Technophiles contre Technophobes

Environnement : la technologie peut-elle nous sauver ?

De nombreux écologistes sont persuadés que le progrès technique dégrade l’environnement. Ils sont technophobes. Je pense qu’ils se trompent et qu’au contraire le progrès apporte des solutions : je suis technophile et je vais vous présenter mes arguments.

Je vous disais récemment que la partie non révolutionnaire des environnementalistes avait pris conscience de la nécessité d’une alliance avec les entreprises, seules à même de mettre en place des solutions concrètes, l’Etat ne pouvant qu’encourager ou interdire, mais pas mettre en place

À l’occasion du débat qui a suivi, il est apparu que beaucoup d’écologistes révolutionnaires étaient en plus technophobes. C’est-à-dire que pour eux non seulement les entreprises sont des institutions capitalistes à détruire, mais aussi qu’elles feraient croire qu’il y a des solutions techniques à la détérioration de l’environnement, alors que, de leur point de vue, la seule solution serait la décroissance immédiate et rapide.

De formation scientifique et ingénieur, je constate tous les jours que les solutions viennent du progrès des connaissances et de leurs applications. Mais les technophobes et les bureaucrates conjuguent leurs efforts pour les paralyser : ils sont ainsi à l’origine de beaucoup des problèmes dont ils accusent les entreprises.

En effet, de nombreuses technologies sont non polluantes, voire réparatrices. 

En voici quelques exemples. 

Faire plus avec moins d’énergie

Consommation des Centres de données (data centers)

L’entreprise Biomemory, fondée par des universitaires français, fait du stockage de données dans un ADN de synthèse. Cela permettrait de réduire considérablement l’énorme consommation d’énergie des data center actuels, énergivores et climatisés (consommant 2% de l’électricité mondiale et émettant 2 % des émissions de CO2 planétaire), consommation par ailleurs très rapidement croissante : on parle d’un doublement d’ici 2025. 

Ce stockage dans l’ADN permettrait de conserver l’intégralité des données actuelles « dans une tablette de chocolat ». De plus, cet ADN se conserve très bien à température ambiante et n’a pas besoin d’énergie pour maintenir ses capacités. Il est beaucoup plus durable que les disques durs actuels.

Par ailleurs, cet ADN est produit de manière simple, par des bactéries nourries de sucre et non plus de composants pétrochimiques. Enfin, pour la sécurité informatique, les données stockées ne peuvent être pillées.

Il ne reste plus plus que les problèmes de réglementation…

Consommation des bâtiments

Mon expérience professionnelle m’a montré qu’on pouvait considérablement réduire la consommation énergétique des bâtiments par de meilleures chaudières, et surtout de bonnes régulations au bon endroits, la récupération des déchets …  et quelques mesures de bon sens comme d’ouvrir automatiquement les fenêtres des bureaux, souvent prévues fixes, pendant les nuits d’été, pour limiter la climatisation ensuite.

Aujourd’hui Imeon Energy, une PME de Brest, augmente de 30 % le rendement des panneaux solaires en les articulant avec des batteries via l’intelligence artificielle.

Protéines végétales et lutte contre l’obésité

Carrefour et d’autres distributeurs mondiaux accroissent leur offre de protéines végétales, contribuant ainsi à la diminution des émissions de méthane par les animaux d’élevage.

Cela aura pour effet de libérer une quantité considérable de terres agricoles, les unes pour l’élevage des troupeaux « sur l’herbe », les autres pour nourrir les animaux en batterie.

Parmi les surfaces libérées, je pense notamment à celles consacrées à la culture du soja dans le monde entier, au détriment, par exemple, des forêts amazonienne et indonésienne.

Le même problème est pris par un autre bout par les médicaments  « anti-obésité » qui ont un succès foudroyant aux États-Unis.

Non seulement ils peuvent résoudre un énorme problème de santé qui est en train de devenir mondial, mais ils vont indirectement réduire considérablement la consommation alimentaire notamment de viande et de produits gras, avec les mêmes effets que ci-dessus.

Des restaurants américains ont déjà allégé leur menu pour satisfaire cette clientèle beaucoup moins “accro” aux grandes assiettes traditionnelles aux États-Unis.

Dans le domaine voisin d’une meilleure utilisation des sols, j’ai remarqué un créateur de dalles perméables faisant filtre et réservoir provisoire d’eau pour éviter des écoulements brutaux. Ces dalles seront notamment utiles pour réutiliser les sols abandonnés par des sites industriels. Elles peuvent s’emboîter les unes dans les autres comme un puzzle.

Rétablir les forêts et utiliser le bois

Voici enfin deux exemples tirés du journal L’Opinion du 13 décembre 2023 : 

  • L’entreprise Morpho a mis au point une méthode de reforestation scientifique à partir des caractéristiques du sol relevées par drone, ce qui diminue considérablement le prix de revient.
  • La multiplication des usages du bois. Dans la construction, il va remplacer le fer et le béton, sans parler du carbone capturé au passage pendant la croissance de l’arbre. La chimie permet de transformer le bois en matériaux très différents les uns des autres, ce qui permet de fournir des productions variées, par exemple l’automobile. La société Woodoo a déposé 50 brevets dans ce domaine et travaille avec les principaux cabinets d’architecture mondiaux. 

Le cas des batteries

La transition énergétique n’est possible qu’avec des batteries bon marché et puissantes.

Or la production des modèles actuels demande des matériaux chers et polluants, sans parler des risques géopolitiques associés, parmi lesquels la mainmise de la Chine sur leur production et surtout leur raffinage.

Donc tous les progrès techniques les remplaçant par des matériaux plus courants et plus répandus est une condition nécessaire de la transition énergétique.

En attendant, voici un exemple d’optimisation à partir des batteries :

Les camions poubelles de Véolia dans l’économie circulaire

En ce début 2024, Veolia a présenté la réinsertion dans le réseau électrique de la ville de Westminster de l’énergie stockée dans les batteries de ses camions-poubelle.

L’entreprise valorise les déchets en utilisant un méthaniseur local, puis utilise l’électricité produite pour alimenter la flotte de ses 50 véhicules. De plus, l’ensemble des batteries des véhicules alimente le réseau local en heures de pointe, et se recharge en heures creuses.

Veolia espère étendre ce dispositif à l’ensemble de son parc du Royaume-Uni (1.800 véhicules), et disposerait ainsi à terme de 200 MW de « flexibilité électrique », soit l’équivalent d’une population de 150.000 foyers.

Permettre la réalisation effective de la transition énergétique

Il est facile de proclamer qu’il faut une transition énergétique, mais quand on se penche sur les problèmes concrets qu’elle pose, on se heurte à de très grandes difficultés. 

La transition énergétique, c’est compliqué !

Outre celles présentées dans mon précédent article sur la transition énergétique, qui montre la nécessité d’innovations pour la réaliser effectivement, voici un autre exemple  fourni par Les Echos du 3 janvier 2024 : le recyclage des panneaux photovoltaïques par l’entreprise Envie 2E Aquitaine.

Le verre, les cellules photovoltaïques et les métaux précieux sont séparés par un procédé original puis recyclés.

L’intelligence artificielle en renfort

Pour les écolos, l’industrie est une sorte d’ennemi par sa consommation d’énergie et ses déchets, en oubliant qu’elle fournit les médicaments, les objets courants, les bâtiments… et amène la nourriture à portée de chacun.

Les ingénieurs passent pourtant leur temps à essayer de serrer les coûts, c’est-à-dire diminuer les consommations d’énergie et de déchets. C’est long et fastidieux et pas toujours très visible.

Mais voici que l’intelligence artificielle permet de mettre au point des programmes de maintenance beaucoup plus rapidement que par l’observation humaine, notamment en intégrant dans un même planning les manuels techniques et les données mesurées dans tous les éléments des machines et des matériels. 

Or la maintenance est une fonction clé, non seulement de l’économie en général, mais aussi de l’environnement, parce qu’elle prolonge la vie des machines et des matériels, et donc réduit les consommations d’énergie et de matériaux, sans parler de tout ce qui ne va plus à la décharge 

Croissance verte plutôt que décroissance 

Tout ce bouillonnement technique entretient la croissance, et cette croissance est plus sympathique que la décroissance, qui ne pourrait que susciter des révoltes populaires, qui elles mêmes pourraient bloquer la transition : rappelez-vous de l’origine du mouvement des « Gilets Jaunes » dont le déclencheur a été la révolte contre la hausse de l’écotaxe carbone en 2018 ! 

En effet un retour avant les nouvelles techniques, qui ont commencé par la machine à vapeur alimentée par du charbon, nous ramènerait vers l’époque de Louis XV, où il fallait avoir 8 enfants et une femme ayant de bonnes chances de mourir en couches, pour qu’il y ait 2 survivants pour s’occuper de leurs parents.

Les sciences et techniques nous ont sortis de ce triste gâchis humain, de la pauvreté et des famines.

Nourrir l’humanité, de Malthus à 2050

D’ailleurs, cette idée bizarre mais répandue que la croissance demande toujours plus d’énergies fossiles ou d’empreinte carbone est de plus en plus remise en cause.

Non seulement par les quelques exemples ci-dessus, mais aussi par les statistiques mondiales : les pays les plus riches, qui sont toujours en croissance, ont de moins en moins d’empreinte carbone. Cette affirmation qui paraissait hérétique il y a peu de temps est de plus en plus documentée, et peux être résumée par le graphique P2-Infog-Empreinte carbone.jpg.

Autrement dit, nous n’avons pas 2 estomacs et n’aurons jamais besoin d’une voiture par adulte, comme le vérifient les parisiens. Bref, les besoins matériels plafonnent au delà d’un certain niveau de richesse qui est dépassé en Occident, et les ingénieurs rendent ce niveau de moins en moins énergivore.

Et les pays pauvres pourraient sauter le stade du charbon, parce que les alternatives existent aujourd’hui contrairement à ce qui se passait pendant la première révolution industrielle.

Et les “COP” successives sont censées leur permettre de financer les renouvelables et le nucléaire enfin dédiabolisé. Que de temps perdu par le blocage de ce dernier ! 

Billet d’humeur COP 28 : les écologistes contre l’environnement

Alors, plutôt que de retomber plusieurs siècles en arrière, ou au niveau des pires pays d’aujourd’hui, autant secouer le “cochon de payant” en supprimant les subventions aux combustibles fossiles. Les économies d’énergie, même désagréables, se réaliseront alors très vite.

Ces subventions aux énergies fossiles étaient de 1 300 milliards en 2023… près de trois fois plus que leur niveau de 2020 !

Les “boucliers tarifaires” contre les hausses de prix découlant de la guerre en Ukraine y sont bien sûr pour quelque chose. Mais cette guerre peut durer et d’autres s’y ajoutent : Gaza, le Yémen… Il vaudrait mieux payer le vrai prix et s’organiser en conséquence en diminuant nos consommations ! 

Heureusement, le ralentissement économique et le déclin démographique de la Chine vont réduire les émissions venant du charbon. Et ils laisseront du temps pur mettre en place le nucléaire, les renouvelables … et surtout les économies d’énergie grâce au progrès technique.

Encore faut-il que les technophobes cessent de freiner le progrès technique, tant globalement par leurs pressions intellectuelles et politiques, que localement en bloquant ou en retardant de plusieurs années les installations nécessaires à ce progrès.

Bref, les technophobes aggravent les problèmes qu’ils prétendent combattre, que les technophiles s’acharnent à résoudre !

Yves Montenay

21 commentaires sur “Environnement : la technologie peut-elle nous sauver ?”

  1. Comme exemple de technophobie contradictoire, on peut noter celle des prétendus « écologistes » qui refusent l’ingénierie climatique pour faire face au réchauffement climatique: ces idéologues décroissantistes sont persuadés que leur solution perfectionniste (qui fonctionne mentalement comme l’idéologie de la collectivisation au début du 20ème siècle) permettra de baisser la température sur terre de 2°C. Grosso Modo, pour ces Illuminés, les Humains auraient trouvé le Thermostat magique sous leur contrôle, ils domineraient donc le climat terrestre grâce à leur maîtrise totale du CO2 ! Pour résumer: d’un côté, les Décroissantistes sont contre la technologie adaptatrice ou correctrice du réchauffement climatique, mais de l’autre côté, ils ont une solution technique miraculeuse pour (carrément) baisser la température sur terre !
    Rappelons au passage que le GIEC attribue, dans son rapport (chapitre 5, cycle du carbone, sous la direction de Prof Pep Canadell, climatologue australien), la cause de l’effet de serre pour 20% au CO2 (pour 60% à la vapeur d’eau). C’est dire que la maîtrise des émissions humaines de CO2 ne maîtrisera pas l’effet de serre, d’autant qu’on ne sait pas quelle est la part des émissions humaines de CO2 dans la quantité globale de CO2 estimée sur terre, sachant que la terre émet naturellement, et fort heureusement, du CO2 (Et de manière fantastique puisque l’on sait que la quantité actuelle de CO2 dans l’atmosphère, aujourd’hui, est la même que celle d’il y a 3 millions d’années, avant même que les Hominidés ne fassent du feu ou polluent quoi que ce soit).
    La technophobie des prétendus « écologistes » actuels, prétendus aussi « De Gauche », est largement compensée (sinon détruite) par leur idolâtrie technophile et obsessionnelle du CO2 !
    Cas aggravant pout tout ce triste monde obscurantiste et militant qui façonne notre époque en cours : le réchauffement climatique n’est même plus étudié en France dans ses rapports avec le soleil ou avec la tectonique des plaques (nous avons quand même 5000 degrés C sous nos pieds). Plus aucun étudiant ne peut faire de thèse sur autre chose que sur le Dieu CO2: crédit inexistant, profs craignant les manifestations hostiles. Les modernes technophobes sont aussi des adorateurs d’une technique magique et miraculeuse: ils font exactement ce qu’ils dénoncent ! Ils me font penser à cette blague qui circulait en URSS: « Le Capitalisme, c’est l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Et le Communisme, c’est l’inverse ».

  2. Sans s’attarder sur ces inepties de climato-dénialistes (faux sceptiques), je veux d’abord dire qu’il est absurde d’opposer de cette manière ces deux catégories. Comme s’il fallait choisir son camp. Comme si d’un côté il y avait les athées et de l’autre les croyants. Et les agnostiques alors ?
    Pour moi un technophile (ou un technolâtre, je ne fais pas trop de différence) est quelqu’un qui voue un culte au progrès technique. « Oui je crois, au Progrès qui progresse et aux innovations qui innovent pour des siècles et des siècles amen ! » Tel est le Credo du technophile. Que j’appelle aussi scientiste. Le scientisme, entendu comme cette idéologie selon laquelle tous les problèmes concernant l’humanité pourraient être réglés suivant le paradigme de la méthode scientifique, autrement dit cette foi aveugle dans le progrès technique, est une religion comme une autre. Quant à la technophobie, comme son nom l’indique il s’agit d’une peur démesurée, irraisonnée, une maladie en quelque sorte. Après ça, choisis ton camp camarade !

    1. Je pense simplement que les problème physique ou chimiques doivent être traités par des personnes compétentes en physique et chimie qui verront bien si tel méthode est efficace assez rapidement ou non. Cela pour changer les affirmations trop rapide de certains écologistes, dont les « solutions » aggravent le mal

    2. Vision 1 : https://zionlights.substack.com/p/small-is-beautiful-is-a-lie? où Zion, originale auteure passée de Extinction Rebellion à pro nucléaire , et qui évoque le sujet desévolutions tecnologiques dans notre civilisation.

      Perso, j’ajoute un grain de poivre bien noir : personne ne contrôle les évolutions technologiques rendues possibles par la recherche scientifique incessante des homos creators. Tout ce que peuvent les états, c’est les freiner, voire stopper sur leurs territoires. En sens inverse elles fleurissent là où se cumulent et concentrent argent et ressources intellectuelles. Que gagnent les états ou collectifs freineurs ? Ils seront d’abord clients, puis vassaux puis envahis.
      Le processus de base de l’univers est de tâtonner sans cesse pour dépasser les limites et créer de la complexité. Le rocessus qui a fait appraître la vie sur terre et son évolution actuelle qu’est homo sapiens. Croire qu’on peut arrêter ce processus est naïf. Certains diraient que c’est une faute vis-àvis de ce qui nous a fait.
      Chaque étape du tâtonnement se traduit par plus de puissance. Le bien être des humains, l’absence de souffrances, ne sont que des chemins plus efficaces que les guerres et autodestructions. Sous cet angle, il manque encore quelques innovations aux milliards d’homo sapiens.

      1. Oui, comme dit quelque part, les évolutions technologiques ne se dirigent pas. L’État peut les freiner ce qu’il fait en général, il peut aussi les subventionner, mais avec de bonnes chances de se tromper. Les entreprises sont le bon outil, mais pour qu’elles s’y mettent, il faut d’abord une pression des clients, et dans un deuxième temps des dirigeants et des actionnaires qui en général ne sont pas coupés de leur époque, et surtout sont à l’écoute des clients

        1. Outre les subventions (Pognon), c’est surtout le hasard qui veut que les évolutions technologiques ne se dirigent pas. Le Pognon, les meilleures compétences et la meilleure volonté du monde, ne suffisent pas pour résoudre n’importe quel problème.
          D’autre part je ne crois absolument pas à cette fable selon laquelle la pression des clients (la Demande en quelque sorte) alimente le fameux cercle vertueux. Certains exemples nous prouvent d’ailleurs le contraire. L’automobile à ses débuts était bien sûr réservée à une minorité, de gens aisés, mais elle ne faisait absolument pas rêver les foules. Bien au contraire le Peuple n’en voulait pas. On la trouvait bruyante, malodorante, dangereuse, dans les campagnes les gueux jetaient des pierres aux «tueurs de poules». Les curés disaient même que l’automobile était une création du Diable. Les industriels (le monde du Pognon) ont donc dû faire preuve d’un tas de stratagèmes pour qu’elle se démocratise, comme on dit. Pareil de la cigarette (voir le rôle qu’a joué Edward Bernays). Et de bon nombre de choses.

          1. Je vous suis pour les cigarettes, Mais ce ne sont pas les industriels qui ont inventé le plaisir de fumer (personnellement je n’ai jamais fumé).
            Par contre pour l’automobile, les professionnels ont très vite compris que c’était un progrès, et le reste est une affaire de prix de revient et donc de série. Henry Ford et d’autres ont parfaitement résolu la question. il est souvent vain en économie de savoir si c’est l’offre ou la demande qui a été déterminante, tellement elles sont liées

  3. Je pensais pourtant que vous auriez compris. Pour le plaisir de fumer, plus exactement la dépendance à cette drogue, les femmes (pas qu’elles) doivent d’abord remercier Bernays.
    Pour la Bagnole c’est Henri Ford, et aussi Taylor. Et bien d’autres bien sûr. (1937 : Comment Hitler impose l’auto du peuple – Les Echos). N’empêche qu’à ses débuts la Bagnole ne représentait absolument pas un progrès aux yeux de la grande majorité des gens. Faut dire qu’ils n’étaient pas encore devenus de vulgaires consommateurs. Par contre il est évidemment que les professionnels (les industriels, les capitalistes, les Ford & Co) ont vite vu qu’il y avait là matière à profits. Reste à voir le rapport entre le progrès et les profits. Et expliquer (démontrer) ce qui fait, ou qui veut, que les gens dits d’en haut voient mieux que les gens dits d’en bas. Et que ce sont donc eux les mieux placés, pour nous dicter ce qu’est le progrès.

  4. Je suis retraité. Moi aussi j’étais à la production, comme on dit. Mais peu importe mon métier. Comme je le laissais entrevoir précédemment, je précise donc que je me vois ni technophile ni technophobe. J’ai un ordinateur, pas très récent, comme mon téléphone, même pas un smartphone, idem la bagnole et j’en passe. Par contre j’avoue ne pas être attiré, mais alors pas du tout, par tous ces nouveaux gadgets et autres innovations que je qualifie de… «à la con».
    Et tant pis si cela suffit à faire de moi un technophobe.
    ( La poussette aussi est désormais… connectée. On n’arrête pas le Progrès !)
    Quant à vos arguments, de technophile… on peut toujours les analyser, les passer au scanner, de l’esprit critique. C’est donc ce que je fais, ni plus ni moins.
    Là encore vous accusez les «technophobes» de sabotage. Dans le rang des accusés nous reconnaîtrons ceux qui pensent qu’il ne faut pas jouer avec le feu (nucléaire, OGM, géo-ingénierie, IA etc.), qui combattent les docteurs Folamour, défendent le principe de précaution, prônent la prudence, la juste mesure etc. Et en même temps qui s’opposent au monde du Pognon. Comme ici en entravant la bonne marche de toutes ces belles entreprises qui œuvrent pour notre plus Grand Bien. Notamment en cherchant à réparer les dégâts qu’elles ont elles-mêmes créés, c’est formidable ! Bref ceux-là sont des saboteurs et des technophobes. Comme il faut bien appeler un chat un chat, au mieux ce sont des idiots, au pire des salauds. Et donc j’en suis. Du moins aux yeux de certains, simple question de lunettes.
    Et/ou de définitions. C’est d’ailleurs comme ça, en tordant les mots, et à force de répétitions etc. (voir Goebbels, le sinistre ministre de la propagande du Troisième Reich) qu’on en arrive à les accuser, aussi, de… terrorisme (écoterrorisme).
    Ensuite et là encore vous essayez de nous vendre le fameux (fumeux) Découplage. Késako ? S’agit-il d’un leurre, d’un mythe, d’une illusion, suffit-il d’y croire pour que ça devienne réalité ? La question se pose et elle est parfaitement légitime. Je reconnais que l’idée est très sympathique, tout autant que le Développement Durable (Croissance Verte) qui aujourd’hui a du plomb dans l’aile. Ou que l’Économie Circulaire, idéale elle aussi pour tourner en rond, en attendant. Bien plus sympathique en tous cas que la Décroissance, oh mon dieu non pas ça !
    Bref énergétique ou carbone, relatif ou absolu, local ou international (global) etc. plusieurs études ont été menées sur le sujet. Et à ce jour rien ne garantit qu’il y a là de quoi espérer grand-chose. D’autant plus qu’il faut prendre en compte l’effet rebond (déjà dit). Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à chercher à améliorer ou inventer ceci ou cela. Mais sans pour autant se faire croire que plus ça rate et plus on a de chances de réussir (voir les Shadoks).
    Vous dites ensuite que les besoins matériels plafonnent au-delà d’un certain niveau de richesse… dépassé en Occident. Pour être dépassé, il l’est. Emplafonné même, au diable la juste mesure ! Ne serait-ce qu’en terme d’énergie le Français Moyen s’offre le luxe de l’équivalent de 500 esclaves à sa disposition 24H/24 (voir Jancovici). Avec ça on peut découpler. D’autant plus quand le Consommateur a besoin (voir pyramide de Maslow) de toujours plus de gadgets et de services aussi divers que variés. Comme ces applications pour smartphone lui permettant, entre autre, de bien trier ses déchets. Besoin d’une bagnole, d’une maison, d’une montre, d’une trottinette et d’une poussette toujours plus connectées, intelligentes comme on dit ! Besoin d’être toujours plus assisté, de tous les côtés. Et en même temps besoin de se montrer, s’exhiber, toujours plus et de tous les côtés. Et on appelle ça le Progrès… misère misère !
    Vous semblez juste oublier la puissance des lobbies (monde du Pognon). Et que tous ces «besoins» sont créés de toutes pièces pour être ensuite «offerts» (imposés et vendus) au Consommateur (con-sot-mateur). Pour son plus grand bien, bien évidemment ! Et ceci, comme le dit si bien la pub de L’Oréal… parce qu’il le vaut (veau) bien.

    1. Tout cela a un joli parfum du marxisme idéalisé de ma jeunesse. On sait maintenant où à mené « le socialisme réel ». Je le connais bien et je préfère vivre dans l’univers du « pognon » comme vous dites. Et j’ai d’ailleurs constaté dans le monde communiste que le pognon avait un rôle beaucoup plus important que chez nous où il a entre autres comme mérite d’être une mesure de la limitation du gâchis. Je vous garantis que du gâchis, il y en avait l’autre côté du rideau de fer ! Et puis la Chine n’a réussi à se développer que lorsqu’on a permis aux Chinois d’avoir leur propre pognon ! Idem au Vietnam où j’étais aux premières loges de la reprivatisation.

    2. Le marketing intelligent (Iphone?) crée une addiction. Oui, en société, il faut afficher que l’on fait partie du groupe (avoir le dernier Iphone). Oui, Apple, la société et ses actionnaires collectent des masses importantes de $. Vous oubliez les immenses services rendus, en plus du gaspillage de temps sur ce hochet qui en remplace d’autres (homo évolue peu), par cet appareil aux humains qui y consacrent qq centaines de $ par an et bcp de temps. On pourrait en dire autant sur la bagnole, etc. Il y a des universitaires qui s’amusent à recréer des villages d’autrefois, (- 100 000, -10 000, -2000, -1000, – 100), à la fois pour les « princes » et pour la population des premiers déciles. Le progrès semble net, malgré tous les tâtonnements, y compris sur ce blog.

  5. L’inculture scientifique des leaders et des militants écologistes est affligeante, de même que celle des politiques, que celle des journalistes des grands média ….
    Et identifions les scientifiques idéologues comme Seralini, Didier Raoult,… accueillis sur les médias diffuser des mensonges.
    Ecoutons les ex-ministres de l’écologie lors de leurs auditions et les commentaires de Maxime Amblard
    https://www.youtube.com/watch?v=qaPKcAZvhZQ
    Le principe de Brandonini : il faut 10 ou 100 fois plus de temps et d’énergie pour montrer qu’un mensonge (qui a pris 10 secondes à être dit) est un mensonge.

  6. – « Le principe de Brandolini […] est un mensonge. » ( BIEZIN Henri )
    Excellent exemple. Cette sottise ne prend que quelques secondes pour la dire (ici l’écrire).
    Maintenant si je voulais démontrer le contraire, c’est à dire toute la pertinence de la dite loi de Brandolini, ça me prendrait des plombes. Je préfère donc laisser ça aux autres.
    – Loi de Brandolini : doit-on répondre aux cons ? (bonpote.com)
    https://bonpote.com/loi-de-brandolini-doit-on-repondre-aux-cons/

  7. Complément au débat pessimisme Vs optimisme. Bcp d’humains se demandent comment et pourquoi les européens au 18ème siècle ont déclenché des changements de rupture après de longs passés de lente progression? D’autres se demandent pourquoi cette rupture et la domination du monde qui en a découlé ne « marche plus » ? Montenay peut nous rappeler que l’énorme croissance démographique de l’europe au 19ème a alimenté l’immigration forte dans le reste du monde puis a déclenché une explosion démographique chez les colonisés et des courants d’immigration dans l’autre sens (sauf aux USAet Canaa, où elle continue de faire grandir la population nord américaine). Le texte ci-après suggère de se pencher sur l’influence de la culture pour être capable de penser et faire progrès. Bcp d’européens sont manifestement envahis par le pessimisme et la pensée à somme nulle… https://www.telos-eu.com/fr/societe/sur-la-culture-du-pessimisme.html

  8. Dans une tribune au journal Le MONDE (hier 22 janvier 2024) Edgar Morin (101 ans) déclare :
    – « Le progrès scientifique technique qui se développe de façon prodigieuse dans tous les domaines est la cause des pires régressions de notre siècle. […] le progrès des connaissances, en les multipliant et en les séparant par des barrières disciplinaires, a suscité une régression de la pensée, devenue aveugle [etc.] »
    https://mediascitoyens-diois.info/2024/01/edgar-morin-le-progres-des-connaissances-a-suscite-une-regression-de-la-pensee/

    1. Je suis bien d’accord pour dire que les barrières disciplinaires sont gênantes, et vous notez bien que mes articles sont tous pluridisciplinaires (histoire, démographie, géopolitique, islam, langues développement…). Mais dire que le progrès scientifique est la cause des pires régression de notre siècle , ça me paraît être une vue de pur intellectuel probablement fonctionnaire et à l’abri du besoin, très loin de la vie scientifique et économique qui a entre autres fourni des médicaments aux malades

  9. Déjà je ne vois pas pour quelle bonne raison un conférencier ou un chef d’entreprise serait plus outillé (mieux armé etc.) qu’un fonctionnaire, un ouvrier, un paysan ou tout ce que vous voudrez, pour bien penser. Vos articles sont peut-être pluridiciplinaires, mais je ne crois absolument pas que vous détenez la Vérité. Ni d’ailleurs que vous le pensiez. Ni que vous croyez n’avoir aucune lacune, comme ici pour parler technologie, donc technoscience, énergie, etc. etc.
    Je suppose que vous avez lu l’intégralité de cette tribune, et que vous connaissez la pensée (complexe) d’Edgar Morin, penseur justement de la complexité.

    1. C’est très simple : une entreprise peut faire, l’État peut interdire mais ne peut pas faire et l’ouvrier ou le paysan non plus

      En s’attaquant aux entreprises, les écologistes ont fait perdre 10 ou 20 ans à la planète. Les environnementalistes les plus sérieux, s’en rendent compte actuellement.

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