
Cet archipel est composé de plus de 7.600 îles réparties en trois grands groupes sur une superficie totale d’environ 300 000 km² :
- Luçon au nord,
- Visayas au centre,
- Mindanao au sud.
Il est le voisin au nord-est de l’autre grand archipel asiatique, l’Indonésie.
Mais si ce dernier illustre une variante laïque de l’islam, les 115 millions de Philippins sont très catholiques, à une exception près.
C’est un pays mal connu des Français, qui n’en entend parler que par les catastrophes naturelles, typhons et séismes, ce pays étant sur « la ceinture de feu » volcanique du Pacifique.
Le pays a deux langues officielles : le filipino (très proche du tagalog de la région de Manille) et l’anglais. Sans compter les 170 langues de chaque groupe d’îles.
Le seul pays majoritairement chrétien d’Asie
Environ 80 % de la population est catholique depuis la colonisation espagnole. Les autres sont protestants ou musulmans (dont nous reparlerons), ainsi que quelques bouddhistes et adeptes des religions traditionnelles.
Avant la conquête espagnole
Les Philippines ont été peuplées par des Austronésiens venus de Taïwan il y a environ 4.000 ans, divisés en communautés autonomes.
Outre l’agriculture et la pêche, il y avait un important commerce maritime avec la Chine, l’Inde, le monde islamique et les royaumes malais.
Au XIVe siècle, l’islam commence à s’implanter dans le sud de l’archipel, voisin de l’Indonésie, notamment dans la grande île de Mindanao et dans les îles Sulu, sous l’influence de marchands arabes et malais.
La période espagnole (1521-1900)
L’expédition de Magellan en 1521 est suivie par l’installation espagnole en 1565 avec Miguel López de Legazpi, qui établit Manille comme capitale en 1571.
La colonisation espagnole dura plus de 300 ans. Comme en Espagne, l’Église catholique joua un rôle central : églises, écoles, hôpitaux.
Le régime colonial distinguait les élites créoles (insulares) et métisses (mestizos) de la majorité indigène.
Au XIXe siècle, une élite instruite, les ilustrados, s’inspire des idées libérales européennes.
José Rizal, figure emblématique de ce mouvement, devient un martyr de la cause nationale après son exécution en 1896.
La même année éclate la révolte contre l’Espagne.
La guerre hispano-américaine de 1898 voit la défaite de l’Espagne qui doit céder les Philippines, Cuba, Guam et Porto Rico, tandis que les États-Unis deviennent un empire au sens classique du terme.
La révolte des Philippins contre l’Espagne se transforme en une guerre entre les forces américaines et les indépendantistes (1899-1902).
Les États-Unis instaurent un gouvernement civil en 1901, introduisent l’anglais dans l’enseignement, créent des infrastructures, modernisent l’administration.
Un processus graduel d’autonomie est enclenché : création de l’Assemblée nationale en 1907, puis du Commonwealth des Philippines en 1935, prélude à l’indépendance qui sera suspendue par la deuxième guerre mondiale.
La deuxième Guerre mondiale, l’indépendance puis la démocratisation
Les Philippines sont envahies par le Japon en 1942.
L’occupation est brutale, marquée par des massacres, des famines et la résistance farouche des guérillas locales.
En 1944-45, les États-Unis reprennent l’archipel après des combats dévastateurs.
Le 4 juillet 1946, les Philippines accèdent à l’indépendance. Suit une période de coups d’État et d’instabilité.
Ferdinand Marcos, élu en 1965, instaure la loi martiale en 1972 et dirige le pays d’une main de fer jusqu’à sa chute en 1986. La presse internationale en retient les milliers de paires de chaussures de sa femme, retrouvées au palais suite à la révolution pacifique de l’EDSA.
Corazon Aquino devient présidente et instaure une nouvelle constitution en 1987.
Les Philippines sont maintenant une république présidentielle démocratique, avec un président élu pour six ans sans rééligibilité.
Le pouvoir législatif est bicaméral (Sénat et Chambre des représentants), et le pouvoir judiciaire indépendant.
Les présidents suivants furent Gloria Arroyo, Benigno Aquino III et Rodrigo Duterte, qui s’est distingué par sa guerre particulièrement brutale contre la drogue, dont un appel au meurtre des toxicomanes dépendants : « Faites–le pour éviter aux parents de devoir le faire » ! (publié dans le journal philippin The Gardian le 1er juillet 2019).
Le président actuel est Ferdinand Marcos Jr., fils de l’ancien dictateur.
Les alternances démocratiques n’ont toutefois pas éliminé la corruption, l’insécurité, et les rebellions musulmanes
La minorité musulmane du Sud
Au XVIe siècle, des sultanats musulmans (comme en Indonésie voisine) existent dans le sud des Philippines, dans l’archipel des Sulu et sur une partie de l’île de Mindanao, où les Espagnols ont du mal à s’implanter.
Après l’indépendance en 1946, l’État favorise l’implantation des paysans chrétiens dans cette île, déclenchant en réaction les guérillas du MILF (front de libération des Moro, l’ethnie musulmane).
La lutte armée dure de 1970 à 1996, date d’un premier accord de paix, consolidé en 2019 par la création de la région autonome du Bangsamoro. Subsistent néanmoins des groupes djihadistes séparatistes.
Le développement et la démographie
Sur le plan économique, les Philippines connaissent une croissance soutenue depuis les années 2000.
Les ressources naturelles sont importantes, tant métalliques (or, argent, cuivre, nickel…) qu’agricoles (riz, maïs, coco, canne à sucre, bananes, ananas…).
S’y ajoutent les services en langue anglaise avec les centres d’appel – un peu comme en Inde – et l’expatriation de nombreuses femmes philippines pour des services familiaux ou infirmiers. Leur catholicisme n’y fait pas obstacle, contrairement à d’autres religions plus traditionalistes.
Cela dans des pays très variés, en Occident ou dans les pays arabes riches, où on leur devrait les premières églises catholiques des émirats.
Corrélativement, les envois de fonds représentent 10% du PIB.
La croissance économique est supérieure à 6% et le PIB par tête est d’environ 4.000 $ à comparer avec l’Indonésie 5.000 $, la Chine 12.000 $ et la Corée du Sud (34.000 $)…
Je rappelle que la Corée du Sud était plus pauvre que la plupart des pays du monde tant africains qu’asiatiques en 1950… Les Philippines étaient alors considérées comme relativement prospères, ont raté la première phase d’industrialisation mais se rattrapent progressivement aujourd’hui. Effet de la démocratie tardive ?
Comparé à ses voisins de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), les Philippines sont moins industrialisées que la Thaïlande ou le Vietnam, moins développées que la Malaisie et moins prisée par les investisseurs étrangers que l’Indonésie
Mais il devrait y avoir rattrapage.
Un témoignage très direct de la modernisation est celui de la baisse de la fécondité : partant de 7 enfants par femme en 1950, elle n’est plus que de 2,5 aujourd’hui.
Une illustration de plus que la religion, catholique cette fois, ne détermine pas la fécondité.
J’ai noté au Japon, pays qui vieillit depuis bien plus longtemps, une émigration de retraités vers les Philippines.
Il y aurait ainsi de nombreux villages « japonais », où les pensionnés de ce pays peuvent vivre confortablement d’une petite retraite.
En conclusion : le poids de la géopolitique
On peut donc parier à mon avis sur une amélioration continue de la situation relative du pays.
Mais la géopolitique est de plus en plus présente : les Philippines ont une position stratégique en mer de Chine méridionale.

Les États-Unis, leur allié historique, les soutient contre la Chine qui grignote son espace maritime.
Pour des raisons analogues, le Japon et l’Australie voudraient que les États-Unis étendent l’OTAN à la région.
On est certes loin de « l’Atlantique Nord » qui a donné son nom à l’OTAN, et la France, qui est présente dans la région par la Nouvelle-Calédonie, préfère parler d’une alliance locale.
Évidemment la Chine pèse de tout son poids pour torpiller ce projet, en faisant valoir que ses investissements et son commerce extérieur sont indispensables aux pays de la région, qui doivent donc rester « amis ».
La pression de la Chine est formidable : ce pays est 14 fois plus peuplé, et a une marine de guerre qui surclasse peut-être la marine américaine.
La Chine fait parallèlement miroiter de grands avantages à qui se montrera coopératif… au moment où Trump rend l’Amérique imprévisible.
Yves Montenay
Crédit photo de l’image à la Une : Où et quand partir (en voyage)

Merci pour cette présentation, à laquelle il manque un élément qui me rend curieux : la colonisation espagnole a duré plusieurs siècles, les noms des présidents ont une consonnance espagnole, on peut imaginer que l’espagnol a été la langue coloniale du pays. Et pourtant, aujourd’hui, on y parle anglais. Comment s’est fait le remplacement de la langue ?
Par la scolarisation (comme en France). Je suppose qu’elle était très incomplète sous le régime espagnol et donc le castillan peu diffusé, sauf dans les sphères dirigeantes où il est encore parlé par 1 % de la population). Depuis 125 ans la scolarisation se fait en filipino (langue maternelle ou proche de la langue locale) et en anglais, avec la consigne à l’administration d’employer de préférence le filipino
L’anglais est pratiqué par les gens qui ont été bien scolarisés et le touriste a effectivement en face de lui des Philippins avec lesquels il peut communiquer en anglais mais la langue des habitants est le TAGALOG. Les conditions économiques s’améliorent mais il y a toujours un très grand nombre de pauvres et globalement, le pays demeure dangereux. Un des cousins de ma femme a travaillé aux Philippines pendant un an dans le cadre d’une mission pour SIEMENS et il vivait dans une zone exclusive réservée pour les étrangers entourée par des barbelés et gardée par des soldats armés. A l’exception du gouvernement Dutertre, le pays est actuellement dirigé par des lèche-culs des Américains. Les Philippines, comme tous les autres pays qui abritent des BASES MILITAIRES AMERICAINES, est un pays OCCUPE au même titre que l’Allemagne ou l’Italie…