L’écroulement démographique de l’Asie orientale

L’écroulement démographique de l’Asie orientale

La Chine, le Japon, Taïwan et la Corée du Sud font aujourd’hui face à une chute vertigineuse de leur natalité. Ce phénomène, souvent ignoré par l’opinion occidentale, pourrait à terme conduire à l’effacement de ces pays.

Ce n’est pas un hasard si ces pays font face à ce problème en même temps, car ils appartiennent au même monde culturel, qui a une forte spécificité.

Une composante bouddhiste, une imprégnation occidentale par le christianisme et le rationalisme (marxisme compris) définissent un monde original où les « moins grandes » nations se définissent par rapport au géant chinois, que sa renaissance économique rend de plus en plus écrasant.

Cet article rappelle les données, les réponses des gouvernements et le fossé qui s’est creusé entre les politiques publiques et la réalité vécue par les citoyens.

Les données démographiques

Le tableau ci-dessous montre une chute spectaculaire et continue du taux de fécondité dans les quatre pays d’Asie orientale depuis 1950. Toutes ces sociétés étaient alors très fécondes, mais en 2020, aucun de ces pays ne dépasse 1,3 enfant par femme. La Corée du Sud atteint même 0,75, le taux le plus bas au monde.

Tableau : Taux de fécondité (nombre moyen d’enfants par femme)

Pays / Année 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2024*
Chine 6.11 5.75 5.45 2.61 2.31 1.62 1.64 1.01
Japon 3.65 2.0 2.13 1.75 1.54 1.36 1.39 1.15
Taiwan 7.04 5.5 4.05 2.45 1.76 1.68 1.03 0.87
Corée du Sud 5.65 6.33 4.53 2.83 1.59 1.47 1.23 0.75

* Provisoire

Cette transition démographique ultra-rapide est sans précédent. Elle condamne ces pays à une diminution irréversible de leur population, sauf à modifier radicalement leur politique migratoire ou sociale — ce qui, pour l’instant, n’est pas à l’ordre du jour.

Pourquoi irréversible ? Parce que le nombre de parents va diminuer rapidement, et donc qu’il faudrait que la fécondité remonte très au-dessus de deux enfants par femme pour stopper la chute.

La pyramide des âges chinoise ci-dessous l’illustre : il suffit de rajouter quelques dizaines d’années pour voir fondre le nombre de parents :

Pyramide des âges Chine 1950 vs 2024

De la limitation des naissances à la panique nataliste

Phase 1 : L’après-guerre déclenche des politiques malthusiennes

Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance rapide de la population inquiète. C’est l’adoption de politiques de limitation des naissances :

  • La Chine impose la politique de l’enfant unique en 1979.
  • La Corée du Sud démarre des campagnes de planning familial dès 1962.
  • Taïwan suit une logique similaire.
  • Le Japon, sans coercition, voit sa fécondité baisser naturellement.

Rappelons à quel point la politique chinoise a été coercitive. Dans les entreprises d’État (en début de période, la quasi-totalité de l’emploi), une ouvrière qui n’avait pas ses règles était convoquée, et en cas de grossesse, on lui conseillait fermement d’avorter.

Bien sûr, il y avait des contournements à cette règle, notamment par corruption, comme on peut le constater dans le tableau ci-dessus où l’on constate que le nombre d’enfants est toujours resté largement supérieur à un pendant la période de limitation. Il y a donc peu de nombreux enfants « non déclarés » dont je ne sais pas si et comment ils ont été « officialisés ».

Phase 2 : Prise de conscience tardive et virage nataliste

À partir des années 2010-2020, les gouvernements comprennent que la natalité est tombée trop bas. Ils abandonnent les restrictions et mettent en place des mesures natalistes coûteuses mais peu efficaces : Japon, Corée, Chine et Taïwan multiplient les mesures natalistes sans succès.

Au Japon le gouvernement finance depuis des années des crèches publiques et offre un an de congé parental indemnisé.

Vieillissement retraites et immigration : les leçons du Japon

En Corée du Sud, les aides financières peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros par naissance, avec un congé parental élargi et des programmes de logements subventionnés.

Corée du Sud : succès économique et naufrage démographique

En Chine, la politique de l’enfant unique ne s’est arrêtée qu’en 2015. La même administration a été chargée de la promotion active du deuxième, puis du troisième enfant. Le président Xi appelle régulièrement et solennellement les Chinoises à avoir 3 enfants, quitte à rester à la maison, ce qui contredit quelque peu la politique d’égalité et les besoins en main-d’œuvre qualifiée. Les autorités locales organisent des « foires au mariage » à connotation nataliste affichée.

Alerte au vieillissement en Chine et en France

À Taïwan, le gouvernement propose une allocation de naissance d’environ 1.000 euros par enfant, des subventions mensuelles pour la garde d’enfants, et un congé parental rémunéré pouvant aller jusqu’à 6 mois. Il a également instauré des aides au logement pour les jeunes parents et développé les services de crèches publiques afin de réduire le coût de l’éducation précoce.

Dans tous ces pays il y a ainsi de vigoureuses campagnes natalistes officielles.

La population ne comprend pas… ou ne suit pas

Hélas, ces politiques natalistes ne changent pas les comportements des citoyens d’Asie orientale.

Soit ils ne perçoivent pas l’urgence démographique, soit, lorsqu’ils en ont conscience, ils refusent les sacrifices que cela impliquerait : obstacle aux carrières féminines, coût de l’enfant notamment du fait des cours particuliers jusqu’à tard le soir, refus de l’immigration, rejet du mariage.

Le problème n’est pas propre à l’Asie orientale : partout dans le monde chacun pense vaguement que la retraite sera « payée par les autres » et que l’on sera soigné et nourri « par les enfants des autres ».

C’est un effet pervers de l’existence de la retraite et on peut d’ailleurs constater que dans les pays où elle est inexistante ou réservée à une minorité, la fécondité reste soutenue, car on compte sur ses enfants pour s’occuper de soi plus tard !

Bref, les États veulent des enfants, les citoyens, non. Et même les Etats à gouvernement tout-puissant comme la Chine n’y peuvent rien

La question de l’immigration

La situation est analogue dans la plus grande partie du monde, mais la fécondité est en générale moins basse qu’en Asie orientale, et surtout on a recours à l’immigration.

Le renversement de la démographie mondiale

Or les citoyens d’Asie orientale sont en général opposés à l’immigration, voire xénophobes, notamment envers les subsahariens. La probable future premier ministre Japon a un discours particulièrement dur sur le sujet.

Les portes s’ouvrent légèrement sous la pression des industriels et des employeurs en général. Cela pour l’immigration de travail, souvent pour des contrats à durée déterminée (cinq ans par exemple) et plutôt que pour l’immigration familiale qui serait mathématiquement nécessaire. Mais il est difficile et contraire aux traités internationaux de séparer trop longtemps une famille, sans parler des arguments humanitaires.

De plus, pour la Chine et d’un point de vue purement mathématique, il faudrait « importer » des centaines de millions de Subsahariens au cours des prochaines dizaines d’années, ce qui n’est probablement physiquement pas possible, même si les problèmes découlant des importantes différences culturelles étaient miraculeusement résolus.

Il est probable que, quand le nombre d’adultes deviendra faible par rapport à celui des gens âgés, les entreprises réclament aux gouvernements des exceptions de plus en plus fréquentes à l’interdiction de l’immigration.

C’est déjà le cas en Italie, où Giorgia Meloni, qui s’était fait élire pour stopper immigration, a finalement décidé d’accueillir près d’un million de travailleurs extracommunautaires au cours sa mandature (2022-2027), pour faire face aux besoins du marché du travail.

C’est la conséquence de la chute démographique italienne : dans les 30 dernières années, il n’est pas né suffisamment de jeunes italiens, et une partie d’entre eux ont émigré, notamment vers Allemagne, où leurs perspectives économiques étaient meilleures.

On peut également imaginer que dans 10 ou 20 ans, la population change d’avis devant l’urgence de trouver des soignants, mais aussi des boulangers, pris comme symbole des besoins de l’ensemble de l’économie.

Dans ce cas l’immigration devrait être finalement autorisée, mais avec un retard tel qu’il ne restera plus qu’un nombre insuffisant d’adultes pour l’informer, l’encadrer, l’intégrer.

Autrement dit mieux vaut affronter les problèmes d’intégration voire d’assimilation progressivement dès maintenant.

Immigration : ne pas confondre intégration et assimilation

C’est ce qui se fait bon gré mal gré en Occident, mais, en Asie, on en est encore loin.

Et les robots ?

Si on ne veut pas d’immigrés, pourquoi pas des robots ?

Dans ce domaine, l’avance asiatique est fantastique et les progrès très rapides.

Les robots industriels font déjà une partie du travail des ouvriers au Japon et en Corée, pour parler de témoignages que j’ai recueillis. J’imagine qu’il en va de même dans les autres pays, pour les mêmes raisons, du fait de leur appartenance à la même sphère civilisationnelle et de leur excellente formation mathématique et scientifique.

C’est une solution partielle, reste à savoir à quel niveau de la hiérarchie pourront monter ces robots, et s’il restera suffisamment de jeunes adultes pour les concevoir et les commander.

Une question différente est celle des « robots de compagnie » que l’on trouve déjà auprès des vieux Japonais.

Là aussi c’est une solution partielle : le robot peut répondre à des questions (Quelles sont les nouvelles internationales ? Quelles sont les dernières opportunités commerciales ? Quelle est la nouvelle mode ?…).

Il peut également apporter le linge et la nourriture.

Mais peut-il vous habiller et vous soigner ? Je ne connais pas toute l’actualité technique mais il semble que l’on en soit encore loin.

Peut-il remplacer la famille, notamment les enfants que l’on n’a pas voulu avoir ?

Et la géopolitique ?

Que pèseront ces pays quand ils se focaliseront sur les problèmes de soins aux très âgés ?

Vous me direz qu’une Allemagne vieillissante s’est lancée dans les années 1930 dans des aventures catastrophiques, et effectivement on peut tout craindre de dictateurs quelle que soit par ailleurs la situation démographique.

En conclusion

L’Asie orientale est face à un mur. Elle a voulu freiner sa croissance démographique, mais a provoqué une chute incontrôlable. Aujourd’hui, elle appelle ses citoyens à faire des enfants, mais sans succès.

De vieux pays civilisés vont ainsi disparaître.

Et cela après une période très dure où l’on on travaillera très tard (les travailleurs de 80 ans ne sont pas rares au Japon), où il y aura des pénuries de toutes sortes, et peut-être des brimades de la part d’immigrés que l’on se sera enfin résolu à faire venir, mais trop tard pour avoir suffisamment d’adultes pour les encadrer.

Et je ne pense pas que la robotisation sera suffisante pour que ces pays continuent à exister économiquement et culturellement, donc politiquement.

Dans mon livre déjà ancien sur les questions de retraite et d’immigration, j’imaginais un président chinois (c’était avant l’arrivée de Xi Jinping) faisant une annonce solennelle à la télévision demandant aux plus de 75 ans de se jeter par la fenêtre par patriotisme.

On peut aussi penser à des pressions sociales, ou à des décisions individuelles, visant à « abréger » la vieillesse. C’est actuellement contraire à la vénération des anciens, mais une bonne partie de ces derniers ne seront « les anciens » de personne.

À part ces solutions extrêmes, que ceux qui ont peur de la Chine ne se réjouissent ne pas trop vite : il faudra 10 à 30 ans avant l’écroulement, et d’ici là tous les coups de folie de leurs dirigeants sont possibles.

Yves Montenay

57 commentaires sur “L’écroulement démographique de l’Asie orientale”

  1. Dans ma belle-famille, entre Beijing et Xian, les cousins de ma femme ont tous 2 enfants maintenant. Ils sont incités à en avoir 3, mais ne prévoient pas de passer le cap : avoir un enfant impose de nombreux sacrifices, la scolarité est très chère et il faut avoir un appartement assez grand, ce qui est compliqué à la capitale. Encore plus quand c’est appartement doit aussi héberger la génération précédente, les grands-parents retraités qui viennent vivre chez leurs enfants (uniques) pour s’occuper des petits enfants.

    1. L’urbanisation est en effet un phénomène malthusienne car le logement est très cher dans les grands centres urbains où se concentrent l’essentiel des nouveaux emplois.

  2. Constat lucide et documenté d’un désastre majeur inévitable. Une fois de plus, votre blogue apporte de précieuses informations.

    Pour parler de 2 pays que je connais bien (la Corée du Sud et le Japon), l’immigration ne constitue pas une solution envisageable car, comme vous l’affirmez justement, les sociétés coréenne et japonaise sont fermées à l’intégration :
    – en Corée, la société discrimine des  » étrangers  » fussent-ils « culturellement compatibles  » (même héritage culturel et même base linguistique, sauf des différences généralement mineures), comme les réfugiés de Corée du Nord et les sino-Coréens ; et c’est encore pire pour les autres étrangers, même originaires de pays culturellement (assez) proches, comme les Chinois, Vietnamiens, voire Indonésiens ou Philippins ; et je ne parle pas des Subsahariens qui sont totalement différents physiquement (ce n’est pas un jugement de valeur mais un fait incontestable) et culturellement : de plus, ceux qui sont musulmans sont porteurs d’une identité très affirmée peu favorable à la compatibilité des modes de vie, sans parler d’intégration ou d’assimilation, fait que nous constatons en Europe pour certains de ces immigrés alors que d’autres s’intègrent plus ou moins difficilement dans des sociétés européennes souvent habituées depuis un ou deux siècles, voire plus, à  » fréquenter  » des étrangers… ; en Corée, il existe des programmes d’intégration destinés à familiariser les étrangers avec le mode de vie coréen, y compris l’édition de brochures, de vidéos, etc.  » pédagogiques « , voire même de livres de cuisine dans les langues les plus répandues chez les immigrés ; mais la population coréenne reste sur le principe bloquée vis-à-vis d’eux… On a l’impression que ces  » efforts  » sont plutôt destinés à accroître l’influence de la culture et de l’action externe de la Corée plutôt qu’à préparer l’intégration d’immigrés ; et il n’est pas certain que des cas individuels  » spectaculaires « , comme le fait qu’une des 4  » idols  » du très célèbre groupe féminin de K-pop  » Blackpink  » dénommée  » Lisa  » soit thaïlandaise, permettent de lutter concrètement contre les blocages de la société coréenne ;
    – la situation est au moins aussi bloquée au Japon où les descendants de Coréens qui se sont établis au Japon de gré ou de force dans les années 1920-1930 sont toujours discriminés en tous point au bout de trois générations dans ce pays où, comme l’expliquait l’éminent japonologue Jean-François Sabouret, il existe depuis des siècles des parias (les  » burakumin « ,  » eta  » et autres  » hinin « ), pourtant ethniquement japonais ; bien entendu, s’agissant d’immigrés plus récents, la situation est au moins aussi défavorable qu’en Corée ; par exemple, des expériences malheureuses avec des immigrés iraniens ont conforté les Japonais dans leur rejet des étrangers : dans les années 1990, ils ne se posaient pas de question sur le degré de compatibilité culturelle des étrangers en considérant que  » tout ça, c’est des  » Gaijin  » (mot « pas gentil  » pour nommer les non-Japonais) avant de mettre fin à cette  » expérience  » et en étant confortés dans leur rejet des Gajin, quelle que soit leur origine ; à titre d’exemple, l’excellent film  » About love Tokyo  » (1992) de Mitsuo Yanagimachi montre ce rejet systémique des Gajin au Japon.

    Vous avez donc certainement raison d’affirmer que ces civilisations sont dans une impasse mortifère.

  3. Même les pays du Maghreb qui n’ont pas Connie un boom economic voient leur population diminuer
    Et ils risquent de se faire envahir par l’afrique subsaharienne
    Ça serait une catastrophe
    L’europe doit faire une alliance avec l’égypte et le Maghreb (maroc, tunisie, algerie, libye)

  4. « Le Japon, sans coercition, voit sa fécondité baisser naturellement. »

    Oh que si, et je vous dirais même que c’est même sans doute là le point de départ!!!

    N’ayant aucune envie d’assister à la répétition de la séquence ayant conduit à la Guerre du Pacifique, l’occupant américain avaient fait pression sur le gouvernement japonais pour qu’il mette en place une politique malthusienne sous couvert d’eugénisme.

    Et ça a fait école car cette contrainte démographique a poussé le patronat japonais à faire preuve d’imagination et c’est comme ça qu’est apparu le modèle toyotiste privilégiant la qualité sur la quantité et ce modèle a fait école en Asie là où l’immigration est une solution de facilité en train de faire ressurgir les angoisses existentielles ayant saisi la minorité allemande de l’Empire Austro-Hongrois vers la fin du 19e (des idées proto-nazies étaient déjà là)

    Après, difficile à dire, mais en Chine, mais la nature du régime donne les coudées franches comme ce que faisait l’Allemagne nazie plaçant les fonctionnaires devant le choix entre la démission ou aller aux clubs de rencontre débordant de prétendantes conformes aux standards raciaux du national-socialisme…

    Si on veut vraiment, on peut, juste une question de volonté politique!

      1. L’origine profonde de l’expansionnisme japonais ayant conduit à la guerre du Pacifique était une surpopulation ayant créé les conditions propices à l’émergence d’un nationalisme guerrier. Et c’est pour éviter une répétition de ce scénario que le gouvernement japonais alors sous la tutelle des Américains a pris toute une batterie de mesures visant à décourager les naissances au tournant des années 50.

        ET cette dénatalité combinée au refus des Japonais de recourir à l’immigration à poussé l’industrie japonaise à sortir de sa zone de confort et elle a inventé le lean, qu’on pourrait traduire par le modèle « sans gras » consistant à donner la chasse au travail inutile.

        Et ce modèle n’aura bien évidemment pas été sans inspirer les voisins, en particulier la Chine copiant le modèle japonais avec 20/30 ans de décalage.

        Mais les entreprises françaises ont rarement la maturité requise ou sont trop sclérosées pour passer au lean, d’où le recours à l’immigration pour rester dans la course, c’est un stratagème bourré de coût cachés, mais ce n’est pas grave, c’est l’Etat qui paie!

        1. On verra dans 20 ans ou 40 ans si la société japonaise ou chinoise sera encore en état de marche, alors que la société française le sera probablement grâce à l’immigration, malgré toutes les complications de gestion de cette dernière. Il vaut mieux avoir suffisamment de boulangers et d’infirmières même s’il y a quelques marchands de drogue que pas de pain et pas de soins. Je connais une boulangerie où TOUT LE MONDE est étranger (un italien, un turc, une japonaise, un Sénégalais musulman, un Bangladeshi, et qui fait des excellents pains !

          1. Sauf que la société française ne tient qu’avec un Etat dispendieux et on arrive au stade où il faudra choisir entre mettre les immigrés dans des charters ou bien effectivement envisager le suicide collectif des boomers moyennant une niche fiscale comme dans le roman « Départs Anticipés » de l’Américain Christopher Buckley.

          2. C’est le contraire : « mettre les immigrés dans des charters » fera instantanément baisser le niveau de vie, il faudra faire la queue dans les magasins, ne plus être soigné etc.

          3. Le niveau de vie de la population en général est maintenu à crédit, donc il baissera quoiqu’il arrive!

            Et les services que vous évoquez continueront à être assurés, mais ils seront automatisés ou alors plus chers.

          4. Bien d’accord, notamment pour la France et les États-Unis, mais quel est le lien avec le vieillissement rapide puis la disparition de l’Asie orientale ?

          5. Mon propos, c’est que si on n’avait pas gonflé artificiellement le niveau de vie, la situation politique actuelle serait survenue bien plus tôt, sans doute dès les années 80/90.

          6. C’est vrai qu’on a gonflé artificiellement le niveau de vie en s’endettant, mais je ne vois pas le lien avec le fait que la situation politique actuelle serait arrivée plus tôt

          7. C’est simple, ce sont les classes moyennes qui ont été les grandes bénéficiaires du PIB artificiellement gonflé et dans le cas contraire, elles en auraient été exclues et se seraient radicalisées…

  5. « Or les citoyens d’Asie orientale sont en général opposés à l’immigration, voire xénophobes, notamment envers les subsahariens. La probable future premier ministre Japon a un discours particulièrement dur sur le sujet. »

    Oh, sans même aller jusqu’aux subsahariens, c’est déjà compliqué avec les burakunin stigmatisés car exerçant des métiers liés jugés impurs selon les préceptes religieux (bouchers, tanneurs, croque mort…)

    « C’est la conséquence de la chute démographique italienne : dans les 30 dernières années, il n’est pas né suffisamment de jeunes italiens, et une partie d’entre eux ont émigré, notamment vers Allemagne, où leurs perspectives économiques étaient meilleures. »

    L’Italie du Sud ne manque pas de chômeurs, mais il faudrait sans doute les payer davantage, bien leur parler et c’est trop demander aux employeurs dans ces métiers qui ne sont du genre à sortir le fusil de chasse quand on les prend à rebrousse-poil…

  6. Se jeter par la fenêtre ? Avant il y a « jeuner » au delà des 40 jours et les petites fioles, actuellement interdites pour empêcher les assassinats .
    Il est logique que l’on quitte le plan terrestre quand on ne surcharge pas encore la collectivité et ses proches.

    Sur le fond la natalité peut rebondir dans les pays qui analyseront et traiteront vraiment les raisons pour lesquelles les femmes ne veulent plus avoir de ou 3 enfants.

      1. De mémoire de démographe amateur, dans une population donnée, il y a des comportements nataleux différents. En France, par exemple, les descendants des familles nobles de province, ont maintenu des natalités fortes, 6 enfants, alors qu’au 19-20 ème, la population générale stagnait. La proportion des forts nataleux dans la population va augmenter et relativement servir d’exemple social. Voir les Hamish ou les Haredim.

        À plus court terme, il est manifeste que les paramètres du baby boom français n’ont plus cours. Personne ne semble encore avoir pris en compte le fait que les femmes ont maintenant le contrôle total de la maternité : c’est aux femmes de définir, faire valoir et imposer leurs critères. J’attend le livre écrit par une femme après avoir interviewé bcp de femmes. Je parie qu’il y aura tjrs 2/3 de femmes qui veulent avoir des enfants. Et des mecs s’adapteront.

        J’attend le livre des couples qui élèvent plus de deux enfants et qui n’accepteront plus que les droits à une retraite ne tiennent pas d’abord compte du nombre d’enfants. Pas d’enfants ? RSA et non minimum vieillesse et certainement pas EHPAD gratuit.

        Certains pays seront plus bloqués que d’autres.

        Mais l’humanité ou certaines ethnies (juifs ashkénazes) sont déjà passées par des populations très réduites avant d’exploser les compteurs et revenir à des millions. Les cultures seront sauvegardées…

        Tout dans l’Univers tâtonne et va explorer des pistes … la piste individualiste jouisseuse forcenée va bientôt atteindre le mur de l’impasse qui fera revenir en arrière. Ou invasions et moyens âges.

      2. Toutes les civilisations géraient la vieillesse, mais le collectif et sa survie étaient importants. Le pb c’est l’individualisme « moi d’abord ». Cela « passera ». Perso, être dépendant me semble insupportable. Actuellement les fioles sont interdites, mais cela devrait aussi passer.

        1. On oublie toujours les mathématiques : avoir 1000 vieux dans les EHPAD pour 300 soignants, ou en avoir 2000 pour 200 soignants ne génère pas la même société. On ne veut pas voir les mathématiques parce qu’ils sont cruels, mais il faudra bien trouver une solution quand on sera face au problème. Et les conditions posées par les partis politiques sur la réforme des retraites font qu’empirer le problème

  7. Un article bien intéressant, sur un phénomène qui allie l’implacable mathématique avec les éventuels leviers humains pour changer les paramètres. Un sujet me semble à ajouter potentiellement : celui du financement/ du montant des revenus de retraite que cette évolution pourra supporter. Avec moins de consommateurs (jeunes ou vieux), même des robots ne devraient pas être à même de créer une valeur ajoutée suffisante pour alimenter les retraites de personnes âgées. Il faudrait alors que ces personnes travaillent… Très longtemps, et voir les revenus de retraite fondre, dans des modèles par répartition, dans la proportion moyenne de l’évolution du ratio actifs/ retraités (en faisant l’approximation que le PIB évolue comme le nombre d’actifs). Le passage (douloureux pour les retraités actuels) à la capitalisation semble une urgence inévitable.

    1. Vous avez raison pour le diagnostic, mais je ne vois pas pourquoi la retraite par capitalisation apporterait une solution : avez-vous une idée de ce que sera la bourse ou l’immobilier dans 40 ans, quand les entreprises auront deux fois moins personnel et de clients ?

      1. L’intérêt de la capitalisation est d’investir sur les meilleures entreprises alors que la répartition ne peut suivre que la masse salariale et le PIB.
        Meilleures entreprises dans le monde, pas que dans les pays en déclin.
        Avec deux fois moins de travailleurs et de clients…. des tas d’entreprises mourront mais pas les meilleures.

        La capitalisation n’est pas une solution pour la France globalement avec un travail déjà surtaxé (1/3 de travailleurs pour 2/3 de redistributés ), mais seulement pour les épargnants… qui auraient confiance dans des fonds en France.

        Le challenge pour la politique économico fiscale est d’oser avantager l’investissement en France au détriment des épargnes « prudentes » et finançant la dette de l’état failliteux.

        1. Vous avez théoriquement raison, mais quelles seront « les meilleures entreprises » dans 40 ans, alors que le nombre de clients et d’employés se sera effondré ? N’oublions pas que la majorité du monde est en vieillissement rapide, et que la partie qui ne l’est pas, l’Afrique subsaharienne, n’offre pas les mêmes opportunités d’investissement, notamment pour des raisons de sécurité.
          Vous me direz qu’il faudrait la re-coloniser, mais ce n’est pas un argument à la mode :)

          1. Sur la durée, il restera deux types d’entreprises :
            – celles qui sont positionnées sur du très haut de gamme
            – celles qui feront un offre banalisée en grand volume avec une production ultra-automatisée

            Et ces deux modèles d’entreprise sont très pauvres en emploi et c’est eux que j’ai en tête quand j’avance la thèse que la natalité alimente mécaniquement le chômage.

            En fait, la natalité n’est une richesse que pour des pays restés au modèle de l’agriculture extensive ou de l’industrie pré-taylorienne.

      2. Quand in gratte un peu,les partisans de la capitalisation ont généralement partie liée avec la bancassurance.

        Dit autrement encore du bon gros capitalisme de connivence sous couvert de libéralisme…

          1. Je les vois en effet bien vous traiter de « communiste », c’est le classique quand les vrais experts commencent à pourrir leur lobbying…

      3. J’ajouterais que dans les pays où la retraite est par capitalisation, les cours tiennent car les banques peuvent prêter sur des critères complètement débridés là où en France, l’adage « on ne prête qu’aux riches » prend tout son sens et c’est pour ça que l’Etat est si dispendieux car il est généralement l’acteur de dernier recours pour les individus à une ou deux générations d’une paysannerie arriérée…

        1. Comme les bourses mondiales se portent assez bien depuis une quinzaine d’années, les vecteurs de retraite par capitalisation se portent également bien. Mais je trouve c’est de l’escroquerie de dire à un jeune : « achète des actions car c’est ce qui sauvera la vie dans 40 ans ». Idem pour « investir dans l’immobilier », nous connaissons tous trop villes qui se dépeuplent et où la pierre ne vaut plus rien.
          La retraite par capitalisation a 2 qualités : elle permet le libre choix de la date de départ et est responsabilisante, et donc plait aux libéraux. Mais elle ne peut pas transformer les vieux en jeunes, ce qui est la base du problème démographique.

          1. Oui, mais la bien portance des bourses mondiales est surtout due aux interventions des banques centrales car ça fait des décennies que les prix des actifs boursiers et immobilier sont déconnectés des fondamentaux économiques…

            On avait par ailleurs tenté la capitalisation en France et ça avait été un désastre:
            1. des salaires étaient souvent trop bas pour épargner
            2. et quand ils étaient suffisants, l’inflation laminait les pensions

          2. Ça va dans le sens de mon scepticisme envers la capitalisation. Qu’elle soit soutenue par des organismes financiers cherchant une clientèle est le jeu économique normal. Je cherche une image : avoir de bons tuyaux (circuits financiers) ne change pas le total de ce qui y circule (la production, donc la quantité de travail). Les défenseurs de la capitalisation mettent l’accent sur la meilleure efficacité économique des investissements par les fonds de pension. Il faudrait la comparer à l’efficacité économique du marché de dépenses des retraités par répartition…

          3. C’est la meilleure piste de relance de l’économie en créant des conditions pour que les boomers investissent enfin dans la création des millions d’emplois cotisants manquants en France. Selon Dufourcq de BPI, 60 % de la dette est la conséquence des retraites non couvertes par les cotisations. Les retraites sont trop élevées pour la production actuelle mais les retraités épargnent 20 % de leurs revenus et les jeunes actifs ont du mal à se loger et font moins d’enfants…

          4. On peut dire aussi que la production actuelle est trop basse pour les retraites.
            Mais commencer par nous rappeler quelle est « la meilleure piste de relance » car la mécanique informatique des commentaires ne permet pas de faire le rapprochement

          5. « C’est la meilleure piste de relance de l’économie en créant des conditions pour que les boomers investissent enfin dans la création des millions d’emplois cotisants manquants en France.  »

            C’est illusoire, la propension à prendre des risques plafonne autour de 50 ans, c’est pour ça que continuer à arroser copieusement passé cet âge n’est rien de plus que du clientélisme électoral pur et simple…

          6. ??? Rappelez-nous le contexte de cet échange. Où avez-vous vu que la proportion que la propension à prendre des risques était fonction de l’âge ? Et puis il n’y a pas toujours de risque à choisir un métier intéressant

          7. « On peut dire aussi que la production actuelle est trop basse pour les retraites. »

            C’est les retraites qui sont trop élevées car la production d’avant était plus élevée, mais parce que l’industrie française bénéficiait de politiques de soutient faussant la concurrence à son avantage, donc on pourrait dire que les salaires d’avant étaient trop élevés si on pousse la logique jusqu’au bout.

          8. Je ne sais pas si ce que vous dîtes (concurrence faussée) est exact, mais ça ne me dit rien. Mais vous ne démontrez pas que plus de travail (par personne, par immigration ou par robot) résoudrait le problème comme j’essaie de l’expliquer

          9. « Où avez-vous vu que la proportion que la propension à prendre des risques était fonction de l’âge? »

            Il y a des statistiques sur la question en matière de consommation, de mobilité professionnelle, de choix de placements…

            « Et puis il n’y a pas toujours de risque à choisir un métier intéressant »

            Je me demande dans quel monde vous vivez ou dans les repère de quelle époque vous êtes car d’expérience, les métiers vraiment intéressants sont saturés de candidats, je vous parlais de situations où vous aviez 300 CV pour une offre d’emploi.

            « Je ne sais pas si ce que vous dîtes (concurrence faussée) est exact, mais ça ne me dit rien. Mais vous ne démontrez pas que plus de travail (par personne, par immigration ou par robot) résoudrait le problème comme j’essaie de l’expliquer. »

            Tout le long des 30 Glorieuses, l’Etat intervenait, en dévaluant régulièrement le Franc, en compliquant les importation avec des tracasseries administratives, etc etc…

            Dit autrement, à cette époque, même des produits de très mauvaise qualité étaient pratiquement assurés de trouver preneur…

            Et effectivement, c’est les robots qui sont la meilleure solution car la qualité de la production est plus constante, mais ça suppose de bien penser à ce qu’on fait alors que faire venir des immigrés permet de continuer à gérer à la petite semaine comme si on était encore à l’époque de Pompidou…

          10. En résumé, la propension à consommer et à investir croît avec l’âge jusque vers la cinquantaine et décline ensuite, c’est pour ça que la tendance générale dans les pays occidentaux est de s’installer dans une situation de rente que de chercher à développer le business, d’où les bulles à répétition qui ont la vertu est de remettre au travail des salariés inemployables en temps normal, mais le propre d’une bulle est d’éclater et c’est *justement* quand elle a éclaté qu’on admet qu’il y en avait une, surtout les banquiers, cabinets de conseil et autres intermédiaires dans la combine pour vivre un style de vie de rock star avec la limousine, la poudre à se mettre dans le nez et les « mannequins » si vous voyez ce que je veux dire :-)

    2. En quoi la « capitalisation » peut elle résoudre le problème ? Plutôt, épargner et bien investir dans le monde pour avoir plus de revenus ou cagnotte et payer suffisamment des personnes, pas trop chères dans le monde, pour qu’elles s’occupent de vous.
      Avec les taux actuels des cotisations payées par les actifs, il n’y a pas de place pour des cotisations supplémentaires obligatoires à investir et capitaliser pour des compléments de retraite dans 40 ans.

      Le problème particulier de la France c’est de surconsommer (actuellement 6% du PIB) depuis des années au lieu d’investir collectivement en France, d’abord pour créer des emplois et occuper tous les habitants en âge de travailler (et de cotiser). (manque 7 millions d’emplois avec une retraite à 64 ans, 15 millions pour une retraite à 75 ans).

      Manifester en masse et dans les sondages puis le moment venu sauve qui peut pour « bricoler », glaner qq sous, jardiner dans des villages vides, et mettre un peu de beurre sur son pain.

      Yaura des groupes humains qui s’organiseront comme la fourmi de la fable et se moqueront en douce des cigales sans enfants, ni épargnes privées et qui sauront tirer leur révérence pour ne pas surcharger le groupe et donner la priorité au futur du groupe.

      L’individualisme et l’état providence où les autres payent des « dus-droits » vont s’écrouler.

      1. Vous avez raison de dire que le système actuel produit des « faux droits ». Mais « les droits » de la capitalisation seront-ils meilleurs ? Penser que dans 40 ans les entreprises auront deux fois moins de personnel et de deux fois moins de clients !
        Mais je pense que l’homme est adaptable, comme le Japon commence à le montrer : il travaillera plus longtemps, rémunéré ou pas, utilisera de nouvelles technologies etc.

        1. « Mais « les droits » de la capitalisation seront-ils meilleurs ? »

          Le leitmotiv du libéral franchouillard, c’est « à bas les faux droits… sauf les miens! » :-)

          1. À mon avis, non. Chacun prendra son risque, et ce risque est élevé car dans quelques dizaines d’années personne ne peut prévoir les cours de bourse d’une entreprise ayant deux fois moins de personnel et deux fois moins de clients. De plus, les familles auront tendance à épargner davantage pour la retraite, au détriment de la fécondité, puisque les enfants coûtent cher. Ce qui aggravera le problème

  8. Finalement, le meilleur investissement est d’entretenir sa compétence professionnelle, et sa santé, pour pouvoir travailler à 70 ans ou 80 ans, sans que cela soit un supplice. Il y a toutes sortes de métiers intéressants, et qui ne sont pas prêts d’être remplacés par des robots ou des logiciels dits « IA ».
    Mais on ne peut pas dire que le système actuel incite tellement à travailler tardivement. Si je travaille à 75 ou 80 ans, par choix, parce que le métier est intéressant, j’apprécierais bien d’être exonéré des cotisations de retraite. Le système serait quand même gagnant étant donné que je ne serais pas une charge.

    1. Le problème, c’est que quand vous n’êtes pas remplaçable par des robots, vous l’êtes par des travailleurs importés moins cher que vous et rien à secouer s’ils travaillent moins bien.

      C’est souvent comme ça que ça se passe dans le privé et c’est pour ça que les Français sont pressés de partir en retraite car à partir d’un certain âge, on vous fait bien comprendre qu’on ne veut plus de vous…

      1. Il y a du vrai : un jeune coûte moins cher qu’un vieux, indépendamment de l’immigration. Et certains calculs à court terme poussent aux préretraites qui sont une catastrophe pour le financement des retraites et une perte de compétences pour l’économie. Bref je suis d’accord que les préretraites sont une erreur qui nous a coûté cher et qui continueront à nous coûter cher dans les décennies à venir. Je ne comprendrai jamais pourquoi les pouvoirs publics ont favorisé cela !

        1. La culture du profit à court terme fait partie intégrante du logiciel économique dans les services, c’est pour ça que les pré-retraites arrangent tout le monde…

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