Faut-il financer les islamistes pour sauver des otages ?

Faut-il financer les islamistes pour sauver des otages ?

Faut-il vraiment verser une rançon pour délivrer des prisonniers, aidant ainsi financièrement des terroristes en lutte contre nous ? La question est vieille comme le monde et cet article en rappelle l’histoire.

Cette question s’est de nouveau posée avec la libération de Sophie Pétronin, dernière otage française dans le Monde, après 4 ans de détention au Mali. Officiellement cette otage a été libérée ainsi que deux autres occidentaux et le chef de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, dans le cadre d’un échange de prisonniers, mais il se dit qu’une rançon a été versée en plus.

Le cas de Sophie Pétronin n’est pas clair

Quelques jours après cette libération, les esprits ont été troublés par deux constatations :

  • Sophie Pétronin a dit avoir été bien traitée, s’être convertie à l’islam (c’était peut-être indispensable dans sa situation) et souhaiter retourner à Gao, zone déconseillée aux Français, pour reprendre ses activités humanitaires. Certains se demandent donc si elle a bien été « otage » au sens habituel du terme.
  • Ce qui intéressait les Maliens, et notamment le président Ibrahim Boubacar Keïta, récemment « sorti » par les militaires, était une entente avec les islamistes pour des raisons de politique intérieure, voire d’intérêt personnel. Il est possible que pour rendre acceptable à la France cette entente avec l’ennemi, on y ait ajouté cette libération pour lui faire plaisir. Et calmer les militaires français, qui sont furieux de voir libérer les djihadistes qu’ils se donnent tant de mal à combattre pour protéger le Mali… à la demande de ce dernier, dont certains dirigeants semblent donc jouer double jeu.

Mais, au-delà de cette embrouille ponctuelle, revenons à l’histoire de ce métier de rançonneur…

Un métier éternel et même glorieux

Il est évidemment très désagréable de donner de l’argent à des gens que l’on combat et qui vont acheter des armes et des munitions, qui tueront vraisemblablement des soldats français.

La question s’est posée à toutes les époques avec presque toujours la même réponse : « payer ». Mais comme le grand public n’est pas composé d’historiens qui sont « habitués » à ces échanges immémoriaux, il demeure profondément perplexe et choqué.

Commençons par rappeler l’histoire de ce qui est peut-être un autre « plus vieux métier du monde » avec la mise en esclavage des prisonniers… et la prostitution.

A l’école primaire, on nous racontait la défaite de Poitiers (1356). Le roi de France, Jean le bon, battu par « le prince noir », est resté trois ans et demi prisonnier à Londres jusqu’au paiement d’une très forte rançon.

Tout cela était d’usage normal, et lorsqu’un noble tombait de son cheval et restait pris dans sa lourde armure, il demandait « mercy » et attendait en prison que ses proches rassemblent la rançon. Seules ces barbares d’Anglais à Azincourt en 1415 donnèrent l’ordre de couper la gorge aux chevaliers français, annonçant la fin d’une époque.

Pendant quatre siècles de plus, les Barbaresques, de Rabat à Tunis en passant par Alger razziaient les côtes françaises, espagnoles, italiennes… pour revendre leurs prisonniers sur le marché des esclaves, en général à leurs proches ou au consul du pays concerné. La rançon était alors débattue aux enchères publiques, sauf probables accords de gré à gré.

Les Maghrébins rappellent aux visiteurs « ces glorieux exploits de nos ancêtres corsaires ». L’argent allait bien sûr à de nouveaux navires pour de nouvelles razzias.

Aujourd’hui, les Libyens torturent les migrants en fuite vers l’Europe pour qu’ils demandent à leurs familles de rassembler une rançon.

Les islamistes, là encore, se veulent les gardiens des traditions

Les bonnes affaires des islamistes

Une étude du New York Times avait été relayée par Le Figaro dans son article sur « La France, championne du paiement des rançons à al-Qaida » publié le 30 juillet 2014, exposant qu’il y avait là un « business model » (modèle d’affaires) pour les terroristes.

Résumons cet article : en 5 ans, de 2008 à 2013 « les enlèvements d’otages ont rapporté au moins 125 millions de dollars aux groupes terroristes affiliés à al-Qaida dont 58,1 millions par la France, auquel il faut ajouter une dizaine de millions pour d’autres affaires. La Suisse a payé 12,4 millions de dollars et l’Espagne 10,1. Le Qatar et Oman ont versé 20,4 millions de dollars pour deux Finlandais, un Australien et un Suisse, probablement comme intermédiaires avec les pays concernés, ce qui permet à ces derniers de nier tout paiement. »

L’article cite également Nasser al-Wuhayshi, le chef d’al-Qaida dans le péninsule arabique confirmant l’intérêt de ce commerce. Et l’élaboration d’un protocole commun pour les enlèvements et le processus de négociation, après la sous-traitance des prises d’otages à des groupes criminels qui toucheront une commission de 10% sur la rançon. De 2003 à 2014 on serait passé de 200 000 $ par otage à 10 millions !

Certains cherchent des raisons à cette explosion des prix, par exemple punir la France qui est leur adversaire militaire, mais la raison est plus simple : cette inflation est d’abord le résultat d’un marchandage, or la négociation n’est pas la compétence particulière de nos énarques, et ensuite de la meilleure conscience qu’ont maintenant les djihadistes du prix de la vie pour un Occidental. Que nous décidions qu’une vie vaut si cher est très étonnant pour eux mais toujours bon à prendre. Et puis, il y a peut-être des fuites en cours de route, remplissant les poches des intermédiaires…

Le problème est que les Européens, « qui valent cher », deviennent ainsi des proies attirantes.

L’alternative est évidemment de ne pas payer, ce que font des États-Unis et la Grande-Bretagne. Résultat : les otages sont gardés indéfiniment ou exécutés, tel le reporter du Wall Street Journal, Daniel Pearl, en 2002. Mais du coup les citoyens de ces pays sont moins intéressants et moins souvent enlevés.

Dans quelle mesure cet article du New York Times de 2014 que nous venons de citer s’applique-t-il aujourd’hui à la situation au Sahel ?

La guerre française au Sahel et le grand djihad africain

Outre mon article sur la guerre au Sahel, vous pouvez lire :


Sur le plan militaire, les Français ont stoppé l’avancée des djihadistes vers les capitales et notamment celle du Mali, Bamako. Mais quelques milliers de Français ne peuvent pas « tenir le terrain » face à l’écroulement de l’administration malienne.

Cet écroulement vient en partie de la corruption de ses chefs qui prive de moyens les acteurs de terrain, mais aussi de la pression directe des djihadistes opposés à toute forme d’État moderne, et notamment opposés à la scolarisation « à l’occidentale ». Les Islamistes veulent les filles à la maison, les garçons à l’école coranique où l’on répète des phrases du Coran en arabe sans être alphabétisé en français ou en langue locale.

Le Mali n’est qu’un cas particulier d’un immense djihad africain qui comprend, outre tous les pays du Sahel, les chebabs de Somalie et du nord du Kenya, ainsi que Boko Haram (terme qui signifie « l’école occidentale est impie ») au sud du Niger, à l’ouest du Tchad et au nord du Nigeria et du Cameroun. Ce djihad a gagné récemment le nord du Mozambique.

Zones territoriales du Djihad africain
Localisation des incidents armés attribués à des mouvements djihadistes au Sahel. Crédit carte : Jules Duhamel

Cette prise de contrôle de vastes régions par des djihadistes a eu au moins un avantage dans le cas qui nous intéresse : elle a vidé ces régions d’occidentaux susceptibles d’être pris en otage, les règles de sécurité s’ajoutant à la fin des voyages internationaux dus à la pandémie.

Il n’y a ainsi plus de touristes et le moins possible de voyages professionnels, donc beaucoup moins d’otages en puissance.

Les rares Français qui ont contrevenu à ces précautions ont été délivrés par les forces spéciales – parfois au péril de leur vie : 2 militaires des forces spéciales sont morts lors de la libération de 2 touristes en mai 2019 au Burkina-Faso – ou ont été tués par des bandits locaux ignorants du bénéfice qu’ils auraient pu en tirer.

Alors, payer pour nos otages, ou non ?

Les cyniques disent qu’il faut arrêter de payer : le péril islamiste est trop grave, il ne faut pas leur verser plus d’argent et donc arrêter de s’occuper encore d’éventuels nouveaux otages.

Les Occidentaux, et notamment les Français, sont censés être au courant des risques qu’ils courent, et le ministère des affaires étrangères met régulièrement à jour la carte des zones à éviter, les pays du Sahel notamment :

Conseils aux voyageurs; Sécurité au Sahel Ministère des Affaires étrangères - 8 oct 2020
Conseils aux voyageurs (Ministère des Affaires étrangères) : Sécurité au Sahel 8 oct 2020

Mais le problème ne va pas s’éteindre de lui-même.

Très logiquement les djihadistes à la recherche de nouveaux otages vont essayer d’aller vers le sud et notamment vers les capitales dans lesquelles se trouvent non seulement nombre d’Occidentaux, mais aussi des notables africains financièrement intéressants. Bamako au Mali, Ouagadougou au Burkina Faso et Niamey au Niger sont probablement les plus faciles à infiltrer.

Ces capitales sont actuellement fragilisées par des mouvements « décoloniaux » anti-occidentaux, flattés par les djihadistes.

Ces mouvements ont deux motivations :

  • l’opposition aux gouvernements locaux censés être à la solde de la France et incarner la Françafrique, opposition nourrie par l’échec économique, qui donne des recrues aux islamistes,
  • la défense de ces gouvernements locaux qui laissent entendre que l’échec actuel est une conséquence de la colonisation, ce qui ne les empêche pas de tisser des liens quasi coloniaux avec la Chine, et accessoirement avec la Turquie.

Cette agitation est évidemment catastrophique pour les populations,  notamment parce qu’elle favorise les djihadistes présentés comme des « purs » opposés à des pouvoirs inefficaces et corrompus.

Pour l’observateur lointain et cynique, il y a un peu d’ironie à voir des zones entières de l’Afrique retomber dans un état de désordre pré-colonial qui se traduira dans un deuxième temps par la famine et des catastrophes sanitaires, au moment où on l’accuse la colonisation d’avoir interrompu un soi-disant paradis !

Pour les autres, c’est une immense perplexité de voir libérer quelques centaines de djihadistes, dont quelques dizaines de « gros poissons » d’après la presse malienne, et de leur faire parvenir des sommes qui permettront de les réarmer. Tout cela pour libérer trois Occidentaux et un notable malien.

Mais le rappel historique ci-dessus montre que la réponse à ce problème vieux comme le monde des otages a toujours été de payer pour délivrer.

Les Européens qui vivent depuis plus de 70 ans dans un univers pacifique et relativement équitable sont choqués par cette révélation de la brutalité du reste du monde.

Les autres acteurs trouvent cela normal : toute autorité doit sauver la vie de ses ressortissants ou disparaître.

Yves Montenay

 

Suite à cet article, Contrepoints en a fait sa Une et Yves Montenay a été invité à parler du sujet sur Sud Radio :

Yves Montenay sur Sud Radio à propos de la libération de Sophie Pétronin

23 commentaires sur “Faut-il financer les islamistes pour sauver des otages ?”

  1. Au sujet des USA ou du UK qui ne paient pas les rançons: « les citoyens de ces pays sont moins intéressants et moins souvent enlevés ». Donc la solution serait là: ne pas aller dans ces pays dangereux., ou ne pas y aller n’importe comment, et avec n’importe qui, ou avec n’importe quelle organisation. Il faudrait responsabiliser les Français (acte à signer avec les ambassades) qui s’installent dans des pays officiellement dangereux et refusent de se déplacer selon les autorisations des ambassades (si ces Français veulent être secourus par la France, ses armes, sa diplomatie ou son argent, ils devront alors se soumettre aux recommandations de la France). Si ces Français sont agressés alors qu’ils ont suivi les recommandations de L’État français, alors ils doivent être secourus par la France, qui en retour doit faire son examen critique de sa politique extérieure: compte tenu des rançons à payer (si la France a mal estimé les dangers ou mal informés ses citoyens en déplacement à l’Etranger, elle doit les secourir, c’est à dire, entre autres: payer), il faudra qu’elle fasse ses comptes.On peut imaginer une solution semblable aux secours en montagne: si vous faites du ski hors-pistes alors que des avalanches ont été prévues, on vous secoure si vous êtes bloqués…mais vous payez ! (ou vous y restez si on ne vous trouve pas, ou si on abandonne les recherches). Bref, si Mme Petronin veut absolument retourner au Mali, qu’elle le fasse en toute responsabilité, à ses risques et périls (compte tenu de la situation dangereuse)…mais que la France ne paie plus (ni en argent, ni en militaires tués, ni en matériel détruit) si elle est à nouveau en danger. Et cela devrait fonctionner ainsi pour tout Français se mettant dans cette situation.

    Pour info (intéressant à lire):
    https://frontpopulaire.fr/o/Content/co263109/sophie-petronin-anatomie-d-un-malaise-francais
    https://frontpopulaire.fr/o/Content/co262451/lettre-ouverte-a-sophie-petronin

  2. Cher Yves,
    On ne dirige pas un Etat avec faiblesse et états d’âme. Je suis partisan de la méthode Poutine: pas de quartier, tant pis pour les dommages collateraux. Donc, pas de négociations, pas de rançon, et pas de quartier. si ceci était la règle du jeu de notre pays, telle que Poutine l’applique, les OnG seraient sans doute plus prudentes, les francais plus attentifs aux recommandations du Ministere des Affaires Etrangères. Juste du bon sens et rappeler aux gens ce qu’est une relation de cause à effet.

  3. Cher Ami

    Il n’y a pas de solution satisfaisante à ce problème qui est aussi vieux que le monde.

    La logique serait de soutenir qu’il ne faut jamais payer quoi que ce soit pour un otage, et que la faiblesse est le meilleur moyen d’encourager les preneurs d’otage à recommencer de plus belle. Le raisonnement est convaincant, mais il faut, pour s’y tenir, une force de caractère exceptionnelle. De surcroit un gouvernant français qui tiendrait le choc a toutes les chances de le payer cher en termes électoraux, ce que son adversaire et successeur comprendra si bien qu’il évitera de faire la même erreur.
    La solution proposée par Binh est presque satisfaisante, à condition que celui qui est amené à refuser de payer pour un otage n’ayant pas été expressément autorisé à remplir une mission bien définie, sache que cette fermeté lui coutera probablement son siège.
    Il me semble donc que les considérations humanistes qui amène à multiplier la présence de Français sur des lieux dangereux doivent être limitées au maximum.
    Il faut aussi et peut- être surtout que nos dirigeants soient dans un monde de plus en plus dangereux choisis en fonction de leur caractère que de leur habileté supposée et de leur compétence non moins supposée, mais celà est une autre histoire

    Etienne Tarride

  4. C’est facile de dire « ne payez pas ». César et Cervantes furent captifs des barbaresques et furent libérés contre rançon. Mais César leur promis de se venger et les fit pendre ultérieurement. La Russie n’a pas mégoté avec les 40 terroristes tchétchènes prenant en otage 900 spectateurs d’une comédie musicale en octobre 2002 au théâtre Doubrovka de Moscou, Au matin du quatrième jour de la prise d’otages, les forces spéciales russes donnent l’assaut et tuent les terroristes. 128 otages périssent au cours de cet événement. Mais c’était en Russie. Entendez-vous le chœur de ces âmes sensibles toujours prêtes à condamner l’inhumanité de ce traitement, comme, si les choses avaient tourné autrement, elles auraient condamné tout accommodement avec les terroristes? La foule est incontrôlable et les desseins de nos dirigeants ont cinquante nuances de noirceur et peut-être cent de cette candeur des otages dont l’inconscience, parfois, frise une douce folie. Et il faut faire avec. Alors, payer ou ne pas payer? « That is the question » à laquelle je ne me sens pas capable de répondre de la même façon suivant les cas et peut-être aussi suivant mon humeur du jour. Pour conclure je vous dirai: Bien sûr qu’il ne faut pas payer ….quoique …

  5. Payer, c’est forcément reculer. Et reculer, ça peut se justifier si ça permet de mieux sauter. Encore faut-il vraiment vouloir sauter, et ne pas trop reculer (pour que le saut ne devienne pas impossible). C’est le dilemme éternel. Difficile et cruel. Mais il faut bien regarder la réalité en face, celle des rapports internationaux: à un moment donné, il faut faire la guerre quand on a des guerriers en face (individus groupes ou états animés par des méthodes terroristes). A force de reculer devant Hitler, la France a fini par exploser: et l’Europe (sinon le monde entier) avec. Exemple: on recule devant Xi Jin Ping. Son occupation des iles du Pacifique Sud Ouest est quasiment actée, et ses routes de la soie prétendues « commerciales » sont en fait des stratégies d’expansion territoriale (argent et infrastructures contre bases militaires): c’est ce qui se passe au Cambodge (entre autres) où une base navale chinoise semble en préparation (à suivre). L’océan Indien est maintenant en danger (comme l’Arctique): c’est la tache d’huile. Et c’est aussi ce qui se passe avec le terrorisme islamiste, qui n’a pas encore reçu de reconnaissance diplomatique, comme c’est le cas de l’Etat chinois communiste, qui est un Etat terroriste (Le Tibet est définitivement perdu). A force de reculer, on en est arrivé où nous en sommes: la Chine n’hésite même plus à intervenir sur notre territoire, elle entend contrôler nos évènements culturels ou économiques (aéroport de Toulouse, Téléfoot, viticulture du Sud-Ouest, etc). Bref: à force de payer ou de reculer devant les fronts terroristes, on finira par ne plus pouvoir agir. Au sujet de l’interventionnisme étatique chinois sur notre vie culturelle (relier ça avec notre posture devant les terroristes islamistes), on peut lire ceci: https://www.telerama.fr/idees/quand-les-chinois-veulent-obliger-un-musee-francais-a-reecrire-lhistoire-6715522.php

    1. Merci pour ce complément.
      Un article n’est pas un livre et ne peut tout traiter. Je vous renvoie à mes articles sur la Chine
      La Chine est en train de déclencher une réaction anti-chinoise mondiale … À suivre …

    2. Employons les mots exacts : la Chine ne pratique aucun terrorisme sauf contre les Ouïgours (mais il s’agit là plus de contre-terrorisme). Les nouvelles routes de la soie sont une manière normale de développer les échanges économiques, si bénéfiques à l,Humanité, comme l’Europe et les Etats-Unis l’ont fait depuis… les Phéniciens : pas de commerce sans infrastructures et sans sûreté ! Que la Chine construise des bases militaires au Cambodge et au Pakistan (ingérence économique) me gène moins que le fait que l’OTAN en construise une au Kosovo (ingérence politique). Quant au Tibet, à la Crimée ou au Haut Karabakh, ce sont des zones culturellement et ethniquement rattachées à la Chine, à la Russie et à l’Arménie et qui n’auraient jamais dû être séparées de ces pays, si ce n’est pour des raisons inavouables (semer la zizanie pour mieux asservir). Idem pour les îles de mer de Chine : celle-ci, par une curiosité de la nature, est entourée d’archipels et péninsules indépendants, qui lui « chipent » tout son espace marin (Japon, Corée, Philippines…). Les 1,5 milliard de Chinois méritent au moins autant d’eaux territoriales que les 400 millions de Japonais, Coréens, Philippins ou Vietnamiens. La faute au droit maritime international, élaboré entre Occidentaux lorsque la Chine n’existait pas vraiment, et qui lèse cette dernière. Il faut impérativement revoir ce droit maritime, comme le réclame Erdogan avec toutefois beaucoup moins de légitimité (la mer Egée est grecque depuis toujours et l’invasion illégitime du Nord de Chypre ne devrait lui donner aucun droit maritime).
      En Afrique, je me réjouis de ce que fait la Chine : nous ne serons jamais assez nombreux pour tenter de développer ce continent surpeuplé !
      En matière d’otages, imitons le cynisme anglo-américain : ne rien donner !
      Merci à Yves Montenay pour ses intéressants débats.

  6. Payer des millions pour une personne c’est attribuer une valeur supérieure à sa vie que celle d’une autre, juste parce qu’elle a été capturée. Payer pour quelqu’un qui est menacé à court terme, sous le coup de l’émotion, au nom d’une grande humanité sans limite (ni de prix), et laisser creuver des gens qui meurent, mais à petit feu… de tout un tas d’autres maux ; un peu comme condamner une humanité entière, son économie, sa culture, sa vie affective, son éducation, avec une dictature sanitaire, sous le coup de la peur (une émotion donc) pour une hypothétique menace à court terme, et laisser les gens creuver mais à petit feu de tout un tas d’autre maux y compris ceux provoqués par la même politique sensée sauver la population qu’on prétend protéger ? Le débat pourrait donc être : on paye très cher quand c’est immédiat, même si c’est peu de monde, et on paye pas quand c’est à petit feu même si c’est plein de monde. On (le gouvernement en tous cas) paye donc surtout en suivant ses émotions, pas sa raison. Pas au nom de la sauvegarde de l’humanité, de la patrie de je ne sais quoi, ce n’est pas vrai.

    1. Officiellement il n’y a pas de rançon et les Maliens ont négocié seuls. En pratique je n’en sais rien. Mais ce qui a le plus choqué les militaires français c’est de la libération de 200 djihadistes qu’ils vont retrouver contre eux.

  7. A ce jour, vendredi 16 octobre, 19h 50, on peut déjà dire que de payer les terroristes, ça ne les calme pas. La mise à mort du prof d’histoire par décapitation, sur notre sol en France, prouve bien au contraire que la faiblesse de nos démocraties face au chantage des terroristes les encourage encore + à la terreur (même si l’agresseur a agi individuellement, mais sans doute encouragé par certains milieux, et peut-être même par certains parents d’élèves… )

    1. On sait très bien que ça ne le calme pas ! La seule question est de savoir si on veut sauver l’otage ou non

  8. Il est à craindre avec tristesse et effroi qu’en voulant sauver l’otage (je colle à l’article) on ait indirectement donné le feu vert à la décapitation islamiste d’un professeur d’histoire en France…! Le signal donné aux islamistes par cette négociation pour la libération de notre otage était assez clair: réjouissez-vous (ce qu’ils ont fait) car vous avez gagné (libération de terroristes). Donc, maintenant, … continuez ! Ce qui a été fait. Et c’est un signal qui, je le crains, a été entendu par de nombreux musulmans non radicaux. Si de simples parents d’élèves religieux osent aujourd’hui se plaindre d’un professeur d’histoire qui expose des faits à ses élèves (c’est pourtant la base du métier d’historien), c’est bien que l’intolérance islamiste a pénétré profondément les institutions de notre société et qu’elle peut être traduite en acte barbare à tout moment (à la faveur de la colère ultime d’un religieux). A force de céder aux islamistes, on va finir par convertir les musulmans tranquilles à l’intimidation des autres, au prosélytisme, puis au soutien indirect à la terreur.

    1. Merci pour cette analyse.
      Il semble se confirmer que les Français n’ont pas été pour grand-chose dans la négociation. À mon avis c’est une confirmation du cousinage entre djihadistes et l’ancienne équipe au pouvoir. Pour la nouvelle, je ne sais pas

  9. Pour commencer : La musulmane libérée se nomme Maryam et prie Allah et il semble qu’elle se sente plus musulmane et malienne que française et chrétiene, c’est son droit et nous nous devons de le respecter. Pour suivre, si le grand public n’est pas composé d’historiens il n’est pas non plus composé d’ignorants ! Nos gouvernements le savent si bien qu’ils ne s’engagent pas à risquer le référendum sur des sujets importants comme celui du paiement d’une rançon aux terroristes islamiques et avec de surcroit la libération de criminels tous prêts à décapiter avec délectation du « nsara » ! Refuser le chantage des « nouveaux barbaresques » en refusant de payer rançon serait selon vous du cynisme…Sont donc cyniques les Etats qui refusent de payer tel qu’Israël, les USA, la Russie et les autres ! La Chine n’est jamais concernée par les nouveaux barbaresques, pas plus que la Turquie, et pourtant il y a une pénétration importante des chinois en Afrique, étonnant quand on sait que les Ouigours ne sont pas cajolés par le pouvoir de Pekin ! Mais la Chine est peut-être forte et nous non, ce que nous prouvons chaque jour par le discours et les actes de nos dirigeants souvent plus irresponsables que responsables et jamais coupables ! Comme vous l’écrivez deux commandos ont perdu leurs vies en libérant deux otages homosexuels qui avaient choisis une zone à risque pour réaliser leur voyage de noce…Il y a des priorités qu’un Etat doit savoir adopter et à mon avis la France n’a pas fait le bon choix ! Chacun de nous doit assumer ses responsabilités et en assumer les conséquences. L’Etat se doit, lui, d’assurer la sécurité de l’ensemble de ses concitoyens, sur son territoire et même ça n’est pas de ses compétences si l’on s’en réfère aux attentats commis par les terroristes musulmans en France ou l’on enregistre avec impuissance plusieurs centaines de morts et plus d’un millier de blessés depuis que le terrorisme islamique sévit dans notre pays…le dernier en date la décapitation commise par un musulman Tchétchène agé de 18 ans et « réfugiè politique » ! La France est faible elle a, en réalité, vécue dans l’illusion d’un univers pacifique et encore moins vécu dans un esdpace équitable !

    1. J’enregistre votre analyse. Un détail de vocabulaire : j’ai employé le mot cynique au sens de « froid », c’est-à-dire sans tenir compte des sentiments. Ce n’est pas un terme péjoratif dans mon esprit

  10. Pétronin n’a pas , n’a plus ma sympathie . Qu’elle se soit convertie par obligation , je comprendrais . mais elle n’a pas à conserver cette position à son retour . Je constate amèrement que sa co-détenue, la religieuse Suisse , a été assassinée dans un silence assourdissant .

  11. Je citerai André Malraux : « La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie « .
    C’est l’honneur de la France de venir au secours de ses ressortissants en situation de danger de mort ou de maltraitance.
    En revanche, la France devrait combattre plus fermement l’entrisme de l’islamisme politique radical d’inspiration totalitaire qui sévit depuis des années dans notre pays, et ne plus se cacher derrière des discours lénifiants et de jolis mots (comme par exemple, le « séparatisme »).

    1. Bien d’accord. Toutefois je ne suis pas sûre que le problème vienne du sommet de l’État, mais plutôt du « pas de vague, je veux dormir tranquille » des échelons intermédiaires (Mon expérience personnelle de direction comme contractuel dans le secteur public Et de nombreux témoignages d’enseignants). J’espère qu’ils seront secoués cette fois-ci

  12. Je partage tout à fait votre observation. Merci pour votre réponse.
    En effet, cette fois-ci le corps enseignant de l’Education nationale est directement touché, et cela pourrait faire enfin évoluer les choses. Ceux qui parmi eux étaient manifestement sous influence des islamogauchistes, courbaient l’échine sous le poids du terrorisme intellectuel des militants anti-système, ou encore se ralliaient par bien-pensance et paresse intellectuelle aux mouvements décoloniaux complaisants, vont sans doute être amenés à réfléchir et, peut-être, à réviser leur point de vue.
    On peut toujours rêver.

  13. A force de payer (et de céder, donc) au terroristes, voici un petit témoignage (de circonstance) d’un jeune garçon qui peut nous aider à imaginer notre avenir en France. Voici donc ce que déclare le collégien Pape Byram, ancien élève de Samuel Paty (dans l’émission “C Politique”): « le prof n’a pas critiqué une religion. Au contraire, il a même proposé à certains élèves de sortir. En plus rien ne l’obligeait à faire ça ». L’argument fanatique de l’insulte faite aux croyants de tient pas (à supposer qu’il faille éviter de blesser les croyants…). Et le garçon ajoute quelque chose de très lucide et de très pertinent, des mots que les adultes devraient méditer: « Si jamais il y a une chose qui est interdite, au fur et à mesure, il y a de plus en plus de choses qui vont être interdites et à un moment donné, on ne pourra plus rien faire ». C’est exactement ça le problème ! Ce jeune a bien saisi le danger: si rien n’est fait pour installer réellement la laïcité dans notre quotidien, les profs risquent de s’autocensurer, et la société toute entière va s’adapter aux menaces de mort. La dissémination des tueurs religieux va finir par contraindre les gens à faire attention et à se soumettre à la sensibilité écorché des religieux (exemple: porter un voile). Il faut rappeler que Hitler et ses amis ont pris le pouvoir en étant minoritaires, grâce à la peur qu’ils inspiraient. Avec quelques centaines de tueurs kamikaze bien cachés, les fanatiques religieux peuvent tout à fait changer la vie des Français. Tout doucement, par auto-persuasion (un peu comme l’otage revenu du Mali …?)

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