En 2016, j’écrivais que « le refrain du déclin occidental est injustifié » et cet article n’a pas pris une ride. Six ans après, je constate de nombreuses confirmations, malgré la pandémie et la guerre de la Russie à l’Ukraine.
2016 : le refrain du déclin occidental est injustifié
(publication du 6 septembre 2016)
Les échecs américains au Moyen-Orient, succédant aux considérations sur le poids de la Chine dans le monde, ont relancé l’idée d’un déclin occidental. À tort, car cette formule cache l’évolution réelle du monde.
Précisons d’abord que l’Occident est un ensemble intellectuel, économique et militaire rassemblant l’Europe occidentale et centrale, la plus grande partie des deux Amériques, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Israël. Et maintenant le Japon.
Discutons les arguments démographiques, économiques et culturels qui sont en général avancés.
La démographie
Certes, la proportion de la population occidentale dans le monde décroit. Mais c’est également le cas pour la Chine et la Russie. Ce sera après-demain le cas de l’Inde, où s’étendent les zones de faible fécondité.
Donc, démographiquement, l’Occident n’est pas remplacé par l’Asie, mais l’Asie et l’Occident sont bousculés par l’Afrique. Or cette dernière n’est pas un rival économique, militaire ou culturel de l’Occident. Sa poussée démographique n’est en rien un déclin de l’Occident.
L’économique et le militaire
Le déclin occidental serait-il économique ? Après s’être inquiété de la croissance, maintenant terminée, du Japon et autres tigres asiatiques, on craint maintenant celle de la Chine. Or son rattrapage, très réel mais facile, se termine et l’étape suivante sera lente et difficile.
Son régime autoritaire freinera inévitablement les innovations au bénéfice de grands travaux permettant de bonnes affaires entre relations politiques, d’où la masse des infrastructures et industries en partie inutiles.
Rajoutons qu’avec 22 % de la population mondiale, il est normal que la Chine retrouve une certaine place dans l’économie mondiale : ce n’est pas non plus, au contraire, une cause de déclin économique pour l’Occident.
N’oublions pas que tous les pays copient systématiquement l’Occident pour se développer. Pas seulement en lui prenant, voire en lui volant, des recettes techniques, mais aussi des formes d’organisation juridiques, managériales et éducatives. Ce n’est pas un signe de déclin.
Alors l’Inde ? Elle est profondément paralysée ethniquement, religieusement, socialement et bureaucratiquement. La retraite des vaches y est mieux assurée que celle des paysans, les frontières fiscales entre états fédérés compliquent le commerce, les routes électricité manquent…
Elle va enfin mieux, sera probablement un client prenant de l’importance, mais est très loin d’être une nouvelle Chine.
L’Afrique ? Ce futur géant démographique a un poids économique extrêmement faible, malgré quelques signes encourageants.
En face, l’Occident reste très créatif et économiquement attirant pour les investisseurs et les entrepreneurs du reste du monde. Son niveau de vie est de très loin le plus élevé.
Les États-Unis y puisent les ressources d’un budget militaire qui est 4 fois celui de la Chine et 10 fois celui de la Russie. Les erreurs de gestion économique ou de stratégie militaire le font parfois oublier.
Le culturel
Reste le domaine culturel, qui nous paraît déterminant, y compris économiquement, par la liberté individuelle, politique et religieuse qu’il permet, l’effervescence intellectuelle qui en découle, et notamment son autocritique permanente qui est une grande force.
Il ne s’agit pas seulement des industries culturelles des médias et du divertissement. C’est certes important, notamment pour les États-Unis et leurs champions (Hollywood, Facebook, Amazon …) à qui cela apporte une influence certaine. Pas de déclin occidental dans ce domaine.
Il s’agit de bien davantage : l’Occident est un produit unique et complexe. Philippe Nemo l’a bien décrit dans son ouvrage « Qu’est-ce que l’Occident ? » : la combinaison de la Grèce classique, du juridisme romain, d’une vision du monde bouleversée par le christianisme des premiers temps, puis par la révolution papale, la Renaissance, le protestantisme et les Lumières, tout cela menant à la démocratie libérale, cadre permettant une vie intellectuelle libre et innovante. L’Occident n’aurait pas eu besoin du colonialisme pour s’implanter, il est choisi par les populations dès lors que le contact avec l’étranger est possible. Il est symétriquement honni par les dictateurs ou les traditionalistes, et notamment les islamistes. Les accusations d’impérialisme et de décadence leur sont commodes pour tenter de contrer cette influence.
Le Japon a rejoint l’Occident car c’est une démocratie libérale où les individus, et pas seulement les techniques s’y sont occidentalisés. En Chine, régime autoritaire, le pouvoir fait tout pour éviter l’occidentalisation des individus, notamment en filtrant Internet, et en envoyant les « contaminés » en prison.
Les langues contribuent à diffuser l’Occident : l’anglais, le français, l’espagnol, le portugais sont pratiqués dans une très grande partie du monde, tandis que le mandarin et le hindi, malgré leur grand nombre de locuteurs, restent des langues régionales. Et rappelons que si l’Afrique prend un poids démographique croissant, ses capitales culturelles sont Paris, Londres ou New York. Ce n’est pas du néocolonialisme, ce sont des opportunités que nous apportons à ce continent.
Bref, peut-on parler d’un déclin de l’Occident alors que c’est le monde qui s’occidentalise ?
2022 Le déclin de l’Occident reste très relatif
(mise à jour du 17 juillet 2022)
Le déclin démographique est partagé
La démographie est le domaine où les prévisions sont les plus sûres à moyen terme. Il n’est donc pas étonnant que mes prévisions de 2016 se soient largement réalisées.
La diminution de la population chinoise se précise, la dernière estimation de la fécondité étant de 1,2 enfants par femme. Le fait nouveau est que le président Xi en a pris conscience et pousse les femmes à rester au foyer et à enfanter, ce qui par ailleurs va accentuer la diminution de la population active !
La fécondité de l’Inde est passée sous le seuil des deux enfants par femme, mais la population va continuer à croître assez longtemps du fait du grand nombre de parents nés il y a quelques décennies.
La population indienne est donc en train de dépasser celle de la Chine comme prévu. C’est un événement symbolique sans conséquences concrètes, mais qui sera politiquement exploité par l’Inde.
La crise démographique de l’Europe orientale s’est confirmée, comme annoncé lors de ma conférence à Grenoble, mais, là aussi, une prise de conscience a eu lieu et les entreprises font venir des immigrants du monde entier, tandis que les jeunes européens partent massivement pour l’Allemagne.
La crise est analogue en Europe du Sud et notamment en Italie.
Finalement, en démographie, il y a bien une diminution du poids de l’Occident, mais aussi une diminution encore plus sévère de l’Asie de l’Est et du Sud-est.
C’est l’Afrique subsaharienne qui prend du poids. Va-t-elle continuer son début d’occidentalisation ? La Russie, la Chine et la Turquie font le maximum pour l’attirer.
Economie : confirmation des problèmes chinois
La réaction à la pandémie est intéressante.
La crise sanitaire a mis en valeur la capacité d’innovation occidentale pour les vaccins, produits en un temps record. Certes, il y a eu des vaccins russes et chinois, mais ils sont « classiques » et moins efficaces… ce qui explique que la Chine donne priorité au confinement, sa population étant moins bien couverte.
La pandémie a également accéléré la prise de conscience des faiblesses chinoises et donc les conclusions à en tirer sur les chaînes d’approvisionnement, ce qui à terme pèsera sur la croissance chinoise, déjà menacée d’autres façons.
Je dis « accéléré la prise de conscience », car cette dernière avait déjà commencé avec le constat de la reprise en main des entreprises, étrangères comprises, par le parti communiste chinois, la méfiance envers le capitalisme, le pillage technologique et le refus de l’examen des comptes des entreprises chinoises cotées à l’étranger.
La méfiance s’est accentuée avec la répression à Hong Kong, haut lieu de l’économie libérale mondiale.
Ces dernières années ont donc confirmé que le déclin économique de l’Occident était tout relatif.
Certes, les pays à gouvernement sérieux, autocratiques ou non, font des rattrapages économiques parfois spectaculaires. Mais c’est normal ! Les technologies et les modes d’organisation occidentales se copient très vite dans les parties plus ou moins libérales des économies, ce qui est une occidentalisation.
Les Chinois en sont conscients et tentent de se persuader que leur développement va pouvoir s’en passer. Ce n’est pas mon avis, comme le montre l’exemple du Japon et de la Corée du Sud.
Un jour prochain, la Chine devra choisir entre s’isoler de l’Occident et se développer.
En effet, dès qu’une politique autocratique apparaît, c’est le plafonnement ou la dégringolade, comme l’illustrent les confinements chinois et l’éclatement de la bulle immobilière et des infrastructures. Cette bulle est financée au-delà du raisonnable par les multiples politiques de relance dès que la croissance faiblit, ce qui, par ailleurs, enlève tout sens au taux de croissance affichés.
Les autocraties ont longtemps profité de la croyance d’une partie des Occidentaux au « doux commerce », théorie soutenue par des idéalistes (chacun, grâce au commerce, va coopérer avec l’étranger) mais aussi par les milieux d’affaires qui y voyaient un prétexte pour ne pas tenir compte des environnements politiques.
Cette théorie avait un poids important, notamment en Allemagne. D’où sa « faiblesse » face à la Russie et à la Chine, pays considérés comme des partenaires économiques en se voilant la face sur la menace géopolitique.
Cette théorie du « doux commerce » est en train de s’affaiblir en Occident, au vu du comportement de la Chine et de la Russie, et de bien d’autres pays. Vu d’en face, c’était une naïveté qui s’ajoute à d’autres manifestations de la « décadence occidentale ».
La décadence proclamée de l’Occident
Les dictateurs sont d’autant plus persuadés de « la décadence de l’Occident » que la diplomatie occidentale passe une partie de son énergie à des questions perçues par les dictatures comme « futiles », voire « incompréhensibles » et de toute façon « décadentes ».
En effet les démocraties sont électoralement obligées de suivre l’évolution des idées de leurs citoyens qui manifestent de nouvelles exigences telles que par exemple le respect du bien-être animal, des droits des LGBT, la personnalité juridique conférée à certains objets (fleuves…), la vie ou la liberté de certains individus, le respect des civils en cas de guerre…. Tout cela est bien loin d’une autorité « virile » déjà vantée par Hitler et reprise par nombre d’autocrates aujourd’hui. Bref les Occidentaux sont perçus comme « des dégénérés ».
Lorsqu’un de ces sujets est abordé lors d’une réunion internationale, imaginez ce qu’en pense Poutine ou un dictateur africain qui a « des affaires concrètes à régler » : conflits intérieurs ou extérieurs, achat d’armes, besoin de renflouer ses finances … !
Mais ces haussements d’épaules des dictateurs n’empêchent pas que leurs peuples n’en pensent pas moins.
Ils se révoltent contre les autocrates, militaires ou non, comme au Soudan ou au Sri Lanka aujourd’hui. Les peuples se sont également soulevés pendant le Printemps arabe ou l’une des 1000 révoltes chinoises locales, vite étouffées, contre un abus de l’administration locale dans l’affectation de terres, les expulsions, la tolérance officielle des pollutions aiguës… toutes choses faciles en autocratie et difficiles en démocratie.
Un Occident qui s’auto-flagelle
Les autocraties regardent avec délectation les fêlures ou divisions de l’Occident, qu’ils présentent à leurs peuples comme autant d’illustrations des méfaits de la liberté d’opinion et de comportement.
Les exemples de ces autoflagellations sont innombrables.
Je me bornerai ici à celui du wokisme et autres indignations contre « la domination blanche » (coloniale, sociale …), mélange de « compensation psychologique » pour non-occidentaux et d’autocritique occidentale.
Mais l’autocritique est justement un point fort de l’Occident : voyez l’autosatisfaction des dictatures et les erreurs qu’elle entraîne par exemple en Russie s’agissant de l’Ukraine.
Le cas extrême de la guerre à l’Ukraine
La guerre de la Russie à l’Ukraine est l’un des principaux faits nouveaux survenus depuis mon article de 2016.
Il illustre la méconnaissance, mêlée de mépris, des dictatures face à l’Occident.
L’Ukraine devait s’écrouler rapidement, il suffisait de prendre le palais gouvernemental de Kiev, les Ukrainiens n’oseraient pas s’opposer aux nouvelles autorités, et les Occidentaux, minés par leur décadence et leurs divisions intérieures, ne réagiraient qu’en paroles.
Ça ne s’est pas passé ainsi, et la Russie s’essouffle à réapprovisionner ses troupes en hommes et en munitions et à cacher la réalité à sa population.
L’autoritarisme poutinien s’est peu à peu transformé en dictature, et l’évolution s’accélère pour cacher la réalité au peuple russe.
L’intelligentsia russe émigre (bon débarras, pense Poutine) ou se tait, les entreprises occidentales s’en vont, et tout cela n’augure rien de bon pour la Russie dans quelques mois.
L’Occident reste un modèle extraordinaire, et qui recrute
Historiquement l’Occident a été le principal pourvoyeur de la vie intellectuelle mondiale.
Je laisse de côté les productions intellectuelles religieuses du monde entier pour rester en géopolitique et signale seulement que le concept de laïcité (au sens très large, il n’est pas question ici d’entrer dans ses variantes) a permis à l’Occident de promouvoir le rôle des autres domaines intellectuels, notamment politiques, scientifiques et techniques au sens le plus large. Et de les développer considérablement au bénéfice du monde entier.
Et quand je dis « l’Occident » j’inclus les personnalités de pays très divers ayant une formation à l’occidentale.
Cette formation comprend la notion de libre débat, avec ses déclinaisons philosophiques, politiques, économiques et scientifiques, libre débat qui paraît être une faiblesse pour les autocraties, mais qui est une force à long terme.
Cette formation s’est diffusée dans le monde entier, notamment par un enseignement supérieur s’inspirant de modèles européens et américains.
Aujourd’hui l’Occident n’est plus seulement l’œuvre des Occidentaux
Yves Montenay
Les signes que l’Occident est en déclin sont bien apparents. Rejet de la science avec le post-modernisme, la désaffection des jeunes occidentaux pour les études scientifiques, retour à l’obscurantisme et la superstition avec les croyances envers les médecines douces, le rejet des vaccins et de la médecine scientifique!
Je mettrais en priorité l’affaissement démographique. Le reste a toujours plus ou moins existé
Aujourd’hui c’est plutôt : retour à l’obscurantisme et à la superstition avec les croyances envers la médecine de Big Pharma…
Je suis un scientifique je suis agacé comme vous. Par contre ce n’est pas « un retour », ça a toujours existé. Je suis né à la campagne, et c’était majoritaire. Les réseaux sociaux et la pandémie ne font que nous montrer des gens qui ont toujours existé
Vous avez raison avec « Aujourd’hui l’Occident n’est plus seulement l’œuvre des Occidentaux ». Tous les habitants de la planète qui fuient les dictatures et la pauvreté ne cherchent pas à refaire leurs vies en Russie ou en Chine. Ils viennent participer à la création contemporaine de l’Occident. Donc, oui, « L’Occident reste un modèle extraordinaire ». Mais il ne faudrait pas que » Un Occident qui s’auto-flagelle » (pour des raisons idéologiques dogmatiques) se fragilise en refusant de défendre ses principes démocratiques et culturels (qui attirent et servent de références dans le monde entier) ou sa richesse économique. Quand on voit que les députés européens ont décidé d’arrêter la production de voitures thermiques dès 2035, on peut craindre le pire en matière économique et…sociale. Sur ce sujet là, l’autoflagellation et la « haine de soi » d’une partie des occidentaux, pour des convictions écologistes parfois très abstraites et quasi-religieuses, peuvent entraîner l’UE vers un déclin réel. Ce serait pitoyable de voir des Occidentaux se paupériser (et se fragiliser internationalement) pour défendre une cause prétendue « écologique » que les autres pays ne défendront même pas (ou si peu), surtout quand on sait qu’une voiture diesel moderne peut s’avérer beaucoup moins polluante (ou émettrice de CO2) qu’une voiture thermique ou …électrique ! On peut craindre le déclin de l’Occident quand on voit qu’il existe beaucoup d’Occidentaux qui estiment inutile de défendre l’Ukraine contre les caprices de Poutine, quand on sait que le déclin de l’Occident s’est déjà produit (en 1940) après les soumissions occidentales (en 1936 puis en 1938) aux invasions chroniques du national-socialiste Hitler. Donc, rien n’est gagné: « Un Occident qui s’auto-flagelle », c’est sans doute le pire des scénarios qui peut arriver au monde entier. Et malheureusement, même le Président français participe parfois à cette névrose si typique d’une élite naïve, la tête pleine de simplismes : la colonisation comparée à un » crime contre l’humanité » devant les dirigeants algériens, ou la volonté de ne pas « humilier Poutine » alors que ce dernier est en train d’humilier (et de massacrer) des civils en Ukraine ! L’ UE vient même de vendre des Airbus à la Chine qui est en train d’envahir tout le Pacifique Sud-Ouest, en y chassant même des bateaux occidentaux (français, australiens, etc) navigant pourtant dans les eaux territoriales ..internationales ! Et puis, bien sûr, quand un maire, un préfet, un ministre de l’intérieur, et même une population entière s’accommode, en toute connaissance, des bistrots interdits aux femmes, en plein Paris (rue de Ménilmontant) peut-on quand-même rester serein et confiant face à la menace d’un déclin de l’Occident ?
Je suis d’accord qu’une des qualités l’Occident, l’autocritique ou plutôt l’analyse critique de soi-même, ne doit pas dégénérer en autoflagellation
Ce n’est pas l’UE qui vend des avions de transport Airbus à la Chine mais l’entreprise Airbus Industries qui vend de tels avions à des entreprises chinoises (compagnies aériennes, notamment).
L’entreprise étasunienne Boeing fait de même.
Oui, la précision est exacte. Mais les contrats de ce genre (avec la Chine, par ex) sont rarement fait sans l’aval de la Commission. Et plus globalement, on voit mal Boeing, ou Airbus, jouer contre la volonté de leurs Etats respectifs. Ceci dit, mon propos était ailleurs: il concernait le rôle joué par nos capitalistes (en harmonie ou pas avec leurs États nationaux), et nos États occidentaux eux-mêmes, dans l’armement tous azimuts (militaire, économique, financier, archéologique, etc) de nos ennemis actuels. Constat déjà fait (espéré…!) par Lénine. Dans l’affaire des Airbus, Xi Jin Ping a piégé l’UE.
Bien que parfois critiquées pour des errements et erreurs, l’Union Européenne est une expérience assez novatrice, je ne vois pas tant d’exemples dans l’Histoire d’Etats qui renoncent pacifiquement à des pans importants de leur souveraineté,
au moins à cette échelle.
En d’autres temps, des assemblages se faisaient et se défaisaient aussi parfois pacifiquement, au gré de mariages princiers et d’alliances dynastiques, mais ce n’était pas comparable.
Cette expérience pourrait bien inspirer d’autres régions du monde.
Merci pour cette illustration. Mon article parlait d’autre chose : non pas de l’Occident politique, mais de l’Occident « état d’esprit » qui, à mon avis garde sa séduction, sauf bien sûr pour les autocrates
Depuis qu’elle prétend jouer au » super-État « , dans le droit fil des idées de J. Monnet, les orientations et le bilan de l’UE sont de plus en plus contestables en raison de cette conception européiste (fédéraliste, supranationaliste) dont les partisans admettent tellement peu qu’il puisse exister d’autres conception de la coopération entre pays européens qu’il monopolisent à leur profit le terme » européen » au lieu d’avoir l’honnêteté élémentaire de se présenter comme européistes, ce qui est pleinement leur droit.
Comme l’exposé des arguments opposés à cette conception européiste serait interminable, je me bornerai à donner quelques exemples :
1 – Il n’existe pas de peuple ni de nation européens mais une multiplicité de nations : unique dans le Monde, cette extraordinaire diversité de langues et de civilisations dans un espace restreint qui permet de « se fréquenter » facilement, constitue d’ailleurs un des attraits du continent européen et une telle diversité est stimulante, bien plus qu’une série de satrapies normalisées dirigées par des marionnettes de l’UE, voire des gouverneurs appointés par la commission de l’UE, le tout communiquant en « globish ». Pour ma part, je suis reconnaissant aux Italiens, Polonais et autres Danois de différer de moi, ce qui constitue une source de découvertes et parfois d’émerveillements constamment renouvelée.
2 – En tant que Français, je suis membre de plusieurs « cercles » ou « familles », en particulier
– l’Europe, au sens d’une certaine communauté historique et de civilisation qui fait que j’ai des repères quand je visite le Palais Royal de Varsovie ou la cathédrale de Palerme ;
– la francophonie qui me lie notamment aux Acadiens, aux Sénégalais ou aux Romands : là encore, que de diversité, que de contacts stimulants et enrichissants !
– la Méditerranée car il existe des relations multiséculaires entre la France et maints pays, comme le Liban, l’Égypte ou le Maroc ;
– la latinité, car il existe des vieilles relations et affinités en tre la France et, entre autres, l’Argentine ou le Brésil…
Et il faudrait sacrifier tous ces liens au profit d’un européisme étroit communiquant avec le reste du Monde en étasunien sur des positions validées à l’avance par Washington ? « Over my dead body », comme on dit dans ce pays !
3 – Pour être un acteur majeur des relations internationales, il faut être souverain et indépendant en matière de défense, ce qui passe par l’armement nucléaire détenu par toute puissance majeure : aujourd’hui, après le départ du Royaume-Uni (qui n’est pas pleinement indépendant puisque son armement nucléaire est sous deux clés, une britannique et une étasunienne), la France est le seul pays souverain et indépendant en matière nucléaire, tous les autres pays étant de jure et de facto des protectorats étasuniens au sein de l’OTAN.
En outre, par sa nature-même (il faut être en mesure de déclencher le feu nucléaire en moins d’une minute : c’est un des éléments de la dissuasion), la décision nucléaire doit être entre les mains d’une seule personne (en France, le Président de la République avec sa célèbre « valise ») ; ce ne peut être une assemblée de nains de jardins vassaux de Washington qui caquetteraient dans le vide ; et, si c’est une seule personne, de qui s’agirait-il ? Le président de la commission européenne, eurocrate non élu ?
Au passage, il est faux – et souvent malhonnête – d’affirmer que l’Europe occidentale a connu la pays depuis 1945 » grâce à l’Europe » (comprendre Union européenne : les européistes adorent ces confusions de vocabulaire et ce n’est pas innocent). Non : même si cela est peut-être peu glorieux pour l’espèce humaine, c’est l’équilibre de la terreur nucléaire, la dissuasion (entre États-Unis et URSS puis avec un rôle réel de la France lorsque son arsenal fut suffisamment développé pour sanctuariser son territoire et bénéficier du pouvoir égalisateur de l’atome) qui ont assuré cette paix. Les quelques guerres qui ont eu lieu en Europe se sont passées ou se déroulent dans des pays en marges de ces zones : ex-Yougoslavie, Ukraine, etc. Qui peut soutenir sérieusement que des parlotes communautaires à Bruxelles auraient dissuadé L. Brejnev d’envahir la RFA ? Souvent atlantistes, les européistes ne reculent pas devant la contradiction qui ferait abstraction du rôle essentiel du parapluie nucléaire étasunien !
4 – Logiquement et légitimement, les intérêts des différents États membres ne sont pas les mêmes : pour le Danemark, le péril islamiste au Sahel est lointain alors qu’il est « aux portes » de la France ; enjeu important pour l’Italie, l’Espagne ou la France, le contrôle des espaces marins n’est qu’une notion théorique pour la Hongrie ou la République tchèque, etc.
Le résultat est que la soi-disant « politique étrangère » de l’UE est un marais dont les sables mouvants handicapent la politique étrangère – avec les prises de position nettes qu’elle peut impliquer – des pays qui le peuvent et le veulent ; au final, cette « politique étrangère » de l’UE consiste le plus souvent en couinements bien pensants ou pacifistes déplorant la méchanceté de ce monde ou en prises de position prétendant donner des leçons de morale à la Terre entière, comme en matière d’environnement, domaine dans lequel les délires escrologistes relayés par l’UE handicapent les économies des États membres et font rire le reste de la planète.
5 – Enfin, deux des plus belles réussites en matière de coopération entre pays européens ont été possibles PRÉCISÉMENT PARCE QU’ELLES N’ONT PAS ÉTÉ CONÇUES NI MISES EN OEUVRE DANS LE CADRE DE L’UE, à savoir Airbus et Ariane.
À chaque fois, l’élan a été donné par une coopération entre la France et l’Allemagne, rejointes par divers pays européens, membres de l’UE ou non, alors que certains États membres de l’UE étaient absents ou ont rejoint tardivement et symboliquement ces projets.
Il est plus que probable que si on avait voulu lancer ces projets dans le cadre de l’UE, on aurait entendu les couinements d’un certain nombre d’États membres pour lequel la fidélité au suzerain étasunien passe avant tout et qui auraient été affolés – et donc résolument opposés – par des initiatives pouvant déplaire au « Maître » … car la réussite d’Ariane et d’Airbus « fait mal » à leurs concurrents, essentiellement étasuniens, et ulcère tous les gouvernements des États-Unis.
Mais toujours dans l’imposture et le mensonge, maints européistes ont le toupet de présenter Airbus et Ariane comme des réussites « européennes », c’est-à-dire de l’UE, mensonge qui n’est quasiment jamais démenti, et surtout pas par les journalistes.
Je laisse LaurentM méditer votre réponse. C’est une vaste question, et mon expérience professionnelle m’amène à me méfier de la bureaucratie qui est une tendance lourde de toutes les activités humaines, et pas seulement l’Union européenne. À l’appui de vos idées, on pourrait citer la réussite suisse.
Merci pour cet article qui présente un autre son de cloche. Cependant, ce n’est pas parce que les pays hors occident ont des problèmes profonds et pas trop visibles actuellement que l’Occident n’est pas décadent.
Vous parlez de l’état d’esprit de l’Occident mais cet état d’esprit a considérablement évolué sur les 50 dernières années. Ce qui faisait sa force et son attractivité L’Etat de droit, l’individualité, la responsabilité et l’autonomie individuelle, la liberté d’entreprendre, en science la capacité d’observation et de prise en compte du réel sont en train de disparaître.
La mode du wokisme qu’on l’aime ou pas s’est imposée par l’intolérance. On en arrive à des absurdités. Par exemple, dans le sport féminin de haut niveau quand un transsexuel affronte une femme ce n’est pas un challenge entre femmes mais entre un eunuque et une femme.
Les grands sujets qui occupent l’actualité : COVID, transition énergétique, guerre en Ukraine, wokisme, immigration n’ont jamais fait l’objet de débat serein scientifique ou politique. La haine et le mépris sont les moteurs psychiques de ces débats. Ce n’est pas une chose particulièrement occidentale.
Financièrement n’oublions pas que l’Occident est sous perfusion du règne du dollar et aussi de l’Euro qui alimente nos déficits.
Je pense, oui, que l’Occident est en décadence eu regard aux valeurs qui lui ont fourni son rayonnement et sa puissance.
Quant à la séduction qu’il opère je suis perplexe. Les non occidentaux qui y émigrent recherchent avant tout une meilleure situation mais sont loin d’être acquis à ses valeurs.
Il y a toujours eu des opposants à l’intérieur de l’Occident. De multiples sectes par exemple depuis 2000 ans. Les dissidents qui avaient tort ont disparu, et ceux qui avaient raison Galilée, Pasteur etc. ont fini par s’imposer parce qu’il y avait un débat plus libre qu’ailleurs, même si ça restait très imparfait. Par exemple dans le monde musulman, Averroès s’est fait limoger, mais son idée que la raison n’était pas contraire à la foi a été adoptée en Occident en opposition aux idées catholiques de l’époque. Puis quand la laïcité est apparue il n’y a pas besoin de ses idées et il a été moins cité. Plus tard les musulmans l’ont redécouvert en faisant dans études en Occident. C’est une illustration de l’opposition entre Occident et le reste du monde.
Bref aujourd’hui les extrêmes s’agitent, mais je pense que le le libre débat les remettra à leur place, comme c’est bien avancé pour les marxistes
Je suis d’accord, c’est relatif. Je suis d’accord aussi qu’il y a chez nous des franges extrêmes qui sabotent notre « occidentalité ». Mais le contraste avec les autocraties est énorme, et l’attraction occidentale aussi, sauf chez les dirigeants et les fanatiques religieux ou politiques, bien sûr.
Bravo! Merci de nous aider à sortir de ce ce climat décliniste et pessimiste.
Bien que très (en réalité beaucoup trop) utilisée, la notion d’ « Occident » est discutable … comme en témoigne d’ailleurs la définition que vous en donnez, à savoir « … l’Occident est un ensemble intellectuel, économique et militaire rassemblant l’Europe occidentale et centrale, la plus grande partie des deux Amériques, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Israël. Et maintenant le Japon. »
En effet, ce terme est infiniment flou :
– en étant un peu pédant, je dirais qu’inclure le Japon, pays d’Extrême-Orient, dans l’ « Occident » est quelque peu contradictoire, même si, à juste titre, votre définition n’est pas à caractère géographique ;
– ne peut-on considérer que la Corée du Sud fait également partie de cet « Occident » ? Quid de pays qui répondent partiellement mais parfois majoritairement à ces critères, comme Taïwan, l’Afrique du Sud ou Singapour ?
Le critère économique est probablement le plus discutable : s’il se définit par une adhésion et une mise en pratique poussée (mais jamais totale, à commencer par les États-Unis) aux principes du libéralisme économique, la liste des pays que vous citez doit être considérablement abondée.
Intellectuellement, un certain nombre de pays partagent une conception plus ou moins commune de l’organisation politique interne, du fait d’un héritage historique globalement commun. D’abord mise en œuvre en Angleterre puis aux États-Unis, cette conception a été diffusée dans le monde entier notamment suite à l’extension planétaire des impérialismes [terme que j’emploie dans un sens purement descriptif sans connotation critique] anglais puis étasunien et, dans une moindre mesure, français : tout naturellement, une puissance impériale diffuse et impose (par divers moyens, notamment l’exemple ou la contrainte) son modèle et ses valeurs, en l’espèce la démocratie parlementaire (pour simplifier) et les « valeurs internationales de référence », ce que symbolisa la définition des principes fondamentaux de l’ONU lors de sa fondation en 1945.
En ajustant à la marge votre liste, on peut effectivement considérer que l’ « Occident » est un concept relativement précis sur un plan intellectuel et politique, même s’il existe parfois des différences sensibles entre les pays qu’on y regroupe. À cet égard, à quelques exceptions près, en dépit d’un héritage intellectuel commun – mais partiel : les empires espagnol et portugais ne partageaient pas du tout les valeurs de la démocratie parlementaire – les pays d’Amérique latine présentent des différences d’importance notable dans leur Histoire et leur pratique actuelle, à commencer par l’Argentine, le Brésil et le Mexique.
Le critère militaire est le plus clair : de ce point de vue, l’ « Occident » est un ensemble de pays dirigés plus ou moins directement et fortement par les États-Unis, ce qui se matérialise notamment par :
– l’OTAN qui regroupe quasiment tous les pays européens, à l’exception principale de la Russie et du glacis qu’elle tente de conserver ;
– la vassalisation du Japon et de la Corée du Sud, héritage de la Seconde Guerre Mondiale : (potentiellement) menacés par des voisins puissants et potentiellement agressifs (URSS puis Chine) et dépourvus de l’arme nucléaire qui permettrait la sanctuarisation de leur territoire par le pouvoir égalisateur de l’atome, ces 2 pays sont obligés d’être globalement « aux ordres » de l’empire étasunien, lequel y veille soigneusement : en est révélateur l’épisode du rééquipement de l’aviation militaire de Corée du Sud il y a 20 ans : les militaires coréens exprimèrent un réel intérêt pour le Rafale … mais les États-Unis écrasèrent dans l’œuf cette réflexion indépendante et, comme cela était plus que prévisible, la Corée du Sud dut acheter le F-35 en dépit de son coût bien supérieur, surtout à l’entretien, et de ses innombrables défauts, lesquels ne sont pas encore tous corrigés actuellement ;
– quasiment depuis 1948 et totalement après 1967, Israël est un satellite des États-Unis, même si la détention de l’arme nucléaire lui donne le moyen de survivre ; mais Israël ne peut mener de conflit militaire de quelque durée sans un réapprovisionnement massif et continu d’armes en provenance des États-Unis, ce que symbolisa à l’extrême l’incessante rotation des avions gros porteurs Galaxy en 1973 lors de la guerre du Kippour ;
– la satellisation de l’Australie et de la Nouvelle Zélande s’accélère, les États-Unis faisant jouer à leur profit la crainte de l’expansionnisme chinois : cela fut récemment illustré par la rupture au profit de fournisseurs étasuniens et de quelques sous-traitants britanniques du contrat de fourniture de sous-marins par Naval Group à l’Australie ;
– l’extension géographique du rôle du rôle de l’OTAN :
. l’invasion de l’Afghanistan, pourtant guère riverain de l’Atlantique nord, par les États-Unis en 2001 fut effectuée sous pavillon de l’OTAN, ce qui facilita l’approbation de cette opération par les pays européens et le recrutement de supplétifs destinés à renforcer, voire à remplacer partiellement, des troupes étasuniennes ;
. le 29 juin 2022, l’OTAN a officiellement indiqué que la Chine représente un « défi » pour les « intérêts » et la « sécurité » des pays de l’Alliance, dans sa nouvelle feuille de route stratégique adoptée à l’occasion de son sommet de Madrid (28-30 juin 2022) : en clair, il s’agirait de donner ouvertement et officiellement à l’OTAN un rôle mondial dont pourraient exciper les États-Unis pour convoquer leurs vassaux et les sommer de fournir les moyens (militaires, matériels, financiers, etc.) qui leur seront demandés (par les États-Unis, bien sûr) afin d’exécuter toute opération (définie et choisie par les États-Unis) dans n’importe quel pays.
Au passage, il convient de saluer le remarquable tour de force qu’a représenté la reconversion de l’OTAN :
– créée en 1949 pour contrer une réelle menace soviétique, l’OTAN aurait dû logiquement disparaître suite à l’effondrement de l’empire soviétique en 1989-1991 et la dissolution du Pacte de Varsovie le 1er juillet 1991 ;
– avant 1989, la population de l’URSS était d’environ 293 millions d’habitants, celle de ses vassaux (Pologne, Tchécoslovaquie, etc.) représentait environ 108 millions de personnes, soit un « bloc » de 401 millions de personnes ; et, à titre d’exemple, le Pacte de Varsovie disposait de 42 000 chars de bataille en 1991 ;
– la Russie actuelle a une population de 146 millions d’habitants, elle dispose de moins de 4 000 chars de combat (sans tenir compte de ceux qui ont été perdus en Ukraine depuis le 24 février 2022) : clairement, même si V. Poutine le souhaitait, la Russie n’a pas les moyens d’envahir ni même de menacer de manière vraiment crédible des pays autres que quelques uns à sa périphérie (Ukraine, voire Estonie, Lettonie, Lituanie, Arménie, Géorgie, Moldavie) ; en clair, il n’existe pas de réelle menace russe militaire classique mais seulement, essentiellement, des moyens de pression en matière énergétique (interruption de livraisons de gaz ou de pétrole) et des gesticulations évoquant des missiles balistiques, voire des armes nucléaires ;
– l’empire régional chinois, qui est en pleine croissance militaire et « géopolitique », représente certaines menaces, surtout pour ses voisins asiatiques, du Japon au Vietnam en passant notamment par les Philippines et l’Indonésie, sans compter l’ « abcès » taïwanais au sujet duquel on peut craindre une invasion ; il est normal que les pays européens, surtout les plus grands, suivent attentivement ces évolutions ; mais, pour eux, une menace chinoise serait principalement de nature économique (notamment dans les domaines de l’énergie et des matières premières en général et pas seulement les métaux et terres rares même si ce point est particulièrement préoccupant et aggravé par les catastrophiques politiques escrologistes pratiquées dans l’UE) sans compter d’éventuelles gesticulations évoquant, là aussi, des missiles balistiques, voire des armes nucléaires ;
– or les pays européens ont tout fait pour maintenir et développer l’OTAN, allant souvent au-devant des désirs de leur suzerain étasunien, lequel a l’habileté de se faire prier quand il ne morigène pas ses pusillanimes vassaux en exigeant qu’ils achètent davantage d’armes étasuniennes et qu’ils fournissent plus de piétaille pour faire appliquer la politique des États-Unis dans tout pays où cet empire a décidé – évidemment seul, avec un habillage souvent otanien – d’intervenir
Clairement, la notion d’ « Occident » devient objectivement de plus en plus militaire, en comprenant un indispensable volet diplomatique. Mais, régulièrement, ce terme d’ « Occident » est invoqué comme une référence politico-morale. Pour dire les choses plus directement, le terme « Occident » et les notions qu’on veut sous-entendre par là, constituent de plus en plus le pavillon de complaisance de la politique extérieure des États-Unis au sens large de ce terme, incluant des aspects économiques, techniques, culturels, etc.
C’est remarquablement joué de la part des États-Unis, lesquels pratiquent un impérialisme décomplexé et souvent plus subtil que leurs échecs en Irak, en Somalie, en Syrie ou en Afghanistan peuvent le faire penser.
En revanche, l’obstination des pays européens à rester des satellites de cet empire et même à accroître leur dépendance, y compris en renonçant structurellement à toute politique extérieure indépendante (c’est-à-dire définie d’abord en fonction des intérêts du pays concerné) est ahurissante : craintifs vassaux des États-Unis pendant plus de trente ans, blottis dans l’ombre de cet empire, les pays européens n’existent plus diplomatiquement que par soubresauts incohérents ou le maintien de structures dont la perte serait immédiatement ruineuse (ex : Airbus), y compris la France dont les dirigeants depuis 1974 et surtout 1981 sont, sauf lors de quelques épisodes ponctuels, incapables de maintenir une politique indépendante dans un monde multipolaire, donc plus favorable à cette orientation : ils se détournent des orientations de grands hommes d’État, comme Richelieu et De Gaulle, alors que, au-delà de détails liés à un !e époque ou à une autre, les principes définis par ces dirigeants restent complètement valables.
On ne peut parler de déclin au sujet de l’ « Occident », notion floue et hétéroclite. Par contre, je pense que ce terme – et même celui de décadence – s’applique pleinement aux pays européens dont certaines attitudes peureuses et recroquevillées évoquent mutatis mutandis le climat délétère des années 1930.
Mais la décadence n’est pas une fatalité … si on a des vrais hommes d’État à la tête des pays concernés. En France, à l’exception de quelques personnes comme Dominique de Villepin ou Hubert Védrine, ce n’est plus le cas depuis bientôt cinquante ans. Notre vieux pays a connu de terribles épreuves qu’il a pu surmonter : Nil desperandum !
Je ne peux pas répondre à tout cela, j’y passerai ma journée. Et un article ne peut pas parler du tout, sachant que la plupart des lecteurs décrochent au bout d’une page ! Comme dit dans l’article, j’y utilise le mot Occident au sens intellectuel et culturel, parce qu’il me paraît fondamental à long terme. Alors qu’à court terme il peut se passer n’importe quoi. On peut même se faire tuer et ne pas voir la suite !
« ne peut-on considérer que la Corée du Sud fait également partie de cet « Occident » ? Quid de pays qui répondent partiellement mais parfois majoritairement à ces critères, comme Taïwan, l’Afrique du Sud ou Singapour ? » Oui, bien sûr. Le Japon était un simple exemple, mais le plus important et le plus accompli (le jeune Japonais aujourd’hui n’a rien à voir avec celui devant le Meiji, et pas grand-chose avec celui 1930)
Merci de vos réponses, toujours courtoises et intéressantes.
L’essentiel de ma remarque est de souligner que, même s’il a aussi une connotation » politico-philosophique » (les nations ayant plus ou moins la même conception de ce que doit être la démocratie avec la liberté de penser et de s’exprimer comme principal corollaire), le terme » Occident » tend de plus en plus à correspondre à un ensemble de pays dirigés par les États-Unis et suivant la politique décidée par cette puissance. Il faut donc manier ce mot avec précaution.
Je ne vous fais évidemment pas l’injure de vous viser, directement ou indirectement, par cette mise en garde : simplement, » Occident » fait partie des mots que beaucoup de personnes utilisent sans se rendre compte de ces ambiguïtés, au risque d’être manipulées par ceux qui invoquent ce terme et les idées qu’il diffuse implicitement …
@Liger: votre anti-américanisme militant rappelle beaucoup la propagande soviétique ou maoïste d’une certaine époque qui servait, en vérité, à cacher autre chose (cet anti-américanisme n’a rien à voir avec une critique raisonnée et fondée des USA: par exemple, le refus de suivre les USA en Irak. Ou la contestation de la guerre américaine au Vietnam. ETC). On manifeste beaucoup de MEPRIS à l’égard de certaines nations quand on considère leurs Etats, alliés des USA, comme des marionnettes aux mains des Yankees. Les USA, par exemple, ne forcent personne à adhérer à l’OTAN….!
Exemple de cet antiaméricanisme méprisant: « la vassalisation du Japon et de la Corée du Sud…ces 2 pays sont obligés d’être globalement aux ordres de l’empire étasunien ». Ou encore » Israël est un satellite des États-Unis ».
Quand on pense de telles choses, on peut difficilement oser faire croire qu’on a une empathie quelconque pour ces pays et ces peuples qui ont exprimé clairement leur volonté (par de élections libres) d’être alliées des USA (et non serviles !).
Pour ne pas faire trop long, je vais prendre une simple illustration: : les Vietnamiens ont combattu le colonialisme français et l’impérialisme américain. Il n’ y pas beaucoup de peuples sur cette terre aussi farouchement attaché à son indépendance. Aller faire une leçon à cette population, ce serait l’insulter.
Oseriez vous mépriser les Vietnamiens et les traiter de « vassaux », « aux ordres de l’empire étasunien » parce qu’ils applaudissent quand un porte-avion US accoste dans le port de Cam Ranh ? Alors que le Vendémiaire français, fier comme un coq arrogant, a fui devant les caprices d’une Chine qui lui a ordonné de déguerpir des eaux….INTERNATIONALES ! Elle est belle, la France, toute seule….! Elle obéit rapidement aux ordres chinois….!!
Aujourd’hui, les USA, et l’Occident donc, sont synonymes de liberté, d’indépendance et de prospérité pour ce pays d’Asie, le Vietnam, qui pense que c’est l’Empire Chinois, LUI, qui est dangereux, parce qu’il envahit des territoriales dans le Pacifique et dans l’Himalaya, parce qu’il procède à des nettoyages ethniques et racistes au Tibet, et parce qu’il soumet des pays financièrement pour ensuite monnayer leurs dettes par des contreparties militaires (c’est en route au Cambodge). Pour les Vietnamiens, l’Occident, c’est une porte de secours à une Asie chinoise expansionniste et raciste (on voit ce qu’elle fait aux Ouighours). Pour l’instant, y a pas photo, pour les Vietnamiens. Et c’est pareil pour les Japonais ou les Sud-coréens. Ne parlez donc pas à leurs places et ne leur attribuez pas des positions qui sont d’abord les vôtres. Par contre, votre silence sur les Etats actuels qui écrasent les Russes et les Chinois est presque assourdissant….
> L’Ukraine devait s’écrouler rapidement
comment sait-on que c’était le plan des Russes ? Moi je vais vous dire les *vrais* objectifs Russes en Ukraine:
– l’eau pour la Crimée: le canal qui alimentait la Crimée en eau douce avait été coupé par le régime Ukrainien. Il a été conquis le premier jour de la guerre, et ouvert 1 semaine après. +1
– la mer d’Asov: pour empêcher les éventuels navires de guerre de l’OTAN de pouvoir entrer en mer d’Asov avec des armes incontrôlables, et éventuellement des missiles de croisière, il était vital pour la Russie de prendre contrôle de l’intégralité des côtes de la mer d’Asov. Ce fut fait avec la prise de Mariopul: +2
– se libérer des petro-dollars: +3
– libérer l’Europe de l’OTAN et surtout des USA: ça sera plus long. En fait, ça sera fait quand l’Allemagne mettra en oeuvre North Stream 2, et virera les bases américaines.
Par contre, je sais que le plan « occidental » était de ruiner l’économie Russe, et surtout sa monnaie, mais qui en fait se porte à merveille.
Pour l’instant, la Russie gagne sur tous les points.
Merci pour ce bel exercice de psittacisme ! Désolé de vous répondre ainsi, mais je ne manque pas cette occasion de montrer à mes lecteurs la puissance de la propagande russe. Et même si vos idées étaient fondées, ça ne justifierait pas de tirer sur les civils et de détruire un pays.
Enfin une réflexion pragmatique non empreinte d’un formatage inconscient, regardez tous les films hollywoodiens d’avant 70: « ces méchants indiens qu’il faut éliminer pour laisser place aux « zentils » colons, regardez Hollywood d’aujourd’hui les méchants sont toujours des « russes » ( ou pour le moins des Slaves )!
Mr Montenay pouvez vous imaginer un seul instant que la culture occidentale, libérale, anglosaxonne que vous encensez puisse se caricaturer par un cowboy avec un jeu de poker dans une main et un colt dans l’autre main?
Accordez un tout petit peu de crédit à la partie adverse qui ne possède pas « la vérité en aucun domaine » et contrôlez d’avantage vos sources qui malgré la qualité du discours sont parfois erronées.
ET quand même merci et bravo pour votre site.
Merci, mais qui est la partie adverse ?
Les autocrates bien sûr, mais dès que le peuple peut donner son avis, il vote contre ou avec ses pieds en direction de l’Europe ou des États-Unis
Je me permets de nuancer votre propos.
1) Une partie non négligeable, peut-être majoritaire [je ne connais pas assez la question pour en juger] des Russes n’aiment pas le régime actuel et certains sont légitimement outrés, voire horrifiés, par la brutalité des procédés – allant jusqu’au meurtre – employés pour faire taire toute opposition. Cela constitue assurément une raison suffisante pour quitter la Russie.
2) Mais il ne faut pas occulter un autre facteur d’émigration, qui est économique, comme dans tous les pays d’Europe centrale et orientale, fussent-ils vraiment démocratiques comme les pays baltes : ayant brièvement séjourné en Lituanie et m’étant assez sérieusement renseigné sur ce pays, j’avais noté la gravité de la situation démographique combinant basse natalité et émigration : 3 483 972 habitants en 2001, 3 043 400 en 2011 et 2 810 800 en 2021 [source officielle lituanienne reprise par Wikipédia].
3) Mais il est certains que maints Russes de la première catégorie, ceux qui condamnent, voire détestent le régime de V. Poutine, approuvent assez largement tout ou partie de sa politique extérieure, y compris vis-à-vis de l’Ukraine. On mesure vraiment très mal le traumatisme vécus par les Russes suite à l’effondrement calamiteux [et dont je continue de me réjouir] de l’empire soviétique en 1991, notamment pour les raisons suivantes :
– population déjà en mauvais état démographique soudainement divisée par 2,
– désastre économique et social des années 1990 qui a vu des dizaine de millions de Russes passer d’une vie grisâtre mais stable à une misère sans fond ;
– prolifération des implantations des États-Unis, notamment via l’OTAN, tout autour de la Russie ;
– situation délicate et parfois dramatique des » pieds rouges » (les Russes vivant dans les ex-républiques soviétiques en-dehors de la Russie qui sont encore une quinzaine de millions actuellement), laquelle est par exemple évoquée dans « La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement », impressionnant et poignant essai de Svetlana Aleksievitch paru en 2013.
Ainsi, les observateurs compétents notent-ils qu’une majorité significative de Russes approuve toujours la récupération de la Crimée, terre russe volée à la Russie au profit de l’Ukraine par Kroutchev en 1954 sans même respecter les procédures prévues dans la constitution de l’URSS en vigueur à l’époque. On peut être démocrate et patriote.
Je ne cherche pas ici à prendre parti ni à justifier ou censurer telle ou telle politique : j’ai grandi dans la détestation du communisme et l’horreur que suscitaient (et suscitent) toujours en moi le goulag, les internements psychiatriques pour faire taire les dissidents, les crimes de masse comme celui de Katyn, la martyre subi par les populations soviétiques, notamment russe, biélorusse et ukrainienne, dans les années 1930, etc..
Mon propos vise simplement à rappeler que l’Histoire et l’actualité prennent des aspects différents selon la perspective que l’on adopte : comprendre n’est pas approuver mais refuser de tenir compte de l’existence de points de vue autres que le sien – en l’espèce, celui de l’ » Occident » – constitue une grave erreur d’analyse et ne permet pas de concevoir une politique appropriée. Malheureusement, c’est ce qui se passe actuellement de la part des » Occidentaux » : la puissance et les atouts des États-Unis les protègent des conséquences de ces erreurs alors que, lamentables dindons de la farce, les pays européens les subissent de plein fouet … et ce sera encore pire » quand la bise fut venue » lorsqu’il faudra payer le gaz pour se chauffer à des prix bien plus élevés que ceux pratiqués par la Russie.
Merci pour tous ces rappels, mais on s’éloigne de l’objet de l’article qui est la permanence et la vitalité des idées occidentales. Il est frappant de voir une réflexion d’ensemble et à long terme, ramenée à la géopolitique de la Russie. Et cela pas seulement de votre part. Autrement dit, j’ai écrit « Occident » et une partie des lecteurs ont compris « OTAN »
Cher Monsieur,
Je suis d’accord avec vous.
Mais cette » assimilation » – par une partie, significative semble-t-il, des lecteurs – de l’ » Occident » à l’OTAN me semble précisément révélatrice de cette dérive consistant à mettre la notion et les valeurs de l’ » Occident » au service de la politique d’une puissance, toujours la même.
La richesse potentielle du terme » Occident » que vous rappelez justement dans votre article en souffre et ce terme tourne parfois au repoussoir. La promotion des valeurs démocratiques dont il est également porteur en est souvent déconsidérée dans le reste du monde : sur ce point, l’invasion arbitraire de l’Irak en 2003 fut particulièrement néfaste.
Ainsi, derrière le missionnaire apparaît de plus en plus souvent le conquistador, au nom de la » Vraie Foi « . tout est permis aux Habsbourg sous les serviles applaudissements des Saintes Ligues de toute espèce. À qui la faute ?
Oui, j’ai d’abord été surpris, puis j’ai compris que l’actualité immédiate déformait les réactions. Je suis d’accord pour le reste. Une nuance pour l’Irak : aujourd’hui ce que vous dites paraît évident, mais à l’époque une partie des populations irakiennes, notamment les Chiites et les Kurdes, étaient heureux de voir partir Saddam. Je me souviens avoir écrit à un proche : pour l’instant on les accueille avec des fleurs, il faut vite qu’il s’en aillent pour que ça reste sur ce bon souvenir.
Bien vu ! Je vous laisse donc ce dernier mot en vous remerciant de votre patience à mon égard.
Cordialement,
Si on utilise les arguments de Zolko:
1) L’UE étant menacée par les chars et les missiles russes à certains endroits de sa frontière, il est donc VITAL pour elle d’envahir la Russie !
2) Et le gaz russe ayant été coupé, pour des raisons de maintenance paraît-il, cela justifie aussi une invasion de la Russie par l’UE. ETC.
Bref: j’espère que notre ami Zolko, si soucieux du bonheur des Russes, est allé les rejoindre pour les aider à survivre à « l’agression » américaine, et profiter des bienfaits de Poutine pour son peuple, face à un Occident qui n’aurait eu qu’une seule obsession: ruiner l’économie russe ! Et, si la » Russie a gagné sur tous les points « , alors souhaitons beaucoup de bonheur à notre ami Zolko en Russie victorieuse.
Et souhaitons lui, aussi, de pouvoir s’y exprimer avec la liberté dont il jouit en France et en Occident.
Pour ma part, j’espère que les Russes et l’immense culture russe qui mérite notre admiration, sauront se débarrasser rapidement des raisonnements destructeurs de la Nomenklatura de ce pays.
En France, il y a une longue tradition d’amitié avec la Russie: je rappelle que c’est aux pieds de la Tour Eiffel (au Pont de l’Alma) que la Russie a été invitée à construire un bâtiment honorant sa religion ! Et les innombrables accords commerciaux établis avec la Russie depuis des décennies démontrent à merveille combien la France, et l’Occident, sont attachés à la prospérité des Russes, et non désireux de les ruiner !
MERCI à Zolko d’avoir démontré une chose, relative à l’article de M. Montenay: si l’Occident n’est pas en déclin, il est quand même bien menacé, soit par des discours du type « haine de soi » de la part de certains Occidentaux , soit par des discours intrusifs organisés et préparés par des propagandistes extérieurs circulant librement en France.
Pour nous avoir incité à la vigilance, merci Zolko !
Les Russes que je connais sont ravagés pour cette agression contre l’Ukraine, et ils estiment que Poutine nuit à la Russie et aux relations affectives et culturelles entre Russes et Ukrainiens. Conclusion, si la Russie croit qu’elle « gagne sur tous les points » (en particulier sur le point territorial), elle oublie qu’elle est en train de perdre sur un point essentiel qu’elle imaginait maîtriser : le cœur des Ukrainiens. L’Ukraine va sortir de ce conflit encore plus nationaliste, indépendantiste et anti-russe qu’avant la guerre. Et si Poutine s’imagine occuper l’Ukraine tranquillement, ils se berce de tragiques illusions: il devrait réfléchir à l’Histoire des paysans ukrainiens emmenés par Makhno pendant la prétendue « révolution » bolchévique.
> Et souhaitons lui, aussi, de pouvoir s’y exprimer avec la liberté dont il jouit en France et en Occident.
tiens, vous devriez dire ça à Julian Assange et Edward Snowden. J’espère que vous savez qui sont ces gens
Article extrêmement intéressant ainsi que certains des commentaires !
Peu importe mon avis je me régale à lire les écrits de Yves !
@ Dr EG.
Je n’ai pas vu dans l’article de M. Montenay une quelconque allusion à une « partie adverse » !
Vous avez raison d’évoquer les simplismes d’un certain cinéma hollywoodien. Mais avez vous déjà vu des films d’autres pays ? Croyez vous que ces simplismes, en noir et blanc, n’existent pas ailleurs ? Même les magnifiques films du russe Einseinstein sont d’une caricature pitoyable ! Mais ils ne résument pas la richesse extraordinaire du cinéma et de la littérature russes. Et c’est pareil pour les Américains et leurs Western. Ou les Français. Ou les chinois, Ou les Japonais, etc.
Quant aux « zentils » indiens et aux « méchants » colons, c’est pas mal aussi en termes de « simplismes »: vérifiez vos sources et examinez mieux ce qui s’est passé entre les peuples indiens. Croyez vous que l’Empire Inca s’est formé dans la joie et la paix ? Même question pour les autres empires précolombiens (Maya ou Aztèque). Et aujourd’hui, il y a des descendants indiens du Nord, autonomistes voire nationalistes, qui sont fiers d’être américains (certes américains critiques, voire « de gauche »), et qui n’ont absolument pas envie d’aller vivre en Russie (où le racisme existe AUSSI), ou en Chine (où le racisme existe AUSSI), etc. Lisez les livres de l’indien Jim Harrisson. Ce serait pas mal avant de parler au nom des Indiens…..
Quant au problème des colonisations, il n’est absolument pas le propre de l’Occident ! Puisque vous évoquez les Indiens, sachez que le continent américain a été colonisé plusieurs fois par des populations venues de l’Extérieur: la dernière vague migratoire s’est faite il y a 10.000 ans environ (période glacière), par le Détroit de Behring, et ces « Asiatiques » ont submergé les Autochtones déjà présents (le continent américain est habité depuis 30.000 à 40.000, selon les dernières découvertes archéologiques). Les Indiens rencontrés ont 16ème siècle par les Européens (ou ceux croisés par les Vikings au 10ème siècle, sur les côtes du Grand Nord) étaient eux mêmes, déjà, de sacrés colonisateurs depuis des lustres, et pas forcément des colonisateurs pacifiques et tendres !!!
L’occident européen a dominé la planète jusqu’à son suicide des deux guerres européennes du XXIème siècle. Après un rebond les enfants et petits enfants des baby boomers n’ont plus aucune caractéristique des civilisations dominantes , même si plusieurs valeurs persistent et imprègnent une partie des populations non occidentales . Globalement l’Occident est en déclin mais n’est pas encore mort . Il a un max de problèmes avec les comportements de ses populations . Les démocraties selon les normes occidentales ont du mal à avoir des gouvernements à la fois légitimes et compétents en interne et en externe (exemple Allemagne) face à l’archipellisation de leurs populations.
Je suis d’accord sur le suicide. Par contre, ce ne sont pas les enfants et petits-enfants qui vont faire la différence, mais les idées. Et puis dans le monde tout est relatif, vous avez vu que mon raisonnement est basé sur le déclin de l’Asie de l’est. Je suis démographe et ai l’habitude de raisonner à très long terme.
Julian Assange et Edward Snowden sont des lanceurs d’alerte qui sont en effet des victimes des logiques étatiques existant aussi en Occident. Mais, manifestement, tout le monde en a entendu parler, on a même fait des films et des livres sur eux, et ce sont des personnes admirables qui essaient de se défendre par les voies judiciaires qui leur sont disponibles. Leur situation est contestable et contestée en Occident. C’est bien toute la différence DE FOND qui existe entre l’Occident et la Russie (ou la Chine, ou l’Iran, etc): en Russie, les Assange ou les Snowden sont empoisonnés ! Ou ils sont enfermés dans des hôpitaux psychiatriques. Et puis, en Occident, on peut manifester et faire du syndicalisme: le prolétaire que je suis apprécie de pouvoir défendre ses intérêts de travailleur dans son entreprise, ou dans la rue, ou dans un bulletin de vote. Et c’est pareil aux USA. En Russie (ou en Chine, ou en Iran, etc) c’est impossible. C’est très simple à comprendre, et c’est tellement simple à comprendre que tous les contempteurs infantiles de l’Occident ne vont jamais vivre dans les pays qu’ils opposent à l’Occident et prétendent admirer: pourquoi ? La culture anti-américaine des Français est pitoyable parce qu’elle tient du ressentiment passif, et qu’elle entretient leur incapacité à faire mieux que les USA. Si les Français se sont habitués à détester les Américains, c’est parce qu’ils savent qu’ils feront appel à eux en permanence, comme dans le passé, depuis un siècle surtout. Si la France a du faire appel aux USA en 1944, c’est parce que la France était majoritairement collabos. Il y a un lien entre l’antiaméricanisme primaire des Français et leurs faiblesses, en particulier leur dépendance à l’Etat-Maman-Providence (qui les pousse à passer leur temps à détester leur papa-à-fric américain). Au contraire des Français, les Vietnamiens ne sont pas anti-américains primaires (ni anti-Français primaires). Ils ont vaincu les Américains, ils sont leurs égaux, ils n’ont pas de complexe d’infériorité, donc pas de ressentiment ou de jalousie à l’égard des USA. C’est pour ça que la Francophonie disparait au Vietnam: les Français font pitié avec leur anti-américanisme psychopathologique. Beaucoup de ces Français qui détestent les USA devraient y aller quelques semaines et voir combien ils sont ridicules avec leur petit esprit individualiste, persuadés qu’ils sont socialistes (ou De Gauche) alors qu’ils sont tout bêtement le contraire (réactionnaires et égoïstes). Il y a beaucoup plus de solidarité et d’entraide aux USA qu’en France. Quant aux pays de dictatures, tels que la Russie ou la Chine, c’est pire: la loi du Chacun-Pour-Soi est nécessaire parce que l’Etat omniprésent empêche les solidarités. Pour finir sur la Russie:il faut que ceux qui défendent Poutine arrêtent de croire qu’ils défendent la Russie: au contraire, Poutine nuit à ce pays des grands écrivains (ex: Tolstoï), des grands musiciens (ex: Tchaïkovski) ou des grands cinéastes (Tarkovski). Tous les artistes ou Intellectuels progressistes de Russie fuient ce pays actuellement. C’est une véritable saignée de cerveaux russes !
> en Russie, les Assange ou les Snowden sont empoisonnés
Hein ? Snowden est réfugié en Russie.
> Pour finir sur la Russie:il faut que ceux qui défendent Poutine arrêtent de croire qu’ils défendent la Russie
Et vous devriez arrêter de croire que Poutine est le décideur unique psychopathe : c’est tout l’état qui est derrière lui, et une grande partie de la population. La guerre en Ukraine est une guerre entre la Russie et les USA, et pas entre Poutine et l’Ukraine. Pour preuve : le gazoduc North Stream 2 entre l’Allemagne et la Russie a été interdite par le président Joe Biden en décembre 2021, lors de la visite du nouveau chancelier Schulz aux USA. Le même Joe Biden qui s’est vanté devant les caméras d’avoir fait du chantage contre le gouvernement Ukrainien pour virer le procureur qui enquêtait sur les affaires de corruption de son fils Hunter Biden en Ukraine (dans l’entreprise Burisma) quand il était vice-président. Le même Joe Biden qui fournit des armes et de la logistique aux Ukrainiens pour se battre contre la Russie.
C’est une guerre Russo-Américaine qui se déroule en Ukraine. Et les Américains vont la perdre, comme ils ont perdu TOUTES les guerres depuis la deuxième guerre mondiale. L’objectif de l’armée américaine n’est pas de gagner des guerres mais d’engraisser le complexe militaro-industriel, ce dont le président américain Eisenhower avait déjà averti.
Je ne vois pas le rapport avec mon article
Manifestement, notre ami Zolko adore la Russie. C’est son droit le plus strict.
Et il déteste manifestement les USA (entre autres pays occidental). C’est son droit le plus strict.
J’espère, s’il est bien citoyen d’un pays d’Occident, qu’il apprécie sa liberté d »expression en Occident, et qu’il saura en faire autant s’il va vivre (ou s’il vit) dans la Russie de Poutine (ou s’il vit dans une ambassade russe,en Occident)
Je ne vais pas polémiquer avec un religieux (ou un fonctionnaire) convaincu de sa foi (ou du régime de nature fasciste qu’il sert).
Simplement rappeler des faits et m’en tenir à ça.
1) En Russie, actuellement je le répète, les Snowden et autres Assange (c’est une formulation bien connus dans la langue française: ex: les Dupont, les Macron, les Mélenchon, etc) sont bel et bien empoisonnés, en Russie même ou à l’Étranger (en Angleterre ou en Allemagne, par exemple). Snowden lui même, l’individu, l’Occidental, n’a pas été empoisonné par un quelconque État occidental.
2) Les Russes ne soutiennent pas Poutine: ils sont astreints au silence. Et les Intellectuels russes fuient la Russie, en ce moment. Des Snowden russes, en ce moment, ça ne peut pas exister….Et ne parlons pas des syndicalistes libres ou des journalistes libres…
3) Les Américains ont déjà perdu la guerre en Ukraine pour une raison simple: ils ne combattent pas ! Et c’est bien parce qu’ils ont annoncé, en décembre 2021, qu’il ne combattraient pas, que Poutine a envahi l’Ukraine. Le manque de courage de ce dictateur et la servilité de sa cour sont une salissure historique pour la culture et la civilisation russes.
4) Ce sont bien les Ukrainiens qui combattent et qui sont victimes d’une agression qui ressemble fort aux agressions nazies su 20ème siècle, et qui utilise les mêmes arguments que ceux des Nazis.
5) Le « complexe militaro-industriel » américain, qui est une réalité, a son équivalent en Russie, et il est même plus lourd que celui des USA (vu les commentaires de la presse russe sur le dernier sous-marin nucléaire russe, ou sur les derniers missiles russes !!!). Le complexe militaro-industriel chinois est pas mal aussi…
Conclusion: » L’Occident est-il en déclin ?
OUI si les propagandistes du genre Zolko prolifèrent en quantité ou en qualité et arrivent à convaincre des Occidentaux
Bon vent, en tout cas, au camarade Zolko, si possible en Russie, vu l’admiration qu’il a pour Poutine !