE
Vous devriez respecter ce choix, c’est un état souverain
je le redis, l’Algérie ne perd rien à limiter le français, de toute façon, si elle a besoin du français, elle a sa diaspora
perdre une langue secondaire pour gagner la langue international est une chose positive, et comme ça moins d’immigration en france, et moins de liens avec la france
Je pense que vous êtes aveuglé par vos deux dernières lignes
Bonsoir monsieur
Non
Je pense juste que l’algerie y gagne
Car les classes populaire y gagnent
Et car l’anglais est plus simple et plus utile
Si le français faisait vraiment partie de l’algerie, il ferait partie des classes moyenne, hors c’est pas le cas
Je connais des gens qui attendaient depuis longtemps cette réforme
Ils ont enfin gain de de cause, tant mieux pour eux
Le français c’est comme le turk, une langue de passage
Y a que le bèrbere et l’arabe qui sont enracinés en Algerie
Ensuite, moins de liens avec la France, c’est pas une haine de la France, mais tout le monde sait que ces 2 pays n’auront pas de bonnes relations avant au moins 30ans
Ça sert à rien de perdre du temps à avoir des liens culturels
Et les français en ont marre des clandestins Algeriens
Enfin
Le Maghreb et l’europe ont un intérêt commun, donc dans un seul domaine, la France et l’algerie ont un intérêt commun, et faudra qu’ils cooperent
L’intérêt ça sera de lutter contre l’immigration subsaharienne
L’afrique subsaharienne n’a toujours pas terminé leur transition demographique
Ça sera un défi immense pour le Maghreb
Surtout que les population ne veulent pas accueillir les migrants
J’éspère qu’on sera d’accord sur ces 3 points
Je suis d’accord sur les deux derniers, avec des nuances car l’Afrique subsaharienne a ses propres problèmes
Pour votre première idée, je suis bien sûr pas d’accord : avoir une langue de plus est toujours bien, avoir une langue de moins toujours mal : ça enlève une part de la culture et du raisonnement
N’oubliez pas que c’est la deuxième tentative d’officialiser l’anglais en Algérie, la première s’est terminée parce que ceux qui avait appris l’anglais seulement ne trouvaient pas de travail. En effet l’anglais n’est une langue universelle que pour une faible partie de la population, que ce soit en France ou ailleurs : la plupart des gens parlent la langue de leur famille, et seul les scientifiques d’un certain niveau ou des cadres supérieurs en entreprises multinationales travaillent en anglais. La plupart des autres n’ont besoin que de quelques mots
Merci pour cette interview bien éclairante.
Comme je ne connais rien à l’Afrique, je ne m’étais pas spécialement penché sur ce lieu commun que l’Afrique anglophone se développerait mieux que la zone francophone.
Il faut vraiment examiner les chiffres pour y voir plus clair, comme l’a fait M Zouari.
Il me semble qu’il balaye un peu vite quelques contre-exemples (Sahel), mais cela n’affaiblit pas réellement l’argumentation.
Merci, je vais lui transmettre. Pour le Sahel, ce n’est pas la francophonie qui est en cause puisque dans les régions sous le contrôle des djihadistes, il n’y a plus d’enseignement du tout pour les filles, et l’école coranique pour les garçons : c’est-à-dire un arabe archaïque et ni le français ni la langue locale
La seule « réussite » du FLN depuis 1962 aura été un « sans faute » dans le ratage intégral du gouvernement de l’Algérie, comme :
– agriculture massacrée
– aucune exploitation des énormes atouts touristiques de ce très beau pays
– industrialisation aussi mal conçue (pas de choix sérieux en faveur d’industries légères pouvant employer de nombreuses personnes générées par un taux de natalité longtemps excessif et mal maîtrisé) qu’appliquée
– gaspillage des revenus procurés par les hydrocarbures dont la production va décroissant
– mauvais entretien et développement insuffisant des infrastructures existantes au moment de l’indépendance : certes, elles avaient été créées d’abord au profit de la population européenne (les Pieds noirs) ; mais, lorsque les Français ont quitté l’Algérie en 1962, ils n’ont pas emporté les routes, les barrages ou les égouts qui étaient là !
– exaspération générale à travers le monde et rejet croissant de l’Algérie par un nombre croissant de pays qui ne supportent plus l’agressivité et l’incohérence de la politique de la dictature FLN ; en témoigne encore le tout récent vote du Conseil de Sécurité de l’ONU en faveur du Maroc dans l’affaire de l’ex-Sahara espagnol, humiliation méritée pour le FLN
– etc.
Loin de déférer aux injonctions mensongères et hargneuses éructées par le FLN, régime de perdants ratés, relayé par des idiots utiles (LFI, « repentants autoflagellants, décolonialistes et autres » wokistes « ) de » se repentir » du passé et de compenser grassement les effets de son incompétence et de ses malversations, une très grande majorité de Français ne culpabilise pas en raison du passé, moi le premier, et se désintéresse de l’Algérie.
La seule position raisonnable consiste à espérer et attendre la disparition de cette dictature kleptocrate qui ruine ce pays. On ne doit pas insulter l’avenir car il existe des possibilités de coopération constructive entre la France et l’Algérie, sans confondre ce pays ni son peuple avec le néfaste régime du FLN. La féroce lucidité de maints excellents caricaturistes algériens témoigne que beaucoup d’habitants de ce pays ne sont pas dupes de la propagande mensongère de cette clique.
Les démonstrations de M. Ilyes Zouari sur la francophonie en Afrique sont en général très convaincantes. Malheureusement, elles le sont moins quand il écrit (avec une passion mauvaise assez irrationnelle) sur Israël. C’est un peu dommage, mais (certes), nul n’est parfait.
Le problème palestinien est très compliqué par les passions et les brutalités des deux camps
il se dit que les enfants des dirigeants algériens sont au lycée Alexandre Dumas… et que ceux de la bourgeoisie sont scolarisés en français aux glycines ou à El Djil Essaed. Lorsqu’il s’agit de poursuivre des études supérieures hors du pays c’est 92 % en moyenne d’une classe d’âge algérienne actuellement qui le fait en France. Promouvoir l’anglais sera sans effet sur les classes supérieures et appauvrira les autres.
Je ne peux pas répondre sous votre commentaire
Donc je répond ici
L’algerie ne veut pas faire de l’anglais la langue officielle
Mais juste
La 1er langue étrangère
Et
La langue d’enseignement des matières scientific
Rien d’autres
Le droit, charia, journalisme….. restent en arabe
Pour mon 1er point
Il faut choisir
L’anglais ne peut pas être en même temps que le français
Et vue qu’une des 2 est plus simple et plus utile, l’anglais sera toujours preferé
Quant au Français, le perdre ne sera pas une perte, vu qu’il y a la diaspora
Et vous savez qu’une langue ne se perd pas en 2ans
Le français sera encore présent chez les plus de 30ans
Mais je le redis
Beaucoup beaucoup d’algeriens attendaient cette réforme
Et Beaucoup voulaient être comme le reste des pays arabe
Arabe, bèrbere langues officielles
Anglais 1er langue étrangère et langue des matières scientific
Même des deputés tunisiens proposent ce genre de réformes
C’est pas en lien avec les tensions actuelle ou la detestation de la France
Je serais tenté d’énoncer quelques pistes de réflexion :
1} Tout d’abord, le Français est une langue romane avec une tradition littéraire lyrique & poétique parsemée de différents styles d’écriture dont se partagent écrivains et poètes du XIXe et XXe siècles. Renouer le lien avec cette langue, c’est aussi retracer la généalogie littéraire mais aussi les conditions sine qua non {Industrialisation} auxquelles les populations du Maghreb ne partageaient pas, un univers culturel diamétralement différent qui nourrissait des convoitises, attiser les passions et paradoxalement inciter de jeunes élites du Maghreb d’antan à multiplier des efforts constants pour se l’assimiler tout en adoptant subtilement les idéologies diverses {le marxisme notamment}. D’où la prudence de certaines personnalités {politiques} Algériennes qui perçoivent le Français comme une extension impériale et dominatrice dans le but {avoué ou non} de les détacher du monde arabo-musulman, d’une pratique orthodoxe sunnite, voire faire émerger un Christianisme Africain – Romain – dont les souhaits furent manifestés dans les écrits de Louis Bertrand ou du Cardinal Lavigerie.
2} L’Algérie est certes engluée dans un bras de fer avec la France depuis longtemps. Les autorités ne reflètent nullement les attentes, évolutions et complexités des Algériens et de sa diaspora qui, avec le temps, se rend compte des problèmes anthropologiques elles-mêmes à l’origine des difficultés économiques. Le régime exploite une rente mémorielle pour prolonger sa légitimité auprès de sa population, elle-même privée d’une analyse historique plus approfondie et moins idéologique sur la colonisation Française, ses causes et les conséquences qui en découlent. Sans compter aussi sur les Pieds-Noirs, Kabyles et Juifs Algériens dont les mémoires n’ont pas été évoqués avec neutralité… La question des Harkis est un exemple poignant : La France s’est rendue coupable d’abandon auprès des Harkis, et le FLN n’a pas eu la sagesse et la dignité de traduire en justice ces derniers pour distinguer les motivations idéologiques des motivations opportunistes, ainsi que les tortionnaires des traducteurs interprètes… Un conflit mal digéré par les nostalgiques de l’Algérie Française déplorant la corruption, l’amas de détritus sur les trottoirs, le manque flagrant de discipline, l’absence de respect de la propriété privée, l’indiscrétion, la mauvaise éducation scolaire et familiale et le sentiment d’avoir été trahi par le Général de Gaulle justifiant la tentative de Putsch manquée en 1961.
3} Les Algériens ont tout à perdre en abandonnant le Français : la connaissance historique des deux pays, l’excellence littéraire et culturelle qui émerveilla les monarchies d’Europe, les intentions flagrantes et déguisées des autorités coloniales d’autrefois, et aussi une meilleure connaissance du modèle politique Français différente de la Shari’a. Certains aspects de la Shari’a [ الأحكام السلطانية] , « Ahkâm Sultaniyya », rejoignent partiellement les prérogatives du sentiment patriotique et communautaire : la nécessité d’une natalité importante pour assurer la continuité économique en incitant les jeunes à des métiers de grande importance : l’agriculture, l’artisanat et la construction puisque l’exercice de ces métiers à un jeune âge sont plus facilement exécutés qu’à un âge vieillissant et sont d’une utilité importante pour l’ensemble de la population. D’ailleurs la population Algérienne tiraillée entre modernité occidentale et tradition religieuse sera dans un perpétuel débat où l’issue n’est connu de personne et suscitera toujours des inquiétudes… Inquiétudes dont se nourrit le régime Algérien actuellement.