Immigration ni diaboliser, ni idéaliser

Immigration : ni diaboliser, ni idéaliser

Le mot « immigration » empoisonne la politique française et européenne. L’objet de cet article est donc d’essayer de casser les bulles médiatiques de ceux qui angélisent et de ceux qui diabolisent.

« Je suis leur chef, donc je les suis ». Cette formule ironique s’applique malheureusement à la plupart des responsables élus. Mais c’est très difficile lorsqu’il y a deux tribus opposées, comme c’est le cas pour l’immigration afghane, et pour l’immigration en général.

Les Afghans vont-ils déferler sur l’Europe ?

Pourtant, l’immigration afghane n’est pas un gros problème démographiquement parlant : aujourd’hui, on parle de quelques centaines de réfugiés au sens plein du terme (c’est-à-dire menacés de mort pour avoir travaillé pour la France), et peut-être de 1000 ou 2000 personnes dans des situations plus ou moins assimilables. Ce n’est rien par rapport à 67 millions d’habitants et à plus de 200 000 entrées migratoires brutes annuelles en France.

Mais on nous dit : « des masses d’Afghans bien plus importantes vont fuir le pays et iront vers l’Europe, alors que nous ne voulons plus d’immigrants ». C’est ce que disent les dirigeants grecs et une bonne part des électeurs européens.

Je suis un peu sceptique, l’Afghanistan étant surtout peuplé de paysans grattant la terre dans des vallées étroites et peu accessibles. Et plus de 100 000 urbains plus ou moins occidentalisés ont déjà été évacués pour aller probablement en grande partie aux États-Unis.

L’important n’est donc pas le mot « Afghanistan », mais le mot « immigration ». Il empoisonne la politique française et européenne.

Je n’ai pas la prétention de faire changer d’opinion les « pros »  et les « anti ». C’est probablement impossible, mais si je pouvais ramener cette question sur un terrain concret et saper les fantasmes opposés, ce serait déjà un progrès.

L’objet de cet article est donc d’essayer de « casser » les bulles médiatiques dans lesquelles sont à mon avis prisonnières ces deux tribus, celle qui angélise comme celle qui diabolise, pour faire face aux vrais problèmes.

La bulle angélisant l’immigration

Cette bulle comprend deux mouvements totalement différents, les charitables et les politiques. Je dis « charitables » et non « humanitaires », ce terme étant repris par des courants politiques variés.

Côté « charitables », on trouve une foule de particuliers et d’associations qui se dévouent à accueillir, intégrer, former à la langue française ou à un métier les nouveaux arrivants, ou des enfants à problèmes de la deuxième génération.

Il s’agit d’associations religieuses, comme le Secours catholique, ou laïques comme la Cimade. Ceux qui pensent que les migrants ou leurs enfants sont des délinquants en puissance ou en activité devraient contracter ces organisations, et ils auraient 1000 exemples d’efforts et de succès d’intégration.

Les réseaux catholiques et autres

L’assassinat du père Lemaire a été l’occasion pour le Figaro du 14 août 2021 d’évoquer la mission d’accueil que les catholiques exercent en France tout simplement via leur paroisse, ou outre les bénévoles du Secours catholique, via la communauté des Montfortains, la communauté San’Egidio…

Il y aurait 3000 demandeurs d’asile accueillis dans les réseaux de l’hébergement citoyen chrétien ou non. L’article cite des exemples de réussite d’intégration grâce à ces réseaux.

C’est massif en Allemagne où les efforts d’accueil individuel, religieux, associatifs, et officiels ont été considérables, notamment pour l’accueil de la vague migratoire syrienne de 2015. C’est bien entendu extrêmement positif, mais mal connu : comme dit l’adage, on ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure..

Tout autre est le comportement des « politiques », dont les « islamo-gauchistes ».

Deux mots sur ce dernier terme pour commencer : quand notre ministre de l’enseignement supérieur les a dénoncés comme détournant les fonds publics, et pour commencer leurs salaires, à des fins d’agitation politique, la réponse a été : « il n’y a pas de définition scientifique de l’islamo-gauchisme ».

Je laisse les universitaires gloser sur ce point, et me borne à constater, comme beaucoup de Français, que, de son propre aveu, cette mouvance instrumentalise l’immigration pour casser la société actuelle (qualifiée de « libérale, capitaliste, vivant de l’acquis colonial » et j’en passe). Pour cela, on utilise une victimisation des intéressés, musulmans surtout.

Une autre face de la même idéologie est d’affirmer que toute assimilation est une atteinte à la culture d’origine, et donc une agression. C’est ignorer ce qu’est concrètement le processus d’assimilation qui s’étale sur plusieurs générations et se fait sans contrainte.

Immigration : ne pas confondre intégration et assimilation

C’est surtout pousser délibérément au multiculturalisme, dont le cas libanais est un exemple extrême : chaque individu est rattaché à une communauté qui a ses propres lois. On voit où cela a conduit le Liban, mais va dans le sens recherché d’une déstructuration de la société… qui, à les entendre, mènera bien entendu à un « avenir radieux » sous un nouveau système !

À l’opposé idéologique, des « purs » libéraux militent pour une liberté totale, y compris celles des migrations. Je n’entrerai pas ici dans les débats entre libéraux sur ce sujet.

Passons maintenant aux « anti-immigration »

La bulle diabolisant l’immigration

La première façon d’effrayer les lecteurs de cette bulle est d’utiliser le terme « immigration » dans un sens négatif loin du sens neutre officiel : le nombre de personnes nées à l’étranger entrant en France.

Pour obtenir des chiffres effrayants on parle non pas des entrants, mais de l’ensemble des immigrants et de leurs descendants.

Or ce total comprend des gens qui ne peuvent être additionnés les uns aux autres : pourquoi intégrer dans un terme utilisé négativement le personnel hospitalier dont nous avons grand besoin, de la femme de ménage au médecin-chef, et qui se dévouent pour les malades au détriment de leur sommeil et de leurs vacances ?

De même pour les nombreux informaticiens asiatiques ou africains indispensables à la marche de notre société

La deuxième façon d’effrayer les lecteurs est de répéter des chiffres biaisés ou mal interprétés

Voici quelques exemples récents :

Une étude de l’INSEE d’avril 2021 fait un tabac sur les réseaux sociaux.

Les commentateurs insistent sur le fait qu’entre 2017 et 2018, la population française s’était accrue de 317 000 personnes, dont 44 % étaient immigrés, ce qui suggère aux lecteurs un peu rapides que la proportion d’immigrés sera bientôt de cet ordre dans la société française.

Or ça n’a rien à voir : en effet la population française n’augmentera bientôt plus « naturellement » c’est-à-dire que le vieillissement de la population entraînera un nombre de décès égal à celui des naissances. Supposez qu’il n’y ait alors qu’un seul immigré, il fera 100 % de l’accroissement, alors que l’immigration aurait disparu.

De même, quelques vidéos montrant des migrants essayant de traverser la Méditerranée sont présentées pour renforcer la crainte d’une invasion. En fait, de janvier à novembre 2020, d’après Frontex, l’arrivée de migrants illégaux dans l’Union Européenne a été de 114 000 personnes soit le chiffre le plus bas depuis six ans et en baisse de 10 % par rapport à 2019.

Un chiffre annuel de 150 000, même répété tous les ans, reste très faible par rapport aux 500 millions d’Européens, et surtout, une fois de plus, suppose que ces 150 000 personnes forment un bloc hostile et inintégrable.

Cela alors que la plupart des arrivants doivent travailler le plus vite possible pour rembourser leurs dettes, les emprunts de la famille ayant payé les passeurs.

Le nombre de musulmans en France

Les mêmes chiffres imaginaires ayant pour objectif d’effrayer les lecteurs concernent le nombre de musulmans en France. Il n’y a certes pas de statistiques officielles ethniques ou religieuses, mais les sondages sont nombreux.

À la question « vous considérez-vous comme musulman ? » 3 millions de personnes ont répondu positivement en 2016, ce qui est très inférieur aux chiffres de 10 ou 20 millions qui circulent.

C’est très inférieur également au nombre d’immigrants de pays musulmans augmentés de leur descendance, ce qui veut dire que plusieurs millions de personnes d’origine musulmane ne le sont plus aujourd’hui. Vous trouverez les précisions et leur source dans mon précédent article sur l’immigration.

La querelle sur l’immigration est intéressée et contre-productive

Je rappelle une fois de plus, que dire qu’un djihadiste et un médecin de descendance africaine « ça fait deux musulmans », montre qu’un chiffre global ne veut pas dire grand-chose.

Autre annonce biaisée destinée à frapper les esprits : « 18 % des nouveaux-nés de 2016 auraient un prénom arabo-musulman, Mahomet venant au premier rang ».

Mais si l’on remonte à l’étude initiale de l’INSEE, il s’agit non pas de prénoms arabo-musulmans, terme qui serait étonnant de la part d’un organe officiel, mais de prénoms « non français ».

D’ailleurs si l’on se penche sur cette liste de prénoms on y trouve Adam, Ismaël, Aya (prénom en général chrétien en Côte d’Ivoire), ou, pour les filles, Sofia (la sage, comme Sophie), Nour (la lumière en arabe), Maryam (Marie) qui sont soit arabes mais pas particulièrement musulmans, soit ni l’un ni l’autre. Et l’INSEE constate que les prénoms « classiques » restent les plus utilisés.

De toute façon ces 18 % sont incohérents avec les données démographiques évoquées plus haut (5% de musulmans en 2016), et avec les 2 à 3 enfants par femme souvent cités, notamment par l’INSEE, pour les familles immigrées.

Enfin dans de nombreuses familles il est d’usage de donner le prénom d’un ancêtre, ce qui ne préjuge en rien de la religion qu’aura l’enfant.

Pour conclure sur ce thème des prénoms, l’obligation de prendre un prénom dans le calendrier n’existe plus, et beaucoup de familles, immigrées ou non choisissent des prénoms étrangers, par exemple le nom de leur artiste préféré.

1000 autres « données » postées sur les réseaux sociaux alimentent la paranoïa.

Vous en trouverez quelques-unes sur l’article : « Immigration et démographie urbaine : ce que nous apprennent les cartes de France Stratégie«  auxquelles on rajoute « et encore il ne s’agit que des deux premières générations » : combien en faudrait-il pour ne plus faire partie de « l’immigration » ?

Ces messages interprètent à leur façon différentes sources, le biais le plus fréquent étant de faire un bloc pour l’ensemble des « immigrés extras européens et de leurs descendants ».

En oubliant qu’ils comprennent donc les Asiatiques bouddhistes ou athées, les Subsahariens chrétiens, les musulmans soufis de tous les pays (notamment du Sénégal), les très nombreux bourgeois maghrébins athées … et bien sûr des islamistes et des traditionalistes.

C’est à la police de se charger de contrer leurs actions et leurs abus, et la loi contre le séparatisme a été votée pour cela.

On ne va pas bloquer 200 000 personnes chaque année pour éviter l’entrée de quelques individus, de même que nous ne fermons pas nos portes aux Italiens parce que certains d’entre eux sont mafieux.

Comme le dit ma voisine, « dans le métro il y a des pickpockets, pas forcément extra européens, et ce n’est pas pour ça qu’on interdit le métro ». Je rappelle que les Roms sont européens et chrétiens.

Néanmoins, comme nous sommes en démocratie, cette paranoïa a gagné des élus, puis des gouvernants, et est remontée jusqu’à l’Union Européenne

L’Union Européenne tétanisée

Plusieurs Etats européens font donc de vives pressions sur Bruxelles « pour éviter une crise analogue à celle de 2015 et qu’on ne recommence pas à ouvrir de corridors humanitaires », hantise du premier ministre slovène.

Aux dernières nouvelles, le compte rendu relatif à l’Afghanistan du Conseil « Justice et affaires intérieures » de l’Union européenne qui s’est tenu le 31 août 2021 met l’accent sur la sécurité et le soutien financier aux pays situés entre l’Afghanistan et l’Europe pour qu’ils gardent les réfugiés chez eux. Et sur une augmentation des moyens financiers donnés à Frontex pour bloquer toute entrée en Europe.

Il est temps de sortir d’un côté de la paranoïa et des infox, et de l’autre de la présentation victimaire et anti-assimilation à des fins révolutionnaires, pour enfin attaquer les vrais problèmes.

Les vrais problèmes à affronter

IIs sont nombreux et demanderaient beaucoup de développements. Ayant traité la plupart de ces sujets dans de précédents articles, je vous y renvoie après les brèves introductions ci-après.

Pourquoi des « extra – européens » ?

Dire que l’on préférerait une immigration « européenne » suppose qu’elle existe.

Certes l’Allemagne reçoit beaucoup d’Italiens et de Balkaniques, la France beaucoup de Portugais d’italiens, Espagnols etc. mais c’est déshabiller Pierre pour habiller Paul.

En effet, vu leur faible natalité, le Portugal, l’Espagne et l’Italie vont s’écrouler. Dans ce dernier pays, la population diminue, il n’y a eu que 404 000 naissances en 2020, (donc avant les neuf mois suivants le Covid) contre plus de 750 000 en France pour une population du même ordre de grandeur : les jeunes italiens partent en Allemagne ou en France.

Ce qui nous mène à la démographie et aux retraites

Bientôt il faudra que l’Allemagne et la France financent les caisses de retraite de l’Italie et du Portugal, puis leurs infrastructures etc. en plus de leurs propres besoins, pourtant criants dans ce domaine (voir par ailleurs mes articles sur les retraites).

Démographie française : virus, retraites, immigration et émigration

Quant aux pays balkaniques, non seulement ils vont rapidement vers les mêmes problèmes que l’Italie et Portugal, mais de plus ils sont largement musulmans (Bosnie, Albanie, Kosovo, une partie du Monténégro…), donc doublement « extra européens » du point de vue des anti immigration français ou européens.

En résumé, les migrants compensent partiellement le manque d’adultes nationaux d’âge actif suite à la chute de la fécondité européenne.

Quand on ne veut plus avoir d’enfants, il faut accepter que des boulangers et les infirmières viennent d’ailleurs.

Le manque de bras et de cerveaux

Prenons le problème à l’envers et supposons qu’il n’y ait pas eu d’immigration.

On manquerait alors de cuisiniers, d’agents de sécurité, de maçons ou d’employés de maison. Ce sont des emplois boudés par les Français du fait des horaires à rallonges, du port de charges lourdes ou du travail en horaires décalés.

En 2017, un de ces emplois sur dix était occupé par une personne née à l’étranger (donc sans parler de la deuxième génération et des suivantes). Plus précisément il s’agit de 39 % des employés de maison, principalement portugais, 28 % des agents de gardiennage et de sécurité, 27 % des ouvriers non qualifiés du gros œuvre du BTP (maghrébins et subsahariens pour ces deux derniers groupes).

Les immigrants sont aussi surreprésentés dans l’hôtellerie, la restauration, la santé (maghrébins et subsahariens pour ces trois derniers groupes) la logistique et les transports. Bref des métiers souvent pénibles et dans lesquels les entreprises ont aujourd’hui du mal à recruter.

Mais il n’y a pas que ces métiers. Les immigrés sont également nombreux chez les informaticiens (maghrébins et asiatiques), les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment, du textile et du cuir.

(Tout cela est extrait d’un article des Echos du 2 juillet citant une étude la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail.)

En conclusion s’ils n’avaient pas été là, nous serions bien sûrs adaptés, mais l’équilibre aurait été trouvé à un niveau inférieur, qu’il s’agisse du confort au travail, du pouvoir d’achat des salaires, des prestations sociales ou des retraites. Car ce qui compte, c’est la production de biens et de services, la monnaie et la finance ne sont que l’huile dans le moteur.

Les insuffisances de notre scolarité générale et professionnelle

Pour produire et intégrer, les deux allant largement de pair, il faut avoir un niveau scolaire suffisant, que ce soit pour des manœuvres ou pour des ingénieurs informaticiens.

Or les enquêtes internationales montrent une dégringolade de notre niveau général, notamment en mathématiques, ce qui est une catastrophe pour l’avenir.

Et cette baisse de niveau ne vient pas des migrants, car leur niveau scolaire déclaré à l’entrée est en gros le même que celui de la population française, puisque ce ne sont pas les plus pauvres et les moins instruits qui migrent. Ces derniers se contentent d’aller dans la ville voisine de leur pays.

Autre problème : les lois sur l’immigration

Les lois sur l’immigration en France poussent au mariage au pays : « n’oublie pas ton cousin ou ta cousine : en te mariant, tu leur donneras la possibilité d’entrer en France ». Outre le fait de repartir à chaque fois à zéro dans l’intégration et l’assimilation, cela mène, dans le cas des filles, à des mariages forcés ou des drames familiaux, alors que celles – la quasi-totalité –  qui travaillent ont souvent « des projets » avec leurs collègues.

Par ailleurs ces lois ne sont pas conçues en vue d’une intégration par le travail. Pour cette dernière il faudrait que les employeurs aient leur mot à dire dans l’acceptation des demandes d’immigration, avec en contrepartie une obligation d’aide à l’intégration.

Il est probable que ça débloquerait beaucoup de secteurs économiques, les employeurs allant chercher par exemple des informaticiens, ce qui est impossible aujourd’hui si les individus qu’ils remarquent n’ont pas de parents en France ou s’ils n’y sont pas entrés comme étudiants et ont alors un diplôme français, ce qui leur donne, pendant quelques mois, la possibilité d’accepter un emploi en France.

C’est l’occasion de signaler que nous avons la chance que beaucoup de nos migrants viennent de pays francophones, alors que ce n’est pas le cas en Allemagne, où il faut se donner beaucoup de mal pour que les Italiens ou les Syriens apprennent l’allemand !

Et à tout cela s’ajoute un problème psychologique.

Les propagandes antifrançaises en Afrique et même en France sont un autre de ces « vrais problèmes ».

Elles ne compliquent pas seulement notre politique extérieure, notamment au Sahel, mais sont aussi un frein à l’intégration. Or cette propagande est largement relayée, même en France, dans le cadre de la mode « anticoloniale » qui coûte si cher à l’Afrique.

L’Afrique à désintoxiquer : sortir l’Europe de la repentance et l’Afrique de l’infantilisme

En conclusion

L’immigration interfère positivement ou négativement avec de nombreux problèmes : la gestion sans complaisance des différences culturelles, la démographie et les retraites, le manque de bras, les insuffisances de notre scolarité générale et professionnelle, les propagandes antifrançaises en Afrique et en France… sans parler de l’imperfection des lois sur l’immigration.

Ce sont ces problèmes qui doivent être résolus, et pour cela il faut commencer par lutter, comme je tente de le faire, contre des fausses nouvelles de toutes tendances.

Cela dit, il est un peu agaçant de voir la France et les pays occidentaux se poser tant de questions, alors que tous les autres pays, notamment musulmans ou asiatiques, ont immédiatement dit « non » à toute immigration. Dans le cas de la Corée et du Japon, c’est un aveuglement suicidaire. Et dans le cas de la Chine, ce serait une goutte d’eau … Mais on y réprime les cousins ouighours des Afghans et même les musulmans purement chinois.

Et maintenant, une dernière pensée pour les Afghans qui voient le ciel s’écrouler sur leur tête pour avoir cru en nos idées de liberté intellectuelle et politique, et qui risquent d’être victimes de l’affrontement sur l’immigration en France, en Europe et ailleurs.

Yves Montenay

28 commentaires sur “Immigration : ni diaboliser, ni idéaliser”

  1. Je rebondis que cette affirmation: « Ce n’est rien par rapport à « …
    Aborder l’immigration (comme d’autres faits collectifs) sous cet angle quantitatif n’est pas satisfaisant: c’est oublier que des minorités agissantes et fanatiques peuvent détruire à elles seules une majorité silencieuse et passive. On voit ça partout: dans les manifestations de rues, dans les salles de spectacles, dans les stades de foot, dans certains quartiers de banlieues, dans les États. Donc,on ne peut pas se suffire de cet argument quantitatif, même s’il est recevable mais sous un autre aspect (totalement contraire d’ailleurs): « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » (Michel Rocard).
    Mais je serais tenté de penser que cette approche quantitative de l’immigration (comme d’autres faits sociaux) est un peu dépendante de l’approche qualitative (de ces mêmes faits sociaux) qu’opèrent nos sociétés démocratiques: comment reçoit-on les immigrés, et plus particulièrement comment vit-on nos relations sociales globales en Occident (entre citoyens, immigrés compris). Et là, on voit tout de suite qu’il y a 2 grandes approches occidentales divergentes de la question de l’immigration, qui d’ailleurs sont des approches de nature culturelle (approche qualitative, donc) de nos relations inter-individuelles: l’approche communautariste (on reçoit des cultures, des ethnies, des groupes) et l’approche républicaine (on reçoit des individus). La France, traditionnellement, pratique la 2ème approche, mais elle est tentée de changer d’attitude depuis quelques décennies (mise en cause progressive de l’intégration, ou de l’assimilation), ce qui provoque chez elle des doutes et des réactions hésitantes voire contradictoires. Et cette tendance française à rejeter l’intégration ou l’assimilation (et donc l’immigration, par principe) est directement liée à l’abandon de la France de ses principe républicains et (donc) de sa volonté à faire appliquer la loi républicaine partout. On connait tous le problème des « Territoires perdus de la République », celui de l’inutilité progressive des élections en raison de la marginalisation des électeurs (Constitution européenne de 2005, Notre Dame des Landes, assemblée représentative constituée par désignation au hasard), le problème de lutte contre la délinquance, mais on a moins retenu que la France s’est déjà engagée dans un processus de reconnaissance des tribus (processus qui est quotidien dans le Sud de la France, là où le Front National fait régulièrement de scores exemplaires) qui est celui de l’octroi aux dits « Gens de Voyage » d’aires de vie et de stationnement qui sont strictement interdits aux autres français. La reconnaissance de cette exception communautaire fait tache d’huile tous les ans, puisque les espaces publics exclusivement réservés à ces tribus sont annuellement jugées insuffisantes par ces « ethnies » et donnent lieu à des invasions systématiques d’autres espaces publics qui ne sont jamais sanctionnées par le Préfet mais au contraire accompagnées et validées par la Police et la Justice. Nous avons tendance, de plus en plus en France, à accepter les revendications communautaristes, ethniques ou tribales et cela mène à une réaction automatique et logique des Français face à l’immigration: attribuer à l’immigration des intentions (ou un avenir) que les Français voient déjà en action sur le territoire national. Ce rejet instinctif de l’immigration est directement lié, pour moi, à l’insécurité (culturelle et physique) que ressentent les Français dans leur vie quotidienne: si la République française était plus respectueuse d’elle-même et de ses principes fondateurs (faire appliquer ses lois,pour commencer, et refuser les lois communautaristes), les Français seraient moins apeurés par l’Immigration (même faible quantitativement)

    1. Vous abordez trop de sujets pour que je réponde à tous. Je ne suis pas manichéen : parmi les immigrés une grande partie décrochent de leur tribu (je n’ai pas dit de leur famille) et beaucoup de tribus n’ont rien d’hostile, pendant que d’autres tombent sous la coupe de trafiquants ou de traditionalistes. Avez-vous lu les articles vers lesquels renvoient mes différentes affirmations, notamment celles concernant l’assimilation ?
      Vous ne devriez pas utiliser le mot « immigration » : les individus sont tellement différents que le total ne veut rien dire

  2. Plusieurs remarques:
    « des « purs » libéraux militent pour une liberté totale, y compris celles des migrations » Nous sommes en démocratie et ces « libéraux » doivent en respecter la règle majoritaire. C’est loin d’être le cas, ni par ces libéraux-là ni par ceux qui font de l’immigration une chance révolutionnaire.
    Certaines caisses de retraite sont particulièrement en difficultés à cause de régimes dits « spéciaux » dont celui de de la RATP est sans doute le meilleur..
    Une région semi-autonome de la Chine de 150kms de frontière avec l’Afghanistan est peuplée par 10.000.000 de Ouighours musulmans dont 10% sont particulièrement agités et enfermés à la chinoise dans des camps dont on n’ose pas dire le nom.
    L’Allemagne ne se remet pas de son effroyable équipée nazie qui a notamment agi sur ses naissances et elle tente de racheter sa mémoire par une politique migratoire généreuse en réalité essentielle pour son activité mais trop souvent désastreuse pour ses voisins.
    La France sans arrêt accusée d’un génocide principalement commis en Pologne et dont elle ignorait tout à l’époque, ne s’en remet pas vraiment et ne cesse de culpabiliser d’autant qu’à cet effroyable crime contre l’humanité elle ajoute maintenant ses épopées coloniales trop souvent peu glorieuses et le souvenir impérissable et effroyable d’une traite humaine méthodiquement organisée à grand renfort de constructions navales.
    Heureusement que nous avons une immigration talentueuse et travailleuse, mais, comme le dit ce vieux dicton populaire: « Point trop n’en faut’. A nous de savoir la maîtriser.

    1. Je suis d’accord sur beaucoup de points, mais, une fois de plus, je regrette l’usage du mot « immigration » qui ne veut rien dire puisque l’on met sous ce vocable, négatif pour beaucoup de gens, des individus extrêmement variés. C’est comme si on disait : « les Français roux » sont trop nombreux, ou sont …

  3. #grandremplacement. L’immigration est une plaie pour l’Europe car pas suffisamment sélective et trop liée à ses zones d’influence Africaines et Moyen-Orient qui pourvoient plus des bacs-5 que de bacs+5 aux valeurs culturelles trop éloignées de celles judéo-chrétienne et libérales des européens. Il faut un référendum sur la question pour que le peuple s’exprime et décide.

    1. Renseignez-vous de manière moins sélective : les médecins maghrébins sont-ils des « bac -5 » ? Commencez par réduire l’article, dans lequel il y a beaucoup de références en remontant aux articles en amont.

  4. On peut éviter d’utiliser le mot « immigration », en effet: mais cela ne doit pas nous empêcher de regarder certaines réalités en face qui sont d’ordre culturel et qui questionnent le fonctionnement de notre République: il y a des gens en France (même s’ils sont minoritaires, ils sont dangereux pour la cohésion sociale) qui ne respectent pas la loi française (des délinquants donc) et qui sont traités différemment des autres citoyens: pourquoi ? Pour des raisons culturelles justement parce que notre République fait de plus en plus le choix du communautarisme.
    J’ai parlé des dits « Gens du Voyage » (jamais inquiétés alors qu’ils envahissent des espaces privés), mais je peux évoquer le cas des commerçants de la rue de Ménilmontant (à Paris) par exemple, qui depuis des années pratiquent une sélection raciste et sexiste de leur clientèle, à la vue et au su des autorités de Paris (maires et Préfet): pourquoi ne fait-on rien ? Tout simplement parce qu’on ne veut plus, en France, toucher aux traditions culturelles de certaines communautés.
    Je dirais aujourd’hui que c’est la France elle même qui fabrique ses Eric Zemmour ou autres obsédés de l’anti-immigration. Je suis persuadé que quand tous les Français se verront appliquer la loi de manière égalitaire (et non selon les origines, selon le faciès, selon son immeuble d’habitation, ou selon sa tribu ou sa religion) alors il y aura moins de peur ou d’angoisse (ou de fantasmes, ou d’inventions) sur le mot « immigration ».

    1. Tout à fait d’accord. De mémoire presque tous mes articles sur l’immigration comprennent une phrase du genre « il faut d’abord appliquer la loi ». Autrement dit notre problème est interne.

  5. On peut se passer du mot « immigration » qui dans la réalité recouvre beaucoup trop de choses différentes et relater les faits en laissant au lecteur le soin de choisir le qualificatif qui lui convient le mieux. C’est ainsi que l’on peut écrire: « Le Royaume Uni a observé ces derniers jours une nouvelle vague d’individus traversant la Manche de France vers l’Angleterre. Lundi, ils étaient 785, portant à plus de 13.000 leur nombre depuis le début de l’année, selon l’agence de presse PA, la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, vient donc d’approuver une nouvelle stratégie de refoulement vers la France de ces bateaux traversant la Manche pour atteindre le Royaume-Uni, indiquent jeudi plusieurs journaux britanniques,  Le Times précise que Mme Patel a demandé que soit réécrite en ce sens l’interprétation par le Royaume-Uni du droit maritime international. » Mais, en réalité, le fond reste le même.

    1. C’est quoi « le fond » ? Apparemment vous ne parlez ici que des (provisoirement ?) clandestins. 13 000 personnes si je comprends bien, alors que les Britanniques viennent de perdre au moins 1,5 millions de personnes à l’occasion du Brexit. Ce qui ralentit beaucoup leur économie, notamment du fait du manque de chauffeurs de camions. Bref le même aveuglement qu’en France et partout dans le monde (comme dit dans mon article, c’est pire ailleurs, car seuls les pays occidentaux se posent des questions, les autres sont totalement fermés) : « ne laissons pas entrer ceux dont nous avons besoin, et mourrons entre nous ». Comment peut-on répéter que les immigrants sont des assistés (il y en a quelques uns, comme dans les autres groupes) alors qu’il suffit d’aller à l’hôpital pour voir qu’ils nous soignent, d’aller au supermarché pour voir qu’ils nous nourrissent etc.

  6. Il est nécessaire de ne pas se contenter de chiffres ou de formules. Le monde est en pleine évolution et dans les 70 dernières années bien des usines se sont progressivement vidées de leur personnel. Parfois pour d’autres cieux, certes, mais parfois aussi parce que les machines ont remplacé les bras. Des monstres, tel Boussac, ont disparu. Les vaches laitières, qui ignorent les jours fériés, ne sont plus traites à la main. La voiture autonome n’est pas pour demain, mais sans doute pour après demain et les chauffeurs routiers seront moins demandés. Dans certaines unités de stockage tout est fait par des machines. Il ne restera sans doute que les services à la personnes pour développer la restauration, l’assistanat aux malades et/ou retraités et l’hospitalisation à domicile. Choisir qui viendra chez nous est une nécessité vitale.

    1. Je suis à moitié d’accord : nous manquons de personnes qualifiées, par contre les besoins en « moins qualifiés » ne vont pas disparaître par exemple en sécurité ou en soins à la personne et autres, comme vous le dîtes vous-même. Mais vous semblez supposer que les immigrés ne sont pas qualifiés, alors que pour l’instant leur niveau est à peu près le même que celui du reste de la population française. C’est peu connu, parce que la grande partie s’intégrant bien n’est pas remarquée. On remarque les délinquants, les islamistes etc. ce qui fausse la vue d’ensemble. Et il est difficile de savoir à l’avance si un nouveau venu va évoluera bien ou mal. Et, comme dit dans l’article, l’immigration est interdite en France sauf pour le regroupement familial et les étudiants, qui ne peuvent rester si ils trouvent rapidement un travail … donc si ils sont utiles. C’est pour ça que je dis que la loi est mal faite : nous ne pouvons pas faire rentrer les gens les chefs d’entreprise cherchent… relisez l’article

  7. Cet article « roule » manifestement pour le patronat et les banques d’affaires, nous ne sommes pas dupes. Ces chefs d’entreprise qui voudraient privatiser les politiques d’immigration, d’asile et de réfugiés , sont en fait des neocolonialistes et des neoesclavagistes, pour les plus sincères d’entre-eux au moins des neopaternalistes. // Quel est le véritable but de cette propagande : maximiser les profits en recrutant de la main-d’oeuvre sous-payée (en complément des delocalisations dans les pays à faible coût de main-d’oeuvre), et exercer une pression à la baisse sur les salaires en France .// Et s’il faut recruter pour des emplois non pourvus , c’est parce qu’ils sont mal rémunérés, qu’ils souffrent d’un manque de reconnaissance, que notre société arrogante les a dévalorisés ; c’est parce que notre système d’enseignement est trop élitiste ; c’est parce que l’on a deconstruit nos politiques familiales et de natalité, parce qu’il est trop dur de concilier vie privée et vie professionnelle ; c’est parce qu’on a sacralise l’argent, l’abstrait, l’hédonisme, l’individualisme et le j’en-foutisme ; c’est parce qu’on a détruit les repères et les valeurs qui fondent une société solidaire et optimiste : on a fini par semer dans les esprits le doute, la peur du lendemain , le relativisme et le nihilisme. Et c’est pour les mêmes raisons que les islamistes veulent détruire notre société ; ils ne veulent pas arriver là où nous sommes parvenus.// Le problème , ce n’est pas l’immigration en elle-même pour satisfaire les chefs d’entreprise mercantilistes, mais l’avenir qu’on réserve aux descendants des immigrants : regroupement familial (pour se donner bonne conscience) et après chômage, ghettos, drogue et abrutissement culturel. Quel hypocrisie bien-pensante !

    1. Bigre ! Et tous ces descendants d’immigrants qui sont médecins, ingénieurs, employeurs, comptables, informaticiens comme nous en connaissons tous beaucoup. Certes il y a aussi des… mais allez retrouver dans l’article les lignes sur ce que dit ma voisine sur ses compagnons de métro

  8. Je suis rassuré, car vous n’avez pas censuré mon commentaire, que j’ai voulu un peu provocant , et je vous en suis gré (mais non, je ne suis pas marxiste !). // A mon avis, les immigrants et descendants d’immigrants qui exercent des professions intellectuelles sont les arbres fruitiers qui cachent la forêt des arbres laissés a l’abandon par les gardes forestiers.// Ce que je voulais dire, pour répondre simplement à votre conclusion , c’est que j’estime que ce n’est pas aux chefs d’entreprise de décider individuellement de la politique française de l’immigration, de l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés, mais au peuple français, qui est souverain en la matière ( mais non, je ne suis pas populiste ! ). Je suis pour l’organisation d’un référendum, afin d’arbitrer démocratiquement ces questions , qui sont par nature collectives.

    1. Je ne suis pas d’accord pour deux raisons.
      La première est qu’un individu choisi par un chef d’entreprise qui devient responsable (à préciser) de son insertion débloque l’économie française et accélère l’insertion de l’intéressé et l’assimilation de ses descendants
      la deuxième est que l’information sur l’immigration me paraît extrêmement mauvaise. Comme il est naturel, les médias mettent l’accent sur le spectaculaire et « l’horrible » plutôt que sur la réalité quotidienne : je suis frappé par le fait que ce sont les quartiers chics avec peu d’immigrants qui sont les plus inquiets, alors que dans des banlieues mixtes (je n’ai pas dit les ghettos) les gens se connaissent et s’apprécient quel que soit leur origine.

  9. Si le patronat n’est pas sans reproche les syndicats ne le sont pas moins. Tout le monde constate la baisse de niveaux de l’enseignement national à cause de choix aberrants. La pénurie de médecins diplômés français vient pour beaucoup du détestable numerus clausus. Les forcing syndicaux incessants sont souvent désastreux. Dans l’alimentation, apanage des djerbiens et des asiatiques, le personnel travaille dans des conditions souvent très familiales et très particulières, tandis que dans le bâtiment les horaires défient bien souvent un code du travail dont le nombre de pages va bientôt lui donner la référence du Kg. Les syndicats patronaux se battent sans succès depuis 40 ans pour la formation des jeunes par l’apprentissage, là où l’Allemagne en aligne près d’un million alors que nous n’en avons guère plus du dixième. Mais notre pays a des ressources extraordinaires et je crois que nous pouvons avoir confiance dans l’avenir et dans la très grande majorité de ceux qui ont des origines étrangères, à condition de nous garder des effets pervers d’un afflux mal contrôlé, des tendances ultra-communautaristes, des violations de la laïcité, et surtout des dangers d’un extrémisme suicidaire dont les souvenirs effroyables nous sont opportunément rappelés par le calendrier et l’actualité des tribunaux.

    1. Je suis largement d’accord. Toutefois Emmanuel Macron a relancé l’apprentissage, non sans mal car, si j’ai bien compris, les régions voulaient en garder le monopole (dites m’en plus si vous êtes au courant), alors que maintenant les entreprises peuvent ouvrir des centres de formation, ce qu’elles ont fait tout de suite

  10. Je réagis au derniers commentaires. Tout ça est très intéressant, au demeurant. Le problème « immigration » est en grande grande partie, à mon avis, un problème interne: si la République accepte ou pas d’imposer ses règles légales à tous, elle élimine ou pas ce dit « problème ». Pour l’instant, la République a du mal à s’imposer à toute la France, et les ilots anti-républicains pullulent et font tâche d’huile.
    La « petite » (pour l’instant) partie du problème restant, quand même, celui du quantitatif: peut-on accepter des « millions » d’immigrés, dans un contexte économique et culturel donné, si on n’est pas en mesure de rester un pays riche, stable et solidaire, donc un pays enviable ? La réponse est clairement non. Si on écoute les immigrés eux-mêmes, ils quittent bien leurs pays pour tenter de rejoindre des pays riches, calmes, et en paix. Même si les immigrés participent à l’enrichissement de la France, on ne peut pas ignorer la limite quantitative que Michel Rocard avait déjà signalée.
    Autre chose: je suis dubitatif sur l’affirmation que, dans les banlieues mixtes, les gens se connaissent et s’apprécient quel que soit leur origine. Je pense que tout le monde a envie que ce soit ainsi, mais la réalité est toute autre, malheureusement. Même dans ces quartiers (dans les ghettos, c’est évident: les immigrés eux-mêmes en ont marre du communautarisme, qui se retourne contre eux), les habitants sont inquiets des montées revendicatives identitaires qui polluent leur quotidien. Quant à ceux qui vivent dans des quartiers non « mixtes » (pas forcément riches…), je ne vois pas pourquoi ils n’auraient pas le droit moral d’émettre un avis (positif ou négatif, peu importe) sur l’immigration: en démocratie, on a le droit de penser et de voter sur tous les sujets, et pas seulement sur ceux qui correspondent à son quarter.
    Quant à la formation de nos enfants, en France, soulevée dans un commentaire, je ne peux pas m’empêcher de signaler que ce catastrophique Numérus Clausus imposé dans certains cursus il y a quelques années, est en train de se mettre en place aujourd’hui (de manière non avouée et totalement obscure) dans la totalité des cursus universitaires: le trop fameux « ParcourSup » imposé aux Lycéens maintenant est un processus hallucinant de démotivation et de sélection arbitraire de nos étudiants. Il y a un concours d’entrée de fait dans l’enseignement supérieur, mais personne ne sait sur quels critères (nombre de places dans tel cursus, note plancher d’admission, etc ?). Avec une telle (dés)organisation de la formation de nos élites en France, le recours à l’immigration deviendra forcément nécessaire….: la France, toute seule, comme une Grande, crée ses propres problèmes.

    1. Vous soulevez trop de questions pour avoir des réponses à tout ! Juste deux points
      Dire « des millions d’immigrants » c’est retomber dans le défaut de dire « un Vietnamien plus un Sénégalais, ça fait deux immigrants ». C’est mathématiquement vrai mais ça n’a pas de sens socialement ni humainement. De plus, au rythme actuel des arrivées le temps d’atteindre « des millions », une grande partie des anciens se seront intégrés
      Quant aux rapports humains dans les banlieues mixtes, évidemment cela varie d’une personne à l’autre. Mais j’ai souvent entendu « je n’aime pas trop les musulmans mais mon voisin X est un type sympathique et Y, le père du copain de mon fils en est un autre »… bref les gens qu’on connaît ne sont pas « en trop »

  11. Et voici un auto-commentaire, en souhaitant une réponse : aucun commentaire n’aborde pour l’instant mes réflexions sur les islamo-gauchistes et des anti-assimilationnistes, que ce soit pour les attaquer ou les défendre

  12. Bien sûr, vous m’avez compris, j’avais mis entre guillemets « millions »…C’était pour illustrer la question quantitative.
    En corollaire à cet aspect (quantitatif) du problème « immigration »: peut-on vraiment croire qu’une minorité ne pose aucun problème, au seul prétexte qu’elle est minoritaire ? Pour répondre oui à cette question, il faut faudrait être sûr que la République française est en mesure de faire respecter ses propres lois à toute la population. Et là, les choses se compliquent sérieusement.
    Je reste pour ma part, sur votre titre: »ni diaboliser, ni idéaliser »

  13. En réponse à votre question de 9h34.
    Pour ma part, je suis entièrement d’accord avec votre passage: » cette mouvance instrumentalise l’immigration pour casser la société actuelle (qualifiée de « libérale, capitaliste, vivant de l’acquis colonial » et j’en passe). Pour cela, on utilise une victimisation des intéressés, musulmans surtout…Une autre face de la même idéologie est d’affirmer que toute assimilation est une atteinte à la culture d’origine, et donc une agression ».
    Par contre, je suis plus réservé quand vous affirmez que le processus d’assimilation, qui s’étale sur plusieurs générations, se fait sans contrainte. Dans une société française, convaincue de ses fondements républicains laïcs jusqu’à la fin des années 80 (grosso modo), la contrainte existait, de fait (c’était celle de nos valeurs qu’on peut résumer au triptyque affiché sur nos mairies: Liberté, Égalité, Fraternité). Mais les choses ont changé, depuis: la France est atteinte par le multiculturalisme, et l’assimilation se fait plus difficilement. Le triptyque de nos mairies n’est plus une référence pour certaines communautés installées en France, sauf pour réclamer des droits…communautaires ! La nationalité française n’est plus vécue comme une adhésion à une collectivité accueillante, mais comme un doit individuel ou tribal à la revendication. La contrainte, au sens « Esprit Collectif », ou « Fraternité », ou « Solidarité », disparaît de plus en plus: on le voit par exemple, avec l’affaire du Pass Sanitaire ou de la Vaccination. Les Immigrés ne sont d’ailleurs pas responsables de cette situation: mais arrivant dans cette nouvelle situation, je doute que l’assimilation soit aujourd’hui aussi efficace qu’avant, c’est à dire sans contrainte, sans normes claires, voire sans une application rigoureuse de la loi (dans les « Territoires Perdus de la République, par ex). Bref; je ne suis pas sûr que l’intégration ou l’assimilation se feront dans l’avenir, en France, de manière aussi automatique ou pacifique que dans le passé. Tout a changé, à l’Intérieur comme à l’Extérieur (en +)

    1. Évidemment, je ne suis pas prophète et je ne connais pas l’avenir. Ce que vous dites est exact, mais soyons francs et directs, cela s’applique davantage aux musulmans qu’aux autres, ce qui fait déjà un bon paquet de parents ou grands-parents d’assimilables. Et parmi ceux d’origine musulmane, on oublie toujours les athées qui l’étaient déjà discrètement dans leur pays ou qui le deviennent en France. Ce qui me mène à un relatif optimiste : beaucoup de musulmans, surtout les femmes, supporteront de moins en moins les contraintes de leur religion. Mais naturellement y aura toujours une minorité d’excités. Et puis il y a une difficulté pratique : même si on filtrait les nouveaux venus, comment savoir ce qu’ils deviendront, notamment s’agissant de leur religion ou de celle de leur enfants ?
      Par ailleurs, pour reprendre votre idée, l’absence de normes claires est une libération pour certains

  14. Je précise: les normes en France sont plutôt assez claires (Code Civil, Code Pénal, au moins…), ce qui n’est pas clair c’est leur application, donc l’État de Droit. C’est ça le problème, c’est ce décalage qui est anxiogène pour les Français avec l’immigration (malgré sa diversité) parce que les actes (même minoritaires) qui refusent ces normes sont parfois acceptées et non sanctionnées. Les bistrots qui refusent les femmes, ou les musulmanes qui viennent à la piscine en burquini (malgré les dangers sanitaires bien connus de ce vêtement). L’argument sur la minorité d’un acte, en espace public (je précise) est une illusion, de tout temps: ce sont souvent les minorités qui imposent leur agenda, leur impact médiatique, voire leurs choix (exemples: les zadistes de Notre Dame des Landes, ou les Casseurs dans les manifs)! Cas extrêmes: les Nazis étaient minoritaires, les Talibans aussi. Un acte illégal minoritaire et accepté est un message reçu par une foule de citoyens qui le comprend comme « c’est normal », et ce message, du coup, devient majoritairement connu, et donc officiellement extensible !
    La vision d’un acte minoritaire accepté par l’autorité politique donne le sentiment qu’il est normal, au sens « dans la norme ». On l’a déjà dit, le problème du regard négatif sur l’immigration est grandement interne à la France: si elle refuse le multiculturalisme, elle doit le faire et non accepter l’inverse (comme par exemple, l »octroi de zones territoriales exclusivement accordées et réservées à des « Ethnies » et à elles seules, les fameuses aires pour les dits « Gens du Voyage ». Et je n’insiste pas sur certains territoires de banlieues).
    Je suis assez d’accord avec vous pour qu’on nuance (« ni diaboliser, ni idéaliser ») le phénomène migratoire, mais on doit bien prendre conscience que les mécanismes à l’œuvre de manière efficace (en France) dans le passé pour intégrer ou assimiler ne sont plus présents aujourd’hui. A mon avis, l’optimisme fataliste qui pense que ce sera toujours le même scénario efficace d’intégration, en France, se trompe dès maintenant ( sauf changement de pratiques normatives…).

    1. Si vous voulez dire que la loi n’est pas complètement appliquée, Je suis d’accord. C’est dû en partie à l’influence intellectuelle des multiculturalistes 

  15. Le multiculturalisme, dans lequel on cache soigneusement la partie religieuse, fait partie de ces mots multi-sens qui recouvrent trop de situations différentes. Liban, Londres etc. Le sujet est vaste et devrait être mieux précisé.

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